— Je ne sais pas prier.
— Fait rien. Tu feras les mêmes gestes que nous.
Pour lui faire plaisir, je l’accompagnai et fis les mêmes gestes qu’eux.
— Mon enfant, pourquoi tu ne pries pas ?
— Je le ferai quand je serai grand.
— Regarde ton voisin, il avait vingt ans. La faucheuse ne donne pas rendez-vous…
Sur le chemin du retour, je repensai à ce que le vieil homme m’avait dit. Il avait sûrement raison car un jour ou l’autre, on arrêtera de transiger puisque le Dieu a tous les dossiers. Vous aimeriez bien savoir ce que je fis des conseils du sage. Comme le philosophe français Michel Serres l’avait affirmé : « C’est une question trop intime pour que j’étale cette affaire en public puisque Dieu est notre pudeur […]. C’est la pudeur la plus intime d’un homme, et par conséquent on ne parle pas de ces choses-là en public. » Conclusion sur la mort de mon voisin : le vivant ferme les yeux du mort ; le mort donne l’occasion au vivant d’ouvrir les yeux.