Parfois, la seule vérité que les gens soient prêts à admettre est celle avec laquelle ils se réveillent le matin.
Le destin. La fatalité, Dieu. Du pipeau, tout ça. Les gens veulent que leur vie ait un sens. Ils veulent pouvoir s'asseoir sur un fauteuil comme des inspecteurs de police existentiels et analyser leur parcours jusqu'au moment présent, mettre le doigt sur les moments clés qui ont construit leur identité et les habiller rétrospectivement d'une sorte d'aura mystique, comme si les forces célestes de l'univers n'étaient qu'une équipe de scénaristes de série télé chargés de vous concocter des rebondissements ultracompliqués avant l'obligatoire happy end en fin de saison. Personne n'a envie de croire que tout cela est le seul fruit du hasard, que les directions prises par nos vies ne sont rien de plus qu'une série d'accidents, de minuscules champignons nucléaires dont nous subissons simplement les retombées.
Disons que mon visage a croisé la trajectoire de son poing.
(Doug parle de son beau-fils, Russ)
Nous pouvons nous parler comme des potes, vivre comme des colocataires, jouer pour chacun le rôle du frère que nous n’avons jamais eu, mais à un moment ou à un autre mon rôle de tuteur doit reprendre le dessus. S’il y a un adolescent au monde en manque d’un modèle masculin décent dans sa vie, c’est bien lui. Et qualifié ou non, c’est moi qui ai décroché ce job. Certes, ce fut une promotion obtenue d’arrache-pied, pourtant, malgré les failles de mon CV, j’espère me surprendre moi-même en faisant preuve d’une réserve de maturité inédite, accumulée au fond de moi tel un compte d’épargne encore intact, et d’une autorité et d’une sagesse qui n’entacheront en rien mon aura de mec cool. Si je n’ai pas encore vraiment réfléchi à la manière de gérer les questions plus délicates – sexe, drogues, absentéisme en cours, porno sur Internet –, Dieu m’est témoin que je peux au moins montrer le bon exemple.
Le véritable amour ne connaît pas de ligne droite.
Le ciel se fout de ma gueule. C’est l’un de ces ciels printaniers parfaits et militants, le genre qui en fait un peu trop, qui vous donne envie de le gifler en pleine face, bien plus bleu qu’il n’aurait le droit de l’être, ce bleu arrogant et écrasant sous entendant clairement que rester chez soi serait un crime contre l’humanité. Comme si j’avais quelque part où aller.
Vous aimiez l’ironie, vous allez adorer ma vie.
La perfection est une chose froide, artificielle et implacable. La véritable beauté se doit d’être ancrée quelque part, et ces petits défauts sont justement là pour ça.
Personne n’a envie de croire que tout cela est le seul fruit du hasard, que les directions prises par nos vies ne sont rien de plus qu’une série d’accidents, de minuscules champignons nucléaire dont nous subissons simplement les retombées.
… A vrai dire, j’ai fini par devenir très possessif de ma douleur et je ne tiens pas à la partager avec qui que ce soit.