AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,94

sur 44 notes
5
13 avis
4
21 avis
3
4 avis
2
1 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Après avoir lu Fière comme une batelière, j'ai choisi un autre livre de Maryna Uzun, le voyage impaisible de Pauline avec un joli néologisme dans le titre. L'autrice m'a envoyé le livre qui s'est installé dans le haut de ma PAL.
Maryna Uzun raconte, je pense, un peu d'elle même dans cette histoire d'amour. L'héroïne, Pauline est une Ukrainienne de Kharkov, deuxième ville d'un pays qui panse les plaies de la dictature soviétique. Elle se rend en France pour un concours d'entré au conservatoire qu'elle n'aura pas. A la place un gagne un amour fort et intense pour Tom. Ce dernier accepte le mariage avec cette jeune fille de dix ans de moins que lui afin de lui permettre de pouvoir revenir légalement pour le retrouver. Elle sera aussi aidé par un attaché culturel atypique de l'ambassade de Kiev, Antoine, qui deviendra un ami.
Tom est chef d'une bande d'artistes, intermittents du spectacle. Il emmène sa troupe et sa femme dans le Cantal pour s'y produire de façon permanente.
L'amour entre Tom et Pauline évolue en fonction des saisons, des représentations, des humeurs des autres artistes, de Pia, notamment, amoureuse de son mari et jalouse.
Jusqu'au drame.
La vie de Pauline bascule alors dans une autre dimension.
Maryna Uzun écrit avec un style classique mais rempli de légèreté et on rentre en douceur mais très facilement dans la vie de la jeune danseuse. J'ai apprécié la première moitié du livre même si je trouve que parfois, il y a quelques longueurs. On se demande où cette histoire presque banale va nous mener.
Mais j'ai dévoré la deuxième moitié. Celle qui suit le drame. La poésie feutrée du quotidien au début raconte, outre l'histoire d'amour, l'intégration de Pauline en France, à Paris puis dans le Cantal. Cette poésie devient magnifique dans la deuxième partie. En peu de mots, sans pathos, sans sentimentalisme, on suit la volonté farouche de la jaune ukrainienne de s'en sortir. Les cent dernières pages se lisent d'un coup. Il est alors difficile de poser le roman.
Une histoire qui a donc fini par me toucher et que je conseille à tous ceux qui aiment ces histoires de vie poétiques.
Commenter  J’apprécie          1312
♫Devant un café-crème
Épuisés mais ravis
Fallait-il que l'on s'aime
Et qu'on aime la vie
La bohème, la bohème
Ça voulait dire
On a vingt ans
La bohème, la bohème
Et nous vivions de l'air du temps♫
-Charles Aznavour- 1965 -
---♪---♫----🩰---💙💛---🩰----♫---♪---
Maryna nous parle d'un temps
Que même les moins de 20 ans
peuvent bien sûr reconnaître
2014-Kharkov, déjà en ce temps là
Etait le théâtre d'importants combats ...

