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EAN : 9782354088279
304 pages
Editions Mnémos (19/02/2021)
4.06/5   83 notes
Résumé :
D'un hiver sans fin naît l'espoir d'un printemps radieux
L'Or Ailé, de la cité immortelle, est descendu des cieux.
Seigneur ou roturier, lequel deviendra son suivant ?
Serviteur, conseiller, dévoué ou confident
Dans le labyrinthe d'Œtrange, il devra le guider
Du royaume de Ronces, aux Brumes emplies de danger.
De l'hiver au printemps, de l'obscurité à la lumière
Percerez-vous les secrets de L'Or Ailé venu sur Terre ?
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Critiques, Analyses et Avis (36) Voir plus Ajouter une critique
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Une fois encore, les trois maisons d'éditions composant le collectif des Indés de l'Imaginaire ont profité du début d'année pour mettre en avant un ou une autrice dont l'ouvrage est venu rejoindre leur catalogue. Parmi ces « pépites de l'imaginaire » on trouve « Diamants » de Vincent Tassy qui a déjà publié plusieurs ouvrages aux éditions du Chat noir et qui vient ici gonfler les rangs des éditions Mnémos, succédant ainsi à Grégory da Rosa (« Sénéchal »), Thibaud Latil-Nicolas (« Chevauche-brumes ») ou encore Raphaël Bardas (« Les chevaliers du Tintamarre »). Et la qualité est à nouveau au rendez-vous ! le roman met en scène un continent, Samsara, dans lequel l'alliance unissant les plus grands royaumes est sur le point de prendre fin. Les souverains à la tête de Chrysalie, d'Arith et des Moires sont en effet bien décidés à mettre à bas leur puissant allié, Vaivre, dont le pouvoir vient justement d'être déstabilisé par la concrétisation d'un passage du texte sacré qui constitue le fondement de leur spiritualité : la descente sur Terre d'un ange. Décrite comme une véritable bénédiction pour le territoire où l'Or Ailé aura fait son apparition, l'arrivée de l'être de lumière provoque hélas plus de tracas qu'autre chose. Outre la menace représentée par l'union des trois royaumes qui voient en cet événement une opportunité de frapper vite et fort leur adversaire, la cour de Vaivre doit aussi composer avec tous les rituels à respecter afin de prendre soin de l'ange, de même qu'avec l'étrange langueur qui semble s'être emparée de tous depuis son apparition. Certains paraissent d'ailleurs plus touchés que d'autres, à commencer par la famille royale, déjà minée par un douloureux passé et dont les relations sont loin d'être au beau fixe. L'auteur opte pour une alternance des points de vue, ce qui permet de mettre en avant plusieurs personnages clés à commencer par la reine de Vaivre et ses deux filles (l'une totalement effacée, l'autre sauvage et aussi peu concernée par les affaires de la couronne) mais aussi le principal conseiller de la cour, et enfin un jardinier travaillant au palais et fasciné par l'Or Ailé auquel il présent qu'il est intimement lié.

