AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,91

sur 59 notes
5
8 avis
4
10 avis
3
2 avis
2
1 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
"Tagore avait environ 39 ans quand il écrivit ce court roman. Marié, il avait déjà plusieurs enfants. Certains de ses biographes ont vu derrière la fiction le souvenir des relations affectueuses que le jeune Rabindranath avait eues avec la femme d'un de ses frères aînés. de quelques années plus âgée que son beau-frère, elle avait été la compagne de sa jeunesse et partageait ses goûts littéraires. Elle se suicida à l'âge de 25 ans, quelques mois seulement après que la famille eut "arrangé" le mariage du poète. (p. 8 / Préface de France Bhattacharya)

Après la lecture bouleversante de "Kumudini " que j'ai achevée tout récemment, je me suis empressée de faire cet emprunt à ma médiathèque.... Lecture plus légère...qui a, toutefois, son poids de tension et d'émotion...

J'ai fini en une soirée ce texte... qui contrairement à ce que j'ai dit précédemment est "faussement léger"...Je ne suis pas complètement d'accord avec certains qualificatifs, comme sensualité ou érotisme... J'ai même du mal à rédiger un ressenti, car l'analyse psychologique de Tagore est très subtile...très fine, progressant de la légèreté, de l'amusement , de la complicité entre une jeune épouse délaissée par son journaliste de mari, qui demande à un de ses jeunes cousins de venir distraire sa femme....à un drame de l'incompréhension, de la solitude, avec le tsunami que peut être un "Chagrin d'amour"...rentré !

Une complicité naîtra, Chârulata encouragera Amal à écrire... Il réussira à être reconnu comme écrivain; elle-même se mettra à écrire, pour oublier que leur complicité littéraire, intellectuelle n'est plus "privée", confidentielle... Que leurs tête à tête diminuent, finissent par disparaître....Après tant de moments joyeux, enrichissants... le désert,
l'obscurité vont submerger Chârulata... qui tente vainement de contenir le chagrin, le manque atroce d'Amal...parti en Angleterre faire ses études et se marier... restant silencieux à son encontre, de façon incompréhensible....

"Amal allait bien. Pourtant il n'écrivait pas. Comment un tel abandon était-il possible ?
(...) Cruelle séparation, séparation définitive, séparation au-delà de toute remise en question et de tout
remède ! Châru ne parvenait plus à garder son équilibre. (p. 107)"

Un court texte que l'on commence , le coeur léger et l'esprit amusé... et l'émotion la tristesse nous "prend aux tripes", sans qu'on y prenne garde. L'art du récit de Tagore est vraiment du grand Art !!...
Commenter  J’apprécie          450
Quelle belle histoire que celle de "chârulatâ". On voit bien que Rabindranath Tagore est un poète tant sa prose est agréable à lire.
Ce court roman qui se passe au Bengale au tout début du 20ème siècle montre qu'il était féministe dans le sens où il se met dans la peau d'une femme tout en introspection et il considère que ses capacités intellectuelles sont égales à celles des hommes. Si ce livre a fait scandale c'est parce que la société indienne et son système de castes faisait de la femme une inférieure et n'admettait que sa soumission.

chârulatâ est une jeune femme qui vit dans un riche foyer où elle se sent délaissée par son époux Bhupati qui consacre son temps au journal qu'il a fondé. Amal son jeune cousin étudiant qui vit avec eux est le seul à ne pas lui laisser de répit en étant exigeant avec elle. Il va la distraire mais aussi parfaire son éducation littéraire. L'affection de Châru pour Amal va s'affirmer au fil du temps alors pour le surprendre elle décide d'écrire ses propres textes. Leur longue intimité va la rendre exclusive et la jalousie qu'elle garde intérieurement va la faire souffrir au point où son mari voulant son bonheur, va tenter de se rapprocher d'elle.

C'est une belle figure de femme que fait Rabindranath Tagore lauréat du prix Nobel de littérature 1913 avec une chârulatâ qui a conscience de sa situation même si elle reste enfermée dans la Gynécée. Et puis un roman avec des hommes qui pleurent ouvertement cela devait être surprenant à l'époque.


Challenge Riquiqui 2023
Challenge Coeur d'artichaut 2023
Challenge Multi-défis 2023
Challenge XXème siècle 2023
Challenge ABC 2023-2024
Challenge Nobel illimité
Commenter  J’apprécie          171
Il y a des auteurs qu'on aime et pour lesquels on a envie de découvrir en profondeur leur bibliographie. Incontestablement, Rabindranath Tagore fait partie de ses écrivains pour moi. Plus je lis ses livres et plus j'apprécie sa plume. Dans ce très court roman (presque une nouvelle), j'ai été tout de suite frappée par le style très concis de la narration. L'auteur va à l'essentiel. Pas de description, ni de discours superflu. On se concentre sur le principal : les événements importants et les ressentis des personnages.

