On arrête tout : le nouveau roman de
Vincent Tassy paraitra pour Halloween et, qui plus est, c'est une préquelle à
Apostasie, mon roman préféré de tous les temps. J'ai eu la joie de pouvoir l'acheter en avant-première aux Halliennales et rencontrer l'auteur. Toujours un plaisir 🙂 C'est à nouveau Marcela Bolivar qui illustre à merveille la couverture de cet univers sombre, végétal et envoûtant.
Ce récit est rédigé par Alvare et conte l'histoire d'Alphée. Rien ne dit qu'elle est vraie, que ce n'est pas une vision idéalisée d'une réalité bien plus triste. La plupart des événements sont vécus comme des souvenirs, vus par les yeux d'Alphée au travers des songes d'Alvare. On oscille toujours entre le rêve et la réalité, ne sachant jamais où est la limite, pour notre plus grand plaisir. On finit même par se demander si Alphée existe et si ce n'est pas Alvare qui fait de ses fantaisies une réalité ?
Ce livre est avant tout le récit d'un amour pur, puissant, à toutes épreuves. Un coup de foudre, au premier regard, un amour qui bouleverse au point de ne plus pouvoir vivre pour soi. Cet amour est à la fois celui d'Alphée pour sa mère, et celui d'Alvare pour Alphée. Deux adorations bouleversantes par leur sincérité et leur puissance qui vont guider ce sombre conte onirique.
On évolue dans un monde à la fois féérique et cruellement réel. La nature y est omniprésente. Alphée, sa mère et son frère sont plongés dans un hiver qui semble éternel, attendant éperdument le retour du père. On ressent avec eux le froid, la faim, le désespoir, la tristesse… mais aussi la joie d'être ensemble, les petits bonheurs, les sourires. Ils vivent dans des châteaux, mais ce ne sont pas des lieux de faste et de luxe, ce sont des endroits froids, vides, un toit au dessus de leur tête qu'ils ne peuvent cependant pas appeler maison.
Alphée est un raconteur d'histoires (on avait déjà pu le constater dans
Apostasie 😉 ). Quand il parle de fées, elles semblent apparaitre à ses yeux et à ceux de son entourage. Il nourrit dès lors sa famille et lui-même de la magie de ses histoires, racontant les princesses, les fleurs, la féérie, la joie. Ce texte porte un joli message : quoi qu'il se passe autour de nous, quelles que soient les horreurs qui nous entourent ou qu'on subit, l'imagination et le rêve seront toujours là pour nous emporter au loin le temps d'un songe et nous apporter quelques bribes de joie.
On retrouve bien sûr la plume envoûtante de Vincent, avec ce rythme, cette musicalité qui fait sa richesse. Cette sombre poésie, mélancolie mêlant beauté végétale, sentiments profonds et rêve éveillé. Au final, Alvare n'est-il pas un peu Vincent qui nous déclare aussi son amour pour ce personnage fascinant qu'est Alphée, que sa plume a enfanté ?
La couverture du roman mêle, je trouve, un style proche à la fois de celle d'
Apostasie et de celle de
Comment le dire à la Nuit. Un personnage en particulier, femme magicienne omnisciente qui enferme Alphée pour en « prendre soin », m'a rappelé la dame en noir de
Comment le dire à la Nuit. Se pourrait-il que les deux univers n'en soit en fait qu'un seul et qu'Alphée soit le chainon manquant ?
J'ai adoré lire cette nouvelle incursion dans l'univers d'
Apostasie. Je regrette juste qu'elle ai été si courte. J'aurais aimé revoir un peu plus la Sylve Rouge, aller un peu plus loin dans l'histoire d'Aphélion et d'Alvaron au sein même de la forêt couleur sang. Ce sera peut-être pour une prochaine fois.
Vous l'aurez compris, ce livre est un gros coup de coeur. Pouvoir replonger dans l'univers de mon roman préféré et en découvrir de nouvelles facettes a été un pur plaisir. La plume de Vincent est toujours aussi magistrale, faisant voyager son lecteur entre le rêve et la réalité avec une musicalité et une sombre poésie incroyable. Un récit d'amour unique, intense et touchant. Une histoire qui prouve encore une fois la force de l'imaginaire. À lire absolument !
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