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EAN : 9782070149384
144 pages
Gallimard (13/05/2015)
4/5   10 notes
Résumé :
«C’était hier, au XXe siècle, le forgeron d’un petit hameau de l’Ouest profond – la Mayenne – m’a permis d’entrer dans sa forge et pendant plusieurs jours d’un été incertain m’a conté son amour du métier et surtout montré son travail, les péripéties du combat entre le fer et le feu, avec l’eau qui feule sous la trempe et la corne fragile des chevaux dont le maréchal ferre le pied. Cette confiance de l’artisan me permet de vous murmurer à mon tour, dans la pénombre e... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
L'auteur rencontre un maréchal-ferrant dans sa forge qui lui conte sa vie, son métier, avec des mots simples, parfois techniques ou patoisants. Des difficultés de la vie au jargon de métier ou plutôt vocation, nous nous promenons ainsi sur le cours du 20e siècle, dans la profonde campagne de la Mayenne. Rude y était la vie mais heureuse. L'évolution fit que peu à peu, la mécanisation remplaça les chevaux. Le travail devint dès lors moins intense mais le vieux forgeron, par passion, restera malgré tout accroché à sa forge alors que celles des villages environnants disparurent une à une.
Forgeron moi-même mais ferronnier d'art et non maréchal-ferrant, le titre ne pouvait que m'attirer. La vie du forgeron m'a rappelé celle d'un ami aujourd'hui disparu, maréchal-ferrant de mon village. Nos métiers pouvaient, pour le profane, paraître semblables. Leurs seuls points communs étaient la forge, le charbon et le métal. Henri était né au début du siècle. Il aurait pu être mon grand-père. Ensemble, lors de fêtes de villages, nous faisions parfois une démonstration de forge. Passionnés l'un et l'autre, nous nous partagions tour à tour le feu et l'enclume, équipés chacun de nos outils respectifs. Il forgeait alors un fer à cheval, un crochet d'attelage, une serpe et ensuite, à mon tour, hors d'une barre de fer, je donnais naissance à une fleur, une volute, une torsade, une feuille ou bien encore une tête de dragon. A sa passion, Henri ajoutait l'amour qu'il avait pour les chevaux et moi, à la mienne, l'amour de l'art. Il s'amusait à dire au public : "C'est lui qui forge le plus beau mais ce qu'il fait, ça ne sert à rien, c'est juste pour décorer !". Nous prenions plaisir à démontrer, à partager nos métiers passionnant.
Ici, l'auteur s'adresse parfois directement au lecteur, tentant de faire la lumière sur un terme technique, le dessinant de ses mots. Ce côté de l'ouvrage pourra paraître fastidieux au lecteur, voir lassant. L'auteur emploie un style simple, parfois paysan, ce qui me dérangea pendant la lecture. Je peux aussi reprocher à l'auteur de mettre "un peu trop" en valeur le manque d'instruction de l'artisan alors que celui-ci parle comme dans un livre. Je me plais à répéter que l'artisan est un travailleur intellectuel qui travaille avec ses mains. Par contre, j'aime quand l'auteur met en avant le savoir-faire du forgeron, accumulé après des années de métier et l'amour intact qu'il conserve pour son ouvrage. Forgeron, plus qu'un métier, une vocation.
Parfois, l'auteur mêle çà et là un peu de mythologie, nous rappelant l'histoire d'Héphaïstos. Je ne sais si cette poussée d'ésotérisme apporte quelque chose à l'ouvrage.
Bref, ce livre me laisse mitigé, il m'a certes plu par son aspect métier mais parfois déçu par son style et son fond.
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Bing, bing, bing... Vous l'entendez au fond du village ? Bang bing... le forgeron s'active. À cinq kilomètres dans le hameau voisin, bing, bang, bing, ... une autre forge, on y bat une barre de fer rougi... Et là-bas, encore, à quelques encablures, sonne une autre enclume... Comme des églises, il y en avait plusieurs alentour, c'est qu'à cette époque-là, on allait à cheval et les chevaux servaient beaucoup à la ferme et sur les chemins, il fallait les ferrer et ils tiraient des charrues, des charrettes qui avaient des roues en bois cerclées de métal, des ferrures à travailler, à réparer. de l'aube à la nuit, le forgeron n'avait guère le temps de voir le soleil des étés, à refaire le tranchant des socs usés par les cailloux...

Non ce n'est pas si loin dans le temps, pas cent ans, des gens de mon âge sont juste assez vieux pour entendre encore l'écho déclinant des coups du marteau d'Héphaïstos.

Il y a des livres dont on sort un peu grandi, on y a gagné quelque chose et on veut d'abord remercier l'auteur et le blog "À sauts et à gambades" qui vous l'a renseigné. Puis on regrette déjà que le billet ne saura pas dire sa gratitude. Voilà un livre vrai, totalement, qui vous amène dans la forge d'un hameau, chez le vieil Alexandre, pour vous décrire le métier d'antan, avec l'oeil et la plume de Jean-Loup Trassard, maline : "Ah ! Faut un héros n'est-ce pas ? Un personnage que le lecteur peut suivre, voire s'identifier à lui, sinon il est perdu, s'ennuie, et l'intrigue, est-elle assez accrocheuse ?"

