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Isadora est vieille maintenant. de sa maison de retraite, elle se remémore son histoire.
Elle a vécu toute sa vie dans la maison de son enfance qu'elle a sacralisée.

Petite, elle lisait chaque été le même livre, qui racontait un récit similaire à celui qui deviendra le sien. Selon elle, c'est ce livre qui a façonné sa personnalité.

Elle se souvient de son enfance heureuse et joyeuse avec ses frères et soeurs, des jeux interminables dans le jardin, des cabanes, de sa relation pleine de tendresse avec Harriett, sa petite soeur adorée.
Une maison pleine de vie qui va peu à peu se vider au fil des ans. Une grande fratrie turbulente et joyeuse qui contraste avec la solitude finale.
Une vie racontée sur quatre saisons, avec l'inlassable combat pour rester dans cette maison. Un combat qui frise la névrose.

Pas de dialogues dans ce sublime roman qui parle du temps qui s'enfuit, du rapport aux souvenirs, de la fragilité de la vie. La mémoire ne fixe pas les mots.
Un livre qui s'étire délicieusement et où tout est dans la description, l'évocation et la sensorialité.
Perrine Tripier a en quelque sorte l'oreille absolue. Elle a cette faculté extraordinaire d'utiliser l'écriture comme le prolongement des sens.
Elle prend son temps pour dérouler son récit nostalgique teinté d'amertume. Et c'est merveilleusement orchestré.

À travers les saisons, on comprend que la perception évolue selon les âges. le passé se déforme. Un moment, Louisa, la grande soeur, et Isadora vont confronter leurs souvenirs. Elles vont constater qu'elles n'ont souvent pas vécu les événements de la même manière. Les souvenirs ne sont pas infaillibles, car ils sont idéalisés et personnels.
Au plus Isadora vieillit, au plus la maison s'épuise. Elle est le deuxième personnage du livre, inquiétant et presque humain.

Perrine Tripier a vingt-quatre ans et signe ici son premier roman. Elle dessine, peint, sculpte, filme son histoire avec un talent fou. Je ne peux que recommander vivement ce livre.
À lire absolument.
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Infiniement touchée par ce roman. Une écriture immersive nous entraînant dans les pensées et souvenirs d'une vieille dame qui doit abandonner une maison à laquelle elle est viscéralement attachée pour aller dans une institution. Par la magie de sa mémoire, elle redonne vie à cette maison tant aimée pour laquelle elle a pu abandonner amours et horizons lointains. L'autrice excelle à décrire les sensations, odeurs, bruits, émotions, pensées, souvenirs ; par la magie de sa plume, la narratrice redevient une enfant et nous aussi. Elle sait si bien décrire ce sentiment de nostalgie d'une maison de famille où parents, oncles, tantes, cousins étaient tous présents, une maison où les repas s'éternisaient, où l'on riait, où l'on parlait fort... L'odeur du café et des tartines grillées qui se répandait au réveil de la maisonnée, le bruit des pas du tonton dans les escaliers, les jeux des enfants et leur monde imaginaire..Merci à Perrine Tripier pour ce voyage immersif dans mon enfance, je ressors de cette lecture à la fois heureuse et la gorge serrée. Perrine Tripier m'a transportée tout à la fois dans la maison de famille en lisière de forêt que j'ai eu la chance de connaître et dans le jardin de ma grand-mère où dès le petit matin j'allais pieds nus pendant les vacances d'été...
Un roman intime et universel à la fois, porté par une très belle écriture.

Ce choix pour l'item 36 "Un livre récompensé par un prix littéraire à compter de 2014 "du Challenge Plumes Féminines 2024.
Les Guerres Précieuses a obtenu le Prix Aznavour en 2023.
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Je n'ai pas rédigé ma note immédiatement après ma lecture et j'avoue avoir du mal à me souvenir de mon ressenti. le souci avec les auteurs lus dernièrement est que je les trouve plaisants à lire dans l'instant mais, finalement il ne m'en reste que peu de souvenirs. J'aime bien les lire, j'en aime les phrases, mais je n'ai que peu d'émotions. C'est bien écrit, pourtant ils ne restent pas dans ma mémoire. Je n'ose dire que je les trouve « fades ».
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Une plongée dans les saisons de l'âme

Les souvenirs s'égrènent au rythme des saisons.

Été
Automne
Hiver
Printemps

Nous suivons des instantanés de la vie d'Isadora Aberfletch et de sa famille dans la Maison. Isadora, aujourd'hui au crépuscule de sa vie, viscéralement attachée à la Maison, au point de renoncer au mariage, je dirais même à la vie, d'une certaine façon, se raconte, nostalgique, mélancolique.

