Le monde des premiers, tome 1

A Enathon se trouve l'Académie chargée de la formation des domestiques d'élite qui rejoindront le service de l'une des six familles dirigeantes du Continent. Ces futurs serviteurs sont des Terciers, des garçons et des filles pauvres et sans magie. Parmi eux se trouvent Guilhem, Victoire et Dimitri qui viennent juste de terminer leurs classes et s'apprêtent à rejoindre leur poste respectif : serviteur personnel de l'héritière des Litréans pour Guilhem, jardinier des Hamilcar pour Dimitri et dresseuse de griffons pour Victoire. Mais le voyage ne débute pas sous les meilleurs auspices puisqu'une jeune domestique est assassinée. Voilà qui jette un froid à l'ambiance mais ce que nos trois jeunes gens ignorent, c'est que le pire est encore à venir.

Le Monde des Premiers met en exergue un univers particulièrement abouti. En effet, Lucie Thomasson a imaginé un Continent divisé en six royaumes avec à leur tête six maisons qui se caractérisent par un pouvoir spécial.

Ainsi, les membres de la maison Eristène sont des créateurs, c'est à dire qu'ils perçoivent la vie autour d'eux et peuvent l'améliorer ou la guérir. Les Litréans, eux, sont des devins qui prédisent des futurs possibles en fonction de l'évolution de la situation. Les Hamilcars sont des horlogers qui altèrent la perception du temps, quitte à le manipuler à leur guise. Les Hafferyns sont des clairvoyants et à ce titre sont capables de manipuler objets et personnes pour leur faire faire ce que bon leur semble. Les Blustrodes sont des illusionnistes qui sont doués pour insuffler des hallucinations sensorielles indissociables de la réalité. Enfin, les Herjafols sont des empathes qui perçoivent les émotions des autres faisant d'eux d'excellents négociateurs.

Ils forment la caste des Premiers et sont les puissants de ce monde.

A leurs côtés se trouvent les Seconds parmi lesquels on distingue les Herboristes (maison Ladran) qui enchantent les onguents pour modifier leurs propriétés et leurs effets, les Chuchoteurs (maison Jonasson) qui communiquent avec les animaux par l'échange de leurs émotions, les Allumeurs (maison Solts) qui contrôlent toute source de lumière artificielle, les Chaudronniers (maison Stoja) qui modèlent les métaux par leur simple volonté, les Peintres (maison Jonasson) qui sont des artistes gauches car ils subissent l'effet pervers de la magie en déformant leur perception de l'espace, et enfin les Passeurs (maison Giene) qui peuvent traverser tous les obstacles physiques. En outre, deux familles ne sont pas classées parmi les Premiers ni les Seconds. Les Senseurs (maison Boileau) qui perçoivent l'affiliation magique des autres et les Immiscés (maison Domitia) qui peuvent lire dans les pensées.

D'ailleurs, l'autrice a glissé de nombreux inserts dans son livre sous la forme d'extraits de journaux ou de pages de l'encyclopédie complète des affiliations magiques que compulse, d'ailleurs, régulièrement Victoire afin de permettre aux lecteurs de mieux s'imprégner de ce monde onirique.

Néanmoins, même si la magie est omnisciente dans cette société, elle ne touche pas la basse couche populaire qui en est dépourvue comme c'est le cas des trois personnages principaux de cette histoire.

Dans son roman, Lucie Thomassona a articulé son récit autour des six maisons régnantes qui, malgré la paix signée, continuent de fomenter des complots pour s'emparer toujours plus de pouvoirs. D'ailleurs, on découvre l'étendu des rivalités à travers les regards candides des trois narrateurs de l'autrice qui ignorent tout de ce qui se trame sous leurs yeux.

Dans le Monde des Premiers, on découvre un monde déstabilisé car perverti par le jeu des alliances politiques. L'autrice nous plonge dans une guerre d'influence où ses personnages principaux sont des pions qui vont devoir prendre la main s'ils espèrent survivre. Or, la force de ce texte réside bien dans ce choix de donner la parole à des protagonistes issus de la couche populaire qui vont jouer un rôle majeur dans la dénonciation et le renversement de ce système inique.

Le Monde des Premiers est un roman qui nous happe immédiatement autant par la qualité de l'univers imaginé que par la complexité de son intrigue remarquablement bien menée.

Pour un premier texte, le Monde des Premiers est déjà du haut niveau avec la genèse d'un monde fonctionnel et l'écriture d'un récit très immersif mis en valeur par de charmants personnages auxquels il est facile de s'identifier. Une vraie réussite !

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J'ai reçu grâce aux éditions Mnemos ce premier roman de Lucie Thomasson. Outre la couverture qui avait déjà attiré mon oeil de lectrice en mal de WL, le résumé était suffisamment intrigant pour me donner envie d'entrer dans cet univers.

