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Neighian tome 1 sur 2
EAN : 9782382670378
544 pages
Editions Mnémos (22/02/2023)
3.6/5   21 notes
Résumé :
Neighian. Un nom, un tatouage, un art du combat qui fait gémir tout le Continent.

Les Neighians protègent l’Union, pouvoir central qui rassemble les représentants de toutes les nations et maintient une paix fragile entre les États. Mais les frontières sont des lignes de poudre sur un échiquier politique branlant… Et quand un elfe assassine le Dominant de la Meute des loups, c’est le grand brasier qui prend.
La dette de sang n’a plus de diplomat... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (16) Voir plus Ajouter une critique
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Avant-propos
Je remercie chaleureusement Estelle Hamelin et les Éditions Mnémos pour l'envoi de ce service presse qui me tentait énormément !
Après Diamants de Vincent Tassy et L'Enterrement des Étoiles de Christophe Guillemain, les Éditions Mnémos offrent une magistrale nouvelle Pépite de l'imaginaire avec Neighian, le premier tome de la duologie de Louise Jouveshomme !
Ce joli pavé, à la couverture qui m'a conquise avant même d'en savoir davantage sur le roman, a été un régal de lecture. de prime abord, cet opus de fantasy emprunte des chemins classiques, toutefois l'autrice retourne cela en ajoutant une dimension de nature writing vorace et étouffante, s'éloigne des archétypes des créatures qui prolifèrent dans son univers. Je souligne la qualité de l'écriture pour ce premier roman, un vocabulaire riche, une dose généreuse de poésie conférant un aspect onirique.
À découvrir absolument !
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Mon retour
Présentation de la maison d'édition
« Des thématiques contemporaines, un sens de la dramaturgie servi par une écriture onirique, ciselée, et des personnages solaires dans une ambiance crépusculaire. »
« Plus qu'une pépite, c'est un véritable coup de foudre éditorial ! »
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Équilibre instable
L'univers bâti par Louise Jouveshomme plante dix peuples se partageant en plusieurs territoires le Continent. Depuis l'Ardente Amnésie, la paix était maintenue, notamment grâce aux Nighians. S'ils étaient au départ plutôt diplomates, au fil du temps ces derniers sont devenus des militaires. Ils sont craints et respectés, reconnaissables par le tatouage sur leur main qui représente un jyrkhem (le fauve ailé représenté sur la couverture). le lieutenant Heltia est rattachée à la « caserne » de Cytari Daliiem, située sur le Territoire Neutre. Alors qu'elle revient tout juste d'une mission, la voilà affectée à une nouvelle par son supérieur, le vampire Ebleon. Sauf que cette fois-ci, ladite mission ne semble qu'un coup d'esbroufe dans l'eau. Et pourquoi, sous couvert de la protéger, elle sent qu'Ebleon ne lui dit pas tout ?
Sous ces airs de paix, le Continent est en réalité bien dégradé. Les taxes ont augmenté à Cytari, où les caravanes affluent pour y trouver protection. En effet, depuis la montée de l'Ombre, les Pervertis attaquent les convois qui en général paient des mercenaires pour les protéger. Heltia était l'une de ces mercenaires, engagée pour faire route jusque Cytari. Par petites touches, l'autrice brosse son univers, un univers dur (attaques, mercenaires, taxes…). L'équilibre est précaire et il va vaciller car un elfe a tué le Dominant de la Meute des loups. Les loups clament vengeance, que le sang soit versé. Une guerre se profile et la seule façon de l'endiguer semble d'aller demander conseil aux sirènes.
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Mission bancale
Voilà donc la mission confiée à Heltia, se rendre au Lac des Sirènes, le peuple dont on ne sait rien, à part qu'elles sont des oracles, qu'elles voient tout. La situation exige qu'elle fasse partie d'une délégation, avec un loup et un elfe, toutefois, les loups se sont rétractés. Elle se retrouve flanquée d'un elfe, Melion de Fadren, froid, immobile et taciturne. de Cytari au Lac des Sirènes, ils vont devoir traverser la Plaine des Bastides pour gagner un lieu de rendez-vous afin de récupérer le tribut à offrir aux sirènes. Pour ce faire, ils vont devoir se mêler incognitos, en tant que mercenaires, à un convoi de caravanes. Déjà Heltia sent l'esquisse bancale de la mission, après tout, la paix sur le Continent est délitée, la menace des Pevertis n'est pas endiguée, et, à présent, une guerre que tout le monde veut est sur le point d'éclater. Qu'il est dérisoire d'envoyer une délégation de deux personnes mander les paroles des sirènes ! Toutefois, elle fait confiance à Ebleon
