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EAN : 9782413010265
128 pages
Delcourt Littérature (22/08/2018)
3.75/5   73 notes
Résumé :
C’est le jour sans doute où un vieil Indien lui a confié Dan, un chiot. Lorsque Benoît Lévesque est rentré à Montréal ce jour-là, il a fermé pour la vie son cabinet dentaire et les volets de son grand appartement. Ce n’est pas un endroit pour Dan, alors Benoît décide de s’installer pour de bon dans son chalet du Saguenay, au cœur du parc national.

Il y mène une vie solitaire et tr... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (34) Voir plus Ajouter une critique
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J'ai comme un gros coup de blues, le roman fini. Ce n'est pas le blues cajun de la Louisiane mais le blues silencieux et pénétrant des hautes montagnes forestières de Saguenay au Québec.
Dans ma jeunesse, j'avais adoré Maria Chapdelaine de Louis Hémon et le film éponyme avec la talentueuse Carole Laure. C'est donc avec plaisir que j'ai renoué avec la langue et la culture de cet immense pays que l'été indien pare de ses plus beaux atours.

C'est l'automne et la chasse va bientôt commencer avant l'arrivée du grand froid. Tandis que les hommes au village se préparent, la présence d'un loup sème le trouble et réveillent de fortes animosités . C'est aussi l'automne dans le coeur d'un homme, le narrateur. Pris au piège de ses propres filets qu'il s'est tendu et confronté à la maladie de son vieux chien Dan, le vieil homme est comme un loup acculé à se regarder en face sans détour et sans complaisance : ‘J'avais été heureux, comblé et odieux ».
Il se rêvait d'être Jack London, les regrets s'amassent en tas de feuilles depuis l' époque où il n'a pas voulu ou su comprendre sa fille Carole.

C'est incisif, atrocement mélancolique et profondément humain. Un western canadien où le décor du chalet perdu dans la forêt renforce de manière vertigineuse le sentiment de finitude malgré quelques amitiés certaines. le moment du livre est un présent déstabilisant, une rupture entre le passé qui n'est plus et un avenir qui s'échappe. le présent est à construire dans la perte malgré le manque de repères.
Le texte m'a touché parce qu'il parle des choses de la vie, le quotidien simple mais bien rempli d'hommes et de femmes, Rémi, Odette, Mina, vivants ou disparus, ils sont la sève dont nous avons besoin pour exister.
Les paroles sont brèves, les regards disent tout, ce peu dans l'économie des mots fabrique prodigieusement ce plein d'émotions qui m'a traversé tout au long du roman. le temps paraît figé mais inéluctablement l'univers n'arrête pas sa course. le ponant est là, dans les yeux de cet homme que des nuits d'insomnies renforcent la capacité à se voir en lui-même aussi nettement que s'il se regardait dans les eaux d'un lac gelé.

Merci à Babelio et aux éditions Delcourt pour ce très beau moment de lecture.

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Un livre court (125 pages) et dépouillé, la trame en est simple :
c'est Benoît Levesque qui nous la conte : il était un dentiste très aisé, peu soucieux des siens, sa femme l'a quitté, sa fille a des problèmes psychologiques mais seules lui importaient ses chasses et son hydravion qui lui permettait de voler vers le nord. Il se définissait odieux…
Tout a été chamboulé lorsqu'un indien lui a déposé dans les bras Dan, un chien ; il quitte son bel appartement de Montréal, vend son hydravion, remet son cabinet et s'installe dans un chalet dans le parc national de Saguenay.

Il y découvre une vie simple au contact de la nature, y vit seul, n'a que quelques rares amis mais avec qui le contact est vrai. Dan, son compagnon, va mourir et il en est bouleversé…
En filigrane, la vie du village est tendue suite à l'apparition de loups qui réveille de vieilles rivalités

J'ai beaucoup aimé ce bref récit, tout en nuance et qui est une méditation sur la nature, les cycles du temps, la vie, l'amitié, les conflits, la vieillesse, et bien entendu la mort, inéluctable…
Les personnages sont attachants, Benoît qui se découvre un autre homme, lucide, attentif aux autres, à sa fille et à son chien, Rémi l'ami bourru, avare de mots et de simagrées, Mina vielle femme qui vit seule mais est au courant de tout, qui a un jour placé sur la roulotte où elle vendait du matériel aux chasseurs un écriteau avec la mention « Fermé pour la vie », Odette la vétérinaire qui a des problèmes avec la boisson, est angoissée par son futur et enfin Carole, sa fille qui se cherche.