Je n'ai pas ressenti, comme parfois c'est le cas dans d'autre premier roman ce sentiment de montée en puissance dans le style au fil des chapitres. Ici l'auteure est constante et de qualité dès le départ.
Elle réussit même à mettre dans sa plume le caractère de ces personnages .

Ainsi on trouve une différence de style dans l'écriture entre les chapitres de Victoire et ceux de Guilhem. Comme si ainsi l'auteure souhaitait nous montrer leurs personnalités différentes. On en a la confirmation ensuite avec l'entrée en jeu de Dimitri, qui là encore se reflète dans les lignes écrites pas Lucie Thomasson.
Pour exemple, lorsqu'il s'agit de Victoire les phrases sont plus littéraires, grammaticalement correctes et surtout assez développées. Avec Guilhem on est plus dans un langage parlé posé à l'écrit. Cela donne un effet plus commun moins soutenu. Avec Dimitri, on sent la pondération du personnage. Ses phrases sont plus synthétiques, il est concis dans ces descriptions. Cela reflète ainsi sa personnalité calme, sereine et réfléchie.

Cependant pour chaque personnage on sent un mystère poindre à l'horizon. Entre les migraines de Victoire qui apparaissent de plus en plus fréquemment, ainsi que les pensées inopportunes qu'elle perçoit, elle commence à enquêter et se faire son idée sur les éventuelles raisons de ses soucis. Surtout que cela a des répercussions sur son travail de dresseuse de griffons.

Du côté de Guilhem, sa façon de raconter ce qu'il se passe dans le domaine des Premiers qu'il sert, laisse présager de funeste rebondissements en ce qui le concerne. Ce ne sont que des petits bouts de phrase mais ces mini indices crée un suspens et une tension qui nous rend attentif à chaque détail qu'il pourrait nous fournir pour deviner l'avenir. Et c'est assez ironique pour nous lecteurs, puisque Guilhem est justement placé au service de Raphaëlle, une Premier de la catégorie Devin.

Et enfin Dimitri, en tant que jardinier, n'est pas en reste car les conversations qu'il intercepte auprès de sa famille de Premier apportent plus de questions que d'éclaircissements sur le meurtre qui a eu lieu à l'académie avant leur départ.

Meurtre qui semble un fil rouge de ce roman par les conséquences et tergiversations qu'ils créent dans chaque domaine. C'est donc un premier tome à la fois introductif de l'univers et des différents personnages mais aussi des ségrégations qu'il existe dans celui-ci. Les passages de l'encyclopédie complète des affiliations magiques sont intéressants et permettent quelques éclaircissements sur les pouvoirs et facultés de chacun des Premiers rencontrés ou abordés. de même pour les Seconds. le seul bémol est qu'ils sont parfois nombreux à nous être présentés et je m'y suis perdue à de nombreuses reprises entre les Stanislas, Théodore, Auguste ou Isaac et autres Litréans, Herjafol, Hamilcar ou Eristène. D'où le fait d'être en pleine forme pour le lire car je ne voulais en rater aucune miette. Beaucoup de secrets et non dits dans ces pages, cela donne une ambiance tendue et grisâtre derrière la lumière chatoyante des belles toilettes et des bals.

Dans la deuxième partie du roman la brume des secrets semble se déliter par endroits. C'est ainsi qu'outre un nouveau personnage d'un genre chafouin on découvrira aussi quelques indices et rebondissements cruciaux pour la suite. Et de quoi nous propulser vers un final qui ne fait que nous donner envie d'en savoir toujours plus.
J'attends donc le tome 2 avec impatience et suis plus que ravie de cette découverte que j'ai adoré.

La petite histoire

Nous débarquons dans un monde composé de six royaumes, divisé en castes les Terciers, les Seconds et les Premiers qui possèdent des affiliations magiques à différents degrés.

Tout de suite, un élément déclencheur renvoie les protagonistes vers leur destin, à savoir le meurtre d'une jeune étudiante de l'Académie.

Victoire est envoyée comme dresseuse aux Haras Royaux, Dimitri en tant que jardinier se retrouve à Anchoris, tous deux dans le royaume des Hamilcar alors que Guilhem devient serviteur à Milantal auprès de Raphaëlle de la famille des Litréans.

Leur destin va basculer en raison des tractations politiques de chaque famille de Premiers.

"Lorsque j'ouvre les yeux ce matin, le soleil traverse ma fenêtre

et chauffe ma chambre comme une marmite sur le feu."