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10 peuples
Si les gens s'en remettent aux Fées, aux Mères, nulle trace d'elles, en revanche plusieurs créatures côtoient les humains sur tout le territoire. Louise Jouveshomme reprend des figures connues, mais en modifiant pour la plupart certains archétypes, de même qu'elle a façonné certaines créatures (les stygias, les garnums). Si l'ensemble se veut merveilleux, les personnages révèlent davantage de caractéristiques propres à leur peuple que de réelle magie. En revanche, la magie, appelée don, qui coule dans les veines de certains humains est jugée contre nature, ce sont les Pevertis. Les individus ont peur d'eux, ils seraient des fous furieux incapables de contrôler leur don.
Outre les humains, ce sont elfes, stygias, vampires, trolls, farfadets, garnums, nains, loups et sirènes que l'on trouve dans l'univers de l'autrice. Si tous sont farouchement attachés à leur peuple respectif, fait souligné par moults préjugés inter-peuples, il est plaisant de constater des similitudes entre certains, comme les elfes et les stygias. Ici, les vampires ne se nourrissent pas de sang et supporte le soleil. Les trolls ont un regard spécifique sur le monde et réalisent fresques et tableaux colorés, ce sont des artistes. Les loups de la meute du Nord dépendent de l'extérieur pour subsister durant l'hiver. Les elfes recèlent de la faculté de voir l'entre-voile – l'ikantaikâ –, tandis que les stygias perçoivent les émotions des autres, sous forme de couleurs. Les garnums sont liés à la terre : aux plantes et aux animaux. Les nains sont farouches et piquants, et les farfadets bien avares. Les sirènes sont les plus mystérieuses, car elles ne quittent pas leur Lac, ce sont des oracles dont ont ne sait rien au final.
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Nature writing
L'autrice met donc en place une délégation plutôt que de mentionner une quête comme dans le Hobbit ou le Seigneur des Anneaux. Si l'ensemble est nuancé via différents peuples, dont des connus du genre, Louise Jouveshomme ajoute une dimension très intéressante via le nature writing. En effet, là où certain.e.s lecteurices attendent un condensé brut d'actions, la part belle est faite aux descriptions. Les villes, les ruines, les intérieurs… mais surtout les paysages, car notre délégation formée par Heltia et Melion s'aventure plus en pleine nature que ne fait halte dans des villes. Que les rues soient pleine de monde, de réfugiés, de populace pour une fête, ou plus désertes et malfamées la nuit, l'on retrouve la Tour des Effluves, qui permet de communiquer depuis l'Ardente Amnésie. Spécificités et coutumes se distinguent ainsi, d'un bourg à un autre, de même que les mentalités, les préjugés inter-espèces, ou encore des traces historiques.
Plus encore, c'est la nature qui tranche le plus dans l'écriture de l'autrice. Les descriptions qui la dessinent la font paraître menaçante, vorace, étouffante, tel un animal. Oui, différents aspects – anatomique, de prédateur, ou mythique – la façonnent. Elle agit sur le moral des personnages, qui se sentent pris au piège, qui ont peur, qui voient les paysages se métamorphoser… Elle est hostile, bien qu'elle soit points de repère, guérisseuse (via les plantes), que par endroit l'on imagine toujours la trace des Fées (à moins qu'il ne s'agisse plus que de mythes cosmogoniques).
Les descriptions, avec les détails, les émotions et sentiments qu'elles dégagent, confèrent une dimension intime et psychologique à l'intrigue : les personnages y sont fondamentalement liés. Les couleurs, les odeurs, les textures… tout participe aux sens, à une immersion sensorielle qui fait respirer les personnages. Ainsi, les impressions de la nature sur Heltia font directement écho à ses émotions, qui se sent en colère, a peur et se sent étouffer dans le rôle qui lui incombe.
Sur la carte en double page au début du récit, dessinée par Stéphane Arson, le Continent montre sa diversité géographique : montagnes, jungle, forêts, déserts, marais, plaines... Plusieurs plantes et arbres spécifiques de tel ou tel territoire sont mentionnés, cela contribuant pour certains à la géopolitique via le commerce.
Rien n'est laissé au hasard.
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Personnages complexes et mystérieux
