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EAN : 9782312119359
92 pages
Du Net (24/01/2022)
5/5   4 notes
Résumé :
Petite sœur est née à Akfadou le mercredi 27 octobre 1971. Plus de onze ans nous séparaient, mais je savais qu’en dépit de cet écart ce ne serait rien et les années futures le confirmèrent. J’ai partagé tant de choses avec elle que je n’ai jamais très bien su son âge. Quelle importance au fond ! Nous avions l’âge de nos cœurs qui battaient à l’unisson. Enfants, nous étions si proches… Adultes aussi, même si nous ne vivions pas dans le même pays…
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
— Tu viens de publier aux Éditions du Net un livre intitulé “Petite Soeur”. Peux-tu nous le présenter en quelques mots ?
— Ce récit de vie est un hommage à ma petite soeur Saâdia, décédée à Béjaïa en mai 2021, la cinquantaine non encore atteinte. J'ai voulu saisir les instants de grâce et de partage que nous avons eus ensemble, d'abord durant notre enfance, puis plus tard en tant qu'adolescents et adultes. C'était une femme admirable, toujours souriante, animée d'une grande force de caractère et dotée d'une espérance à toute épreuve pour atteindre ses objectifs.

— Enfants, vous avez vécu ensemble à Constantine, mais adolescents vous avez grandi dans des régions différentes d'Algérie et adultes vous étiez séparés par la Méditerranée. Comment as-tu pu entretenir cette complicité avec ta soeur ?
— À trois reprises, ma soeur est venue en stage à Toulouse ; plus exactement au printemps 1997, en été 2001 et en hiver 2005. J'ai pu moi-même passer un séjour en Algérie durant les étés 2013, 2014 et 2015, ainsi qu'au printemps 2017. Séparés, nous avons parlé pendant des heures au téléphone, nous avons échangé quelques mails et nous nous sommes écrits hélas très peu de lettres.

— Ton récit oscille souvent entre des moments d'émerveillement et des moments de séparation…
— En effet… Alors que je cherchais à rassembler les moments heureux partagés avec ma soeur, se sont révélées toutes ces microfissures créées par nos nombreuses séparations. C'était comme si ma mémoire m'avait pris par surprise pour me révéler tout ce qui était caché sous un humus épais, avant la séparation suprême.

— Ta soeur a été victime d'une erreur médicale. Peux-tu nous en parler ?
— D'abord, son cancer de l'estomac a été diagnostiqué trop tard. Ensuite, au lieu de faire de la chimio, comme c'est souvent le cas, ma soeur, mal conseillée, a accepté l'ablation totale de son estomac. Enfin, trois semaines après sa lourde opération, on l'a renvoyée chez elle. Heureusement qu'il existe encore aujourd'hui dans les hôpitaux publics algériens, dotés pourtant de moyens dérisoires, quelques médecins pour accompagner les malades en fin de vie. Une femme-médecin, que Saâdia a fréquentée au lycée Ihaddadane de Béjaïa, a pu ainsi atténuer les souffrances de ma Petite Soeur.