Son Exil sous les toits de Paris
Derrière le plafond c'était déjà le paradis
Elle prendra goût à trouver des rimes
Sex'prim, hierarchie, respect patronyme
Pauline, une Belle d'abandon
celle qui danse au bout d'un baton
Travailler sans raisonner, ou l'inverse peu ou prou
Laisser parchemins au Perret, ses bâtons dans les roues
Parole jetée prend sa volée
Je suis venu te dire que je te veux en violet
Ainsi Amants et poétes, ils vivaient sur Vénus,
"Qui langue a, à Kiev va" n'était qu'un proverbe russe...
Commenter  J’apprécie          1265
Le voyage impaisible de Pauline, écrit par Maryna Uzun qui crée un néologisme original, a été publié en 2014. L'autrice étant d'origine ukrainienne, il est impossible de lire sans penser au drame que vivent les Ukrainiens, cette terrible guerre menée par la Russie de Poutine contre un pays n'aspirant qu'à vivre en paix.
Pauline, l'héroïne du roman, est née à Karkhov et a grandi dans la deuxième ville d'Ukraine située à 413 kilomètres de Kiev. L'agglomération compte plus d'un million d'habitants. Si les Français l'appelaient Charcovie au XIXe siècle, elle fut, un peu plus tard, de 1917 à 1934, capitale de la République socialiste soviétique d'Ukraine. Anna et Anatoli, les parents de Pauline parlent russe car dans cette grande ville martyrisée durant la seconde guerre mondiale, l'influence de la langue russe est importante. D'ailleurs, si le russe est utilisé dans la vie courante, l'ukrainien reste la langue officielle.
Hélas, à cause de cette guerre qui fait honte à la civilisation européenne d'aujourd'hui, Karkhov a été partiellement détruite par l'artillerie russe, cette année.
L'histoire mise en scène par Maryna Uzun se passe donc quelques années avant ce drame qui dure encore. Pauline rêve de devenir danseuse. Après quelques années de formation à la danse classique dans sa ville, elle veut partir pour Paris où elle va tenter un concours pour intégrer une école de danse.
Si elle sait que sa candidature est un échec, Pauline rêve de danse contemporaine. C'est alors que, square Lamartine, elle rencontre par hasard, Tom (Thomas) qui a dix ans de plus qu'elle, alors qu'elle n'a que vingt ans. Si je me doute de l'idylle qui s'amorce, l'inquiétude revient vite car le visa touristique de Pauline ne dure que trente jours. Elle doit retourner en Ukraine avec une seule idée : revenir à Paris et épouser Tom. Il faut dire qu'ils ont fait l'amour, Tom notant d'ailleurs que, pour lui, c'est la première fois qu'il a des relations sexuelles avec une vierge.
Pour pouvoir revenir dans les bras de Tom qui veut bien du mariage pour lui permettre un retour en France, il lui faut un visa. Après le certificat de célibat, elle doit faire le pied de grue à l'ambassade de France, à Kiev.
Démoralisée par les heures d'attente, elle est prête à renoncer quand un homme portant un badge s'approche et déclare : « L'administration, la bêtise au front du taureau ! ». Pauline réagit aussitôt et s'écrie : Baudelaire !
Cette culture littéraire de notre jeune ukrainienne est son meilleur passeport pour la France car l'employé du service culturel, Augustin Beaulieu, est efficace. Sans en dire plus, je peux seulement laisser sous-entendre que ce personnage reviendra un peu plus tard…
L'aventure parisienne de Pauline et Tom se poursuit dans le Cantal, à Yolet où Tom est embauché comme directeur artistique d'un projet culturel ambitieux. Pauline fait bien sûr partie de l'équipe car ses talents de danseuse séduisent le public. Dans la troupe, une certaine Pia a un rôle non négligeable.
Tiraillée entre son pays d'origine par l'intermédiaire d'une mère assez envahissante, et la France, Pauline tente de trouver son équilibre.
Maryna Uzun mène son roman de manière très classique avec une écriture qui ne m'emballe pas. Par contre, l'autrice me fait découvrir son pays d'origine par de petites notes très intéressantes.
Au fil des pages, j'espère un événement surprenant, un rebondissement inattendu, voire dramatique. Quand cela arrive enfin, le style de Maryna Uzun reste très classique.
L'amour est fort dans le voyage impaisible de Pauline, plus fort que tout et c'est bien l'essentiel ! Je remercie Maryna Uzun qui m'a permis de découvrir un de ses romans faisant partie d'une production littéraire déjà conséquente.

Lien : https://notre-jardin-des-liv..
Commenter  J’apprécie          11610
Recalée au concours de danse du Conservatoire de Paris qui lui a fait entreprendre le coûteux voyage depuis sa ville de Kharkov, en Ukraine, la jeune Pauline concrétise pourtant un autre rêve, plus secret celui-là, lorsque le hasard la met sur le chemin de Tom, intermittent du spectacle, et que leur coup de foudre suivi d'un mariage express lui ouvre définitivement les portes de la France, ce pays qu'elle idéalise. Une vie de bohème heureuse commence pour le jeune couple, qui n'en a toutefois pas fini avec les coups du sort, cette fois implacablement dramatiques.


Sous ses dehors de romance légère qui narre les faits sans s'y appesantir, comme l'on regarderait à travers une vitre le défilement d'une vie, ce récit rédigé au passé, sur un ton globalement enjoué et comme détaché, prend une toute autre saveur quand une des épigraphes du livre, « Je n'ai pas fait un autoportrait, j'ai photographié mon ombre », et quelques proximités troublantes entre le parcours de Pauline et celui de l'auteur, viennent jeter un doute tenace dans l'esprit du lecteur : jusqu'à quel point l'ombre de Maryna, en couverture, se confond-elle avec celle de son personnage ?