Et comme si cela ne suffisait pas, Louise Jouveshomme met en scène des personnages mystérieux et complexes, tous gris. Entre les spécificités de chacun des dix peuples, les intrigues politiques qui relient tout le récit, les descriptions qui apportent une dimensions intimes et psychologiques, l'autrice brosse des personnages bien bâtis. Heltia n'est pas qu'une Neighian mercenaire, elle est à la fois battante et combattante. Melion n'est pas qu'un elfe indifférent et froid, il est sensible et kamikaze. Quelques révélations sont levées sur eux, un voile à peine levé qui promet une belle dynamique dans le prochain et dernier opus !
Si les chapitres sont essentiellement consacrés à la délégation vers le Lac des Sirènes, quelques-uns sont dédiés à d'autres personnages, petits ou grands maillons qui laissent entrapercevoir plus en avant les ficelles géopolitiques. Car l'assassinat du Dominant par un elfe n'est que le sommet de l'iceberg d'un plus grand bouleversement. Plus l'on avance dans le récit et plus l'on voit à quel point Heltia et Melion ne peuvent qu'être au coeur de l'intrigue.
Coup d'État, vendetta ou vengeance, l'autrice prend soin de disséminer plusieurs points de vues, via quelques chapitres consacrés à d'autres personnages ou encore des extraits de courriers et autres documents. Pas à pas, nous comprenons la situation du Continent, ses nuances, son déséquilibre qui s'accentue.
Heltia et Melion vont payer de lourds tributs : résistance à la douleur et résilience côtoient la folie, la perte et/ou la quête d'identité. Sous leurs regards, le monde change, des alliances se forgent, parfois dans l'ombre, des trahisons sont perpétrées, les enjeux pèsent de plus en plus, et alors que certaines révélations sont faites et relancent les dés, voilà déjà la fin de ce premier tome ! Bonjour la frustration haha !
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L'écriture
Louise Jouveshomme signe ici son premier roman, un texte ambitieux dont la richesse donne un ton nouveau à la fantasy. Elle use d'un large vocabulaire, apportant une touche poétique et onirique via les diverses descriptions. Différents niveaux de narration sont utilisés. La narration s'adapte aux personnages : les négations seront mâchées lorsqu'on est plutôt du point de vue de Heltia, le phrasé plus poétique lors des descriptions de la nature et des rêves, les dialogues sont terriblement vivants, offrant des dialectes truculents (notamment les trolls). de plus, entre deux chapitres, il n'est pas rare d'avoir une page ou plus d'extraits de documents (mémoires de voyage, lettres, décrets…).
L'autrice touche à tout, encore une fois, rien n'est laissé au hasard, sur le fond comme sur la forme. L'ensemble a été très plaisant à lire, les pages se tournaient toutes seules, j'avais toujours envie d'en savoir plus, m'attachant de plus en plus à Heltia, Melion, Gaëtan, Kaarim et même Fream. Un immense puzzle prend forme à travers ce premier tome, promettant un second et dernier opus flamboyant (vous comprendrez ce jeu de mot après avoir lu Neighian 😉). La fin, oh combien frustrante, est grandiosement menée, ayant savamment placé sa première ligne d'attaque pour l'ultime partie, annoncée pour septembre 2023.
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En bref : Les Éditions Mnémos introduisent Louise Jouveshomme sur la scène des littératures de l'imaginaire avec le premier tome de sa duologie Neighian, Pépite de l'imaginaire 2023. Sur le fond comme sous la forme, rien n'est laissé au hasard pour cette fantasy riche aux ramifications géopolitiques face à un monde changeant. L'équilibre qui tend le Continent se délite plus que jamais. Face à la menace croissante de l'Ombre via les Pervertis, le meurtre du Dominant de la Meute de loups commis par un elfe va tout faire basculer. Coup d'État, vendetta, vengeance ? Est-ce que la parole des sirènes, oracles, représente le seul espoir pour maintenir la paix ?
L'écriture maîtrisée de Louise Jouveshomme tisse la vastitude de son univers, du nature writing qui approfondit la psychologie des personnages complexes et nuancés, aux multiples narrations, l'autrice offre aventures, combats, résilience, intrigues politiques, onirisme et poésie, le tout dans la rudesse et la cruauté dans lesquelles baignent le Continent.
Un immense puzzle prend forme à travers ce premier tome, promettant un second et dernier opus flamboyant. La fin, oh combien frustrante, est grandiosement menée, ayant savamment placé sa première ligne d'attaque pour l'ultime partie, annoncée pour septembre 2023 !
Lien : http://maude-elyther.over-bl..
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Neighian est une dark fantasy à l'univers riche et complexe, portée par une magnifique écriture, mais non exempte de défauts qui risquent de décourager de nombreux lecteurs.

