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EAN : 9782259219228
448 pages
Plon (22/08/2013)
3.8/5   10 notes
Résumé :
Fils d'un ouvrier tué lors des occupations d'usine de Mai 1968, David Martin a grandi sur les vestiges d'un monde qu'il voit disparaître peu à peu, effacé par la mondialisation et la désindustrialisation. Un monde avec sa culture, son histoire, ses mythes et ses figures. Il y a les partisans du collectif, comme son oncle syndicaliste : de tous les combats, il voudrait voir renaître l'esprit de 1936 mais n'a jamais eu autant de peine à boucler ses fins de mois. Ceux ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Dans l'effervescence des élections présidentielles de 1981, David Martin traîne comme il peut son âme en peine et ses casseroles, au grand désespoir de son entourage qui ne sait comment donner des couleurs à sa vie. Il faut dire que sa jeune carcasse porte la marque d'un lourd passé familial et culturel : en mai 68, époque dont il n'a absolument aucun souvenir, son père a perdu la vie dans le cortège d'une manifestation. Difficile de se construire dans un village ouvrier sur le déclin, entre une mère impuissante face à son manque de motivation, un oncle ouvrier syndicaliste qui n'a de cesse d'essayer de le sensibiliser aux grandes causes sociales, ses grands parents plâtriers résignés à leur modeste condition...Surtout quand l'image du père absent reste entourée de brouillard à cause des non-dits. Seule sa copine Isabelle, rencontrée par hasard dans l'euphorie nocturne du 10 mai 1981 _ et dans les toilettes publiques _ semble pouvoir le tirer vers le haut, et encore...

Y a-t-il rien de plus actuel que cette histoire venue tout droit des années 1980, surtout quand on connaît un tant soit peu le milieu ouvrier ? Qui ne voit pas en David un jeune paumé de son voisinage, de sa famille, ou lui-même ? Qui aujourd'hui, surtout dans les zones rurales, n'entend pas le ressac nostalgique d'anciens ouvriers d'une usine fermée ? Ces lendemains qui déchantent après LA victoire de la Gauche salvatrice et pleine de promesses, celle qui est censée nous représenter, nous le "petit peuple", ne font-ils pas partie de notre actualité ? Franchement, je ne sais pas si je vais être capable de proposer un avis objectif sur ce roman où tout me parle. C'était le risque à prendre en choisissant dans la sélection de Masse Critique sur Babelio un ouvrage dont le résumé-même m'évoquait un environnement presque familier.

Le crépuscule d'un monde est bien un roman, et non pas un cours d'Histoire comme on pourrait le craindre. Pas évident pour l'auteur de peindre une "fresque familiale"* et sociale sur plusieurs décennies, dont l'évolution dépend clairement des événements historiques de l'époque, sans tomber dans le piège du catalogue de dates et des coupures de presse annexées. Mais Yves Turbergue y parvient. Bien sûr, on pourra peut-être lui reprocher d'aller un peu trop dans les détails, soucieux qu'il était de mettre des mots sur le monde ouvrier meurtri et toujours à vif en dépit de son silence et de son visage fermé. Des détails qui sonnent presque faux, et qui évoquent un docu-fiction, qu'on trouve "bien fait" sans pour autant y croire. En même temps, libre à ceux capables de faire mieux de l'ouvrir s'ils le souhaitent, je n'en fais pas partie. Considère que le pari est gagné pour un auteur qui s'est attaché à scruter les synapses de ses personnages principaux pour nous faire partager tout ce qu'ils ont de suite dans les idées. Résultat, un roman polyphonique à la fois entraînant et instructif, plein de propos heurtés, de phrases dans lesquelles le verbe a loupé le train, d'expressions locales.. mais d'où ? on n'en sait rien. le lieu de l'action reste mystérieux. Les personnages bougent vers la Nouvelle Calédonie, vers Marseille, vers une "ville universitaire", mais d'où viennent-ils ?

David le sait bien, lui, mais il ne demande pas mieux que d'en faire abstraction. La vie de misère, ou presque, de son entourage le dégoûte tellement que sa rencontre avec un oncle "différent" du reste de la famille lui met aussitôt les idées en vrac. La richesse, la liberté de ce parent décalé, le dédain qu'il suscite sont autant d'aimants pour un satellite sans orbite. Voilà, entre autres, où le bât blesse. L'ascension sociale a beau faire rêver, on ne se débarrasse pas aussi facilement qu'on le voudrait du lot de valeurs et de pensées véhiculées par sa "caste" ; surtout celles qui nous empêchent de croire en nous-même, celles qui font qu'on est pris au dépourvu lorsqu'on a l'opportunité de prendre les rennes d'une situation quelle qu'elle soit. Celles aussi qui nous rattachent à l'humanité et à notre bonne conscience. David l'apprendra à ses dépens, comme toujours, lors de son escapade marseillaise sur les traces de son oncle parvenu, et devra faire un choix : s'enrichir sur le dos des autres, en appliquant des méthodes douteuses ? ou préférer une vie modeste mais honnête, où le travail abrutissant et répétitif ne laisse guère de temps aux tours de passe-passe ? Peut-être se rendra-t-il compte qu'il est réellement imprégné de ce monde ouvrier sur lequel il crache depuis qu'il s'essaye à raisonner.

Aucune épopée familiale ne m'avait autant captivée depuis Des grives aux loups et Les palombes ne passeront plus de Michelet. D'ailleurs, il m'y a souvent fait penser.

