Initiative louable de
Christian Thévenot ! Faire l'histoire des "vrais" comtes d'Anjou, pas ceux qui, rois outre-Manche, se préoccupent surtout de l'Angleterre et de l'Aquitaine, pas non plus les ducs des XIVe et XVe siècles : nous parlons bien ici des comtes d'Anjou des années 850 à 1151, purs Plantagenêts ou leurs ancêtres prestigieux (ou non d'ailleurs...), ces comtes qui se sont faits parfois tout seuls.
Ainsi,
Christian Thévenot retrace la destinée de ces Comtes d'Anjou, depuis les fonds du IXe siècle englué déjà dans la lutte contre les premières incursions nordiques, jusqu'au coeur du XIIe siècle où pointe la prise de vigueur des Capétiens. Entre ces deux limites chronologiques, l'Anjou prend elle aussi de la vigueur, s'impose dans la paysage géopolitique du Moyen Âge central et s'érige en principauté territoriale de grande envergure.
Non seulement on peut clairement reprocher le choix fait par l'auteur d'opter pour une histoire "comte par comte" et non une histoire fluide faite d'engrenages complexes (mais facilement compréhensibles), mais surtout il nous relate ces faits au mépris bien souvent de faits déjà éclairés ou d'une historiographie déjà renouvelée quand il publie cet ouvrage. D'ailleurs, sans que cela justifie la démarche, loin de là, une grande partie du développement est "pompée" sur son ouvrage précédent, La Légende dorée des Comtes d'Anjou, qui elle-même paraissait être parfois une traduction des "Gesta consulum Andegavorum" (chronique datant du XIe siècle). L'ensemble laisse donc un goût amer, quand on se penche avec plaisir et passion dans la recherche sur le "premier Anjou comtal".