L'univers mis en scène ici s'inscrit dans du médiéval-fantastique classique mâtiné de féerie. La magie y est omniprésente, et ce malgré sa disparition il y a des années dans la plupart des royaumes suite à une force mystérieuse appelée Évanescence (seul le territoire de Chrysalie a refusé de renoncer à son pouvoir, de même que celui de Ronces, mystérieux royaume situé au nord de Vaivre où peu de gens se rendent et dont on ne sait presque rien). Toute trace de magie est pourtant loin d'avoir disparue puisque le premier conseiller du royaume se livre régulièrement avec succès à la mancie (qui lui permet de capter des bribes d'explications concernant les événements importants en cours) tandis que notre fameux jardinier possède le pouvoir de créer des fleurs d'une beauté éblouissante à partir de rien. L'Or Ailé possède quand à lui des capacités sur-humaines dont on peine à cerner les contours mais qui ont des effets bien visibles sur les gens qui l'entourent. de même que sur Ronces, une aura de mystère entoure la personnalité de l'ange dont on ignore tout, à commencer par ses intentions, la créature alternant entre indifférence, colère ou compassion vis à vis des humains. C'est cette ambiance féerique, presque onirique parfois, dans laquelle baigne le roman qui lui donne une partie de son charme. L'immersion du lecteur est immédiate et se renforce au fur et à mesure que les frontières de l'univers se précisent et qu'on commence à bien cerner les enjeux dont il est question ici. La venue de l'Or Ailé en est un, mais d'autres vont rapidement entrer en compte et faire intervenir d'autres protagonistes et permettre de revenir sur l'histoire et la mythologie du continent. L'intrigue est habilement construite, l'auteur parvenant à surprendre le lecteur jusqu'au bout et à offrir une fin qui éclaire le récit d'une lumière inattendue, lui donnant ainsi davantage de profondeur. le travail effectué par l'historiographe et les questionnements concernant les manques ou les différentes possibilités d'interprétation des sources anciennes consacrées à l'histoire de Vaivre sont également une belle trouvaille qui apporte encore un peu plus de complexité à l'ouvrage.

La manière dont l'auteur met en scène la royauté et le peuple de Vaivre est elle aussi très intéressante car dénuée des habituels clichés. Les courtisans et les membres de la famille royale sont loin d'être des tyrans superficiels et cruels comme on en trouve dans certains récits qui manquent de subtilité, mais l'auteur n'en met pas moins en avant l'entre-soi incontestable que représente la cour, ainsi que la totale déconnexion avec les conditions de vie des classes populaires que cet isolement ne manque pas de provoquer. de même, l'auteur a su trouvé un juste milieu pour représenter le peuple révolté qui n'est ni idéalisé ni caricaturé. Les protagonistes du roman sont donc, comme souvent, issus d'un milieu social très privilégié, mais cela ne prive pas l'auteur de s'interroger ici sur la légitimité de leur domination. En dépit de leurs défauts et de leur criante incompréhension des revendications et des craintes populaires, on s'attache sans mal à cette famille royale dont les souffrances sont les mêmes que ceux d'une famille éclatée ordinaire. J'ai pour ma part été particulièrement sensible à la personnalité des deux princesses : Daphnéa parce que la manière péjorative dont la considère sa mère et la cour incite à l'empathie, Savannah parce que son caractère rebelle et l'affection profonde qu'elle porte aux membres de sa famille nous la rendent immédiatement attachante. Les révélations progressives effectuées par l'auteur concernant les origines du drame familial qui a conduit au départ du roi permettent quand à elles de compatir tour à tour à l'un ou l'autre des parties, si bien qu'on s'émeut autant de la souffrance de la reine d'avoir été abandonnée que de celle du roi . Les personnages de Mauront, le jardinier, et de l'Or Ailé sont plus ambigus et évoluent énormément tout au long du récit, mais la relation entretenue par l'ange et son « laquais » ne manque pas d'intriguer et, souvent, de surprendre.

Cette année encore, les éditions Mnémos nous offrent pour la rentrée un beau roman qui mérite sans aucun doute son qualificatif de « pépite », aussi bien pour la qualité de son intrigue et de ses personnages que pour celle de la plume, fluide et poétique, de l'auteur. A découvrir !
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Résumé : Dans un royaume pâle où la magie disparaît peu à peu, un ange descend parmi les Hommes. Aussi beau qu'hiératique, il représente un mystère vivant. Qui est-il ? Qu'est-il venu faire ? Alors que les manciens et les archivistes cherchent une réponse, certains décident d'agir. le jeune Mauront, un jardinier dont les compositions florales relèvent de la féérie, se présente au concours pour devenir le Laquais de celui qu'on appelle l'Or Ailé. le conseiller Dolbreuse, l'un des rares à avoir conservé une parcelle de magie, doit remplacer une reine que la perte de son amour a vidée de toute envie de gouverner. Mais trois rois mages des pays voisins se présentent à la Cour… leur visite annoncerait-elle le crépuscule du royaume ?