L'Union regroupe les représentants de toutes les nations, un immense territoire peuplé de créatures différentes : humains, vampire, loups-garous, elfes, stygia, trolls, ...
La paix déjà fragile entre les factions est menacée lorsqu'un elfe tue le dominant des loups-garous.
Afin d'éviter des règlements de comptes sanglants entre les deux ethnies, Heltia, une Neighian, sorte de protecteur de l'Union, est envoyée en mission. Elle doit atteindre un territoire excentré où vivent les sirènes, seule voix en mesure de condamner ou d'innocenter les elfes.

Le point fort du roman est, selon moi, l'écriture de Louise Jouveshomme, très descriptive et poétique. Et paradoxalement, ce style particulier est également le défaut majeur du roman.
Pendant une bonne partie du récit, le lecteur suit Heltia dans son périple qui consiste à traverser des villes et à nous donner une idée exhaustive de l'univers. Les cités deviennent des personnages à part entière tant leur description sont longues et approfondies.
Exemple : la ville s'est assise par-dessus les flots du fleuve gris, avec toute la grâce d'une demoiselle au-dessus d'un pot de chambre. Jupons relevés, elle laisse courir l'eau sous elle […]

Le texte est donc dense et nécessite une bonne concentration.

J'aurais aimé retrouver le même soin pour l'intrigue. Certes, c'est un premier tome qui initie le lecteur à l'univers mais j'ai le sentiment que les 545 pages du roman auraient tenu sur 300 et quelques tant l'intrigue et les péripéties qui en découlent ne prennent vraiment corps que sur les 100 dernières pages. Tout le reste pourrait être qualifié de remplissage par des lecteurs que la richesse du vocabulaire et du processus de personnification des villes pourraient lasser. D'autant plus que j'ai l'impression que l'autrice se moquait un peu d'elle-même et de son pavé lorsqu'au détour d'une phrase, elle se permet de résumer son récit via la voix de son héroïne : « Envoyez deux sicans jouer les émissaires, faites quelques sacrifices pour sauver les apparences et on pourra tous se mettre sur la gueule la conscience tranquille ». Ouais Heltia, elle, n'est pas du tout dans la poésie ;-)

