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Citations sur Sur les chemins noirs (904)

Je jetais quelques lignes sur un carnet si le spectacle d'un chêne dans un champ blond m'inspirait un salut affectueux. Il me le rendait d'un battement de branche. La marche était une pêche à la ligne : les heures passaient et soudain une touche se faisait sentir, peut-être une prise ? Une pensée avait mordu !
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Voilà longtemps que je ne m'étais pas trouvé exactement tel que je le désirais : en mouvement. Je jouissais de me tenir debout dans la campagne et d'avancer sur ces chemins choisis. Noirs, lumineux, éclaircis. C'était la noble leçon de Mme Blixen devant le paysage de sa ferme africaine : Je suis bien là, où je me dois d'être. C'était la question cruciale de la vie. La plus simple et la plus négligée.
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La patronne m'ouvrit la porte de sa grange où tambourinait l'averse. À la lueur frontale, je partageai mon pain avec quatre chats maigres qui me remercièrent de mon invitation à dîner en me garantissant une nuit sans souris.
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Traverser ces villages donnait l'impression de passer la revue des façades en berne. Ce qui n'était pas fermé était à vendre, ce qui était à vendre ne trouvait pas acquéreur. Les monuments aux morts portaient les noms glorieux et il nous semblait que les quelques vivants vaquant dans les rues auraient pu s'ajouter à la liste. Les commerces florissants étaient les salons d'esthétique. " Quand le navire est abandonné, autant se faire une dernière beauté ", semblaient proclamer ces vitrines.
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(...) je voulais m’en aller par les chemins cachés, bordés de haies, par les sous-bois de ronces et les pistes à ornières reliant les villages abandonnés. Il y avait encore une géographie de traverse pour peu qu’on lise les cartes, que l’on accepte le détour et force les passages. Loin des routes, il existait une France ombreuse protégée du vacarme, épargnée par l’aménagement qui est la pollution du mystère. Une campagne du silence, du sorbier et de la chouette effraie.
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Subsistaient ces chicots de murs plantés dans l’herbe jaune. C’étaient des endroits attirants. Chaque mur écroulé abritait la possibilité d’une halte. Elles étaient précieuses, ces zones de repli défendues par les herses de mûres. Une plage de silence valait un royaume.
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La carte est le laissez-passez de nos rêves.
Ces tracés en étoile et ces lignes étaient des sentiers ruraux, des pistes pastorales fixées par le cadastre, des accès pour les services forestiers, des appuis de lisières, des viae antiques, souvent laissées à la circulation des bêtes. La carte entière se veinaient de ces artères. C'étaient mes chemins noirs. Ils ouvraient sur l'échappée, ils étaient oubliés, le silence y régnait, on n'y croisait pesonne et parfois la broussaille se refermait aussitôt après le passage.. Certains hommes espéraient entrer dans l'histoire. Nous étions quelques-uns à préférer disparaître.
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Il fallait à présent me montrer fidèle au serment de mes nuits de pitié. Corseté dans un lit, je m'étais dit à voix presque haute : " Si je m'en sors, je traverse la France à pied. " Je m'étais vu sur les chemins de pierre ! J'avais rêvé aux bivouacs, je m'étais imaginé fendre les herbes d'un pas de chemineau. Le rêve s'évanouissait toujours quand la porte s'ouvrait : c'était l'heure de la compote.
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Et nos vies ordinaires s'exposaient ainsi sur les écrans, se réduisaient en statistiques, se lyophilisaient dans les tuyauteries de la plomberie cybernétique, se nichaient dans les puces électroniques des cartes plastifiées. Naissions-nous pour alimenter des fichiers? P 32
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...L'Aubrac...

Le ciel roulait un air de gaz pur,
lavé par les pluies de la nuit,
premiers essorages de l'automne.

Les herbes claquaient,
électrocutées de vent,
le soleil tournait
et les rafales chargées de photons,
épluchaient mes idées noires,
emportaient les ombres.

Je passai les marais,
montai sur les puechs,
et arrivai au village des Bruyères
après des heures dans la soûlographie du paysage.
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