Enfance
Adolescence
Âge mûr
Vieillesse

Les échappées sylvestres
Les jeux
Les cabanes
Les baignades
Les rires
Les peines
Les deuils

Ici, la véritable héroïne est la Maison.

Ce récit, où le passé se conjugue brièvement avec le présent, est une expérience contemplative, qui je l'admets m'a parfois ennuyée, mais qui m'a finalement conquise par sa maîtrise, sa douceur, et sa grâce ; un récit qui fut somme toute un ravissement.

Car il faut dire que c'est vraiment bien écrit, très bien écrit même. Quelle maîtrise pour un premier roman, pour une autrice de seulement 24 ans.

J'ai été charmée par cette belle écriture quelque peu surranée, finement ciselée, poétique, organique.

Je ne me suis pas particulièrement attachée à Isadora mais je l'ai entendue, et peut-être même comprise.

Un roman à savourer lentement, à déguster par petites touches.
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Premier roman figurant dans la « short list » finale, parmi les 5 ouvrages du prix orange des lecteurs 2023.
Isadora, âgée est maintenant pensionnaire d'un maison de retraite et elle se souvient de « La Maison », personnage principal de la narration qui concentre toute l'attention du lecteur au fur et mesure des évocations d'un passé, révolu temporellement, mais encore bien vivant dans la tête d'isadora. Réminiscences d'un passé heureux broyé dans la moulinette d'une écrivaine au talent certain, avec beaucoup de couleurs, d'odeurs, de poésie qui font revivre une famille dont la vie et le destin sont intimement liés à la maison qui les as abrité.
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Les guerres précieuses de Perrine Tripier
Gallimard

« Nous laissions les journées s'écouler comme un filet de lumière liquide. C'était le temps précieux des heures élastiques, des matinées évanescentes, des après-midi infinies. »

Dans la chambre jaune de sa maison de retraite aseptisée, Isadora se souvient. Elle ouvre une boite, regarde les photos d'avant, repasse ses souvenirs. Elle revisite les saisons dans cette maison qu'elle a passionnément, déraisonnablement aimé.
L'été, temps béni de l'enfance, se caractérisait par l'arrivée joyeuse des cousines et d'Aleksander, c'était le temps des cabanes et des baignades dans l'étang bleu, les courses contre le vent, les verres d'eau qu'ils avaient à peine le temps d'avaler, et les veillées à la lampe dans le grenier, territoire de Klaus, son frère.
Dans son vieil âge, Isadora ressent fortement la nostalgie de cette saison, l'été dans la maison aux façades de bois blanc. Ils étaient là, encore, tous : la fratrie Aberfletch : Louisa, Klaus, Harriet et elle, Isadora.
« Je n'ai jamais pardonné à l'automne les deuils »
L'automne si doux, s'est, un jour, fait cruel, les cousins se sont faits rare, seule la fascinante tante Babel continuait à passer un hiver clément à la maison, elle revenait des bains et prolongeait sa cure en famille. Ses robes, ses fanfreluches, ses histoires d'amours et ses amants éconduits.
Mais après la disparition d'Harriet, la plus jeune, plus rien ne sera pareil dans la maison, Petit Père à son tour tirera sa révérence.
L'hiver de la maturité, Isadora, seule dans sa maison fantasmée, Louisa ne la comprend pas, il faudrait vendre. Isadora ne s'y résout pas. Elle vit dans le souvenir de sa jeune soeur Harriet qu'elle retient dans cette vie par la puissance de sa mémoire. Il y a aussi quelques amants de passage, Oktav, et les armoires pleines de vieilleries aux odeurs d'autrefois.
Le printemps voit un retour de situation, Isadora est devenue vieille, la maison s'est délabrée, elle est presque hostile envers cette hôtesse qui lui a tant donné. La décision ne pouvait venir que d'elle.
Isadora se résout aux adieux.
Combien j'aurais aimé déambuler dans cette maison de famille ! Perrine Tripier est une jeune auteure habile, douée, elle à écrit son roman avec des pinceaux, comme Monet aurait peint un tableau, des impressions, des sensations, une touche de nostalgie, une autre de mélancolie.
On entend le plancher craquer, on sent le vent fouetter les visages, la lumière de l'été, la douceur de l'automne ; puis l'hiver et un nouveau printemps.
Quelle réussite ce roman !