Contexte de lecture

Je remercie la maison d'édition Mnémos qui m'a envoyé ce roman. J'apprécie tout particulièrement le genre de la fantasy c'est donc avec un réel plaisir et une grande curiosité que je me suis laissée happer par le livre.

La couverture du livre est signée d' Ann-Sophie de Steur et met en avant les trois protagonistes jetés dans cette histoire bouillonnante. Une carte en début de roman permet de visualiser l'intégralité des six royaumes.

L'intrigue et l'univers

Dans cet univers de fantasy, nous découvrons le Continent temporellement bien marqué par un calendrier lié aux saisons, d'ailleurs nous sommes en pleine saison des blés, sous une chaleur étouffante dans le Sud, le royaume des Hamilcar, la pluie domine chez les Litréans. Plus au Nord le temps semble plus doux.

"Dès que ma peau entre en contact avec le soleil, je sens la chaleur me mordre à pleines dents."

Géographiquement, il est décrit par une carte en début d'ouvrage. Nous retrouvons la répartitions en six royaumes, les points stratégiques et les ressources.

Pour ce qui est de la stabilité politique rien n'est certain. Une paix faite de faux-semblants laisse les familles à couteaux tirés, dans des tractations, des alliances permanentes. Ce jeu de dupes est jouer par les Premiers. L'action est menée par des hommes de l'ombre (la Noble Cause, la Couleuvre). Chaque royaume a des ressources physiques propres et une puissance liée aux affiliations magiques des familles. On sent que la magie est un poids lourd à porter pour certains membres des familles royales. L'utilisation est limitée et isole souvent celui qui la possède.

" On parle souvent du calme avant la tempête. Mais une fois qu'elle est passée, le silence qui suit est encore pire. "

Certains pouvoirs sont à double-tranchant et apportent suspicions, paranoïa, solitude et folie, ...une sorte de malédiction.

Nous rencontrons des Chuchoteurs (qui savent calmer ou attiser les animaux), des Créateurs et Illusionnistes qui modifient, enjolivent la réalité, des Clairvoyants qui entrevoient le futur, les horlogers qui peuvent créer des bulles temporelles, des Empathes qui devinent le pouvoirs des autres...

Les Seconds et les Terciers (aux pouvoirs modérés) servent les Premiers.

L'autrice et sa plume

L'autrice nous propose ici son premier roman à l'écriture maîtrisée et au développement structuré.

J'ai apprécié la plume et les nombreuses images (comparaisons et métaphores) qui jalonnent le texte.

"Je sens l'atmosphère se détendre comme un griffon sous une caresse."

La tension monte doucement mais sûrement. L'autrice ménage des poses explicatives pour démêler les différentes affiliations de pouvoirs, les généalogies royales.

Elle alternent trois points de vue et des extraits d'encyclopédies et autres notes. Les chapitres courts permettent un rythme soutenu et une accroche particulière. C'est très fluide et sans temps mort. On prend le temps de découvrir les différents lieux et les relations des personnages entre eux cela renforce l'attachement aux personnages et permet de s'immerger dans l'intrigue.

"Je ferme les yeux, laisse l'humeur des gens couler sur moi

comme un filet d'eau fraîche entre mes doigts. "

De plus les caractères fort différents des personnages se ressent dans le ton qu'ils prennent pour décrire leur environnement et les gens qu'ils côtoient. Dimitri est méticuleux et contrit, assez distant n'en disant que peu ou pas sur ses sentiments, Victoire est plus émotive et impressionnable et Guilhem est très brut et direct, instinctif. Cette pluralité de ton est très agréable.

"Voilà la cerise immangeable sur le gâteau imbibé d'alcool."

Le meurtre et les complots donnent de l'intensité et on sent venir la bascule. Cette latence attise l'intérêt du lecteur.

"Ma première impression était fausse : les Premiers n'ignorent personne.

Ils choisissent qui existe en fonction du contexte."

Ce que je retiens de cette lecture...

C'est un roman de fantasy immersif avec un univers fait de royaumes qui créent alliances et complots et des personnages serviteurs propulsés malgré eux au milieu de cet embrouillamini. Entre espionnage, société secrète, pouvoirs révélés Victoire, Dimitri et Guilhem valsent dans la cour des grands, la cour des Premiers mais gare au faux pas ! Hâte de découvrir la suite et fin qui s'annonce palpitante.

