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EAN : 9782070296507
168 pages
Gallimard (05/05/1977)
3.71/5   14 notes
Résumé :
Miroir de la solitude, roman de l'errance nocturne, La Nuit de Londres montre un promeneur qui serait normal s'il n'allait pas la nuit à la rencontre d'un autre homme qu'il connaît bien, trop bien peut-être.
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
J'aurais dû commencer d'une façon plus raisonnée, oui, plus abstraite. En me jetant dans le détail d'une description, je perds l'avantage de ma situation présente, sans qu'elle soit changée pour autant. Je perds la distance, - et je reste isolé, ce qui est absurde, alors qu'il n'est pas absurde d'être isolé dans un observatoire. Mon statut de résidant étranger dans cette ville n'est pas une fiction juridique; je connais des Français qui vivent ici depuis plus de dix ans; ils ont pris toutes les habitudes anglaises; c'est beaucoup, et ce n'est rien pour ce qui est d'une véritable assimilation. J'ai vu des cas de mimétismes poussés jusqu'à l'imitation d'un accent local. Mais pourquoi ce mimétisme, pour se cacher quel ennemi ? Cela ne faisait pas longtemps illusion et peu importait, car il n'y a pas grand chose à protéger là. C'est peut-être ce vide personnel qui les obligeait au mimétisme : celui de mes collègues qui est mort à l'hôpital de Charing Cross l'hiver dernier imitait presque parfaitement le gentleman; nous l'avons vu maigrir et s'exténuer dans une tenue si impeccable qu'il eût été offensant de lui demander sérieusement des nouvelles de sa santé. Son plus proche collègue (un "ami" pour la circonstance), a recueilli de l'hôpital un carnet intime ou La Barre (Florian La Barre) avait noté presque chaque jour, au cours du dernier mois, son poids, qui diminuait régulièrement; mais ce n'était pas tout : on y trouvait, datant je crois du mois de novembre (il est mort en janvier), ces quelques mots : Vivement le printemps ! Ainsi du gentleman par mimétisme, il restait tout de même cette exclamation, ou ce gros soupir. Cela n'autorise pas affirmer que son existence fut malheureuse autrement que par la maladie; je me souviens de lui comme d'un monsieur très satisfait d'être tiré à quatre épingles. Et n'aurait-il eu, durant se quinze années de travail à l'Agence, que le contentement qui naît de la routine, ce n'est pas rien, dans une ville où la routine est feutrée d'images qui peuvent donner à un homme, sans l'aide d'aucune conversation, le sentiment de participer à quelque chose de grandiose.
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Les images de publicité sont presque toutes un peu érotiques ; ce peu, répété indéfiniment, acquiert une présence d’autant plus efficace qu’elle n’est pas ressentie comme obsédante. Sur dix affiches, six au moins associent à l’article célébré (marque de cigarettes, de chocolat, d’ameublement, de produit contre la constipation, etc.) l’image d’une femme évidemment désirable.
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La fatigue est alors comme un fardeau qui s’équilibre peu à peu, jusqu’à ne plus être senti comme fatigue, mais comme un état nouveau, un état de corps et d’âme qui peut durer, durer, durer… autant que nous-même. Mais gare au fardeau, s’il se déséquilibre, s’il vous tire de côté avec tout son poids, et c’est ce qui se produit si vous vous arrêtez soudain, pour renouer un lacet, ou lire un nom de rue, ou essayer de pousser une porte…
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Exclu, rejeté, — on pourrait croire que, sauf une légère élite, chacun l'est déjà dans son existence journalière, ici, étant donné que sa façon de participer à l'ensemble consiste à s'acquitter d'une routine sans perspective ; et se mêler à la foule, en fin de journée, ce serait seulement continuer dans les rues, machinalement, le manège commencé dès le matin sous le nom de métier. Or ce n'est pas vrai. Exclu, rejeté, mais comme celui qui rêve est exclu du sommeil, — et bien mieux que cela, car ce n'est pas un rêve, — je veux dire que pour celui qui est perdu dans la foule, il n'existe pas deux mondes — celui dont il serait chassé, et l'autre. Rien ne manque. Tout ce qu'un pauvre, élevé dans notre civilisation, désire voir, peut surgir à ses yeux, amené du fond de la nuit par le mouvement continuel qui fait qu'un visage est presque aussitôt remplacé par un autre, alors que dans la vie quotidienne, les mêmes visages vous entourent, et que leur disparition s'appelle la mort. Le dernier des hommes, plongeant dans la foule, entre dans un monde où la disparition n'est pas une cause d'inquiétude, où elle n'est plus la mort, ni même l'absence ; elle est ressentie comme un battement de cil dans la vision ; elle est chaque fois comme l'enlèvement d'un obstacle, à peine aurait-il surgi : ce visage, ce regard une seconde rencontré, ces façades où toutes les ombres basculent au passage... Si l'homme qui marche à travers la foule se dirige vers un but, il ne fait pas partie de la foule ; il est le passant pressé de regagner un monde où quelque chose l'attend.