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« Quand le présent est douloureux et le futur macabre, il est évident que l'on cherche en nous le chemin du passé, que l'on mobilise sa conscience à rebours du temps qui passe ».

Au crépuscule de sa vie, Isadora s'étiole entre les quatre murs jaunes de la triste maison de retraite où elle s'est résigné à emménager. Seule, elle peine à reconnaître son corps ravagé par les affres du temps, mais son esprit toujours vif s'évade vers la Maison. Cette maison où elle a toujours vécu, cette maison où elle a connu joies et peines, cette maison qu'elle espérait ne jamais quitter, pour laquelle elle a tout sacrifié. Par le souvenir elle convoque tous ceux qui ont compté pour elle et elle revisite les saisons de sa vie. Les étés où toute la famille se retrouvait dans une douce insouciance et une joyeuse pagaille. Les automnes qui signaient les départs vers l'école, et réveillaient la mélancolie. Les hivers rigoureux, marqués par les deuils et la solitude. Les printemps enfin, saison de l'éveil, des mariages et des retrouvailles, de la douceur et de la gratitude. Déclaration d'amour nostalgique et délicate à cette maison et surtout à sa petite soeur Harriett dont le départ prématuré restera la plus grande douleur de sa vie.

Qu'est-ce qui fait l'essence d'une vie? Que reste t-il d'une existence lorsque l'on s'achemine inexorablement vers son terme? C'est ce que ce très beau livre explore avec une douceur infinie. C'est la plume qui d'abord m'a séduite. Travaillée, riche, douce et caressante, elle enveloppe de sensibilité la nostalgie du propos. Poétique aussi et évocatrice, gorgée d'images superbes illustrant l'humilité de cette vie simple. C'est le propos ensuite qui m'a conquise, servi par une construction originale et réussie. Et il en faut du talent pour donner autant de relief à des événements somme toute banals. Sans jamais citer de leu ou d'époque, l'auteur réussit à nous transporter dans cette maison, à nous plonger au coeur de la forêt voisine, à nous faire entendre les rires d'enfants, à nous faire sentir la morsure du froid et l'étreinte du vide quand la solitude gagne. C'est une ode à la vie, une ode à la famille, tout en simplicité, sans grandiloquence, mais que c'est beau et combien c'est touchant. Que l'on soit jeune ou vieux, que l'on soit parent ou enfant ce roman touche notre part d'intime et il est impossible de ne pas s'émouvoir.
C'est un premier roman et l'auteur est toute jeune. Impressionnant et troublant, tant on imagine une vieille âme pleine de sagesse pour avoir autant à nous dire sur la vie.
Un joli coup de coeur à partager et à faire découvrir

Lu dans le cadre du Prix Orange du Livre 2023
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Ce livre est un pur enchantement !
J'ai été éblouie par la musique des mots si gracieux, si raffinés.
Il faut un sacré talent pour évoquer, à 24 ans, la passion immodérée jusqu'à la névrose qu'une vieille femme éprouve pour sa maison d'enfance,
qui l'aime avec plus de flamme qu'elle n'en n'a eu pour ses amants, elle, la gardienne du temple de ce paradis perdu .
Méfions-nous de ses grandes maisons cossues qui vous attrapent le coeur à jamais." On épouse une maison" . Karen Blixen, Colette et bien d'autres écrivains l'ont si bien dit!
Quand la grande bâtisse en bois blanc vieillit en même temps que vous, qu'elle se décrépite au fur et à mesure que vos cheveux blanchissent, la mémoire doit tenir bon. Alors commence l'histoire d'Isadora où surgissent des réminiscences de bonheur et de grands chagrins aussi.
En quatre saisons, Isadora, en Ehpad, nous livre ses souvenirs avec sa fratrie de l'été à l'hiver de sa vie.
Dès les premières pages on entre dans l'intimité de la maison, les effluves capiteuses de fleurs, de résine, de mousse vous envahissent.
Les murs retentissent de cris d'enfants dévalant l'escalier en bois brun qui craque. Vite engloutir les tartines. Vite construire des cabanes .
la trompette du grand frère Klaus a réveillé toute la maisonnée !
les soirs d'été dans le jardin entre le bouleau et les sapins bleus, des rires adultes s'échappent des grandes tablées .
le personnage romanesque "de la vieille délurée" qu'est la grand-tante Babel pimente le roman de fantaisie.
​La liberté totale des jours d'été se teintent de merveilleux mais les années s'écoulant, Isadora est arrivée à un point de rupture.
Elle ne cesse de ressasser, de revoir le bonheur s'éloigner. Même les amis musiciens de Klaus ou ses petits neveux sont pour elle des envahisseurs !

