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EAN : 9782843047121
392 pages
Zulma (04/02/2016)
4.1/5   29 notes
Résumé :
Quel inépuisable envoûtement que ces vingt-deux récits, avec pour théâtre le Bengale et Calcutta, ville natale de Tagore, et pour acteurs principaux des enfants de tous âges et toutes conditions qu’une grâce inespérée, un bonheur de papillon sauvent parfois du fatalisme millénaire qui les frappe…
Ainsi dans "Le Receveur des postes", un poète du dimanche relégué dans un village se pique d’apprendre à lire à Ratan, l’humble fillette qui le sert.
Avec "L... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (11) Voir plus Ajouter une critique
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Rabindranath Tagore, Prix Nobel de Littérature, l'auteur des poèmes du Gitanjali (l'offrande lyrique) fut aussi un nouvelliste prolifique.

Calcutta. La métropole indienne consigne toutes les inégalités de castes, l'auteur bengali lève le voile de l'intimité, refuge des jalousies, des amitiés inattendues, des sentiments contrariés. Les histoires ont pour décor les rues bruyantes de la ville, le luxe des demeures des castes aisées ou encore des villages reculés du Bengal.

La nouvelle « Cabuliwallah », désignant un vendeur ambulant afghan, est emblématique du lien entre deux êtres que Tagore aime à montrer, dans toute sa spontanée et éphémère complicité. L'enfant et le kabuliwallah s'attachent l'un à l'autre, comme le Postier et l'orpheline, ou Kiran et Nilkanta, le jeune brahman que Shirat et elle recueillent chez eux ou encore Raicharan et le fils de ses maitres.

Tagore qui, contrairement à Gandhi, désapprouvait le système des castes, s'amusent dans une nouvelle teintée d'ironie à nuancer lui-même ses opinions. Son personnage se rendant finalement compte que le désargenté peut susciter de l'empathie.

Dans les thèmes comme sur la forme nous avons l'impression que l'Inde éternelle se mêle harmonieusement, imperceptiblement avec la modernité.

Au-delà de l'apparent manque de relief de ces nouvelles, se trouve pourtant une tristesse poignante. Les espoirs déçus, les malentendus funestes, les injustices oppressantes sont souvent endurées et dépassées par une résilience pudique, soumise et sans plainte.
Comme si la disparition, le retrait du monde social était, dans un pays où les retraites spirituelles sont parfois sans retour, la seule réponse acceptable pour soi mais aussi pour ne pas imposer aux autres son désespoir.

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Kabuliwallah est un recueil d'une vingtaine de nouvelles, la plupart d'une dizaine de pages, écrit par Rabindranath Tagore. En peu de mots, cet auteur réussit avec simplicité à faire entrer ses lecteurs dans l'intimité de ses personnages, saisis à un moment charnière de leur vie. Grâce à un style minimaliste (exit les longues descriptions – j'y pense, je serais bien en peine de faire le portrait de n'importe lequel parmi eux –, pareillement pour les analyses psychologiques et les états d'âme à n'en plus finir), on réussit à saisir l'essentiel. le reste n'est pas important.

La plupart des nouvelles mettent en vedette des enfants, certains se lient avec un une voisine qui s'en va, d'autres voient leur amitié s'éteindre suite à des disputes entre leurs parents. Il y a bien toutes ces histoires de fiançailles et de mariages avec des dots difficiles à réunir et bien d'autres encore comme une fillette orpheline amoureuse de son maître ou les bêtises d'adolescents qui veulent cueillir un fruit dans le jardin d'un temple. La vie, quoi !

Une des nouvelles qui m'a le plus ému est celle d'Uma, cette fillette fiancée (trop jeune ?). Depuis longtemps elle notait ses impressions, des petites histoires, dans un cahier qu'elle cachait à tous. Sa belle-famille s'empare de ce cahier et Uma, en larmes, ne le revit plus. Sans doute n'écrira-t-elle plus…

Malgré des histoires qui finissent mal parfois (souvent ?), Rabindranath Tagore parvient à nous faire aimer son pays, ses traditions. C'est qu'il s'en dégage un tel charme.

Toutes ces histoires racontent l'Inde du début du siècle dernier, peut-être-même la fin du précédent. Ainsi, elles font revivre un monde qui a profondément changé sur beaucoup d'aspects. Étonnamment, je ne me rappelle pas avoir remarqué le moindre Anglais et les références à la domination britannique se faisaient rares. Il faut dire que les nouvelles qui composent ce recueil se concentrent sur la vie des petites gens, bien souvent dans des villages excentrés, sans doute peu concernées par la présence des étrangers.

Par moment, je devais me rappeler que, justement, autres temps et autres lieux sont synonymes d'autres moeurs. À plusieurs reprises, les nouvelles mettaient en vedette des jeunes filles d'à peine dix ou même huit qui étaient fiancées et devaient déménager dans la maison de leurs beaux-parents. Ou bien un veuf qui délègue des responsabilités (comme tenir la maison) à sa fillette de six ans. La condition de la femme indienne n'est peut-être pas encore au même niveau que celle d'Occident mais elle a fait un bout de chemin tout de même.

