Dévoilée lors d'une newsletter adressée par Babelio et présentée comme une saga familiale et historique à l'image de Dowton Abbey où bien encore La Saga des Cazalet, j'ai de suite été séduit par cet alléchant argument et cette séduisante mise en bouche. Cependant et une fois lecture faite, je dois bien admettre que le résultat est bien loin du compte malgré toute la légèreté et le divertissement que m'a procuré la lecture de ce premier volet.
Effectivement, Premières Amours reste dans la trempe des séries précédemment citées mais se révèle bien peu travaillé et approfondi pour y détenir les mêmes douces saveurs. le style de
Monique Turcotte se veut bien trop précipité et les situations s'enchaînent parfois à une telle vitesse qu'il m'a semblé manquer un réel fil conducteur. D'autant plus que cette dernière aborde plusieurs pistes à son intrigue mais ne se rend pas totalement au bout des choses. Ainsi, ce premier volet manque considérablement d'aboutissement et j'ai souvent eu l'impression d'être face à une esquisse et un premier jet plus qu'à une oeuvre finale. D'autant plus que je m'attendais à quelque chose de plus sophistiqué et de moins terne. Pourtant, l'auteure aurait eu de quoi offrir de grands moments grâce aux sujets évoqués au cours de cette première rencontre. En effet, l'histoire prend place lors d'une époque pertinente historiquement parlant et l'aperçu apporté par
Monique Turcotte reste plaisant à découvrir et à parcourir malgré quelque lacunes et exagérations qui m'ont bien souvent fait levé les yeux au ciel. Je ne sais quelle idée l'a piquée d'agrémenter tout le long son récit d'expressions anglaises à base de « God bless you« , « dear » et j'en passe pour mettre en exergue le conflit et la barrière de la langue entre les anglais et les français. Tout comme il m'a semblé assez radical, à la limite racisme, de retranscrire l'accent de notre jeune païenne Mathilde ainsi que celui de sa famille. J'ai vraiment été dérangé par ces éléments de typographie qui desservent totalement le reste de cette oeuvre. Fort heureusement, cette dernière se lit avec facilité grâce à de simples phrases et de très courts chapitres rythmés par, là aussi, de très courts paragraphes. Quant à l'intrigue en elle-même et sans être révolutionnaire, celle-ci m'a quand même un minimum intéressé et convaincu. J'ai pris plaisir à découvrir ce bourg dans lequel il fait bon vivre. Malgré la différence entre les pauvres et les riches, tout le monde semble vivre de paisibles jours et seuls quelques aléas et tracas du quotidien viennent ternir ces derniers. C'est donc une histoire fleur bleue et pleine de bon sentiment qui m'a été contée et j'admets que cette légèreté ne m'a pas dérangé tant celle-ci fait parfois du bien.
Pourtant, un des personnages dévoilés m'a vraiment horripilé. A l'inverse de Mathilde qui m'a totalement séduit par son altruisme, Julia m'a agacé dès son arrivée au sein du domaine des Berthier. Cette jeune et cultivée demoiselle se dévoile dès plus hautaine et antipathique du fait de son intolérance envers les étrangers et plus précisément les canadiens. En ce sens, j'ai trouvé les personnages de
Monique Turcotte des plus réaliste malgré quelques stéréotypes. Poussés dans leurs retranchements, la psychologie de nos deux héroïnes se dévoile aux antipodes l'une de l'autre et ce manque de nuance ne laisse donc aucune chance à Julia et à son sombre caractère. Il faut dire que Mathilde se dessine la plus brillante des deux et malgré sa basse condition et son ignorance, cette dernière se dévoilera courageuse et déterminer. Cette envie de s'affranchir fera tourner la tête de Henry un noble du domaine accentuant davantage la rivalité opposant nos deux héroïnes qui ne cessera de grandir au fil des chapitres et ce, au même rythme de la naissante romance entre Mathilde et Henry. J'ai apprécié cette dualité constante qui permet un certain rythme et de magnifiques moments d'émotions et même si tout se veut précipité, il serait mentir d'admettre n'avoir rien ressenti au cours de cette lecture. Surtout que les dernières pages laisse entrevoir un avenir sombre et compliqué pour nos jeunes tourtereaux et me donne assez envie pour laisser une chance à l'auteure avec le deuxième – et dernier ? – volet de sa série.
Mitigé est le premier mot qui me vient à l'esprit concernant la lecture de ce premier volet. Celui-ci détient de très bonnes idées et une dimension historique séduisante malheureusement bien peu aboutie et bien vite expédiée par l'auteure dont le style se dévoile assez pauvre et désuet. Néanmoins, certains passages laissant place à la haine et à l'amour se démontrent remplis d'émotions et de sensibilité.
Cette lecture a été réalisée à l'occasion du Blossom Spring Challenge – 2022 : Menu Printemps florissant – Catégorie le jardin des secrets.
Lien :
https://mavenlitterae.wordpr..