C'est une lecture que j'ai savourée, plus qu'appréciée, en grande partie grâce une poésie des mots très soignée et assez inattendue dans un tel univers.
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Comme tous les ans, le collectif des Indés de l'Imaginaire composé de maisons d'édition spécialisées (Les Moutons Électriques, Mnémos et ActuSF) a publié ses trois « pépites », des romans écrits par de jeunes auteurs et autrices jugés particulièrement prometteurs. Chez Mnémos, c'est Louise Jouveshomme qui se retrouve cette année en tête d'affiche avec le premier tome d'un diptyque baptisé « Neighian ». Il s'agit là du premier roman de l'autrice dont le deuxième volume devrait paraître dès la fin d'année. L'ouvrage met en scène un univers de fantasy relativement classique dans lequel cohabitent plus ou moins difficilement dix peuples, eux-mêmes répartis dans plusieurs royaumes. Vampire, loup, troll, elfe, sirène, humain… : la plupart ne diffèrent guère du bestiaire traditionnellement utilisé en fantasy, et les quelques exceptions ne sont pour le moment pas suffisamment développées pour être considérés comme une véritable touche de singularité. le continent dans lequel l'histoire se déroule est donc peuplé d'une multitude de populations autrefois ennemies mais désormais rassemblées au sein d'une seule et même Union dont les fameux « Neighian », un ordre militaire basé en territoire neutre, sont chargés de veiller à la stabilité. Un conseil réunissant des représentants de chaque peuple a quant à lui pour mission de légiférer et de régler pacifiquement les litiges opposants les royaumes. Seulement cette Union commence à se faire vieille et à craquer de toute part. Une affaire en particulier va venir accélérer la déliquescence de l'alliance des dix peuples puisque, au Nord, le fils d'un seigneur elfe s'est rendu coupable du meurtre d'un chef de meute loup. A cette menace de guerre civile s'ajoute celle des Pervertis, créatures corrompues par une puissance obscure s'attaquant aux voyageurs et aux villages isolés et dont la nuisance ne fait que se renforcer. C'est dans ce contexte pour le moins perturbé qu'une Neighian, Heltia, se voit confier par son supérieur une mission visant à apaiser les tensions au Nord en prenant la tête d'une délégation. Réunissant également un elfe et un loup, celle-ci a pour destination le royaume des sirènes, prophétesses renommées dont seule la parole pourrait être à même de disculper le peuple des elfes en affirmant que l'assassin a agi de sa propre volonté. Semé d'embûche, le périple de notre héroïne ne va évidemment pas se dérouler comme prévu.