Le sujet traité est très intéressant puisqu'au-delà du triangle amoureux formé par les trois personnages principaux, il s'agit d'explorer les relations au sein du couple et de la famille en Inde. Avec ce huis clos qui se déroule dans la maison de Charulata et de son mari, on est plongé au coeur de l'intimité du couple, issu probablement d'un mariage arrangé, et qui n'a pas su prendre la peine de se découvrir pour essayer de s'attacher l'un à l'autre. Il y a très peu de communication entre le mari et la femme puisque cela ne s'avère pas nécessaire au début de leur histoire. Et lorsque Bhupati essaiera de s'intéresser à sa femme, cela sera trop tard. Un autre est déjà passé par là et a pris la place. Tous ces non-dits entraînent une incompréhension et creusent toujours un peu plus le fossé entre les époux.

J'ai trouvé ce texte très beau et très juste. Il m'a fait ressentir tout le poids de la solitude des ces deux êtres qui n'ont personne à qui se confier et qui n'arrivent pas à se confier l'un à l'autre. Au-delà d'une situation sûrement très répandue en Inde, ce récit a une portée universelle et intemporelle.
Commenter  J’apprécie          154
chârulatâ est un très court roman (une grosse centaine de pages) de Rabindranath Tagore qui, dans sa version française, porte le nom de son héroïne (le titre original est le nid brisé).

Comme dans Kumudini ou le naufrage, Tagore décrit ici les relations humaines dans le Bengale de la toute fin du XIXè siècle et, plus particulièrement les relations de couple dans les classes aisées de la société bengalie.

chârulatâ est un roman qui compte à peine une demi douzaine de personnages. chârulatâ est l'épouse de Bhupati, un membre de cette société aisée. Par passion, Bhupati crée et dirige un journal, ce qui l'amène à délaisser sa jeune épouse. Mais, se rendant compte alors de la solitude de chârulatâ, il décide de faire venir chez lui un jeune cousin, Amal, du même âge que chârulatâ.

Amal et chârulatâ, tous eux épris de littérature et de poésie, passent leurs journées ensemble. Amal se met à écrire et lit ses textes à chârulatâ. Au fil du temps, une relation profonde se tisse entre les deux jeunes gens, exacerbée encore chez chârulatâ , pour qui Amal devient très cher, sans que pour autant elle se rende compte de la nature de ses sentiments pour lui.

Mais un jour, trahi par les malversations financières de son associé, Bhupati doit faire cesser la parution de son journal. Quasiment ruiné, il passe désormais ses journées chez lui et se rend compte à quel point la présence de sa femme lui a manqué pendant toutes ces années où il n'était occupé que de la marche de son journal.

Bhupati décide également que le temps est désormais venu qu'Amal se marie. Il lui trouve une jeune épouse dans le voisinage, mais après son mariage, Amal part vivre en Angleterre.

Evidemment, chârulatâ supporte mal le départ d'Amal, d'autant plus qu'ils se sont quittés sur l'une de ces petites chamailleries qui leur étaient familières, sans avoir eu le temps, par orgueil et incompréhension, de se pardonner mutuellement avant le mariage d'Amal et son départ.

Bhupati se rend bien compte de la profonde dépression dans laquelle sombre alors chârulatâ, qui prend alors seulement conscience de la profondeur de ses sentiments pour Amal, son chagrin ne refluant pas avec le temps qui passe, mais s'accroissant au contraire.

Conscient que quelque chose s'est brisé dans son couple et que sa relation qu'il avait avec chârulatâ ne redeviendra jamais celle qu'elle a été, Bhupati décide d'accepter un poste dans un journal, à l'autre bout de l'Inde, et part sans emmener avec lui chârulatâ.

Pendant toute la première partie de ma lecture, j'ai été un peu déçue par ce roman, dans lequel que je ne retrouvais pas l'intensité du Naufrage et encore moins de Kumudini. J'attribuais ceci à l'immaturité de l'écrivain (chârulatâ est paru en 1901, le naufrage en 1905 et Kumudini en 1923) et aux maladresses d'un roman de jeunesse.

La première partie traite uniquement en effet des rapports entre chârulatâ et Amal, et ressemble forts aux rapports entre deux adolescents (qu'ils sont effectivement).

Le roman prend toute sa puissance dans la seconde partie, après le départ d'Amal, où Tagore nous dit seulement à ce moment que le jeune homme a passé douze ans sous le toit de Bhupati et chârulatâ (alors qu'à la lecture de la première partie on a l'impression que l'intrigue se déroule sur une courte année.) Impression renforcée par le sentiment que chârulatâ et Amal ne semble pas évoluer et grandir au fil du temps.

Mais les derniers chapitres sont réellement poignants. Non parce qu'ils décriraient d'une manière romantique le chagrin de chârulatâ après le départ d'Amal, mais parce que, comme dans Kumudini, ils dépeignent l'effondrement d'un couple, celui de Bhupadi et de chârulatâ, dans lequel, parce qu'aucune des deux parties ne connaît vraiment l'autre, ni le mari ni la femme ne sait comment se comporter envers l'autre, quoi faire pour rendre l'autre heureux, comment répondre à ses attentes.