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 Il y a… tant de choses là… Fourmillante cité, cité pleine de rêves où le spectre en plein jour accroche le passant. Je sais bien qu’il s’agit de Paris, et que Baudelaire n’est même jamais venu à Londres ; mais il a toujours rêvé d’y venir, et quand Baudelaire rêvait à une chose, elle devenait vraie.
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Vidéo de Henri Thomas
« […] On dira, et c'est très vrai, qu'il débordait de vie, de drôlerie, d'une sorte d'inventivité à même le quotidien dont celui-ci ne laissait pas d'être secoué. Mais il n'était pas seulement plus bouffon, plus irrespectueux que d'autres, ou plutôt il n'était pas seulement cela… J'ai bien souvent senti plus d'inquiétude et de mécontentement que de gaieté derrière cette liberté. […] J'ai parlé de mécontentement, je devrais dire lassitude, peut-être dégoût, - en tout cas une profonde impatience. […] En somme, quelqu'un de peu sérieux, d'insaisissable, quelqu'un d'intelligent et d'impossible… […] Dadelsen (1913-1957), de tout son être, participait à l'ordre profond, qui veut que la poésie soit non pas cachée, mais lointaine en tous, à chercher du côté du silence. […] Ombre, qu'ai-je à t'offrir ? Quel pain, sinon de ténèbre et de séparation ?
[…] c'est à lui, et à un très petit nombre d'autres, que je dois de comprendre un peu ce qu'est la poésie. Je sais en tout cas qu'elle apparaît rarement, parce qu'il est rare que le destin d'un homme, ouvert et déchiré ou mystérieusement apaisé, ne fasse qu'un avec son langage, et cela sans que cet homme se prévale d'une supériorité quelconque sur ceux que Dadelsen nomme en toute vérité ses frères. […] » (Henri Thomas)
« […] Il excellait en tout et passait au-delà, avec cette « brillante désinvolture » dont a parlé le Times au lendemain de sa mort. Reçu premier sur cent à l'agrégation d'allemand […], professeur de lycée à Marseille et Oran, puis successivement officier des parachutistes dans les Forces Françaises Libres […], mémorable correspondant étranger du Combat d'Albert Camus, titulaire d'une émission française de la B.B.C. qu'il rendit rapidement fameuse, finalement animateur et conseiller d'organisations européennes et internationales […], il semblait toujours que tout cela devait le conduire ailleurs, le préparait seulement… […] » (Denis de Rougemont)
« Le difficile pour Jonas : non de mourir, mais de vivre et vouloir. Et pourtant : » (Jean-Paul de Dadelsen)
0:00 - Titre
0:06 - Bach en automne, III 0:54 - Bach en automne, VII, Sur le très saint nom 3:27 - Bach en automne, Variations sur un thème de Baudelaire 4:30 - Bach en automne 6:14 - Bach en automne 7:10 - Jonas
8:47 - Générique
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Référence bibliographique : Jean-Paul de Dadelsen, Jonas, Paris, Gallimard, 1962
Image d'illustration : https://docplayer.fr/72665452-8-es-rencontres-europeennes-de-litterature-ecrire-l-alsace-avec-jean-paul-de-dadelsen-de-mars-a-novembre-2013.html
Bande sonore originale : Carlos Viola - Alexandre
Site : https://thegamekitchen.bandcamp.com/track/alexandre-2
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#JeanPaulDeDadelsen #Jonas #PoésieFrançaise
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