Avec l'automne, alors qu'elle est adulte, un drame est arrivé. Jamais Isadora ne s'en remettra.
Isadora voulait la maison figée dans les jours heureux de l'enfance, c'était son royaume à défendre, sa "guerre précieuse " une obsession qui frôle la folie.
vous aussi elle va vous attraper cette maison.
Vous aussi vous ressentirez le chagrin de la vieille dame dans son écrin"de solitude et de douleur".
Vous aussi l'élégance de l'écriture vous séduira.
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Ceci est une pépite. Superbe Premier roman, écrit avec virtuose et poésie. Ce livre raconte la joie qu'Isadora Aberfletch, ressent dès sa plus tendre enfance, à vivre dans la maison familiale, de ne jamais avoir à la quitter. C'est son voeu le plus cher, qu'elle réalisera.

Elle raconte toute son enfance à jouer avec ses frères et soeurs et cousins et cousines dans cette maison familiale où régnait le bonheur. Les étés fabuleux à jouer, à construire des maisons dans la forêt, à faire toutes sortes d'espiègleries dont sont capables les enfants. Cet état de plénitude va durer jusqu'à l'adolescence, où au grand désespoir d'Isadora, les enfants grandissent et ont d'autres aspirations. Les grands quittent le foyer pour aller à l'internat, suivre leurs études et vivre une autre vie loin de la maison.
Isadora aussi connaîtra également un très grand amour. Mais, sans regret, elle lui tournera le dos afin de ne pas avoir à quitter sa chère maison. La Maison sera plus forte que tout.

Quelques temps, les uns et les autres reviendront pour les vacances à la maison sur qui veille Isadora. Puis, petit à petit, plus.

La vie d'Isadora est ponctuée par les saisons. Elles les apprécient toutes sauf l'automne, où elle se recroqueville sur elle-même, et elle ne reprend vie qu'avec l'arrivée de l'hiver. Puis, sa grande soeur la rejoindra un temps, après son divorce. Les deux soeurs vont enfin s'expliquer. Chacune à une vision de l'enfance différente, bien qu'ayant été élevées sous le même toit, et reçu la même éducation.

Et c'est aussi de cela que parle ce livre. de la perception que chacun peut avoir de son enfance.

Au-delà de l'histoire, ce livre est majestueux de par l'écriture, la poésie qui s'en dégage, les descriptions de l'enfance, des vicissitudes de la vie, de la solitude, de l'amitié, de la vieillesse, qui peu à peu, imprègne tout, aussi bien les gens que la maison. Maison qu'au grand désespoir il va bien falloir abandonner au bout du compte.

Chapeau Madame ! pour cette belle oeuvre. Pour un premier roman, c'est très réussi. Vous m'avez subjuguée et emportée avec vous. Et dire que vous n'aviez que 24 ans lorsque vous avez écrit ce livre ! D'où vous vient cette maturité ?

Une très belle lecture que je recommande chaudement.
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Un grand coup de coeur d'abord pour l'écriture qui m'a séduite dès les premières pages puis pour le récit lui-même.
Un tel premier roman à 24 ans, cela promet ( j'espère).
Une vieille dame, tout juste entrée dans un "hospice" revoit la Maison où elle a passé toute sa vie; une vie très riche en aventures enfantines, en famille élargie, en joie et en deuils.
Elle a choisi la solitude qui s'est installée peu à peu: les autres sont morts ou ont choisi la Ville.
On sent que la perte de sa "petite soeur" la laisse inconsolable: Harriett est morte dans un accident de voiture à près de trente ans mais c'est la petite fille qui reste dans les souvenirs d'Isadora, la narratrice.
La construction se fait au fil des saisons; l'été étant le grand moment de la famille élargie. "Le deuil d'un monde à chaque premier septembre".
Cette maison, il me semble la voir ainsi que la nature tout autour. Je me souviens de ces moments heureux où nous nous retrouvions très nombreux et la déprime qui surgissait après les départs. Cette maison ne nous appartenait pas; elle a été vendue et un grand vide s'est abattu; aussi ce livre me touche-t-il particulièrement mais c'est si beau que même moins concerné, cette lecture est un moment d'émotion .
Les noms propres et prénoms sont peu communs: Klaus, Isadora, Oktav etc. La famille Aberfletch
L'expression "guerres précieuses" n'apparait qu'à la toute fin.
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