Tous les sentiments importants trouvent place dans le roman : la tristesse, la résilience, l'amitié et l'acceptation.

J'ai aimé que tout me soit présenté d'une manière stylistique simple mais subtile.

J'ai aimé ces mots et locutions qui m'ont fait consulter un dictionnaire des québécismes (pourvoirie, flanc-mou, « tu tiens ça mort », etc.).

J'ai ressenti à la fin de L'habitude des bêtes la même émotion et la même plénitude que celle que j'éprouve en écoutant la cantate Ich habe genug de Bach, là aussi le chanteur évoque sa vie accomplie, il peut à présent fermer les yeux…


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Un jour, Benoît a compris. Compris que toute sa vie passée dans le cocon luxueux de son quotidien n'était qu'un leurre, une illusion confortable. Une existence bien réglée, longtemps organisée de la manière suivante : au travail, la plupart du temps, à exercer son métier de dentiste ; au coeur du parc national, dès que possible, avec son groupe d'amis, « docteurs, ingénieurs, boss d'usines » comme lui, autant de miroirs complices de ses absences et de ses dépenses accumulées, en huîtres ou bouteilles hors de prix. Un comportement de célibataire égoïste pour un homme marié et père. « Odieux », c'est le jugement qu'il porte sur l'homme qu'il a été pendant de nombreuses années. Il a délaissé sa femme, qui a fini par le quitter, il a oublié sa fille, qui souffrait d'un véritable mal être. Mais un jour donc, Benoît a compris. le temps qui passe, la maturité et Dan, ce chien qu'on lui a confié et dont il n'a pas pu se défaire, vont éveiller sa conscience. Dan en particulier, par sa force tranquille et sa fragilité, va lui faire comprendre que la vie est aussi fugace que précieuse.
J'aurais vraiment aimé avoir un avis plus tranché sur ce roman, mais je dois reconnaître qu'il m'a un peu déçue et ce n'est pas exactement ce à quoi je m'attendais. La réflexion sur la mort et tout ce qui il y a à régler avant de partir, avec les autres, avec soi-même, est intéressante et elle est, finalement le coeur du roman. Les relations avec le clan des chasseurs ne sont qu'esquissées. Ils sont là, en toile de fond, comme une présence menaçante pour la nature aussi bien que pour l'homme, il n'était effectivement peut-être pas nécessaire d'en dire plus. Il n'y a rien à dire sur le personnage de Benoît que je trouve intéressant, il a complètement gommé ce côté « odieux » qui est évoqué dans le premier chapitre et apparaît plutôt comme un homme bienveillant, presque un sage, apaisé par le temps et par cette liberté que lui offre la vie à Saguenay. Rien à dire non plus sur le rapport qu'il entretient avec Dan, sur la présence essentielle de ce « personnage » au sein du roman, il est un compagnon de route et au-delà, un appui, un passeur. En revanche, j'attendais qu'un autre élément – je n'ose écrire « personnage » mais l'idée est là pourtant –, soit plus présent : la nature. C'est un élément mis en avant sur la quatrième de couverture : « ce roman au décor grandiose ». Eh bien, non, vraiment, je n'ai pas trouvé que cette nature dans laquelle Benoît puise son bonheur était si présente. Il n'y a véritablement pas de pause qui nous permette d'en profiter. La nature est évoquée certes, mais à travers le discours des personnages. Elle est mentionnée par le narrateur, qui n'est autre que Benoît lui-même, mais à chaque fois que l'on pourrait s'attendre à un passage contemplatif, un changement de ton intervient, sorte de retour à la réalité privant le lecteur de l'évasion promise. Par exemple au premier chapitre : « J'avais besoin de marcher. J'ai pris le bord de chez Mina, ça me ferait longer le lac. La lumière était magnifique. Il ne me faut que quelques minutes près du lac pour que tout rentre dans l'ordre. Je ne pouvais plus grand-chose pour Carole, et lorsque j'aurais pu faire quelque chose, je ne l'ai pas fait. » La lectrice que je suis aurait bien aimé profiter davantage de ce lac… Dommage !