Diamants est le deuxième livre de Vincent Tassy que je lis. Ce jeune auteur présente un univers particulier et d'une grande beauté, une nouvelle voix dans le paysage des littératures de l'Imaginaire en Hexagone, entre fantasy et esthétique gothique.

Encore une fois, cet opus se montre très inventif et soigné au niveau de la forme, avec une langue très travaillée, un rythme poétique, des métaphores et des images bien trouvées. le travail sur les couleurs, la lumière et l'ombre (le noir est envisagé comme la radiance absolue), mais aussi les champs lexicaux récurrents, comme celui des volatiles (un regard de poule, une transparence de cygne…) témoignent de l'originalité et de la qualité de l'écriture. Bien entendu, à l'instar de tout texte, celui-ci n'est pas exempt de petites paresses de-ci de-là, des répétitions notamment. Mais elles sont très rares, et étonnent au vu du niveau de langue déployé par l'auteur, à tel point qu'ils ne paraissent pas être un défaut, mais plutôt un style, qui m'a rappelé celui de Tanith Lee. Les quelques facilités dans l'exposition du cadre complexe de l'intrigue (le coup du miroir, bien connu des jeunes romanciers) sont sublimées et apparaissent comme le parti pris narratif d'un auteur qui maîtrise son art.

L'univers est aussi inventif que le reste, tout en faisant écho à des mythes lointains et bien connus (là encore, comme chez Tanith Lee). L'histoire se déroule dans un royaume où les questions de genre ne se posent pas : les hommes et les femmes peuvent avoir exactement les mêmes métiers, le futur époux de la reine est « choisi » par la reine mère comme le serait une concubine, et l'homosexualité, très répandue dans l'intrigue (il y a plus de couples gay qu'hétéros), n'est pas un sujet d'étonnement. En choisissant de mettre en scène ces caractéristiques culturelles sans chercher à les définir ou les expliquer, l'auteur fait preuve d'un vrai naturel dans son traitement du genre.

Vincent Tassy a réussi, au fil de son oeuvre, à créer un univers singulier et original : on reconnaît à la fois sa patte et ses influences. Ses romans sont émaillés de références à la culture gothique, imaginaire et mythique : dans le choix des noms de lieux et de personnages, notamment (Théodora Siddal, qui rappellera la rousse évanescente qui fut la muse des préraphaelites et des poètes ésotéristes victoriens). le choix de noms classiques et angéliques donnent un parfum de conte au récit et certaines sous-intrigues évoquent le Cabinet des Fées. le rythme, les ellipses nombreuses, le refus de l'auteur de rentrer dans des considérations techniques ou logiques (jusque dans les problèmes relationnels des personnages) contribuent à renforcer cet aspect de conte de fées, hors de la réalité. le monde qu'il nous dépeint ici est onirique, plein de mélancolie, de langueur. On y retrouve certains de ses thèmes récurrents : la posture de l'artiste rêveur comme observateur détaché de la vie, qui n'y participe pas (comme dans Apostasie), une vision de la vie comme un songe décalé, un isolement choisi, avec le danger qu'il y a à s'extraire du réel pour vivre un bonheur illusoire, coupé du monde, à l'image de l'exil volontaire de l'un des personnages clés du roman. En outre, le livre est émaillé de réflexions intéressantes et profondes sur l'Histoire, l'art, la politique, qui tombent toujours à propos et ne sont jamais indigestes.