Dès lors, les imperfections-mêmes du récit, il est vrai à première vue sans profondeur véritable, finissent par rendre plus touchante la narration sobrement contenue dans une sorte de prudente mise à distance. L'émotion est bien là, à se laisser deviner. Ou plutôt, elle ne transparaît que désormais tenue en laisse, dans un parcours marqué par la résilience, caractéristique de tant de ces vies slaves habituées à bannir l'auto-apitoiement dans les épreuves auxquelles elles ont à faire face depuis des générations.


C'est ainsi qu'en quelque sorte note de fond du roman, l'émotion se retrouve presque masquée par la note de tête légère et fraîche d'un récit plein de vivacité, piqué des mille observations d'une jeune femme qui découvre avec sensibilité les différences culturelles entre la France et l'Ukraine, confrontant ses rêves à la réalité, s'appliquant à l'apprentissage d'une langue dont elle connaît alors mieux les citations de grands écrivains que les expressions quotidiennes, le tout avec une spontanéité pleine de poésie et de bonne humeur qui font tout le charme d'une écriture parfois joliment décalée, émaillée de petites inexactitudes involontaires comme de trouvailles judicieusement imagées.


L'on referme alors ce livre sur une note de coeur, pris d'affection pour la sincérité simple et courageuse d'un récit que l'on aurait tort de réduire à une simple romance un peu superficielle.


Un grand merci à l'auteur pour la gentillesse de son partage.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
Commenter  J’apprécie          887
Je n'aime guère le qualificatif de romance que plusieurs lecteurs attribuent à ce livre, d'autant qu'il découle d'une littérature américaine et anglo-saxonne qui a créé cet anglicisme, éloigné me semble-t-il du voyage de Pauline.

Est-ce même un roman d'amour? Je trouve que ce texte va plus loin que les histoires d'amour qu'il développe, en se situant avant tout sur le point de vue d'une immigrée qui va s'intégrer dans la culture française sans renier ses racines ukrainiennes qui sont également évoquées à travers la vie des parents de l'héroïne demeurés en Ukraine.

J'ai aimé le style, les jeux du vocabulaire, l'humour, les références à la poésie française, les descriptions des rues et jardins parisiens toujours accompagnées d'une vision particulière que peut en avoir l'étranger, je veux dire celui qui n'est pas de Paris. Une échappée en Provence entraîne le lecteur dans un contexte où les relations amoureuses sont beaucoup plus simples et naturelles, ciel, soleil et mer leur conférant une dimension avec laquelle les minuscules abris sous le zinc parisien ne peuvent rivaliser.

L'héroïne devient assez vite très attachante, elle souffre de sa différence, des regards de ces jeunes hommes et femmes qui rejettent les bobos et pourtant en adoptent souvent les comportements. Maryna Uzun présente fort bien toutes les attentes de Pauline, ses hésitations, sa loyauté, ses choix de vie difficiles qu'elle réalise finalement seule, peu accompagnée par ceux que l'on croit amis, ni même par ses parents avec lesquels elle creuse involontairement le fossé qui les isole de sa nouvelle vie, encore qu'elle parvienne à le combler en partie à la fin du livre.

Alors, romance pour certains, roman d'amour pour d'autres, autobiographique en partie probablement mais cela doit rester dans les secrets de celle qui l'a écrit, pour moi c'était un vrai voyage humain que le terme "impaisible" qualifie parfaitement.

Merci Maryna de m'avoir offert cette belle lecture estivale.
Commenter  J’apprécie          843
Impaisible, adjectif rare, synonyme d'agité, qualifie hélas la situation ukrainienne en ces temps non paisibles de haine et de guerre.

Impaisible est la vie de Pauline, native de Karkhov, émigrée en France où elle mène une vie d'intermittente du spectacle, se marie puis voit sa vie bouleversée dramatiquement.

L'écriture de ce roman m'a séduit par son originalité et sa beauté qui révèlent une plume bi culturelle formée dans une région de langue russe puis cultivée dans notre pays et une personnalité dotée d'une attention multi sensorielle qui transmet à travers ses pages les gouts, les images, les parfums et les sons qui nourrissent sa vie.

L'intrigue se déroule en partie à Karkhov, où vivent les parents de Pauline, et ce versant est aussi passionnant que déprimant en révélant une société évoluant difficilement du communisme (avec ses minuscules logements délabrés sans rideaux) au libéralisme (avec ses enseignes commerciales anglosaxonnes) sans offrir de perspectives à sa jeunesse.

Comment lire ses pages sans penser aux habitants de Karkhov, placés aujourd'hui au coeur du conflit qui ravage cette terre ?