Bref, Kabuliwallah est un recueil plaisant à lire. le fait que les nouvelles soient courtes donne un certain rythme à la lecture. Toutefois, cela ne permet pas de s'investir beaucoup dans les personnages puisque, dès qu'on commence à bien les cerner, c'est la fin, on passe à une autre histoire. du coup, il n'en reste qu'un vague souvenir.
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Ces 22 nouvelles de Tagore, prix Nobel 1913, évoquent une Inde de la fin du dix-neuvième siècle à la fois belle, douce et parfumée, aux abords du Gange et de ses affluents qui à la saison des pluies se réveillent, enflent et dansent avec les arbres sous la tempête.
On est dans l'Inde profonde, celle des Indiens et non des Britanniques qui apparaissent de temps en temps mais de loin, des fantômes d'une régence distante. Les petites filles se marient et partent vivre dans la famille de leur époux, y grandissent, cachées et parfois malheureuses. Les pères se préoccupent de la dot, souvent pivot de ces nouvelles, mais aussi du sort de leur enfant pour laquelle ils espèrent le meilleur, jusqu'à s'endetter.
Et puis, il y est question d'héritage aussi, celui qui va dicter la vie d'une nouvelle famille, l'orienter dans un direction, la rendre jalouse et peut-être vengeresse...

Le regard que porte Tagore sur ces personnages est plein d'empathie mais de cynisme aussi et les fins sont souvent brutales. Femmes et miséreux sont ici protégés, affectionnés de l'auteur. Il y a quelques très belles nouvelles, je pense notamment à celles que j'ai trouvées empreintes de poésie: L'histoire du Ghât, récit d'un amour impossible, le Visiteur, la plus longue et apologie de la liberté, et enfin L'indésirable.

C'est un recueil de nouvelles doux et amer, bien agréable à lire.
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Rabindranath Tagore, Prix Nobel de Littérature en 1913, fut aussi compositeur, peintre et philosophe. Issu de la caste des brahmanes, il a une enfance calme et paisible, loin des tracas des Indiens qui doivent travailler pour manger. Cette situation ne l'a pourtant pas empêché de dénoncer le système qui veut qu'en Inde, les riches, les zamindars (grands propriétaires fonciers), exploitent les pauvres. C'est l'objet d'au moins une nouvelle du recueil. Beaucoup d'autres parlent du rôle de la femme, très en retrait, mariée de force très jeune et qui doit se soumettre aux volontés d'un mari pas toujours en avance sur son époque quant aux droits des femmes. Ce qui est étonnant dans ces textes, c'est l'opposition entre la relation forte qui existe entre le père et ses filles, il est souvent chamboulé lorsqu'il doit marier sa fille et la voit quitter la maison pour celle de son époux, et le peu de considération qu'ont les hommes pour leurs femmes. A croire, que mariées, elles perdent leur intérêt. Néanmoins, Rabindranath Tagore décrit beaucoup de femmes fortes, ayant du caractère et ne se laissant pas faire : elles revendiquent, osent se rebeller et résister à leurs maris, souvent pour le bien des enfants plus que pour le leur, au risque de se mettre la communauté à dos. Elles peuvent être aussi vénales, jalouses des biens des autres surtout lorsque l'homme de la maison n'aspire qu'à une vie paisible ; mais il faut dire que c'est elle qui doit faire bouillir la marmite et que sans argent ce n'est pas facile, surtout si monsieur ne veut pas travailler.

Rabindranath Tagore est réaliste, il décrit des situations envisageables voire certaines se sont produites. Son style est à la fois réaliste donc mais aussi lyrique, dans les paysages, les rêves,... Il emprunte beaucoup aux coutumes, aux contes, aux fables, à la mythologie indienne. Ses courtes histoires sont tragiques, dramatiques ou plus légères, plus enlevées, je n'irai pas jusqu'à dire qu'elles sont primesautières même si certaines arrachent des sourires. Non, ce sont des histoires de vies qui en disent long sur l'Inde du XIXème siècle, les castes, les relations entre les pères et les filles, souvent belles et tendres, entre les pères et les fils, plus conflictuelles, le fils voulant égaler voire dépasser le père, entre les maris et les femmes, pas toujours sereines, mais parfois très profondes quand bien même les mariages ont été arrangés, entre les mères et les enfants, protectrices dans les deux sens...