J'ai eu un peu de mal à entrer pleinement dans l'imaginaire éthéré de Vincent Tassy, mais, une fois dedans, j'ai eu de la peine à le quitter. C'est un livre qui se savoure lentement, mais qui suscite également le mystère et l'envie d'en savoir plus. Malgré sa conclusion très bien amenée, il m'a laissé sur les lèvres un goût d'inachevé. Je serais bien restée plus longtemps à Oetrange, ou dans les forêts d'Anthée… Certaines questions demeurent sans réponses. Mais il ne faut pas trop en savoir sur les anges, nous dit-on...
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Un grand merci à Estelle Hamelin et aux éditions Mnémos de m'avoir permis de lire en avant première le dernier roman de Vincent Tassy, ce fut pour moi un grand honneur. J'ai découvert cet auteur il y a 2 ans lors du PAC (Pumpkin Autumn Challenge) et il est depuis devenu mon auteur préféré.

La couverture m'a déjà beaucoup étonnée ; Vincent Tassy m'avait habitué à des couleurs plus sombres or celles-ci sont plutôt lumineuses. J'apprends qu'il s'agit de son premier roman fantasy et là j'avoue que j'ai un peu peur de ce que je vais trouver. Mais j'ai confiance en la plume enivrante de Vincent Tassy et ma hâte de découvrir son dernier roman primé « pépite de l'imaginaire » l'emporte sur mes craintes.

Ici l'auteur se fait le créateur de tout un monde enchanteur avec ses différentes contrées. La carte en début d'ouvrage permet au lecteur de suivre les déplacements des personnages et de situer les différentes actions. Fidèle à son habitude les descriptions sont magnifiques et restituent à merveille la géographie, la vie des habitants ainsi que leurs us et coutumes et croyances selon leur lieu de vie. La vie politique est très présente dans ce roman tout comme le mysticisme que l'auteur a parfaitement élaboré : divinités, textes sacrés, prophétie, … Mais pas de panique, Vincent Tassy a pensé au lecteur néophyte qui découvre tout cet univers et a prévu un lexique à la fin du livre pour ne pas perdre le fil de cette histoire fort intéressante et parfaitement structurée.

Nous sommes ici dans un univers médiéval fantastique teinté de féérie et d'onirisme où la magie est omniprésente bien que celle-ci ait disparue de la plupart des royaumes. Dans ce monde complexe, les intrigues s'emmêlent et se révèlent selon une alternance des points de vue (roman choral) ; ce qui nous donne une vue d'ensemble du déroulement de l'intrigue ainsi qu'une meilleure connaissance des différents personnages ambivalents et remarquablement travaillés. le récit se déroule avec langueur sur les ¾ du livre mais cette délicieuse indolence induite par la plume poétique et enchanteresse de Vincent Tassy nous invite à une douce rêverie.

Bien que nous soyons dans un univers fantasy celui-ci ressemble énormément à notre monde réel dans la mesure où les mêmes tourments humains se retrouvent et que les mêmes erreurs se répètent inlassablement. Les différentes civilisations sont empreintes de dualité, les apparences sont souvent trompeuses, les personnages ont diverses facettes et certains ont du mal à s'adapter à leur environnement et rêvent de s'en échapper. La vie des gens est rythmée par les mêmes préoccupations : spiritualité, politique, famille, travail, argent, amour et érotisme. Et toujours, dans ces différents domaines l'humain est capable du meilleur comme du pire et semble ne jamais apprendre de leurs erreurs.

En clair ce roman fantasy mérite sa distinction « pépite de l'imaginaire » tant son contenu est imaginatif, lyrique, riche en réflexions et magnifiquement construit.
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Dans ce roman Vincent Tassy nous emmène à la cour d'Oestrange. On y rencontre la reine Alamasonthe et ses deux filles, Daphnéa et Savannah. Depuis l'Évanescence, la magie s'est étiolée dans le royaume. L'arrivée d'un ange va bouleverser les choses. C'est une venue qui avait été prédite par le Livre sacré Diadema, même si pour beaucoup, cela relevait surtout du mythe. Certains y voient le signe de grandes richesses et d'autres, d'un désastre à venir. Quoi qu'il en soit, c'est l'effervescence à Oestrange qui voit là une occasion de briller à nouveau. Une cérémonie en l'honneur de cet Or Ailé ne tarde pas à venir, ce sera le moment de désigner le Laquais qui le servira. Pour Mauront, il y voit l'opportunité d'élever sa condition sociale. Pour être élu, il est même prêt à dévoiler son don particulier avec les fleurs. Mais cela pourrait être une folie que de s'exposer ainsi ? Tandis que Mauront espère un nouveau départ, des intrigues se forment dans les coulisses du pouvoir et pourraient bien faire vaciller la royauté et la paix.

