Un début de roman difficile : une tentative de viol incestueux … la brutalité mauvaise d'un frère.
Nous sommes en 1940 au Canada , à St jean de la Miséricorde . Un père de famille de 11 enfants, OmerLarose , veuf, travaille comme un fou pour faire évoluer sa ferme . Sa mort oblige ses enfants , 9 filles 2 garçons,à prendre leur ferme et leur destin en mains.
Tout va reposer sur Aline, l'ainée , une fois que ses frères Abel et Bernard se sont enrôlés pour combattre en Europe .
Quelles difficultés pour des femmes , de jeunes femmes , avec pour seule aide leur grand mère Anais quand la société patriarcale de l'époque applique encore la loi des mâles …et de l'Eglise …
Aline, Bergerette, Caroline féministes avant l'heure ou simplement femmes solides , sensées et courageuses .
J'aime beaucoup l'écriture qui rend compte de la simplicité des personnages , les expressions et dictons , la description de la vie d'un temps au fond pas si lointain . Une fin en forme de moralité bien sentie, une revanche sur les difficultés : j'ai adoré ce roman !
« Un point c'est tout. »
Commenter  J’apprécie         00
La romancière saguenéenne Marjolaine Bouchard, dans son nouveau roman d’époque Les belles fermières, invite ses lecteurs à découvrir la vie quotidienne de huit sœurs qui triment et se désâment du matin au soir pour tenir leur ferme à flot pendant la Seconde Guerre mondiale.
Lire la critique sur le site : LeJournaldeQuebec
Elle a le goût de tout laisser tomber, de se marier et de faire fructifier l’usufruit d’un autre fermier. Ce serait une solution bien plus facile que de s’épuiser sur la terre d’un frère ingrat. Il suffirait de trouver un bon parti, mais lequel ? Déjà, plusieurs jeunes hommes ont fait leur proposition : un ivrogne, un sans-génie, un pète-dans-le-trèfle et un laid à faire peur aux épouvantails.
Le froid, la neige et encore la neige, le soleil malade, aussi chétif et tenace que grand-mère, le vent qui chiale aux fenêtres givrées, ce givre qui coule aux redoux, s’infiltre en plaques humides et s’agrippe aux murs dans la maison. L’eau gelée dans la bouilloire, le matin, le noroît traversant les murs. Pire, les regards glacés, les colères, les chicanes, les chamailleries… Si au moins elle savait jouer du piano, comme la demoiselle Du Moulin dans Jean Rivard, elle pourrait passer ses déceptions et ses complaintes dans la musique. Mais elle ne connaît ni le solfège, ni la musique, ni la bombarde, et puis jamais elle ne pourra acheter un piano.
Elle éprouvait même une certaine fierté d’avoir grandi dans ce milieu, le jugeant aussi bien, sinon mieux que la ville ou l’industrie. En fait, elle ne s’était jamais posé de questions à ce sujet ni comparée à qui que ce soit, sauf en lisant certains romans, au couvent, présentant des familles de bourgeois ou de nobles gens. Cependant, elle gardait les pieds sur terre et savait très bien que les livres présentent des histoires et des mondes inventés, des sentiments exagérés.
Des piqûres de taons, de guêpes et d’abeilles… il faut être vraiment malchanceux pour en trépasser. Elle a récupéré l’essaim sans problème. Il suffit de faire attention. Les abeilles butinent et travaillent sans qu’on ait besoin de les nourrir ou de les soigner. Elles vont simplement se repaître dans les champs de trèfle et les fleurs sauvages. Après, on cueille l’or sur les rayons. Un jeu d’enfant. C’est décidé. Ainsi soit-il !
Il n’y a rien qui puisse distraire l’homme d’un seul amour. Il l’aimait tant, son Annabelle, et il la chérit encore : le cœur d’une vie. En partant, elle a emporté avec elle l’âme de la maison, dit-il, mais lui a laissé un entrain inaliénable et le désir de célébrer la vie. Mille demandes de pardon, à la confesse, autant d’absolutions données par le curé n’ont pu effacer ce goût amer de culpabilité.
En collaboration avec MAtv : #jelisbleuets – 30 ans de reconnaissances :
Extrait d'émission présentant l'écrivaine Marjolaine Bouchard, récipiendaire de l'un des Prix littéraires du Salon du livre du SLSJ, et de Virginie Houle, ancienne gagnante du concours Jeunes auteurs, à vos crayons ! Cette émission rend hommage à leurs écrits.
Animation : Marie-Danielle Roy