— Que retiens-tu après avoir écrit ce livre ?
— Beaucoup de choses difficiles à dire. D'abord ; j'ai cru vouloir écrire un livre seulement pour rendre hommage à la grande dame qu'était ma soeur, mais j'ai vite été rattrapé par la douleur de l'avoir perdue. Finalement ce livre est devenu aussi un livre sur le deuil. Écrire sur elle, c'est mesurer le vide qu'elle a laissé même si j'ai retrouvé beaucoup de souvenirs heureux qui seront toujours pour moi comme un chemin magique pour la rejoindre. Je ne crois pas que je puisse apprendre à vivre sans elle et j'ai souvent envie d'aller casser la gueule à ses bourreaux. Je m'en veux aussi de ne pas avoir été là à ses côtés dans les derniers moments. Certes, la vie doit bien continuer, mais sans elle, elle a un goût bizarre. Ceci dit je retiendrai que l'existence humaine est si courte qu'il ne faut pas la gâcher inutilement par des disputes ou toutes sortes de choses futiles et surtout qu'il faut aller voir souvent les êtres que l'on aime, aussi souvent que c'est possible, et même créer les occasions pour le faire.
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Au cours de son deuxième stage en France, en mai 2001, ma sœur vint me rendre visite à Guilherand-Granges où j’habitais à l’époque. Je lui fis découvrir mes coins préférés de la Drôme et de l’Ardèche : le Château de Crussol, le Port de l’Épervière, les bords du Rhône, le Parc Jouvet où elle apprécia de voir les oiseaux exotiques des volières et la beauté des immenses platanes, Crest où elle plongea ses pieds dans la Drôme avec un bonheur identique au mien.
En quelques jours, en quelques heures devrais-je plutôt dire, elle partagea tous mes secrets de vie, elle sut tout ce qui me procurait de la joie et elle inscrivit la sienne dans ces lieux qui m’étaient devenus familiers, par la force des choses, par la force de l’exil, qui ‒ je dois bien l’avouer ‒ était parfois très doux.
En arrivant à Crest, j’avais garé la voiture sur le parking en face de l’établissement scolaire privé de Saint-Louis et nous avions longé la route qui rejoint la départementale menant à Die. Nous marchions tranquillement tout en parlant de choses et d’autres. Je ne me souviens plus de quoi. Brusquement ma sœur s’était arrêtée devant la sculpture dressée en l’honneur de l’Europe. Elle avait lu à haute voix chacune des inscriptions qui contenaient toutes une réflexion sur ce que les pays pourraient s’offrir dans l’idéal.
À son timbre de voix enthousiaste j’avais compris que ces réflexions notées sur le ciment en lettres noires rejoignaient ses propres attentes en matière de géopolitique. Que les peuples soient unis ! Voilà ce que souhaitait ma sœur et en cela je ne l’admirais que davantage.
Je ne suis plus jamais passé à côté de cette statue sans penser à elle. C’était un peu la sienne à cause de toutes ses pensées gravées qui auraient pu sortir de son esprit humaniste et généreux. J’ai fait une photo de cette œuvre d’art qui reflète le rêve pur des rassembleurs du monde aux antipodes des laideurs diviseuses qui se déroulent dans tant d’endroits où règnent le désordre et la souffrance, à commencer hélas par notre propre pays foudroyé par la guerre civile.
Ce chef-d’œuvre de la pensée pacifiée ressemble à une table en ciment ou à une roue couchée dans l’herbe où le plus beau de l’Homme aurait trouvé à s’enraciner en quelques mots, car c’est avec des mots que l’on façonne le monde. D’abord et essentiellement.
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Après ce moment de grâce où excellaient les plus belles valeurs, nous avions retrouvé le chemin qui longe la Drôme. La Tour se dressait au loin, majestueuse dans ses atours d’ivoire jauni. Ma sœur l’avait admirée et m’avait demandé à quelle époque elle avait été édifiée et en quelles circonstances.
Heureusement je m’étais informé sur cette Tour que j’aimais beaucoup comme le symbole d’une ville où je venais presque chaque semaine me ressourcer et je pus répondre aux questions de ma sœur. Je n’aurais pas aimé caler devant elle autant pour ne pas la décevoir dans sa volonté de savoir que par fierté de grand-frère pourvoyeur de connaissances.
Au-delà du camping, nous étions passés près du ranch où une jument bai courait avec son poulain dans un des enclos, ce qui nous avait ravis comme des enfants. Puis nous avions emprunté le sentier qui mène à Aouste-sur-Sye dans l’épaisseur d’un sous-bois qui n’était pas sans rappeler la forêt d’Akfadou. On trouvait là des mûriers, des aulnes, des frênes. Une végétation déjà méditerranéenne.
Ensuite, nous avions obliqué à gauche et après quelques enjambées au milieu des herbes sauvages nous avions débouché dans ce que j’appelais à l’époque une crique. Des plaques schisteuses striaient la rive en créant des plis qui recueillaient les offrandes de la rivière en crue, essentiellement des bouts de bois torsadés par les circonvolutions du courant.
Nous nous étions assis juste au bord de l’eau et nous avions regardé passer un groupe de canoéistes qui nous avait salués en riant. Nous les avions suivis des yeux jusqu’à ce qu’ils deviennent de petits points de couleur. Je lui avais alors demandé si elle aussi ne voulait pas faire du canoë.
— Peut-être un jour, m’avait-elle répondu en laissant la place à l’avenir.
Les minutes avaient passé lentement… Élixir de vie régénératrice… Plénitude… Parenthèse d’or dans la précarité des jours…
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Premier volet de mon tryptique autobiographique, "Le murmure du figuier bleu" couvre les deux périodes : 1. Akfadou [1962 – 1972] 2. Constantine [1972 – 1983]
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