La grande différence entre l'amour et l'amitié, c'est qu'il ne peut y avoir d'amitié sans réciprocité.
(Riz) trois lettres, comme dans le mot blé, mais entre ces deux nourritures fondamentales, il y a la distance de deux groupes de civilisations.
A Monteux (Vancluse), j'ai visité la fabrique de feux d'artifice Ruggiéri. Dans des petites baraques légères comme des plumes - prêtes à s'envoler sans dommage à la moindre explosion - j'ai vu d'étranges chimistes mêler dans des tubes des poudres multicolores, lesquelles allaient devenir plus tard, très loin d'ici, fusées, feux de Bengale, soleils, bouquets de lumière. Un écrivain, selon moi, c'est un peu ça.
« On ne fera jamais assez l’éloge des fesses. » (p. 80)
« De dos, la chevelure s’étale sans partage. C’est d’ailleurs l’un des pièges de la coquetterie : soigner ses cheveux, c’est se préoccuper de l’aspect que l’on a de dos. » (p. 79)
« J’ai bien dormi, car mon malheur a dormi lui aussi. » (p. 21)
Le crépuscule des masques
Je me suis demandé si l'arroi de la féminité était imposé aux femmes par les hommes, ou adopté par les femmes parce que tel était leur plaisir et leur instinct. Par arroi , j'entends le parfum, le maquillage, la coiffure, la toilette, et jusqu'aux chaussures à hauts talons, paroxysme d'inconfort et de la laideur. Question à la réflexion oiseuse, car il y a rien de tel pour imposer quelque chose à quelqu'un que de lui en inculquer le goût. D'autre part il est clair que si les femmes sont peut-être plus préfabriquées par la société que les hommes, personnes en vérité n'échappe à cette mystérieuse pression du groupe qui fournit en prêt-à-porter nos sentiments, nos idées et jusqu'à notre aspect extérieur. La femme a son modèle qui est la vedette de cinéma ou du music-hall, l'héroïne nationale, voire la militante politique. Mais pour l'homme, les stéréotypes ne manquent pas non plus, et il suffit de citer l'homme d'affaires, l'officier de carrière, le séducteur, le prêtre, l'homosexuel ou le hippie pour imaginer aussitôt une galerie de portraits parfaitement reconnus, repérés, et à la limite de la caricature.
Pas plus qu'on ne peut se retenir de goûter à certains gâteaux ou de faire l'amour avec certains corps, on ne saurait refuser à certains poignards, à certains pistolets, l'acte qu'ils appellent de toute leur admirable forme.
SEXE
"Ce qu'il a de rude avec le sexe, c'est que sa satisfaction ne le rassasie pas, mais l'excite au contraire, de telle sorte que plus on baise, plus on a envie de baiser. Comparer la soif naturelle qui s'évanouit avec l'absorption de la quantité nécessaire à l'organisme, et la soif morbide de l'alcoolique qui se creuse d'elle-même sous l'effet de sa propre satisfaction. Mais y a-t-il un désir sexuel "normal" qui s'apaise pour longtemps une fois satisfait ? je ne le crois pas. Il y a trop de cerveau là-dedans."
p.107
Être jeune, c'est n'avoir perdu personne encore. Mais ensuite nos morts nous entraînent avec eux, et chacun est un rocher jeté dans notre mémoire qui fait monter notre ligne de flottaison. A la fin, nous dérivons à fleur d'eau, à fleur d'existence, n'offrant plus aux vivants que juste ce qu'il faut de regards et de paroles pour leur faire croire que nous sommes de ce monde.