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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Jeunesse, publié en français en 1857. Traduction ici de Sylvie Luneau

On insiste sur Enfance, peut-être avec raison puisque ce fut sa première fiction comportant d'étranges similitudes avec sa propre vie que je n'ose qualifier d'autobiographie puisque l'auteur lui-même ne revendiquait pas cette qualification et démarquait bien ce qui était son propre songe du reste , plus prosaïque on va dire ; on insiste sur Enfance parce que ce fut aussitôt publié son premier et vif succès qui séduisit même la cour impériale, ; on insiste sur Enfance puisque quand il partit, enrôlé au Caucase, il partit avec ses notes sur Enfance qui devait d'ailleurs être le premier d'un quatre temps, quatre tranches de vie .. et il s'employa sur le front, dans ses plages, à achever son projet d'écriture ; ce qui donne un aspect romanesque aux choses ; on insiste sur Enfance parce que l'auteur savait dans ses vingt-deux, vingt-trois ans qu'il avait quelque chose à dire d'original et qu'il était déjà rompu à l'exercice d'écrire, par la tenue de son journal intime, ses carnets depuis 1847, par sa nombreuse correspondance plus précoce encore, par un essai avorté, servi par une plume en or qui palliait ses velléités de tous ordres et nombreuses, et que cette oeuvre constituait la première preuve tangible de son talent ; on insiste sur Enfance puisqu'il reçut la bénédiction de ses pairs on ne peut plus clairement à travers des phrases fort élogieuses..

Mais personnellement quand j'ai lu Enfance, puis Adolescence et donc Jeunesse dans la foulée, je me régalai autant, je n'y ai point vu de rupture mais au contraire la suite de la connaissance avec un Grand de la littérature qui confirmait totalement tous les beaux espoirs que le jeune écrivain faisait naître..

Assez parlé, voici l'incipit:
"Ce que je considère comme le début de ma jeunesse.
J'ai dit que mon amitié pour Dimitri m'avait révélé une nouvelle manière d'envisager la vie, son but, ses rapports. Cette manière de voir résidait dans la conviction que la mission de l'homme est de tendre son perfectionnement moral et que ce perfectionnement moral est aisé, possible et éternel. Jusqu'à présent, je m'étais contenté de jouir de la découverte des idées nouvelles qui découlaient de cette conviction et de la formation de projets brillants pour un avenir moral et actif, mais ma vie suivait son cours, mesquine, confuse et oisive.

Ces pensées vertueuses que nous ressassions dans nos entretiens, moi et mon ami bien aimé Dimitri, le merveilleux Mitia, comme je le nommais parfois tout bas pour moi-même, ne séduisaient encore que mon esprit , non ma sensibilité. Mais il y eut un moment où ces pensées affluèrent à mon esprit avec la force toute neuve d ela révélation morale je pris peur en songeant à tout le temps que j'avais perdu pour rien et voulus sur-le-champs, à la seconde même, appliquer ces pensées à ma vie avec la ferme intention de ne plus jamais en changer.

C'est ce moment que je considère comme le début de ma Jeunesse.

J'allais alors sur mes seize ans.."


il y a vraiment de quoi s'abreuver l'esprit dans ce regard sur soi-même que portait l'auteur, cette introspection, quand on sait l'homme changeant, complexe qu'était Tolstoï.. Beau programme en perspective !
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Bon rien à voir avec les aménités de Fabius envers Hollande, et si les traducteurs en note préalable en parlent en termes louangeurs, et si l'auteur lui-même note dans son journal que son travail est pleinement satisfaisant, alors on peut s'embarquer sans trop de risques pour une cueillette fructueuse, à condition encore de ne pas s'imaginer un bison ou un sanglier qui va sortir du bois et vous rentrer dans le lard ..
"Puis on parla peinture, et Mary déclara tout net que, dans la peinture décadente, (oui ça dépote), il y avait "un je ne sais quoi" qu'on ne pouvait nier. A cet instant, elle ne pensait pas du tout à la peinture décadente, mais elle disait cela parce qu'elle l'avait déjà dit des centaines de fois .."

La lecture de cette nouvelle me donne le sentiment que l'auteur dans une vie fortement active et troublée par les soubresauts politiques et sociaux sous Nicolas ii, s'octroie une pause et décrit par opposition presque l'insouciance de la vie à la campagne dans un village de moujiks et dans la maison d'un seigneur de la ville que rien ne semblerait perturber et qu'un rien, une frivolité vienne nourrir le menu des journées ensoleillées de juin

Au village ce sont les enfants et leurs mères qui s'agitent dans la forêt à la faveur de la cueillette des fraises ; dans la maison du seigneur, invité, docteur et maître de maison pérorent des heures et toute une nuit, dans la véranda, autour d'un vin de Crimée, sur la politique et les prévisions avec des points de vue tranchés et opposés, comme histoire d'occuper le temps. le personnel de service semble attendre que ça se passe, impatient de pouvoir dormir. Les enfants de la maisonnée se sont goinfrés de fraises des bois amenés par les enfants du village, ainsi la connexion s'établit pour "ces heureux du monde".

Ces scènes de vie en province russe au début de l'été 1905 auxquelles s'attache à décrire Tolstoï relativisent la noirceur antagoniste des tableaux habituels qu'on perçoit de ces années là : elles existent aussi. Son auteur les peint avec brio.
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Anna Karénine, La Guerre et la Paix, La mort d'Ivan Ilitch… Ce sont quelques unes des oeuvres les plus connues de Léon Tolstoï. Elles sont lues et commentées depuis des décennies car la modernité du style a forcé l'admiration de nombreuses générations de lecteurs. Des personnages inoubliables peuplent ces romans et nouvelles qui décrivent si bien la vie d'un monde finissant, celui de la Russie tsariste de la fin du XIXème siècle.

C'est avec grand intérêt que j'ai découvert une oeuvre moins connue qui s'intitule « Enfance. Adolescence. Jeunesse« . Tolstoï s'inspire largement de son propre vécu quand il écrit, dès l'âge de 24 ans, ce récit qui devait contenir initialement quatre parties (le projet littéraire d'origine avait pour titre »Quatre époques d'une évolution« ). Dans de courts chapitres, l'auteur décrit les joies et les peines d'un jeune garçon de bonne famille, entouré d'une famille aimante, éduqué de façon stricte à domicile par des précepteurs. Comme toujours avec Tolstoï, les tourments intérieurs des personnages sont décrits avec une grande précision et beaucoup de finesse. Les pages consacrées au décès de la mère du narrateur sont, de ce point de vue, remarquables. L'auteur dépeint avec justesse ce que peut ressentir un enfant face à la mort d'un parent .

Ces trois récits décrivent le processus de socialisation d'un petit garçon qui devient un homme, sa progressive autonomisation ou émancipation, sa découverte du sentiment amoureux. La narrateur nous fait part des sentiments contradictoires voire chaotiques qui l'habitent, des avancées ou des reculs qu'ils estiment faire dans sa vie affective ou spirituelle. Il grandit tout simplement. L'entrée à l'université marque une étape importante car elle est synonyme d'élargissement du cercle social qui ne se limite plus à la cellule familiale. le narrateur consacre de belles pages au rapport privilégié qu'il entretient avec son frère aîné Volodia, qui est successivement modèle, ami ou rival selon les époques. de façon générale, Tolstoï nous présente une galerie de personnages passionnante. La grand-mère, la jeune soeur, les précepteurs, les domestiques, les amis connus à l'université… Tout un monde qui a peuplé sa jeunesse et qu'il fait revivre pour l'éternité.
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