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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Joli roman, d'un style dépouillé, tout en subtilités et en finesse. À travers l'histoire de Bhupati et de sa jeune femme chârulatâ, c'est toute la difficulté des relations de couple qui est explorée, mais dans un pays précis, l'Inde, et dans une famille d'une classe sociale aisée, ce qui implique de nombreuses conséquences spécifiques à cet environnement.

Bhupati, qui pourrait très bien se permettre de ne pas travailler, se voue corps et âme à la direction d'un journal politique, délaissant sa femme, qui traîne son désoeuvrement dans le gynécée de leur maison - vu leur rang social, la plupart des tâches ménagères incombent aux domestiques, et chârulatâ, en tant que femme indienne riche, n'a jamais été préparée à imaginer des projets personnels, et encore moins professionnels. Cela, Tagore ne le dit pas expressément, pas plus qu'il n'insiste sur le fait que le mariage a été arrangé, le lecteur indien ayant déjà toutes les données en mains, un peu comme Edith Wharton ne précise pas ce qui se fait ou ce qui ne se fait pas dans la bonne société de Chez les heureux du monde.

chârulatâ, donc, s'étiole, jusqu'à ce que l'installation d'un cousin de Bhupati, Amal, à peu près du même âge qu'elle, et avec qui elle va pouvoir partager plusieurs centres d'intérêt, dont, essentiellement, la littérature, ainsi qu'inventer des plans plus ou moins réalisables. chârulatâ devient une sorte de muse pour Amal, qui écrit de plus en plus, de mieux en mieux, jusqu'à être publié et devenir connu. Or, tant qu'Amal écrit juste pour elle et lui, leur relation reste privilégiée et comble le grand vide qui habitait jusque-là la jeune femme. Elle se sent trahie parce qu'Amal ne porte pas le même intérêt qu'elle à leurs activités littéraires, autrement dit, à leur relation. Et puisqu'Amal, qui aime assez se faire dorloter et aduler, commence également à lire ses textes à une belle-soeur qui vit avec eux, pourtant peu férue de littérature, chârulatâ va se comporter de façon mesquine et laisser libre cours à toute sa jalousie et à un sentiment de possessivité à l'égard d'Amal qui le fera fuir, la première proposition de mariage arrangé servant de prétexte.

En perdant Amal et leurs échanges littéraires, elle perd tout ce qui faisait l'intérêt de sa vie et bascule dans un état de profonde tristesse, s'étiole à nouveau et encore plus profondément, sans bien comprendre ce qui lui arrive. Et sans voir que son mari, Bhupati, s'est fait flouer et a perdu son journal, et erre lui aussi maintenant sans but, cherchant à revenir vers elle. C'est là que se trouve le coeur de l'histoire, celle de chârulatâ et Bhupati. Ils ne se connaissent pas, ils n'ont jamais vraiment vécu ensemble, ils sont incapables de se trouver et de remplir ensemble le vide qui les ronge. Tagore décline subtilement leurs maladresses, leurs incompréhensions, leurs manques et leurs chagrins, chagrins qu'ils sont incapables de partager. C'est un drame psychologique, celui de chârulatâ, surtout, mais aussi celui de Bhupati. C'est le drame d'un couple dans son intimité, sur la solitude à deux et sur l'impossibilité de communiquer. C'est aussi un constat amer sur le mariage en Inde et la condition des femmes, qui n'ont alors guère d'échappatoire à la vie que la société leur impose, quand bien même elles sont de classe sociale aisée.

Des décennies plus tard, des femmes indiennes prendront la plume pour s'emparer à leur tour du sujet.
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Rabindranatah Tagore, prix Nobel de littérature en 1913, a publié ce court roman en 1901, il faudra attendre 2009 pour le voir traduit pour la première fois en français aux éditions Zulma.
La littérature indienne ne m'est pas familière, le nom de Tagore ne m'évoquait rien et là surprise !Ce texte écrit dans les années 19OO met en scène 3 personnages. Bhupati un riche indien anglophone absorbé par le journal anglophone qu'il a fondé, Chârulata sa belle et jeune épouse et Amal son cousin , étudiant à qui il offre l'hospitalité.
Bhupati est absent , Chârulata s'ennuie et Amal est omniprésent. Mais l'équilibre est précaire, l'amitié est-elle pérenne ou évoluera t'elle entre ses 2 êtres passionnés et complices?
Tagore a , dit-on, écrit ce roman en pensant au jeune homme qu'il a été et à la relation qu'il a eu avec l'une de ses belle-soeurs...Qu'importe ce texte est un petit bijou, l'analyse des acteurs de ce drame prisonniers de leur époque et de la société dans laquelle ils évoluent .
Une lecture découverte qui donne envie de se plonger à nouveau dans l'oeuvre de Tagore .