Présenté comme un véritable coup de coeur de la part de l'éditeur, le roman m'a laissée un sentiment assez mitigé. Bien que baignant dans un cadre relativement classique et réutilisant la plupart des codes propres au médiéval-fantastique, l'intrigue fourmille de bonnes idées qui permettent de donner davantage d'épaisseur à l'univers qui se révèle finalement d'assez bonne facture. L'autrice a en effet pris soin de soigner son décor, agrémentant le récit de nombreuses précisions ou anecdotes portant sur tout ce qui peu donner de la consistance à un monde de fantasy : ses traditions, son histoire, son langage, ses paysages… Cet aspect là est donc plutôt réussi, mais il s'accompagne également de maladresses qui nuisent parfois à la fluidité de la lecture. On se retrouve en effet régulièrement noyé de détails qui visent à souligner la richesse de l'univers mais ont surtout pour effet de brouiller la narration. Les petits apartés présents à chaque début de chapitres et visant à mettre en lumière un aspect particulier de l'univers (comme cela se fait souvent en fantasy) ne sont par exemple pas toujours très appropriés car trop pointus ou déconnectés de l'intrigue. de même, l'accumulation de références à des faits passés ou des croyances populaires, ou encore l'utilisation d'expressions inconnues du lecteur, finissent par perdre de leur charme et provoquer au contraire une impression de lourdeur. Il s'agit d'ailleurs là du coeur des reproches que l'on peut faire au roman qui se révèle beaucoup trop dense et aurait largement mérité d'être aéré, voire élagué, afin de gagner en fluidité. La première partie, notamment, peut s'avérer parfois assez indigeste, plombée par des descriptions qui n'en finissent pas et qui prennent trop souvent le pas sur l'intrigue. Cela s'améliore dans la seconde moitié de l'ouvrage dans laquelle l'autrice lève un peu le pied sur la présentation du cadre pour entrer enfin dans le vif du sujet et se concentrer davantage sur ce qui arrive à ses personnages et sur les évolutions géopolitiques de son univers. L'impression de lourdeur évoquée plus haut tient également, dans la première partie du moins, à une narration omniprésente et au peu de place accordé aux dialogues. On a ainsi à faire à des blocs de textes qui défilent page après page sans aucune respiration pour le lecteur ni possibilité pour les personnages de s'exprimer directement. Ce manque se ressent même dans le style de l'autrice dans la mesure où le ton plus familier utilisé lors de certains passages laissent à penser que le style direct aurait du être privilégié (l'absence de l'adverbe « ne » dans une phrase narrative négative est par exemple courante dans le but, sans doute de donner l'illusion du style direct, mais cela se révèle plus déstabilisant qu'efficace).

L'intrigue, elle, est très lente à démarrer, au point qu'on serait dans un premier temps tenté de croire que le voyage à destination du repère des sirènes pourrait constituer le seul et unique fil rouge de l'histoire. Il n'en est heureusement rien et le récit finit par accélérer et finalement décoller dans une deuxième partie qui met l'accent sur les enjeux politiques de la guerre civile qui couve. Les rebondissements ne sont pas légion mais l'autrice réussit tout de même à mettre en scène de jolis coups de théâtre qui viennent relancer (toujours dans la seconde partie) l'intérêt du lecteur. Les personnages, eux, sont en demi-teintes. Heltia est une héroïne froide qui maintient tout au long de ce premier tome une grande distance avec tout le monde, ce qui rend difficile de s'y attacher. L'armure dont se part la protagoniste ne se fendille ainsi que rarement, la rendant difficile à cerner, et ce malgré le fait que l'essentiel du récit nous est narré selon son point de vue. Les autres personnages sont encore plus en retraits mais certains parviennent à titiller la curiosité du lecteur, comme c'est le cas de l'elfe taiseux qui voyage avec la Neighian, ou encore du chef de son ordre, le vampire Ebleon. D'autres encore ne font que des passages éclairs, le récit se décentrant alors du personnage d'Heltia pour se focaliser sur un ou une anonyme dont le lien avec le reste de l'histoire est parfois bien trop flou et renforce l'impression brouillonne déjà évoquée.

Avec « Neighian » Louise Jouveshomme signe un premier roman prometteur mais perfectible qui séduit par la richesse de son univers et la complexité de son intrigue mais qui souffre, aussi, d'une trop grande lourdeur due à une abondance de détails sur l'univers et à un mode de narration pas toujours approprié. Bien que lente à démarrer l'histoire se fait de plus en plus intéressante à mesure que l'on s'approche de la fin, si bien qu'on ne peut s'empêcher, malgré les maladresses, de vouloir connaître la suite.
Lien : https://lebibliocosme.fr/202..
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Depuis l'instauration du Conseil de l'Union, une paix relative s'est installée sur le Continent mettant fin aux luttes intestines. Chaque représentant des différents Etats y siège pour maintenir les relations diplomatiques au beau fixe, tandis que la compagnie des Neighians assure le maintien de l'ordre, notamment face à la menace toujours plus grande de l'Ombre et de ses Pervertis. Mais, tout vacille le jour où l'héritier du royaume des Elfes assassine le dominant de la Meute. Alors que la guerre menace à nouveau d'éclater, la Neighian Heltia est chargée d'accompagner un Elfe dans une mission de la dernière chance pour tenter d'innocenter le peuple elfique quant à l'orchestration de cet assassinat. Pour autant, leur action pèsera-t-elle dans la balance ?