Diamants, c'est déjà un univers onirique qui nous éblouit par son éclat. L'auteur insère son récit dans un cadre d'action vaste qui nous emmène à la découverte de lieux mystérieux et éblouissants. Ainsi, on passe d'un incroyable palais, digne de la Renaissance au royaume secret de Ronces, après avoir préalablement traversé une forêt sombre et dangereuse. Il y est également question des cités cachées des Brumes. Ici, Vincent Tassy se fait l'inventeur d'un univers enchanteur en empruntant autant aux contes qu'aux mythes. de fait, Ronces pourrait être la métaphore du château enchanté, et les Brumes pourraient, quant à elles, incarner soit l'Atlantide, soit l'Enfer. Dans tous les cas, on se sent irrésistiblement attirés par ces lieux qui nous plongent dans une douce rêverie et font naître en notre coeur une certaine indolence.

Or, cette langueur imprègne les trois-quarts du livre car Vincent Tassy joue souvent ici la carte de la retenue. En effet, il ne fait montre d'aucune précipitation dans le déroulement de son histoire, pourtant les péripéties ne manquent pas. Alors ne croyez pas que ce texte soit tout en longueurs car il n'en est rien. L'auteur y enchaîne les événements à point nommé et nous laisse le temps d'apprécier chaque passage.

Ainsi, si au début du livre, on se trouve dans une certaine contemplation béate, l'ambiance évolue assez vite au fil des pages pour nous faire vivre des moments critiques et même douloureux.

Dans Diamants, l'auteur joue avec nos émotions et nos sensations. Il alterne douceur et violence, et se fait tantôt caressant en laissant libre court à une certaine sensualité, tantôt cruel en malmenant ses personnages qu'il plonge dans de terribles tourments.

Diamants est un roman choral qui donne la parole à une poignée de héros. A travers eux, Vincent Tassy explore les contradictions humaines. Il y a, par exemple, Alamasonthe, une monarque au caractère froid qui est rattrapée par son passé, notamment par la douleur de l'abandon. Marqué par le départ de son mari, elle a fermé son coeur à ses deux filles et est devenue une femme glaciale. Elle est à l'image de son royaume et incarne le déclin en se laissant doucement glisser dans la folie. Son aînée, Daphnéa est l'antithèse d'une dauphine, future souveraine. Pour preuve, elle préfère s'enfoncer peu à peu dans l'invisibilité pour se faire oublier. Savannah, quant à elle, dispose d'une personnalité plus rayonnante. Cette cadette serait donc un meilleur choix à la succession. Dolbreuse est le mancien de Vaivre et il occupe également le rôle de chambellan de la reine. Avec sa floromancie déclinante, ses prédictions manquent de clarté. Cela fait de lui un piètre magicien, alors on s'interroge sur sa réelle utilité à la couronne. A contrario, Marmont s'avère être un mage puissant qui dispose d'un grand pouvoir, fruit d'un héritage mystérieux. Enfin, l'Or Ailé autour duquel tout tourne est le personnage le plus énigmatique de cette histoire. Il incarne à la fois l'aurore et le crépuscule autant pour Vaivre que pour le reste du monde. L'existence des anges demeure un secret bien gardé qui suscite moult interrogations et fascinations. Vincent Tassy s'appuie sur des héros étonnants pour faire vivre son histoire afin de surprendre et d'amener le lecteur là où il ne s'attend pas.

