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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Rabindranath Tagore, Prix Nobel de Littérature, l'auteur des poèmes du Gitanjali (l'offrande lyrique) fut aussi un nouvelliste prolifique.

Calcutta. La métropole indienne consigne toutes les inégalités de castes, l'auteur bengali lève le voile de l'intimité, refuge des jalousies, des amitiés inattendues, des sentiments contrariés. Les histoires ont pour décor les rues bruyantes de la ville, le luxe des demeures des castes aisées ou encore des villages reculés du Bengal.

La nouvelle « Cabuliwallah », désignant un vendeur ambulant afghan, est emblématique du lien entre deux êtres que Tagore aime à montrer, dans toute sa spontanée et éphémère complicité. L'enfant et le kabuliwallah s'attachent l'un à l'autre, comme le Postier et l'orpheline, ou Kiran et Nilkanta, le jeune brahman que Shirat et elle recueillent chez eux ou encore Raicharan et le fils de ses maitres.

Tagore qui, contrairement à Gandhi, désapprouvait le système des castes, s'amusent dans une nouvelle teintée d'ironie à nuancer lui-même ses opinions. Son personnage se rendant finalement compte que le désargenté peut susciter de l'empathie.

Dans les thèmes comme sur la forme nous avons l'impression que l'Inde éternelle se mêle harmonieusement, imperceptiblement avec la modernité.

Au-delà de l'apparent manque de relief de ces nouvelles, se trouve pourtant une tristesse poignante. Les espoirs déçus, les malentendus funestes, les injustices oppressantes sont souvent endurées et dépassées par une résilience pudique, soumise et sans plainte.
Comme si la disparition, le retrait du monde social était, dans un pays où les retraites spirituelles sont parfois sans retour, la seule réponse acceptable pour soi mais aussi pour ne pas imposer aux autres son désespoir.

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Kabuliwallah est un recueil d'une vingtaine de nouvelles, la plupart d'une dizaine de pages, écrit par Rabindranath Tagore. En peu de mots, cet auteur réussit avec simplicité à faire entrer ses lecteurs dans l'intimité de ses personnages, saisis à un moment charnière de leur vie. Grâce à un style minimaliste (exit les longues descriptions – j'y pense, je serais bien en peine de faire le portrait de n'importe lequel parmi eux –, pareillement pour les analyses psychologiques et les états d'âme à n'en plus finir), on réussit à saisir l'essentiel. le reste n'est pas important.

La plupart des nouvelles mettent en vedette des enfants, certains se lient avec un une voisine qui s'en va, d'autres voient leur amitié s'éteindre suite à des disputes entre leurs parents. Il y a bien toutes ces histoires de fiançailles et de mariages avec des dots difficiles à réunir et bien d'autres encore comme une fillette orpheline amoureuse de son maître ou les bêtises d'adolescents qui veulent cueillir un fruit dans le jardin d'un temple. La vie, quoi !

Une des nouvelles qui m'a le plus ému est celle d'Uma, cette fillette fiancée (trop jeune ?). Depuis longtemps elle notait ses impressions, des petites histoires, dans un cahier qu'elle cachait à tous. Sa belle-famille s'empare de ce cahier et Uma, en larmes, ne le revit plus. Sans doute n'écrira-t-elle plus…

Malgré des histoires qui finissent mal parfois (souvent ?), Rabindranath Tagore parvient à nous faire aimer son pays, ses traditions. C'est qu'il s'en dégage un tel charme.

Toutes ces histoires racontent l'Inde du début du siècle dernier, peut-être-même la fin du précédent. Ainsi, elles font revivre un monde qui a profondément changé sur beaucoup d'aspects. Étonnamment, je ne me rappelle pas avoir remarqué le moindre Anglais et les références à la domination britannique se faisaient rares. Il faut dire que les nouvelles qui composent ce recueil se concentrent sur la vie des petites gens, bien souvent dans des villages excentrés, sans doute peu concernées par la présence des étrangers.

Par moment, je devais me rappeler que, justement, autres temps et autres lieux sont synonymes d'autres moeurs. À plusieurs reprises, les nouvelles mettaient en vedette des jeunes filles d'à peine dix ou même huit qui étaient fiancées et devaient déménager dans la maison de leurs beaux-parents. Ou bien un veuf qui délègue des responsabilités (comme tenir la maison) à sa fillette de six ans. La condition de la femme indienne n'est peut-être pas encore au même niveau que celle d'Occident mais elle a fait un bout de chemin tout de même.

Bref, Kabuliwallah est un recueil plaisant à lire. le fait que les nouvelles soient courtes donne un certain rythme à la lecture. Toutefois, cela ne permet pas de s'investir beaucoup dans les personnages puisque, dès qu'on commence à bien les cerner, c'est la fin, on passe à une autre histoire. du coup, il n'en reste qu'un vague souvenir.
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Ces 22 nouvelles de Tagore, prix Nobel 1913, évoquent une Inde de la fin du dix-neuvième siècle à la fois belle, douce et parfumée, aux abords du Gange et de ses affluents qui à la saison des pluies se réveillent, enflent et dansent avec les arbres sous la tempête.
On est dans l'Inde profonde, celle des Indiens et non des Britanniques qui apparaissent de temps en temps mais de loin, des fantômes d'une régence distante. Les petites filles se marient et partent vivre dans la famille de leur époux, y grandissent, cachées et parfois malheureuses. Les pères se préoccupent de la dot, souvent pivot de ces nouvelles, mais aussi du sort de leur enfant pour laquelle ils espèrent le meilleur, jusqu'à s'endetter.
Et puis, il y est question d'héritage aussi, celui qui va dicter la vie d'une nouvelle famille, l'orienter dans un direction, la rendre jalouse et peut-être vengeresse...

Le regard que porte Tagore sur ces personnages est plein d'empathie mais de cynisme aussi et les fins sont souvent brutales. Femmes et miséreux sont ici protégés, affectionnés de l'auteur. Il y a quelques très belles nouvelles, je pense notamment à celles que j'ai trouvées empreintes de poésie: L'histoire du Ghât, récit d'un amour impossible, le Visiteur, la plus longue et apologie de la liberté, et enfin L'indésirable.

C'est un recueil de nouvelles doux et amer, bien agréable à lire.
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22 récits qui se passent au Bengale à la fin du XIXe siècle, dans une Inde encore bien enracinée dans ses traditions, même si une certaine modernité et une influence de la pensée et du mode de vie occidental se font sentir par moments. Mais il faut toujours marier les filles très jeunes, et leur donner une dot, ce qui peut ruiner une famille. Entre récit réaliste, et aussi quelque chose qui relève presque de l'archétype voir du conte, Tagore nous raconte son Inde, et ses habitants, surtout les enfants et les femmes. Un monde à la fois cruel et enchanteur.
Un beau livre émouvant.
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Un délice.
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