Dans Neighian, Louise Jouveshomme donne vie à un univers très riche peuplé en partie par des créatures issues du bestiaire merveilleux, affranchies ou non de leur archétype. Ainsi, les vampires qui naissent sous sa plume n'ont pas besoin de sang pour se substanter, pas plus qu'ils sont incommodés par le jour. En revanche, les nains exploitent toujours les filons de minerai au coeur de la montagne et les Elfes sont fidèles à eux-mêmes, à savoir des êtres fiers et éthérés. Mieux encore, l'autrice y a même ajouté quelques inventions de son cru pour étoffer son univers en lui donnant notamment une plus grande diversité. Ainsi, dix peuples vivent ici sous le patronage des fées.

Mais le merveilleux ne s'exprime pas uniquement par cette cosmogonie opulente. En effet, la magie s'installe également au fil des chapitres même si elle soulève surtout la méfiance. le pouvoir y est malvenu à cause de l'image négative véhiculée par les Pervertis à travers la menace qu'ils constituent. Louise Jouveshomme pose donc les bases d'un système de magie intéressant, renforcé par une perception inédite qui questionne les lecteurs avides d'en comprendre tous les mécanismes.

Clairement, l'autrice a fait un gros travail pour donner de la cohérence à son roman. Elle fait, d'ailleurs, preuve d'un vrai souci du détail pour bâtir une société cohérente, basée sur le modèle d'Etats rivaux ou alliés dans laquelle la traitrise s'invite pour manipuler à qui mieux mieux. Plus qu'un cadre d'action, le monde imaginé par Louise Jouveshomme sert véritablement d'écrin pour accueillir ses intrigues politiques. En effet, le point fort de ce récit réside bien dans l'enchevêtrement de complots ourdis dans l'ombre. Ainsi, entre ces lignes une machination est à l'oeuvre et utilise allègrement les personnages comme des pions pour atteindre son objectif. Dès lors, on est de suite happé par ces renversements de pouvoir qui nous tiennent littéralement en haleine, d'autant que le rythme y est soutenu et la narration très fluide.

Avec Neighian, Louise Jouveshomme a utilisé tous les ressorts narratifs qui font le succès d'un livre : conspiration, duperie et tension. Entre un imaginaire fouillé et une intrigue bien ficelée, on ne décroche pas un seul instant de notre lecture et on demeure même frustré quand le point final de ce tome 1 se profile à l'horizon. Vivement la suite !

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Je remercie tout d'abord l'opération masse critique de Babelio ainsi que la maison d'éditions d'avoir partagé ce titre intrigant.

Je me suis laissée emporter par ce résumé tellement spécifique et complexe de l'univers créé par l'auteure. En réalité, ce résumé est finalement ce qui a été le plus simple à comprendre.

J'ai passé un temps fou à lire ce roman et je publie cette critique sur le fil pour le délai imparti.. L'auteure nous propulse dans son univers de dark fantasy reprenant les codes de la littérature fantasy classique : un style Tolkien avec de nombreuses descriptions (qui finissent par tellement traîner qu'on n'arrive plus à s'y retrouver), quelques peuples et le rythme.
Mais je n'ai pas réussi à apprécier les personnages, leurs (non)sentiments, leurs passés et quêtes... bref je n'ai pas accroché. Il y a trop de vocabulaire supposé connu et acquis. Après 400 pages, nope il y a toujours des zones d'ombre !

