"Paris outragé, Paris brisé, Paris martyrisé..." C'est cette période tragique, illustrée par la phrase célèbre du général
De Gaulle, que l'historienne
Anne Thoraval a voulu mettre en lumière dans un ouvrage formidablement documenté sur la Résistance dans la capitale avant le dénouement favorable de l'exorde gaullienne "...mais Paris libéré !"
Le Paris résistant est bien évidemment celui d'une minorité, surtout au début (juin 40-fin 41). Mais une minorité agissante à travers la création de journaux conçus et distribués clandestinement, de faux papiers pour les fugitifs, de réseaux de renseignements sur les agissements de l'ennemi, d'actions-choc contre l'occupant, ses soldats, son matériel.
Cette minorité peu nombreuse au départ (le groupe du Musée de l'Homme de
Boris Vildé et
Germaine Tillion est le premier à constituer un véritable mouvement) grandit au fil des mois avec les initiatives éparses de tous ceux qui veulent faire "quelque chose". Au premier rang, les juifs persécutés et pourchassés puis à la fin du pacte germano-soviétique les communistes, enfin la résistance gaulliste illustrée par la Confrérie Notre-Dame du colonel Rémy et de Pierre Brossolette.
S'ils sauvèrent l'honneur de la France, ils le payèrent tous au prix fort : torture, déportation, exécution.
Et ce qui broie le coeur à la lecture de ce livre-témoignage richement illustré, c'est la part prise par d'autres Français au côté de la Wehrmacht et de la Gestapo dans "la chasse aux partisans". Ces collabos furent parfois plus motivés que les Allemands eux-mêmes dans la répression. On pense ici au duo de truands sadiques Lafont-Bonny et leurs sbires ou aux policiers indignes des brigades spéciales. Sans oublier les (trop) nombreux délateurs.
Cet ouvrage parcourt les 20 arrondissements au fil des planques, des imprimeries clandestines, des boites-aux-lettres, des lieux de rendez-vous des réseaux et de tous ces hommes et ces femmes de l'ombre qui ont oeuvré pour la libération de leur pays.