Pour une écologie du sensible

Un livre qui m'a ouvert un nouveau champ de réflexion sur ce que je pensais être mes cinq sens.
Je pensais que seul le cerveau nous permettait d'interpréter ce que nos sens nous envoient comme messages mais j'ai entrevu la possibilité que nos sens pourraient avoir une représentation autonome du monde : par exemple que "les cellules du bout de nos doigts évaluent de manière autonome la forme de l'objet touché".
J'ai aimé également dans ce livre la part belle faite aux arbres, autres vivants de cette belle planète bleue.
J'ai appris que la forme de nos mains découlait directement des millions d'années où notre espèce s'agrippait aux branches des arbres.
En rationalisant notre monde, nous nous sommes coupés de la part sensible nous reliant aux autres êtres vivants, qu'ils soient de notre règne ou non.
Ce livre a renversé certaines de mes croyances et je remercie l'auteur pour cela.

Si la veine de l'écriture est bien plus en verve dans cet ouvrage, la prose de l'auteur reste élégante et fluide, et la syntaxe précise. La lecture s'avère abordable au néophyte, en dépit de la complexité du sujet et du caractère pluridisciplinaire des références. Jacques Tassin nous plonge dans un postulat pour une véritable écologie – celle du sensible, « (…) cet espace de continuité inséré entre les êtres (…)». Il s'agit d'un ouvrage entier qui ressemble à une profession de foi, en quelque sorte, en faveur du sensible. L'auteur s'engage sans compromis. La valeur de son argumentation fait écho, non seulement à un courage et une honnêteté intellectuelle, mais aussi aux compétences du chercheur français de renommée internationale (Cirad) qui exerce son métier au sein d'un corpus scientifique majoritairement de culture cartésienne. Diffusée en pleine pandémie, cette voix pour une écologie du sensible sera-t-elle entendue ? Quoi qu'il en soit, l'auteur nous livre de précieuses informations sur la nature du sensible, et construit une argumentation pertinente en faveur de liens évidents d'interdépendance qui relient l'espèce de notre domaine à celles des autres domaines, via le sensible.