Gros gros point noir pour moi qui m'a le plus rebutée, perturbée, m'a fait ronchonner (c'est inédit) : où sont passés les "ne" de négation ?
Alors que l'effet recherché était sûrement pour donner un style direct à la pensée de la Neighian, ça a desservi et je trouve ça dommage car ça m'a plutôt donné un sentiment de perte de crédibilité, "j'aime pas ça".

J'ai dû m'y reprendre à plusieurs fois pour tenter de comprendre certains passages et plus j'avançais, plus je me posais des questions... Pour faciliter cette entrée dans les méandres de l'imagination de l'auteure, j'aurai aimé un glossaire et peut-être même des illustrations sur les peuples concernés. 2 pages qui auraient impulsé un autre type de retour sur ce roman..

Même si c'est en 2 tomes, je passe mon tour malheureusement.
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
La Forêt semble calme. Endormie. Pourtant, une impression de gêne pèse que la poitrine de la guerrière, un air invisible et impalpable qui soufflerait à s'en faire éclater les poumons pour la pousser à reculer, et lui briser les côtes si elle s'obstine. Presque malgré elle, elle balaye du regard la pénombre glauque. Rien. Pas un mouvement brusque, pas une ombre plus dense que le reste. Qu'est-ce qu'elle cherche ? Une trace de la présence hostile qui se tient là, tapie, immobile, à l'affût? Elle continue de fouiller, elle dépèce le rideau de lianes et le tapis d'épines mêlé de feuilles mortes, à ses pieds. Rouges, vertes, jaunes. La même couleur que les iris glacés de l'elfe, enfoncés dans ce qu'il regarde comme des lames de poignards.
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Toujours cette voix distordue par le sifflement strident qui rebondissait à l’intérieur de sa tête. Puis, avec le temps, lui aussi s’est tu. Même la sensation qu’une main de métal caressait ses entrailles s’est dissipée, elle n’a laissé derrière qu’une outre pleine d’air. Un gros ballon vide de sens, de tripes, d’émotions, qui se regarde chuter sans faire le moindre geste. Qui parle, qui mange, qui acquiesce, comme un pantin. Petit pantin silencieux. Où est sa colère ? Quand jaillira-t-elle ? Est-ce qu’elle savait ? Est-ce qu’au fond, derrière son crépitement et sa vengeance, elle savait déjà ce qui s’était passé ? Tout ce bruit en elle, tout ce temps, pour s’assourdir et s’empêcher de comprendre. Curieux alors, comme ses bottes claquaient contre le sol tandis qu’elle marchait dans les rues de la ville. Elle aurait dû faire tant de bruit, y avait plus grand-chose qui pesait en elle. Même le coeur battait dans le vide.
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Elle se tait, Heltia ne dit rien. Y a rien à dire, rien à ajouter. Beaucoup de gens pensent qu’un aveu de souffrance appelle un écho, alors ils s’empressent, une fois la confession achevée, de lui opposer leur propre expérience, leur propre noirceur. Et de dire qu’ils comprennent, qu’ils sont passés par là… Et alors ? Ça fait la peine moins rude, peut-être ? On se retrouve juste avec deux histoires semblables, qui se repoussent, qui se reflètent, et qui blessent plus qu’elles ne pansent parce qu’on veut pas d’un reflet où contempler ses propres échecs, en fait. On veut un puits noir où les noyer.
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Son pouvoir mugit alors qu'elle hurle de rage en se retournant, balance de son pied un seau dont le contenu se déverse sur le sol. Mais même la souffrance qui taillade sa chair, même la colère qui fait bouillir ses veines, même le sang qui coule de ses lèvres ne peut dissiper la sourde, terrible sensation de vide qui pulse, au fond de sa poitrine.
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- Tu as la parole dure, constate soudain Ceclapeon.
- T’as dit que je parlais pas.
- C’est vrai, tu ne parles pas : tu mords, sans bien savoir qui, à ce qu’il semble. Tu devrais prendre garde. La colère se retourne souvent contre sa source lorsqu’elle n’a pas de cible sur laquelle se déverser.
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