"l'obstination est bien plus onéreuse que l'obéissance."
Lien : http://chrisbookine.blogspot..

j'ai acheté ce livre au salon de Montreuil de 2022, charmée par le pitch de l'autrice. Si j'ai mis autant de temps à le commencer, c'est car j'avais lu les premières pages et avait tant été conquise par le style de l'auteur que je repoussais à chaque fois la lecture à un "meilleur moment"

le premier point fort de ce livre, c'est l'univers. L'autrice nous plonge sur le Continent avec une facilité déconcertante. Les petites interlude avec des articles de journaux, des extraits de livre ou de discours sont bien rythmé et permettent à la fois d'appuyer sur certains éléments déjà mentionnés dans l'intrigue et d'en ajouter d'autre afin de donner plus de profondeur et de réalisme à l'univers. Les différents lieux sont également bien caractérisés et même moi qui ait du mal à visualiser les choses dans ma tête, me les suis représentés en un rien de temps. J'ai aussi beaucoup aimé les mystères, que ce soit concernant certaines formes de magie éteintes ou bien sur certaines organisations. Parlons d'ailleurs du système de magie qui est incroyable et si cohérent. Je m'inquiétais au début d'avoir autant de formes de magie (une par famille) mais au final, c'est bien géré et ça contribue à la richesse de l'univers.

deuxième point fort : la narration. On alterne entre les points de vue de Victoire, Guilhem et Dimitri, chacun envoyé comme domestique dans un secteur différent. J'ai adoré le changement de style entre chaque narrateur. C'est super original et chaque personne apporte ainsi sa propre touche à la narration. Comme expliqué juste avant, les extraits de journaux, de livre,... sont trop agréables à lire. Ça force des pauses dans le récit, qui, grâce à l'enchaînement des actions ne nous fait pas lâcher le livre jusqu'à la fin. J'ai également beaucoup aimé la tension amené avec les mystères qui entourent les personnages et l'univers.

troisième point fort : le style. OMG il est incroyable. J'adore l'utilisation des phrases non-verbales, notamment dans les descriptions, ça apporte une sensation de flottement, et ça fait encore plus ressortir les caractéristiques de chaque personnage.

autres points forts : les narrateur-ice-s sont vraiment cool, on les distingue tout de suite les un-e-s des autres et on s'y attache très vite. Idem pour les personnages secondaires, ils sont bien caractérisés, on s'en souvient tout de suite, on ne les confond pas et on s'y attache

Pourquoi je n'ai pas mis 5 étoiles ? C'est assez dérisoire, mais je m'attendais un peu à la grande révélation concernant l'un des personnages, mais ça n'enlève pas grand chose au récit car le fait de comprendre ce qu'il lui arrive avant nous rend d'autant plus attentifs aux petits indices
+ je veux laisser une marge de progression pour le tome 2, je suis sûre qu'il va être encore mieux que le tome 1

voilaa, gros plus également pour la couverture qui est magnifique et la mise en page interne, qui rend la lecture très agréable

👑 Très bonne lecture
En trois mots : complots - royaumes - pouvoirs

Les Premiers dominent un continent de six domaines. Trois jeunes Terciers s'apprêtent à commencer une mission à leur service. Mais leur départ de l'Académie est mouvementé par un meurtre…

« - Personne ne s'en prend aux Premiers.
- C'est vrai. »

➡ La carte présente au début du roman m'a été utile, au début on peut avoir du mal à situer les différents domaines, appelés Prévoyer, et à y associer les pouvoirs.

Le monde créé comporte en effet de nombreux éléments, lieux, pouvoirs, familles et liens entre les personnages qu'on assimile petit à petit. Mais c'est aussi ce qui fait la richesse du roman.

« Aujourd'hui, j'ai rencontré mon premier griffon. »

➡ L'un des éléments forts a été pour moi la présence de griffons, suivre Victoire a donc été particulièrement intéressant.

L'alternance de points de vue apporte beaucoup de rythme, les chapitres très courts renforcent aussi cette impression.

« Le Destin est un enfoiré. Il nous laisse faire, prévient de rien et nous regarde nous tauler sur les chemins bourrés de cailloux qu'il a tracés pour nous. »

On reconnaît chacun des personnages à son langage et à son style et cela rend le récit assez immersif. Sans oublier un peu d'attachement aux trois personnages.

Avec une petite réserve pour Guilhem dont le style oral (notamment l'absence systématique de négation) m'a un peu gênée dans ma lecture même si le personnage reste agréable à suivre.

« Partout où il y a les Premiers, il y a de l'or. C'est une constante universelle. »

➡ Si le monde décrit est original et bien développé, l'intrigue semble tout de même assez classique. Complots, intrigues de cour, lutte des classes, tout est là pour passer un bon moment mais au final sans réelle surprise.

Il s'agit d'un tome 1 un peu introductif, il y a fort à parier que le second sera encore meilleur. En effet la dernière partie promet de belles choses dans cet univers original. le coup de coeur n'était pas au rendez-vous mais le moment de lecture très plaisant.

Merci aux éditions Mnémos et à Babelio pour ce titre dans le cadre d'une masse critique.