* Voir le quatrième de couverture
Lien : http://pulco-suivezlepapillo..
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Le crépuscule d'un monde est avant tout une épopée familiale. Plusieurs générations se côtoient sans réellement se comprendre. On suit le parcours du jeune David Martin – dont le père fut tué en mai 68 – un adolescent un peu perdu au sein d'un monde qu'il comprend à peine. Même si il aime son grand-père, il se demande comment fait celui-ci pour continuer à effectuer son travail, si pénible, d'artisan, pour si peu d'argent. de même, si il a beaucoup de respect pour son oncle, ouvrier à la chaine et militant syndical, il ne se voit pas avoir la même vie. Car lui rêve d'autre chose, d'une vie meilleure, en dehors de sa ville si grise.
À travers le parcours de David et de sa famille, c'est l'évolution qu'a connu la France en une quarantaine d'années qui est brossée en filigrane : la mondialisation ayant provoqué la désindustrialisation progressive de la France, l'augmentation perpétuelle du chômage, nouveau fléau social qui désunie les ouvriers entre eux et fait éclater les familles etc.
Un livre très intéressant et plutôt accessible, avec toutefois quelques passages qui trainent en longueur, qui permet d'entrer en douceur dans les questions politiques. Un ouvrage qui m'a fait penser à celui d'Aurélie Filipetti sur Les derniers jours de la classe ouvrière, qui dressait également avec un brin de nostalgie une époque révolue, où les choses et les valeurs simples dominaient et où le culte de l'argent facile n'avait pas encore lieu.
Un petit rappel tout de même: si il est de bon ton d'enterrer la classe ouvrière il faut quand même ne pas oublier que les ouvriers représentent encore aujourd'hui plus de 20% des actifs occupés. Par ailleurs, des conflits sociaux comme les Continental de Clairoix ou ceux de Goodyear à Amiens nous montrent que les luttes sociales existent toujours et que la solidarité est loin d'être morte.
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En nous racontant cette épopée familiale sur fond de milieu ouvrier sur une période de 20 ans, de mai 68 à la seconde élection de François Mitterrand, Yves Turbergue nous fait un constat assez cru sur la situation de ces hommes et ces femmes qui se sont battus et se battent encore pour sauver leur peau et leur emploi.

Cette histoire relate les difficultés du monde ouvrier à sortir la tête de l'eau, quand l'argent et les profits régissent tout et tous, sans se soucier des travailleurs. En lisant ces pages, je me suis retrouvée plongée de plein fouet dans l'actualité. Ce livre est un constat mais un constat toujours bien présent et réel, dont la lecture prend une dimension très forte.

A travers les personnages, dont les parcours sont tous différents, on découvre la lutte syndicale, l'artisanat, l'argent facile par des combines plus que douteuses... chacun avec ses combats, ses croyances, ses doutes et ses peurs. L'auteur dresse un portrait vrai et profond et surtout humain de l'injustement qualifiée "France d'en bas", notamment par le personnage David, orphelin de 68 qui se cherche perpétuellement dans ce monde du travail qu'il ne comprend pas.

Aussi intéressant que soit le sujet, et on sent Yves Turbergue très impliqué, il m'a parfois été très difficile de me retrouver dans les discours syndicalistes et politiques très lourds et qui, bien qu'ils soient constructifs, ne font pas vraiment avancer l'histoire. Histoire qui peine et tourne en rond à de nombreuses reprises, me laissant parfois un peu lassée et démotivée.

Pour autant le crépuscule d'un monde mérite que l'on s'y intéresse, ne serait-ce que pour le portrait sociologique d'une époque et d'un milieu dont on n'entend pas si souvent la voix...



J'ai reçu ce livre dans le cadre de la Masse Critique organisée par Babelio, que je remercie chaleureusement pour cette lecture, ainsi que les Editions Plon!
Lien : http://lalydo.com/2013/11/le..
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La famille Martin, plusieures générations imbriquées dans ce roman et David le petit dernier, en quête d une identité qui n a jamais " digérer" la mort de son père, abattu par un CRS lors des manifestations de mai 68.
Nous suivons dans ce livre les aventures de cette famille attachante et compliquée.
Je n aurais jamais lu ce livre si je ne connaissais pas Yves Turbergue personnellement, le roman ne se situe pas dans le registre de mes lectures habituelles.
Je me suis donc lancée dans le lecture de ce roman avec un peu de difficultés, car je suis trop jeune pour vraiment tout saisir du monde de mai 68, de Mitterrand et de la classe ouvrière de cette époque la.
J ai finalement apprécié cet ouvrage car même si mai 68 est loin pour moi, je reconnais bien dans le personnage de David, beaucoup d ado de maintenant, et la déshumanisation de certains métiers.
Belle leçon de culture et d histoire.
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critiques presse (3)
Bibliobs
15 novembre 2013
A travers l'histoire de la famille Martin, Yves Turbergue brosse un pan d'une histoire contemporaine que la plupart des écrivains ignorent, lui préférant le drame bourgeois ou intimiste. Son écriture énergique dégage une colère et une sincérité salutaires.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
Lhumanite
16 septembre 2013
L’entreprise d’Yves Turbergue, portée par une écriture au souffle puissant, ne manque assurément pas d’audace.
Lire la critique sur le site : Lhumanite
Lhumanite
02 septembre 2013
De cette saga bouillonnante, on oublie vite les petites imperfections : le sujet en est grand, tout simplement.
Lire la critique sur le site : Lhumanite
Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Ma seule excuse si toutefois j'en ai une : on ne fait pas exprès de naître con.
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Si tu ne sais pas pourquoi tu es venu, fallais pas venir. Moi je sais. C est maintenant, David. Décide-toi.
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