... il est urgent d'articuler les stratégies classiques à un refus plus radical opposé à l'informatisation du monde... ce dont nous avons besoin, ce n'est pas d'un patch logiciel, d'un bricolage juridique, ni même d'un peu d'éthique. Ce qu'il nous faut d'abord et avant tout, c'est arrêter la machine.
Après un demi-siècle d’informatisation du monde, on pourrait continuer à recycler, sans plus trop y croire, les mêmes discours et les mêmes recettes pour éviter que l’informatique ne nuise aux libertés. Sauf qu’en attendant, nous perdons l’essentiel des batailles. Pendant ce temps, les nuages s’amoncellent.
Or, si l’utopie Internet a aujourd’hui du plomb dans l’aile, si les dystopies qui semblaient l’apanage de la littérature de science-fiction paraissent prendre corps sous nos yeux, ce n’est pas seulement parce qu’Internet est aux avant-postes des mutations du capitalisme contemporain. C’est aussi parce que, face à la crise induite par cette technologie, l’État aura finalement réussi à « passer l’épreuve », en rétablissant des formes efficaces de contrôle des communications. Ce faisant, il parfait aussi l’usage d’une machine informatique toujours plus puissante dans les dispositifs de contrôle social.
L'Etat est d'abord et avant tout un type de rationalité. C'est la fameuse "raison d'Etat" qui prend forme à partir du XVIe siècle et qui repose sur cette idée radicale que l'Etat constitue sa propre fin. Il n'est pas un instrument au service de la loi divine ni du "bien commun", mais est principalement régi par l'objectif de son propre renforcement.
Dans ce mouvement paradoxal, le secret, la surveillance du peuple, la censure, la régulation des métiers du livre et la propagande constituent autant de techniques de gouvernement censées permettre à l'Etat d'imposer ses raisons en échappant à l'impératif de justification et à la controverse, pour ainsi mieux affirmer son autorité.
Le numérique, une révolution sociétale ?
Internet, algorithmes, smartphone, intelligence artifi cielle, Big Data, l'arrivée du numérique dans nos sociétés suscite de nombreuses interprétations, fantasmes et inquiétudes. le temps d'une soirée, le collectif LIBREST vous propose, à travers un choix pluri-disciplinaire, un regard riche et original sur la place du numérique dans nos vies individuelles et collectives, autour des titres et auteurs suivants :
- "Les nouveaux travailleurs des applis", Dominique Méda et Sarah Abdelnour, Puf/La Vie des idées
- "Archiver la mémoire : de l'histoire orale au patrimoine immatériel", Florence Descamps, Éditions-EHESS
- "L'utopie déchue : une contre-histoire d'internet, XVe-XXIe siècle"
Felix Tréguer, Fayard
- "Les possédés : comment la nouvelle oligarchie de la tech a pris le contrôle de nos vies", Lauren Boudard et Dan Geiselhart, Les Éditions Arkhê
- "Les oubliées du numérique", Isabelle Collet, le Passeur Éditeur
Inscription : https://www.librest.com/nos-rendez-vous/14-novembre-2019/3953-rentree-sciences-humaines-librest-2019
Cette soirée est en partenariat avec les Éditions-EHESS. Un grand merci à eux !
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