Comment les comprendre sans se remémorer les batailles de la seconde guerre mondiale qui détruisirent cette ville et cette région qui était un des principaux poumons industriels de l'Union Soviétique ?

Je remercie Maryna Uzun de m'avoir offert son ouvrage (publié en 2014) lors d'une « opération littéraire spéciale » et j'exprime le voeu que Pauline et les habitants de Karkhov/Karkhiv retrouvent une vie paisible.

PS : Maryna est active sous le profil BABELIO Nemorino

Lien : https://www.babelio.com/monp..
Commenter  J’apprécie          814
« Je n'ai pas fait un autoportrait, j'ai photographié mon ombre. »

Maryna, d'emblée, fait mouche avec cette expression en préface de son livre. En psychologie analytique, l'ombre est une partie de la psyché formée de la part individuelle qui ne se connaît pas elle-même et dont l'existence même est souvent ignorée. C'est l'un des principaux archétypes décrits par Jung dans le cadre de la psychologie analytique mais aussi en langage commun : zone sombre résultant de l'interception de la lumière ou de l'absence de lumière, silhouette sombre plus ou moins déformée que projette sur une surface un corps qui intercepte la lumière.

J'avais pris beaucoup de plaisir à la lecture de « Vous aimez les poètes, ne les nourrissez pas ! ». J'y avais apprécié une certaine proximité avec Maryna et aussi, sa façon bien à elle de jouer avec les mots, ce style qui la caractérise et dans lequel, elle excelle et cette précieuse poésie qui se dégage de ses textes. Elle lance un mot, un peu comme une balle, et elle observe le dénouement pour mieux en savourer le final ! Je gardais dans ma bibliothèque virtuelle « le voyage impaisible de Pauline ». Connaissant les origines de Maryna, le néologisme du titre semblait exprimer, à lui seul, tous les aléas du déracinement. C'était une part d'elle-même qu'elle transposait dans ce livre, qu'elle était la part de Maryna dans Pauline ou de Pauline dans Maryna ? Devant ce questionnement, je souhaitais me plonger dans ce voyage impaisible. Muée par je ne sais quel pressentiment, Maryna a eu la gentillesse de m'adresser sa « Pauline ». Je l'en remercie vivement pour tant de bienveillance.

Pavlina est née à Kharkiv, deuxième ville d'Ukraine et ancienne capitale de la République Socialiste Soviétique d'Ukraine. C'est une très jolie jeune fille dotée de l'indéfinissable charme slave. Passionnée de danse, portée par des rêves d'un ailleurs, la France notamment, et de réussite, elle quitte Kharkiv pour Paris dans l'espoir d'être reçue au concours d'entrée du Conservatoire de cette ville. Elle est recalée et devant cet échec, totalement désemparée, au détour d'une promenade solitaire, elle rencontre Tom, intermittent du spectacle. Entre eux, c'est le coup de foudre, Si le rêve de Pauline s'écroule, l'Amour entre par la grande porte. Et c'est en la compagnie de Tom et de Pauline que le lecteur chemine dans cette vie de bohème, tentant de vivre voire de survivre dans ces jours sans pain où l'insouciance permet de supporter la sempiternelle course aux cachets et des lendemains qui déchantent. Mais ils s'aiment et l'avenir leur appartient malgré les obstacles administratifs auxquels ils doivent faire face pour leur mariage entre autres.

Ce récit permet de découvrir le milieu d'une troupe d'artistes avec, là aussi, ses difficultés à faire cohabiter les différentes personnalités, les jalousies, les relations complexes qui aboutissent parfois à des conflits malgré l'investissement artistique des uns et des autres et leur passion commune. Mais le désir de vivre de leur vocation créatrice est plus fort que tout. C'est un moteur à nul autre pareil, une énergie qui permet de surmonter les montagnes russes auxquelles parfois leur quotidien peut ressembler. Mais la Vie nous envoie, parfois, certaines épreuves à surmonter dont le sens nous échappe. Il faut s'accrocher à Elle pour ne pas sombrer.

La famille de Pauline permet aussi de découvrir la vie en Ukraine, bien avant cette guerre dévastatrice. Anna et Anatoli sont des parents attentifs qui espèrent une vie meilleure pour Pauline loin de ce pays instable, au quotidien difficile, au niveau de vie très insatisfaisant, suscitant des rêves d'un ailleurs. Ils sont prêts à tous les sacrifices pourvu que leur fille puisse réaliser ses aspirations.