Lien : http://aperto.libro.over-blo..
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L'HABITUDE DES BÊTES de Lise Tremblay
Éditions Delcourt

******** C O U P d'E C O E U R ********

Lorsque #Léatouchbook a proposé un double partenariat avec les éditions #Delcourt sur le #PicaboRiverBookClub, "L'habitude des bêtes" s'est immédiatement imposé à moi rien que par le titre... et bien m'en a pris puisque j'ai eu un énorme COUP DE COEUR pour cette lecture.

Ce livre s'apparente plus à une longue nouvelle qu'à un roman, mais peu importe car ces 124 pages m'ont bouleversée, du début à la fin, à tel point qu'il m'est difficile d'en parler car je n'arrive pas à mettre des mots sur mes émotions... En terme de couleur, je dirais que ce livre décline toutes les nuances des bleus existants sur la palette d'un peintre...

C'est un texte subtil, tout en finesse qui parle de la vulnérabilité de la vie face à la mort et du voyage intérieur que certains êtres humains accomplissent, souvent malgré eux, pour acquérir un peu plus de sagesse.

Le seul drame de ce livre est celui de la vie, il n'y a pas d'action spectaculaire sinon celle du quotidien mais Lise Tremblay est le genre d'auteur qui vous chuchote à l'oreille pour mieux parler à votre coeur... et je remercie les éditions Delcourt pour me l'avoir fait découvrir.

Un gros COUP DE COEUR pour cette lecture et pour l'auteur dont je vais très vite me procurer les livres précédents.
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Livre comptant moins de 130 pages et pourtant, il m'a littéralement transportée. Ce livre est à la fois touchant et fort. L'auteure a un style d'écriture absolument accrocheur. En moins de 5 pages, je me trouvais avec Benoît au fin fond du Canada, au milieu de ces immenses forêts remplies de mystères du Saguenay, en plein Québec.

Belge, j'ai aimé trouver des expressions typiquement québécoises forcément dépaysantes pour moi. Mais, en plus, quelle atmosphère si spéciale entoure ce roman! On ne peut qu'en être charmé et captivé. Roman sur l'acceptation, la résignation, le pardon, en peu de mots, Lisa Tremblay parvient à vous faire passer par tant de sentiments si antonymes que cela en est troublant mais aussi attachant !

Une certaine nostalgie m'a étreinte dès la dernière page tournée. En effet, ce livre est court mais j'y serais bien restée plus longtemps, tant je m'y suis plue.
Lien : https://www.musemaniasbooks...
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critiques presse (1)
LeJournaldeQuebec
09 octobre 2017
Écrivaine de talent célébrée au Québec et à l’étranger — particulièrement en Scandinavie — Lise Tremblay explore les forces solaires et les forces de l’ombre qui s’opposent dans les bois et les petits villages du Saguenay dans son nouveau roman, L’habitude des bêtes.
Lire la critique sur le site : LeJournaldeQuebec
Citations et extraits (21) Voir plus Ajouter une citation
Mina m’a dit qu’elle n’irait plus chez le docteur. Ça donnait du trouble à Rémi, pis y avait longtemps qu’elle avait décidé que, passé quatre-vingt-cinq ans, elle arrêterait tout ça. Elle l’avait dit au flanc-mou de Talbot. Elle voulait que la secrétaire arrête de l’appeler pour les rendez-vous. Elle ne voulait que ses pilules pour la pression parce qu’elle ne voulait pas devenir paralysée comme sa mère. Un matin, le docteur lui avait téléphoné lui-même. Mina riait.
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Je n'avais jamais eu de chien à moi. A la pourvoirie, les chiens, c'était l'affaire des guides. Je ne savais pas quoi faire, je ne pouvais pas le jeter sur la piste devant tout le monde. Le vol vers le sud avait été mouvementé. J'avais peur que le chiot vomisse ou pisse sur moi. Ce n'est pas arrivé. J'ai gardé Dan.
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Quand je vois tout ça, je me dis que mourir, c’est pas si pire que ça. A un moment donné, c’est le temps. Pis c’est tout. La seule place où je veux continuer d’aller, c’est chez ma coiffeuse. La coiffeuse, elle me fait plus de bien que le docteur.
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Elle a eu un geste étonnant, elle m’a caressé la joue. Elle avait trop l’habitude des bêtes.
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J'avais été heureux, comblé et odieux. Je le savais. En vieillissant, je m’en suis rendu compte, mais il était trop tard. Je n’avais pas su être bon. La bonté m’est venue après, je ne peux pas dire quand exactement.
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Lise Tremblay - L'habitude des bêtes
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