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Court, concis, sans fioritures, j'adore! J'ai passé un très bon moment avec ce petit roman de Rabindranath Tagore, publié en 1901. L'auteur y dépeint un couple aisé, dont l'homme se consacre entièrement au journal qu'il a créé tandis que sa toute jeune épouse, dans la fleur de l'âge, s'ennuie dans leur grande maison. Se sentant coupable de la délaisser, Bhupati invite sa belle-soeur ainsi qu'un de ses jeunes cousins à venir s'installer chez eux pour lui tenir compagnie et la suivre dans ses études. Chârulata, notre héroïne, trouvera vite auprès du jeune Amal un compagnon à sa vive imagination et son goût pour l'écriture.
En peu de mots, Tagore dépeint les états d'âme de chaque personnage avec une délicatesse et une justesse tout simplement impressionnantes. Ca coule de source, c'est si réaliste que sans doute chacun peut s'y retrouver, c'est doux-amer et terriblement moderne tout en restant universel.
Une lecture-bonbon dont la saveur reste longtemps en bouche. Ma deuxième lecture de l'auteur, à continuer.
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Lu après "Kumudini", je dois avouer que "chârulatâ" m'a un petit peu déçue. L'écriture de Tagore est tout aussi belle et subtile, mais ce roman-ci, une nouvelle plutôt, m'a paru vraiment trop court. On aimerait en savoir plus, suivre les trois personnages principaux sur une durée plus longue...
Approfondir leurs sentiments en revanche, c'est fait, et réellement c'est dans ce domaine que Tagore excelle.
Bhupati et chârulatâ sont un couple de la bonne société bengalie. Lui dirige par passion un journal, elle s'ennuie. Comme l'a été l'auteur lui-même, encore adolescent, un jeune neveu est convié à vivre chez eux pour occuper et distraire l'épouse. Mais lorsque, coup sur coup, le journal fait faillite, et qu'Amal le neveu s'envole, Bhupati maintenant désoeuvré et malheureux, se rend compte que le coeur de sa jeune épouse est parti avec Amal. Au lieu de trouver au foyer compréhension et affection, il découvre une femme inconsolable et un "nid gâché" (le titre original).
Loin d'être un mari tyrannique comme celui de Kumudini, ici l'époux est un être sensible, peut-être le personnage le plus attachant. En effet, le neveu apparait comme un jeune fat, ne sachant pas voir l'émotion qu'il fait naître chez sa belle-soeur. Quant à chârulatâ elle-même, elle a tout de l'adolescente rêveuse qui, n'ayons pas peur des mots, se monte le bourrichon.
Par contre, ce qui m'a paru le plus réussi dans ce court roman, c'est l'écriture comme métaphore de la séduction : la complicité entre chârulatâ et Amal naît de leurs essais d'écriture ; chârulatâ refuse de montrer son cahier à son mari. Lui-même tente de reconquérir sa femme en lui présentant ses écrits (sans succès). Tout ce jeu autour des cahiers montrés, cachés, présentés comme des offrandes, révèle à lui seul la progression des sentiments, et c'est écrit avec une très, très grande subtilité.
Parfaite traduction de France Bhattacharya.
Challenge Nobel
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Une belle histoire d'amitié et d'amour qui se lit bien et qu'on n'a pas envie de reposer avant la fin. J'avais envie de secouer le mari si naïf qui ne voyait rien et ne trouvait que de mauvaises solutions. Une belle histoire avec une écriture poétique envoutante. On ne lache pas le livre avant de connaitre le dénouement entre ces 3 personnes…
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Craignant que sa jeune épouse s'ennuie, seule dans le gynécée tandis que lui se passionne pour le journal qu'il a fondé, Bhupati fait venir un sien cousin , Amal, et lui demande de tenir compagnie, instruire, distraire, la belle chârulatâ.
A quoi s'attendait-il exactement?
Ce roman a paraît-il fait scandale lors de sa publication au début du siècle précédent, mais peut paraître bien sage à nos yeux modernes trop habitués à une débauche orgiaque entre les pages au moindre prétexte. La force des sentiments de chârulatâ n'en est pas moins rendue magnifiquement et c'est une plongée dans une civilisation finalement si peu connue, l'Inde de 1901, si différente de tout ce que nous connaissons, et probablement très différente aussi de l'Inde actuelle.
Franchement, Amal est un personnage odieux mais et chârulatâ et son mari ont su me toucher avec beaucoup de grâce.