Je connaissais Rabindranath Tagore, au moins son nom, mais je ne saurais dire pour quelles raisons. Maintenant, j'en ai une excellente : ses nouvelles éditées chez Zulma dans un volume divinement couvert.
Lien : http://lyvres.fr
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"Kabuliwallah", est un des vingt-deux récits qui composent ce recueil de nouvelles du grand Tagore, Prix Nobel de Littérature en 1913. C'est bien sûr dans sa région natale du Bengale que Tagore nous transporte à travers ce livre.
Chaque nouvelle est un délice, un envoûtement, qui se savoure, toutes les histoires sont intéressantes et l'on constate surtout qu'elles sont remplies de sagesse.
Les relations entre humains sont omniprésentes et chacune des nouvelles est unique. Un grand plaisir de lecture, un bon concentré du talent de Tagore.
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Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
C'est avec une vive inquiétude que Pyarimohan apprit l'incident. Si, à présent, les femmes se mettaient à lire et à écrire, pièces et romans feraient bientôt leur entrée à la maison, et il serait alors bien difficile de maintenir les règles de la vie familiale. Poussant sa réflexion plus avant, le jeune lettré avait élaboré une théorie des plus subtiles. Selon lui, le mariage parfait était le produit de l'association du pouvoir féminin et du pouvoir masculin. Mais à supposer que, par le biais de l'étude et de l'éducation, la position traditionnelle des femmes vînt à s'effacer, les formes du pouvoir ne seraient plus que masculines ; et le conflit au sein d'un double pouvoir masculin serait si destructeur que le mariage serait anéanti, et les femmes, condamnées au veuvage. Jusque-là, personne n'avait encore été en mesure d'ébranler cette théorie.

Le Cahier d'écolier
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L'histoire que j eue proposais de raconter m'échappe. Quand je commence une histoire, une autre s'en vient flotter sur le courant : les histoires vont et viennent, et je n'arrive pas à les retenir. Seules une ou deux se posent avec douceur sur le tourbillon, tels ces petits bateaux d'aloès, et y tournent en rond sans interruption. Une histoire comme ça tournoie aujourd'hui au-dessus de mes marches, avec son chargement, et on dirait qu'elle est à tout moment sur le point d'être engloutie par le courant. Aussi fragile que la feuille d'aloès, elle ne peut supporter qu'un poids infime - juste deux fleurs, avec quoi jouer. Si elle devait sombrer, une petite fille au coeur tendre se contenterait de laisser échapper un soupir avant de rentrer chez elle.
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Rien n'est plus exaltant que la domination ; sous ce jour, la société peut être une drogue puissante. L'obsession de Napoléon de laisser une trace toujours plus profonde dans l'Histoire et d'étendre toujours davantage son influence sur les hommes, on la retrouve à plus petite échelle dans les salons. Avec quelques jeux d'esprit, s'entourer d'un cercle d'admirateurs, régner sur eux et jouir de leurs éloges, voilà une entreprise fort excitante. Bien des hommes seraient disposés à affronter dettes, scandale et ruine pour une pareille consécration.
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Je pensai alors : «Je ne suis certes pas devenu clerc principal d'un percepteur, ni même premier clerc dans un tribunal d'instance ; je suis encore moins devenu Garibaldi. Je ne suis qu'un professeur adjoint dans une misérable école. Mais, pendant une brève nuit, j'ai abordé l'éternité. Et par la grâce de cette seule et unique nuit, qui tranche sur tous mes autres jours et nuits, mon humble existence a été comblée.»
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À mon avis, il valait mieux hériter d'une petite boîte en fer remplie de titres de la Compagnie des Indes orientales que d'un magnifique coffre vide contenant en tout et pour tout le passé glorieux d'une famille déchue.
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Videos de Rabindranath Tagore (6) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Rabindranath Tagore
Lecture de Notre besoin de consolation est impossible à rassasier de Stig Dagerman et concert autour des oeuvres de Théodore de Banville, Gérard de Nerval, Paul Eluard et Rabindranath Tagore.
« C'est l'angoisse de la séparation qui s'épand par tout le monde et donne naissance à des formes sans nombre dans le ciel infini. C'est ce chagrin de la séparation qui contemple en silence toute la nuit d'étoile en étoile et qui éveille une lyre parmi les chuchotantes feuilles dans la pluvieuse obscurité de juillet. C'est cette envahissante peine qui s'épaissit en amours et désirs, en souffrances et en joies dans les demeures humaines, et c'est toujours elle qui fond et ruisselle en chansons. »
L'Offrande lyrique, Rabindranath Tagore, traduit par André Gide.
Ces émotions douces et amères qui nous secouent ne sont-elles pas universelles ? Ne sont-elles pas l'essence même de notre existence ? Deleyaman, groupe franco-américain dans la veine céleste de Dead Can Dance, aborde ces questions vibrantes, parle d'art, d'amour, de beauté et de contemplation comme des réponses à nos contraintes existentielles.C'est une amicale collaboration artistique entre le groupe et Fanny Ardant qui a donné naissance à cette création. Au travers d'un texte lu, elle dialogue avec le groupe sur une musique créée par Deleyaman. Avec le son du doudouk, le groupe d'Aret Madilian interprétera les titres français de sa discographie
Fanny Ardant : voix Béatrice Valantin : voix, clavier Aret Madilian : piano, clavier, guitare, percussion Guillaume Leprevost : basse, guitare Artyom Minasyan : doudouk, plul, pku Madalina Obreja : violon Gérard Madilian : doudouk
Création en partenariat avec le Trianon Transatlantique de Sotteville lès Rouen – Scène conventionnée d'intérêt national art et création chanson francophone.
À écouter – Deleyaman, « Sentinel », 2020. Plus d'informations sur www.deleyaman.com À écouter : https://deleyaman.bandcamp.com/album/sentinel
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