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Citations sur Le Roi des Aulnes (187)

C'est alors que se produisit une apparition qui l'ancra dans la conviction que ses pensées avaient le pouvoir redoutable de faire surgir des êtres réels à leur semblance.
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J'ai une pleine boîte de négatifs provenant de mes glanes à travers les champs empiriques. Parfaite disponibilité de ces enfants, sages comme des images. Je peux à tout moment glisser l'un d'entre eux dans le porte-vue de mon agrandisseur, et alors il envahit la pièce, il se colle sur les murs, sur la table, sur moi. Je peux reproduire l'une quelconque des parties de son corps ou de son visage à une échelle gigantesque, et cela autant de fois qu'il me plaît. Car si le vaste monde est une réserve de chasse inépuisable – et qui désespère l'exhaustion – mon vivier d'images est lui tout à fait fini – quelle que soit sa richesse –, mon puéril cheptel est compté, dénombré, et j'en connais, comme il se doit, toutes les ressources. Enfin le nombre fini de mes négatifs est justement équilibré par la possibilité que j'ai de tirer de chacun d'eux un nombre infini d'images positives. L'infini empirique ramené d'abord au fini de ma collection redevient un infini possible, mais cette fois il ne se déploie qu'à travers moi seul. Par la photographie, l'infini sauvage devient un infini domestique.
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Je n'ai rien écrit depuis le début de l'année. En vérité, c'est à peine si j'ai vécu ! Enfant, la plongée dans le noir, l'humide et le froid de l'hiver se confondait pour moi avec le malheur d'exister. Il m'a fallu longtemps pour comprendre qu'il ne s'agissait en somme que d'une saison, la mauvaise. D'année en année, à mesure que je vieillis, le temps passe plus vite pour moi, et ainsi des durées de plus en plus longues me deviennent mesurables, maîtrisables. Mais l'hiver n'a pas encore suffisamment rétréci pour que je puisse l'enjamber gaillardement et prendre pied sur l'autre bord du trou. Un jour peut-être. Pour l'heure, je manque encore le pas, et je m'effondre dans la fosse janvier-février avec le sentiment que jamais, jamais on n'en sortira.
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À force de frapper à coups redoublés sur la même porte, elle finit toujours par s’ouvrir. Ou alors c’est une porte voisine, qu’on n’avait pas vue, qui s’entrebâille, et c’est encore plus beau.
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Je me demande si la guerre n'éclate pas dans le seul but de permettre à l'adulte de faire l'enfant, de régresser avec soulagement jusqu'à l'âge des panoplies et des soldats de plomb. Lassé de ses charges de chef de bureau, d'époux et de père de famille, l'adulte mobilisé se démet de toutes ses fonctions et qualités et, libre et insouciant désormais, il s'amuse avec des camarades de son âge à manoeuvrer des canons, des chars et des avions que ni sont qu la copie agrandie des joujoux de son enfance.
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« Je compris que j’obéirais d’autant mieux à mes aspirations alimentaires que j’approcherais davantage l’idéal de la crudité absolue. » (p. 94)
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L'année ne commence pas le 1er janvier, elle commence le 21 mars. Par quelle aberration a-t-on pu détacher ainsi le calendrier humain de la grande horloge cosmique qui règle la ronde des saisons?
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Il y a deux sortes de femmes. La femme-bibelot que l'on peut manier, manipuler, embrasser du regard, et qui est l'ornement d'une vie d'homme. Et la femme-paysage. Celle-là, on la visite, on s'y engage, on risque de s'y perdre. La première est verticale, la seconde horizontale. La première est volubile, capricieuse, revendicative, coquette. L'autre est taciturne, obstinée, possessive, mémorante, rêveuse.
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Mgr Verdier s'agenouille et verse quelques gouttes d'eau sur un pied nu, il l'essuie avec un linge, puis, il s'incline pour le baiser, puis pour remercier le jeune garçon, il lui remet un petit pain et une pièce de monnaie.
Elle est entrée pour toujours dans mon cœur, l'image de ce vieil homme, courbé jusqu'au sol pour poser ses lèvres sur les orteils d'un enfant.
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On parlait "élans", et il crut à propos de rapporter une anecdote qui se situait en Suède où chaque année le roi Gustave V continuait à présider la grande chasse à l'élan, malgré ses quatre-vingt-deux ans. On avertissait discrètement les invités que Sa Majesté ayant la vue basse, il était prudent, si l'on se trouvait à sa proximité au cours de la battue, de crier du plus loin qu'on l'apercevait : "Je ne suis pas l'élan !" C'est bien ce que fit un invité de marque à la fin de la chasse, mais à sa grande horreur, il vit aussitôt le vieux monarque épauler et tirer dans sa direction. Blessé légèrement, emporté sur une civière, il eut la possibilité après l'hallali de s'en expliquer avec le roi. Celui-ci lui fit ses excuses. "Mais, sire, s'étonna le blessé, quand j'ai vu Votre Majesté, j'ai crié pourtant Je ne suis pas l'élan ! Et il m'a semblé que c'est en m'entendant que Votre Majesté a tiré dans ma direction !" Le roi réfléchit un moment. Puis il lui expliqua : "Voyez-vous, mon ami, il faut m'excuser. Je n'ai plus l'oreille bien fine. Oui, je vous ai entendu crier. Mais j'ai compris Je suis l'élan. Alors naturellement, j'ai tiré !" (L'Ogre de Rominten - pages 289-290).
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