Bhupati part au Karnataka et Chârulâta reste au Bengale, parce qu'aucun d'entre eux ne sait dire à l'autre ce qu'il ressent vraiment.

Ce roman de Tagore est également une oeuvre magistrale, dans laquelle il dénonce déjà la tragédie des mariages arrangés, et dont il ne faut pas manquer la découverte si l'on ne l'a pas encore lu.
Commenter  J’apprécie          90
Ce roman a été écrit en 1901. Inédit en français, il a été traduit en français par les éditions Zulma en 2009. Court (une centaine de pages), il nous en apprend pourtant beaucoup sur la bonne société indienne au temps de l'empire britannique.
C'est vrai : nous avons tous le souvenir littéraire de ses officiers anglais revenant au Royaume-Uni après avoir séjourné en Inde. Je pense aux romans de Sir Arthur Conan Doyle (le colonel Moran…) ou à ceux d'Agatha Christie. Mais qu'en était-il chez les indiens qui s'étaient intégrés à cette bonne société ? Nous avons ici Bhupati et Charulata, son épouse, Charu pour presque tous. Lui dirige un journal publié en anglais. Elle dirige sa maison, attend le retour de son mari. Union arrangée ? Bien sûr, comme toutes celles de cette période. Cependant, Bhupati a tenu cet union pour acquise, et n'a jamais vraiment cherché à avoir une communion, pour ne pas dire une communication avec sa femme. Et pourtant, ils ont été mariés pendant douze ans, et lui s'impliquait énormément dans son travail.
Il n'est pas un monstre d'égoïsme, pourtant. Juste quelqu'un qui a tout pris pour acquis et ne s'est jamais posé de question – ou alors, trop tard. Pour pallier la solitude de son épouse (ils n'ont pas d'enfants), il invite à vivre chez lui son neveu, étudiant. Et Bhupati est vraiment le seul à ne pas voir non la liaison de sa femme et de son jeune neveu, rien de tel ici, mais la profondeur des sentiments que Charu éprouve pour lui.
Nous ne sommes pas, à mes yeux, dans un vaudeville. Nous sommes dans une tragédie intime. Les sentiments sont impossibles à dire, encore plus à partager et à vivre. Chacun souffre, sans remède pour cette douleur. Ni le rapprochement, ni l'éloignement ne peuvent soulager les trois membres de ce trio amoureux. L'écriture, qui avait permis à Amal et Charu de se rapprocher, de s'opposer, inconsciemment peut-être, à Bhupati (lui publie un journal anglais, eux deux écrivent en bengali), est un nouvel instrument de séparation, prouvant l'impossibilité de dire, renvoyant aussi Bhupati à sa médiocrité.
Ce roman est à lire pour découvrir une autre facette de la littérature indienne. Son auteur a eu le prix Nobel de littérature en 1913.
Lien : https://deslivresetsharon.wo..
Commenter  J’apprécie          70
Pour résumer très succinctement ce petit roman, Bhupati, époux de Chârulatâ, consacre son temps au journal qu'il a fondé, Châru délaissé, s'ennuie, pour y remédier, Bhupati va faire venir son cousin, Amal, jeune étudiant, qui va parfaire son éducation et la distraire. Petit à petit les deux jeunes gens s'amusent, prennent goût à leurs divers jeux innocents, surtout l'écriture.

Tout le roman repose sur ces trois personnages, Tagore sait avec une justesse, une poésie, décrire les sentiments de chacun des protagonistes, la transformation de leurs rapports.

Comme toujours avec cet auteur, un grand moment de littérature, c'est d'une beauté rare, vraiment à découvrir.
Commenter  J’apprécie          50
"Charulata", on pense évidemment au très beau film de Satyajit Ray,qui s'est inspiré de ce court roman (ou longue nouvelle) de Tagore.
Si le roman laisse plus de place au mari, la traduction française (récente !) est nettement moins subtile que le film qui joue des silences et des regards.
Néanmoins, à lire pour la remise en contexte.
Commenter  J’apprécie          10
Subtil et brûlant.
Commenter  J’apprécie          10


Lecteurs (139) Voir plus



Quiz Voir plus

Le textile en s'amusant

Savez-vous quelle est la plus ancienne fibre textile dérivée du pétrole ? Indice : cette matière a rapidement pris sa place dans l'histoire du vêtement féminin.

le nylon
le feutre
le ramie

10 questions
152 lecteurs ont répondu
Thèmes : textile , Textiles et tissus , industrie , plantations de coton , culture générale , vêtements , habillement , détente , maillot de bain , laine , humour , Chanvre , confection , Fibres textiles , laine , grande-bretagne , histoire , indeCréer un quiz sur ce livre

{* *}