Diamants est un récit enivrant et poétique qui nous entraîne au coeur d'une fantasy oscillant entre lumière et obscurité. Coup de coeur de ce début d'année, ce livre m'a donné envie d'aller faire un petit tour du côté de ses autres textes... plus sur Fantasy à la Carte.
Lien : https://fantasyalacarte.blog..
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Entrer dans Diamants est vraiment une expérience singulière. Je ne sais pas si j'aurais osé de moi-même alors je remercie les éditions Mnémos et Babelio de m'en avoir offert l'opportunité car j'aurais manqué un grand titre !

Vincent Tassy, que je ne connaissais pas, est pourtant déjà un auteur installé qui propose une oeuvre singulière empruntant beaucoup au fantastique et à la littérature classique voire gothique. Il dirige d'ailleurs une collection consacrée à la réédition d'ouvrages oubliés du romantisme noir chez le Chat Noir.

Avec Diamants, influencée par la superbe couverture où l'on retrouve le bout d'un tableau d'Alexandre Cabanel (artiste peintre du XIXe), j'ai d'abord eu le sentiment d'être dans un récit à la frontière entre la mythologie et la Renaissance. En effet, nous découvrons un royaume qui est en tension avec ses voisins et qui reçoit la visite d'un être mystique : l'Or Ailé, un ange qui ne les visite que rarement et dont ils oublient tout ensuite. Les débuts de l'histoire sont entêtants mais brumeux, étrange et singulier, nous embarquant dans une histoire comme on n'en a jamais lu. La plume fort poétique de Vincent Tassy plante de suite le décor et nous prend à son piège.

Grâce aux regards croisés de nombreux personnages vivant cet étrange événement, nous suivons pas à pas celui-ci dans toute sa singularité, que ce soit à travers le regard des filles de la Reine, de la Reine elle-même, du devin de celle-ci ou du serviteur de l'ange. Chacun offre son propre regard sur ce qui se passe et sur les questions qui vont nécessairement en naître. le lecteur lui s'interroge sur ce monde qui accepte si facilement l'arrivée sur Terre d'un ange, d'un monde où la magie semble partout et nulle part, d'un monde où une Reine peut voir son mari la quitter pour aller régner dans de drôles de terre aux nord, enfin d'un monde où nécessairement l'Or Ailé va susciter bien des convoitises et des mystères.

J'ai beaucoup aimé me laisser entraîner dans ce récit singulier où contrairement à ce que je croyais aux débuts, la narration va se faire bien plus rythmée au fil des pages, tel le son d'un tambour qui monte, qui monde. J'ai aimé découvrir le royaume de Vaivre, les relations entre les membres de la famille royale, les secrets qu'ils cachent. J'ai aimé suivre les tensions qui éclatent entre Vaivre et les royaumes voisins, ainsi que les raisons de la convoitise de ses derniers. J'ai aimé me sentir intriguée par le sombre royaume de Ronce où vit le mari de la Reine de Vaivre. Tout est parfaitement écrit pour que l'on bascule et plonge de plus en plus profondément dans les sombres et douloureux mystères de cet univers.

L'auteur mélange avec brio histoire mystique avec l'Or Ailé et son serviteur-esclave où l'on s'interroge sur ses origines, les raisons de sa venue et ses pouvoirs, histoire politique et histoire plus intime. Car au coeur de tout cela, si on n'y regarde bien, il n'y a qu'une chose : l'amour qui unit les personnages et l'auteur excelle à décrire les différentes formes qu'il peut prendre avec beaucoup d'émotion et de profondeur. Il sait parler de la complexité des sentiments unissant des parents à leurs enfants, un couple issus d'un mariage arrangé, un monarque pour un autre, un serviteur pour son maître, un humble humain pour une divinité. Alors ce n'est pas tout rose loin de là, ce sont toujours des relations sombres et complexes où la noirceur n'est jamais bien loin, mais c'est ce qui les rend si riche et marquante.