Vous allez apprendre les outils, "le marteau d'enclume du patron, celui qu'il s'était choisi", la râpe de maréchal "pour polir, tout autour, le sabot du cheval", hormis le marteau, tous sont fabriqués à la forge, pinces, tenailles, étampes, ciseaux, ... On découvre les manières de frapper le métal, et les beaux mots qui vont avec : contreforger, étamper, raceler, écoquer, frapper à devant ...
Surcouer et écouer ont rapport avec la queue des chevaux, car c'est la tâche du forgeron de la couper et cautériser – un cheval de ferme serait ridicule sinon et puis la queue qui bat gêne le travailleur. Jean-Loup Trassard vous explique la coupe et la récupération du crin, pour un chasse-mouches lorsque les bêtes s'impatienteraient dans la cour pour être ferrées...

[...]

Dans cet ouest profond, la Mayenne, Alexandre a commencé vers seize ans comme apprenti dans une forge voisine à une vingtaine de kilomètres. Pour revenir voir ses amis, il faisait parfois l'aller-retour dans la même journée !
J'ai l'impression qu'avec le progrès, nous avons laissé quelque chose de bien derrière nous. C'est un peu bateau de le dire, le développement technique est là et on en profite, mais quand même, cette lenteur des choses, ce goût de l'artisanat nécessaire, la proximité des travailleurs de la terre et du fer, cette adhésion au rythme des jours et des saisons : je suis né que cela finissait, je crois. Heureusement qu'il y a les livres et de (vrais) écrivains ...

(Billet complet sur le blog Marque-pages)
Lien : http://christianwery.blogspo..
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Un magnifique récit. Celui d'un monde qui disparaît, un monde rural gagné peu à peu par la modernité. Jean-Loup Trassard rencontre Alexandre Houssais, un vieux forgeron mayennais qui va éteindre définitivement sa forge. Parce qu'aujourd'hui plus personne n'a besoin d'un forgeron pour les socs de sa charrue et que les tracteurs ont remplacé depuis longtemps les juments.
Pas de nostalgie ou de "c'était mieux avant", mais le portrait d'un homme et de son métier, de la puissance du feu, de ses outils, de sa langue. Un texte court mais puissant.
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Absolument passionnant. Comme un documentaire imagé, sympathique. On apprend tout sur le métier de forgeron. Jean-loup Trassard a le talent de nous intéresser a ces métiers presque oubliés. J'avais beaucoup aimé aussi "L'homme des haies" et appris par la même occasion un vocabulaire bien spécifique et méconnu pour moi'
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critiques presse (1)
Bibliobs
02 juin 2015
Voici un récit magnifique et parfaitement inactuel. L’émotion qu’on éprouve à le lire doit beaucoup à la beauté ferrugineuse de sa prose, à la grandeur du modeste personnage qu’elle célèbre, mais aussi à la lumière crépusculaire qui nimbe cette publication.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Toujours envie de faire entendre ma campagne à Paris ou ailleurs. Vous pensez que ça ne sert à rien ? Je suis d’accord. Surtout que ce n’est pas la vie d’aujourd’hui mais une dont la campagne elle- même ne veut plus entendre parler, par honte sans doute de ce qu’ils ont été, culs- terreux, ainsi nommés dans les petites villes de la région si fières de leur esprit étroit. Ils se vêtent maintenant de modernisme, l’oreille pendue, eux aussi, au téléphone si miniature dans leur grosse main travailleuse de force.
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Du ciel bleu, on en voit, mais on ne le tient pas, la pluie, le vent vite revenus et il fait sombre dans la forge, pourtant voilà le théâtre de ce combat entre fer et feu que je vous montre, rythmé par le marteau, ébruité par l’enclume sonnante. Je me figure un combat sans savoir, peut- être une alliance plutôt entre ces éléments, scellée par l’eau qui crache et feule !
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Ne vous connaissant pas encore (l'auteur s'adresse au lecteur), je m'avoue au contraire incertain : Est-ce qu'il vous plaira de nous suivre, celui qui tenait le marteau, celui qui tient la plume ? Enfin, l'histoire commence ici, elle arrive par les vieux chemins. (p.13)
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Videos de Jean-Loup Trassard (11) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jean-Loup Trassard
La Fête du Livre de Bron propose chaque année une journée de réflexion sur des enjeux majeurs de la littérature contemporaine. le vendredi 8 mars 2019, nous proposions un focus sur les liens entre littérature, nature sauvage, grands espaces, sciences humaines et environnement. Lors de cette 33ème édition, nous avions la chance d'accueillir Pierre Schoentjes, professeur à l'Université de Gand, spécialiste du « nature writing » en langue française pour un grand entretien exceptionnel, animé par Thierry Guichard, à revivre ici en intégralité.
Dans Ecopoétique, Pierre Schoentjes étudie les spécificités du « nature writing » en langue française – le terroir plus que la terre, le lieu plutôt que le paysage, l'esthétique plutôt que l'éthique – en délimitant un corpus littéraire constitué d'écrivains comme Jean-Loup Trassard, Pierre Gascar, Charles-Ferdinand Ramuz ou Philippe Jaccottet. Mais il explore aussi les oeuvres d'écrivains très contemporains comme Emmanuelle Pagano, Belinda Cannone ou Marie-Hélène Lafon. En partenariat avec l'Université Lyon 2, la Médiathèque Départementale du Rhône et Médiat Rhône-Alpes.
©Garage Productions.
Un grand merci à Stéphane Cayrol, Julien Prudent et David Mamousse.
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