J'ai été très sensible à ce récit en subodorant les éventuelles difficultés auxquelles Maryna avait été confrontée. Malgré une écriture à distance, plutôt neutre dans le désir de rester pudique, de ne pas s'appesantir sur les épreuves de Pauline, je découvrais l'histoire en pointillé de l'auteure bien que je ne sois pas à même de faire la différence entre la fiction et l'expérience. C'est toujours troublant de s'immiscer et d'appréhender l'ombre d'une auteure.

Si au début du récit l'écriture se fait modeste, dans le sens d'inexpérimentée, au fur et à mesure de la lecture, l'écriture se fait plus maîtrisée, plus sagace, comme si les épreuves de la narration apportaient plus de maturité à la plume de l'auteure. C'est l'un des intérêts de ce voyage impaisble de Pauline, observer le changement qui s'est opéré entre ces deux livres, apprécier la mue de l'auteure et se dire qu'elle s'est trouvée dans « Vous aimez les poètes, ne les nourrissez pas ».

J'ai retenu cette phrase qui augurait de la future Maryna :

« Tom avoua : - Pour moi la création, s'est jeter tout dans l'eau, dans le désordre, puis observer comment les courants internes tirent les pensées, les déplacent et les regroupent naturellement ; je ne connais que ce processus-là. A l'intérieur, il y a quelques idées qui ont la force attractive des aimants, c'est tout. »
Commenter  J’apprécie          7215
Pauline et son voyage sont impaisibles et c'est tant mieux, ça ne ferait pas un aussi joli roman sans la spontanéité de la jeune femme, sans sa capacité à rêver, aimer et s'émouvoir, sans les très hauts et les très bas de sa vie, la force de ses amours et de ses peines.
Pauline quitte l'Ukraine, s'envole vers la France pour danser. Elle rate son concours de danse mais n'est pas loin de trébucher square Lamartine sur les jambes de Tom, réussissant ainsi son entrée dans la vie d'amour et de Bohème.
Les personnages sont attachants, Pauline pleine d'une fraîcheur et d'une beauté touchante, on ne s'ennuie pas un moment dans son impaisible voyage que j'ai eu beaucoup de plaisir à suivre. Un grand merci Maryna pour ce bien séduisant cadeau!
Commenter  J’apprécie          573
Cela pourrait ressembler à une simple romance, légère quoique primesautière. C'est ainsi que débarque en notre coeur, Pauline, cette jeune fille, belle et innocente, tout droit venue de son Ukraine natale.
À la faveur d'un concours de danse au Conservatoire de Paris, auquel elle va échouer, Pauline rencontre Tom un jeune homme de dix ans son ainé, intermittent du spectacle jouant dans une compagnie théâtrale.
Très rapidement, une relation amoureuse va se nouer entre eux.
Le temps d'un voyage aller-retour à Kharkiv pour retrouver ses parents, le temps de quelques formalités administratives, elle s'en retourne à Paris pour épouser Tom...
Il y a une joie pure qui anime les premières pages de ce roman. Ces pages ressemblent à un carrousel qui emporte les rêves échevelés de Pauline. C'est peut-être le fil tendu entre deux rives sur lequel elle jette ses ballerines.
Le voyage impaisible de Pauline est comme un exil sous le ciel de Paris.
Derrière la joie sans fard d'un amour qui naît, qui grandit, viennent peu à peu le doute, les pas qui hésitent, une ombre peut-être comme celle qui se faufile sur la page de la couverture. L'amour devient comme une inquiétude où se mêlent les désillusions, la jalousie, des lendemains qui déchantent et les revers de l'existence au détour d'une route. C'est comme une voile qui faseye dans la poitrine devenue trop exiguë pour tenir ce coeur bondissant épris de vie.
Aimer, c'est peut-être fuir le bonheur de peur qu'il ne se sauve à jamais.
J'ai aimé ce voyage impaisible comme l'effet d'une joie intranquille...
Mais, jamais au grand jamais, la fantaisie inventive, propre à l'écriture de Maryna Uzun ne quitte l'esprit de ce texte, même lorsque le malheur guette en embuscade. Oscillant entre grâce et gravité, j'ai vu Pauline continuer d'avancer comme une funambule sur les pages de ce récit, convoquant l'apesanteur et l'enchantement lorsque le destin accable les gestes de bonheur que l'on croyait éternels...
J'ai été épris par cette âme qui vient couturer les chemins et tranches de vie de cette histoire pour en tisser une constellation, un peu comme si j'entendais un oiseau chanter au-dessus de ma tête.