J'ai beaucoup aimé la tonalité cathartique de l'oeuvre avec les nombreuses introspections des personnages qui naissent au fil des pages. La plume poético-gothique de l'auteur s'y prêtait à merveille avec le sentiment d'être très proche des contes de fée merveilleux d'une autre époque. J'ai moins aimé au final les enjeux politiques qui nous ont embarqué à la fin dans un interminable conflit ponctué par de longs combats que j'ai trouvé assez indigestes, car ce n'était pas là le propos de l'oeuvre pour moi. Moi, ce qui me touchait dans ce récit, c'était la langueur dépressive de personnages à la recherche d'eux-même et tant pis si le décor n'était resté qu'un décor.

Malgré la longueur de ma chronique qui pourrait faire croire que j'ai bien fait le tour de l'oeuvre, je ne vous ai qu'effleuré le contenu de ce texte si puissant et évocateur qui m'a quasiment charmée de bout en bout. J'ai adoré la plume de l'auteur. J'ai adoré sa façon d'écrire ses personnages. J'ai adoré son ton et son ambiance, la mythologie imaginée et l'univers dans lequel il nous a mélancoliquement et dramatiquement plongé. N'eût été cette fin et ce conflit qui n'en finissaient plus, je pense qu'on aurait pu parler de coup de coeur tant le texte est excellent et offre ce que j'attends de l'utilisation d'une mythologie d'inspiration antique. Je comprends parfaitement la classification de ce roman de Vincent Tassy en pépite de l'imaginaire, ce sera un auteur que je suivrai !
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Citations et extraits (18) Voir plus Ajouter une citation
Vivre, c’est accepter qu’il soit trop tard. Pour tout. A quoi bon sauver le monde ? Et à quoi bon précipiter sa fin ? Il faut le regarder aller à sa perte, aimer d’amour la nuit qui sans fin tombe sur lui. Laisser faire. Sinon il y aura trop de bruit, trop de cris. Il faut se dissoudre avec lui, épouser sa longue douleur.
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L’Histoire est un art tout autant qu’une quête de vérité. Un art du récit, de la mise en scène. C’est pétrir la matière informe du réel pour essayer de comprendre qui nous sommes et où nous en sommes. Et autant que possible, faire de nous des héros. Alors où est la vérité ? Où est le mensonge ? La vérité ne disparaît jamais, elle a lieu, mais que devient-elle quand plus personne n’est là pour la connaître ou la reconnaître ?
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Alors qu’est-ce que c’était, la vie nue, la vie sans rien?
Est-ce que c’était possible ?
Était-ce cela, désormais sa quête ? Trouver comment n’aller nulle part? Sa quête était-elle : trouver le moyen de n’en avoir aucune ? Comprendre profondément ce que signifiait l’ignorance puis l’atteindre ? Trouver comment faire pour vivre sans exister ?
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Ils ne peuvent plus croire en L'Or Ailé. Ils n'ont pas eu la patience qu'il faut avoir avec les anges. Ils n'ont pas su écouter le silence. Ce n'est pas leur faute. Mais s'ils me tuent, qui pourra le faire revenir ? Dolbreuse a besoin de moi pour le réveiller. Et Vaivre a besoin des diamants d'Avigdor pour sortir de cette obscurité.
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Alors où est la vérité ? Où est le mensonge ?La vérité ne disparaît jamais, elle a eu lieu, mais que devient-elle quand plus personne n’est là pour la connaître ou la reconnaître ?
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Ouverture de la campagne de financement participatif pour la réalisation d'une intégrale collector d'Apostasie par Vincent Tassy, illustrée par Mina M, éditée aux Editions du Chat Noir #novel #gothicnovel #ulule #romangothique #collector
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