Guide des films - Intégrale 2005 : 3 volumes

Dictionnaire qui vaut comme référence d'abord par le nombre important de films évoqués.

Les critiques rendent très inégalement justice aux films, il y a plusieurs contributeurs, et les disparités s'en ressentent. En particulier, je trouve très moyennes les critiques du contributeur principal, Jean Tulard (dont je déconseille tout autant le "Dictionnaire amoureux du Cinéma", chez Plon, véritable tue-l'amour).

Cette compilation est pour moi très en-dessous du "Dictionnaire des films" de Jacques Lourcelle, 3e volume de cette série de la collection Bouquins: recueil foisonnant mais lacunaire, croustillant mais partial, croustillant justement dans sa partialité. Comme le résume très bien le ciné-club de Caen: "Sans doute les meilleurs résumés jamais écrits, grande finesse dans l'analyse des films hollywoodiens, mais refus du cinéma moderne". Ma bible en matière de dictionnaire cinéma (et pourtant je n'ai rien contre le cinéma "moderne").

Jacques Lourcelle ne cache pas son attachement au cinéma classique d'avant les ruptures françaises et italiennes des années 60. On s'y retrouve ou pas, moi je trouve beaucoup de plaisir et de profit à observer par son prisme. À partager ses amours déjà: Hitchcock, Lubitsch, Lang, Preminger, Mizoguchi... Nombre de pages fameuses. À l'inverse, au musée de ses détestations, on se met à abhorrer, à sa suite, Resnais, Rohmer, Antonioni... à leur trouver mille points de reproches... puis à se positionner contre le livre lui-même... puis à revenir, encore et toujours, à ses arguments percutants. le livre de Lourcelle nous place, par ses avis acérés (qui n'excluent jamais la rigueur de pensée), dans un rapport dialectique aux oeuvres, qui est finalement la meilleure manière de rendre compte de leur complexité, et de leur rendre hommage.

Rien de tout cela ici, alors que l'ambition est comparable. Dans ce guide vert du cinéma mondial, on n'atteint jamais, ni la profondeur d'analyse, ni la qualité d'écriture du Lourcelle. Aussi, et ce que je trouve très embêtant, on ressent à sa lecture la mollesse d'un entre-deux critique très pudibond, comme si le livre n'assumait pas franchement ses partis pris. Ce que j'impute à une réflexion très en surface, et à un manque de regard directeur qui clarifierait la démarche.

Un des rares avis véritablement partial du livre, mais qui m'avait tout autant énervé: la critique négative de la "trilogie des dollars" de Sergio Leone... abattue à bout portant.
C'était un des rares moments où je trouvais que le livre sortait d'une certaine doxa. Mais de manière finalement convenue, et peu étayée: une sorte de posture snob, que n'accompagne pas une lecture critique très pertinente.

Qu'est-ce-qui m'incite donc à poster ce commentaire? À titre de souvenir en fait: le livre est relié à mes années post-bac, lorsque je le consultais avec avidité, en marge des piles de DVDs que je ramenais de la médiathèque... Il élargissait l'éventail de mes pérégrinations, par les découvertes spontanées au fil des pages, ou les liens de film à film. À ce titre, il reste un livre profitable. Et il vaudra toujours pour certaines anecdotes glanées par-ci par-là.

Sinon, ce livre était présent dans la bibliothèque de ma chère grand-mère: vieil exemplaire première édition, à la couverture cornée, rafistolée avec du scotch marron... Il évoque mes visites des vacances de Noël, lorsqu'il faisait noir le soir et qu'on patientait avant de se mettre à table... avant de manger une soupe chaude avec des "croûtons". C'est rempli de ce souvenir qu'il occupe maintenant, dans ma propre bibliothèque, une place particulière.



PS: Encore à titre comparatif, je trouve que "Le Siècle du Cinéma" de Vincent Pinel (chez Larousse), un livre qui fait le pari de condenser l'apport des films en 2-3 lignes, touche mieux, paradoxalement, l'intérêt des oeuvres.

Usuel indispensable sur le cinéma. Les étoiles attribuées le sont un peu comme sur babelio, selon une générosité aléatoire parfois, moins bienveillante d'autres. le collectif de critiques fait montre cependant d'un grand professionnalisme. On peut y glaner des listes de films mémorables à constituer soi-même, car le classement est fonction du titre du film.