Un court roman qui mérite que vous lui donniez sa chance.
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On le lit vite, c'est facile, c'est prenant - enfin, en apparence. Il faut faire l'effort de rentrer dans la peau et dans les pensées de cette Indienne d'il y a si longtemps qu'elle n'osera jamais s'avouer à elle-même ses sentiments. Il faut faire l'effort de rentrer dans cette culture du non-dit et des élans étouffés. Il faut faire l'effort de rentrer dans l'oeuvre de Tagore. Mais même plein de profondeur et malgré toute son ambiguïté, ce court roman n'atteint pas l'ambition et l'ampleur du chef-d'oeuvre du maître, La Maison et le Monde.
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Le scénario est assez simple, et donne une idée de ce que pouvait être la situation du femme indienne de bonne condition sociale à la fin du XIX° siècle début du XX°
Originellement titré Nastanihr en Bengali " le nid brisé", le roman est paru en 1901, époque où l'Inde était encore colonie britannique... ce qui me parait très important à souligner.
Chârulatâ,dite Charu, pétulante jeune femme mariée très jeune à un homme plus âgé qu'elle qui ne l'a pas vue grandir, s'ennuie. Son mari créateur d'un journal anglophone, ne s'intéresse qu'à sa publication, qu'il co-dirige avec le frère de Charu. Afin qu'elle ne s'ennuie pas, comme il était de coutume dans la bonne société indienne d'alors, il invite son propre cousin Amal, étudiant en littérature, à venir vivre chez eux, en échange de cours de littérature pour Charu, qui adore la lecture. Charu et Amal s'entendent parfaitement, se chamaillent, s'amusent, écrivent...
Tout celà est fort intéressant, même si on reste dans un triangle amoureux classique, manque de communication, rancoeurs, etc...
En tout cas c'est comme ça que le roman est présenté un peu partout.

Pourtant une chose me parait intéressante à creuser que je n'ai vue nulle part: un roman publié en 1901, alors que l'Inde est sous le joug de l'Angleterre. Or celui qui échoue totalement, C'est Bhupati, le mari, qui publie un journal anglais, ne jure que par l'anglais, adore l'anglais.. tandis que les succès littéraires sont du côté d'Amal et Charu, qui représentent l'espoir de la littérature bengalie ( c'est dit à peu près comme ça), dans un texte lui-même écrit à la base en bengali. Je sur-interprète peut être, mais en tout cas pour moi, c'est en filigrane une manière d'annoncer que le temps de la suprématie anglaise arrive à son terme, et qu'il est temps pour les indiens de réapprivoiser leur langue. Et là, c'est beaucoup beaucoup plus intéressant pour moi..

A vérifier en lisant d'autres textes du même auteur ...

Lien : http://chezpurple.blogspot.c..
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Chârulatâ est une épouse délaissée. Son époux, Bhupati, consacre tout son temps à la survie du journal qu'il a fondé, mais soucieux tout de même de distraire sa femme il confie à son jeune cousin Amal, étudiant, l'éducation de la jeune femme et les encourage à discuter littérature. Ceux-ci se rapprochent, s'amusent à des jeux affectifs innocents. Leurs rapports prennent très vite un caractère exclusif qui effraie le jeune homme. Ce dernier acceptera en hâte un mariage arrangé qui l'éloignera finalement du pays et le fera émigrer vers l'angleterre...
Lien : http://antigonehc.canalblog...
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Rabindranath Tagore a écrit ce très court roman dans un style dépouillé, mais pas du tout froid. Au contraire, on sens de la tendresse pour ses personnages.
C'est un trio amoureux : le mari, l'épouse et le cousin. Mais ce sont des amours adolescentes, voire enfantines. En effet Châru n'a pas conscience de ses sentiments, et à travers ses réactions, elle semble très jeune. de son côté Bhupati, le mari, est trop obnubilé par son journal pour se préoccuper de nourrir une relation avec son épouse. Et Amal, le cousin, ne semble pas plus mature que Châru.
Tagore observe avec beaucoup de justesse ce couple qui n'a pas su se trouver et qui se retrouve séparé par cet amour pour un autre, amour non consommé, non révélé mais pourtant bien présent.
L'écriture et la littérature sont aussi très présentes, à la fois facteur de rapprochement et d'éloignement.
Une tragédie amoureuse sans cris ni tempête, pleine de mélancolie et de compréhension.
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