AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur Le Roi des Aulnes (187)

La vie n'est tolérable qu'en état d'ébriété. Ébriété alcoolique, amoureuse, religieuse. Créature du néant, l'homme ne peut affronter l'inconcevable tribulation qui lui advient, ces quelques années d'être, qu'en se saoulant la gueule.
Commenter  J’apprécie          121
La vie n'est tolérable qu'en état d'ébriété. Ébriété alcoolique, amoureuse, religieuse. Créature de néant, l'homme ne peut affronter l'inconcevable tribulation qui lui advient - ces quelques années d'être - qu'en se saoulant la gueule.
Commenter  J’apprécie          121
L'enfant de douze ans a atteint un point d'équilibre et d'épanouissement insurpassable qui fait de lui le chef-d'œuvre de la création. Il est heureux, sûr de lui, confiant dans l'univers qui l'entoure et qui lui paraît parfaitement ordonné. Il est si beau de visage et de corps que toute beauté humaine n'est que le reflet plus ou moins lointain de cet âge. Et puis, c'est la catastrophe. Toutes les hideurs de la virilité – cette crasse velue, cette teinte cadavérique des chairs adultes, ces joues râpeuses, ce sexe d'âne démesuré, informe et puant – fondent ensemble sur le petit prince jeté à bas de son trône. Le voilà devenu un chien maigre, voûté et boutonneux, l'œil fuyant, buvant avec avidité les ordures du cinéma et du music-hall, bref un adolescent.
Le sens de l'évolution est clair. Le temps de la fleur est passé. Il faut devenir fruit, il faut devenir graine. Le piège matrimonial referme bientôt ses mâchoires sur le niais. Et le voilà attelé avec les autres au lourd charroi de la propagation de l'espèce, contraint d'apporter sa contribution à la grande diarrhée démographique dont l'humanité est en train de crever. Tristesse, indignation. Mais à quoi bon ? N'est-ce pas sur ce fumier que naîtront bientôt d'autres fleurs ?
Commenter  J’apprécie          120
Il ne me sied pas de nouer des relations individuelles avec tel ou tel enfant. Ces relations, quelles seraient-elles au demeurant ? Je pense qu'elles emprunteraient fatalement les voies faciles et toutes tracées soit de la paternité soit du sexe. Ma vocation est plus haute et plus générale.
Commenter  J’apprécie          120
Mon premier geste avec un enfant inconnu, c’est de lui poser la main sur la nuque, un peu plus bas que la nuque. Frêle ou musculeuse, frisée ou rase, cambrée ou ployante, cette racine essentielle est la clé à la fois de la tête et du corps. Elle me dit incontinent quelle résistance ou quels abandons je peux attendre. Le geste n’engage à rien et peut être rétracté sans bavures. Mais il peut aussi s’épanouir tout naturellement, prendre possession du dos, gagner les épaules, descendre jusqu’aux lombes, point d’équilibre pour le soulèvement de terre, l’enlèvement, le port.
Commenter  J’apprécie          110
J'ai toujours été scandalisé de la légèreté des hommes qui s'inquiètent passionnément de ce qui les attend après leur mort, et se soucient comme d'une guigne de ce qu'il en était d'eux avant leur naissance. L'en deçà vaut bien l'au-delà, d'autant plus qu'il en détient probablement la clé.
Commenter  J’apprécie          110
Une bonne, une très bonne nouvelle m’est apportée et me soulève de joie. Peu après, elle est démentie. Il n’en reste rien, absolument rien. Pourtant si ! Par un étrange phénomène de rémanence la joie qui m’a envahi et qui s’est retirée a laissé derrière elle une nappe heureuse, comme la mer en refluant abandonne des flaques limpides où le ciel se reflète. Il y a quelqu’un en moi qui n’a pas encore compris que la bonne nouvelle était fausse, et qui continue absurdement à jubiler.
Commenter  J’apprécie          110
Je sais maintenant pourquoi le pouvoir absolu du tyran finit toujours par le rendre absolument fou. C'est parce qu'il ne sait qu'en faire. Rien de plus cruel que ce désiquilibre entre un pouvoir-faire infini et un savoir-faire limité. À moins que lel destin ne fasse éclater les limites d'une imagination indigente, et ne viole une volonté vacillante.
Commenter  J’apprécie          110
La pureté est l’inversion maligne de l’innocence. L’innocence est l’amour de l'être, acceptation souriante des nourritures célestes et terrestres, ignorance de l’alternative infernale pureté-impureté. De cette sainteté spontanée et comme native, Satan a fait une singerie qui lui ressemble et qui est tout l’inverse : la pureté. La pureté est horreur de la vie, haine de l’homme, passion morbide du néant. Un corps chimiquement pur a subit un traitement barbare pour parvenir à cet état absolument contre nature. L’homme chevauché par le démon de la pureté sème la ruine et la mort autour de lui. Purification religieuse, épuration politique, sauvegarde de la pureté de la race, nombreuses sont les variations sur ce thème atroce, mais toutes débouchent avec monotonie sur des crimes sans nombre dont l’instrument privilégié est le feu, symbole de pureté et symbole de l’enfer.
Commenter  J’apprécie          110
Je hais l’hiver, parce que l’hiver hait la chair. Partout où il la trouve dénudée, il la châtie, il la fouaille, comme un prédicateur puritain. Le froid est une leçon de morale, de l’inspiration la plus haineusement janséniste.
Commenter  J’apprécie          100






    Lecteurs (2623) Voir plus



    Quiz Voir plus

    vendredi ou la vie sauvage

    qui est le personnage principal

    vendredi
    robinsson
    dimanche
    samedi

    4 questions
    409 lecteurs ont répondu
    Thème : Vendredi ou La Vie sauvage de Michel TournierCréer un quiz sur ce livre

    {* *}