♫ C'est la romance de Paris
Au coin des rues, elle fleurit ♬
♫ Ça met au coeur des amoureux
Un peu de rêve et de ciel bleu ♬
♫ Ce doux refrain de nos faubourgs
Parle si gentiment d'amour ♬
♫ Que tout le monde en est épris
C'est la romance de Paris ♬
♫ Que tout le monde en est épris
C'est la romance de Paris ♩ ♩ ♩

Un grand merci à toi Maryna pour la gentillesse de ce partage. Et Joyeux non anniversaire !
Commenter  J’apprécie          5720
Je m'étais promis de faire quelques pas de côté cet été, pendant mes vacances, de sortir de mes lectures habituelles souvent constituées d'énigmes, de noirceur et de thrillers haletants. Grâce à Maryna Uzun (mon amie Nemorino ici), engagement tenu, je me suis baladé avec Pauline entre Kharkov (Kharkiv en ukrainien) à une époque où la guerre est bien lointaine, et Paris, mais aussi l'Autriche et le Cantal, plus précisément Yolet, un trou perdu au fin fond de l'Auvergne.
Pauline, c'est Pavlina mais sans doute aussi pour une part Maryna, au moins en ce qui concerne les origines et la passion artistique. Maryna n'est pas seulement l'auteure de plus d'une dizaine de romans et recueils de poésie, c'est avant tout une pianiste concertiste reconnue. Pour son personnage, Pauline, elle a choisi une autre forme d'expression artistique : la danse, pour laquelle son héroïne est venue à Paris se présenter à un concours. Si l'échec et la déception seront au rendez-vous, elle y gagnera l'amour au gré d'une rencontre fortuite avec Tom, jeune homme féru de théâtre et qui rêve de monter sa propre compagnie. N'en dévoilons pas plus sur l'histoire, ce serait dommage.
L'Art et l'Amour, l'Amour de l'Art sont les thèmes centraux de ce court roman, écrit en 2014 dans une langue très personnelle à Maryna, entremêlant la maladresse de son personnage tout juste débarquée de son Ukraine natale (et qui ne connaît du français que des citations littéraires et quelques bribes glanées au fil de leçons particulières), avec sa voix si poétique, que nous avons le bonheur de découvrir régulièrement au gré des citations de ses ouvrages. Mais il ne faudrait pas commettre l'erreur de réduire ce court roman à une simple bluette entre une jeune étrangère un peu naïve et un comédien exalté. On y découvre aussi la différence entre la vie dans l'Ukraine des années 2000, encore figée dans le modèle soviétique, et en France, où tout paraît au premier abord si facile et si léger à Pauline, jusqu'à ce qu'elle soit confrontée à la réalité du quotidien pas aussi rose qu'elle ne l'imaginait. Elle va devoir apprendre aussi à composer avec cette culture si différente de ce qu'elle a connu chez ses parents, sans toutefois renier ses origines. D'ailleurs, en une occasion cruciale, les usages ukrainiens vont lui permettre de passer outre une lourde culpabilité...

J'avoue qu'il ne m'a pas été facile de m'immerger dans l'histoire de Pauline, la petite fille gâtée du début m'a d'abord un peu agacée. Mais au fur et à mesure que j'ai avancé dans ma lecture, elle a pris de la consistance, et confrontée au drame, elle est enfin devenue attachante à mes yeux. Tom aurait mérité sans doute un peu plus d'ampleur, j'ai d'ailleurs préféré un autre personnage masculin. Les passages se déroulant en Ukraine m'ont beaucoup intéressée, le contexte est bien sûr extrêmement différent de celui que les infos nous montrent aujourd'hui, mais j'ai quand même appris à connaître un peu mieux ce pays et sa culture.

Je remercie infiniment Maryna de m'avoir offert l'opportunité de découvrir son roman, je découvre également ses poèmes où je "pioche" régulièrement quelques bribes de son talent. Je ne sais pas s'il est encore possible de se procurer ce livre, mais si vous en avez l'occasion, je vous invite à le découvrir.

Commenter  J’apprécie          5211




Lecteurs (76) Voir plus



Quiz Voir plus

Testez vos connaissances en poésie ! (niveau difficile)

Dans quelle ville Verlaine tira-t-il sur Rimbaud, le blessant légèrement au poignet ?

Paris
Marseille
Bruxelles
Londres

10 questions
1226 lecteurs ont répondu
Thèmes : poésie , poèmes , poètesCréer un quiz sur ce livre

{* *}