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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
« A te voir marcher en cadence,
Belle d'abandon,
On dirait un serpent qui danse
Au bout d'un bâton. »
Charles BaudelaireLes fleurs du mal

Mon voyage continue dans l'oeuvre de Maryna Uzun, un voyage poétique et mélodieux où les mots, pareils à des notes de musique, s'accordent élégamment pour composer des images parfois surprenantes.

*
Sur cette partition musicale,
se sont superposés
les pas graciles d'une petite ballerine.
Croches sautillantes, virevoltantes,
Pauline est gaie et passionnée.
Telle une fée dépliant son jupon de mousseline,
elle s'envole de Kharkov
espérant aller au bout de son rêve.
Intégrer le Conservatoire de Paris
et devenir un jour peut-être,
danseuse étoile.
Une consécration pour cette jeune femme qui,
depuis sa plus tendre enfance, se prive.
Vie de passion et de répétitions,
Vie d'exigence et de persévérance.

« Et ton corps se penche et s'allonge
Comme un fin vaisseau
Qui roule bord sur bord et plonge
Ses vergues dans l'eau. »
Baudelaire

Dans la ville de lumière, la jolie demoiselle,
Comme Icare qui rêvait de conquérir le ciel,
Se brûle hélas les ailes
A tenter de rejoindre les étoiles.

Rêves brisés, fracassés, émiettés.

Au détour d'un jardin,
ses yeux embués
se posent dans ceux de Tom,
dont le regard doux empourpre son coeur.
Tom est un baume sur son chagrin.

« Pauline observa le jeu des nuages qui évoluaient dans l'azur, et la vie lui sembla, d'un coup, étonnamment belle. »

Et c'est avec simplicité qu'il entre dans sa vie.
Tom devient son ancre, son présent, son avenir.
Désirs et plaisirs.
Donner et se donner.
Le ballet de deux corps.
Parfait accord.

« Leurs deux vies lui semblaient deux fleuves qui se rejoignent. »

Amour mutin sous les toits de Paris,
Rêves à deux.
Lui, le théâtre.
Elle, la danse.
Parfait accord.

« … elle improvisa une poupée mécanique qui à la fin, se transformait en un être vivant. Cela ne dura que trois minutes, mais la foule commença à s'attrouper autour d'elle. Puis Tom et Pauline s'envolèrent, main dans la main, sans faire la quête. »

Mais la vie cache un arrière-goût bien amer.
Car le bonheur est éphémère,
fragile, versatile,
Un éclat qui s'enfuit.

La petite étoile filante s'étiole,
Avalée par la nuit.
Aspirée par le vide.
Amputée par l'absence.
La douleur l'étreint.
Son coeur s'éteint.

La vie est un manège qui ne cesse de tourner.
Parfois douce, d'un bleu azuréen,
Elle se marbre aussi
de gris et de suie.

« Il faut que le noir s'accentue pour que la première étoile apparaisse. »
Christian Bobin

Le vent l'emmène et l'enlève,
Jusqu'à ce qu'il la ramène et l'apaise.

*
L'amour, la vie et ses ombres, s'entrelacent avec poésie.
J'aime l'écriture de Maryna Uzun malicieuse, tendre, délicieusement décalée.
Douce comme un gant de velours,
légère comme de la dentelle.

« Lorsque Tom ouvrit la porte d'entrée, les feuilles de papier qui submergeaient la table s'éparpillèrent partout, entraînées par le courant d'air. C'était blanc comme une volée de mouettes, et Pauline crut entendre le bruissement de leurs ailes. »

*
Pour conclure, une nouvelle fois, je me suis laissée portée et emportée par le récit de Maryna Uzun, mélange de bonheur et de douceur, de souffrances et de silences, de trêves et de rêves, écrivant le carrousel de la vie.

Merci Maryna Uzun pour cette parenthèse que vous m'avez offerte, une jolie lecture tout en nuances et délicatesse.
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Début octobre 2022 -Square des Poètes


****très, très joli coup de coeur entre émotion et poésie !

Le titre rendu poétique par cet adjectif aussi singulier que musical, et pourtant si rarement " usité " dans notre langue: IMPAISIBLE...!..
Et qui nous intrigue, bien sûr....

Après avoir eu le plaisir et le bonheur d'apprécier à de nombreuses reprises ,les poèmes de notre amie, Maryna Uzun...j'appréhendais, à tort, la forme romanesque qu'elle abordait!?

A tort, car on retrouve avec jubilation sa fantaisie, sa " gourmandise des mots", et l'amour du Beau et des Arts....

Un très beau moment de lecture, faite d'un trait...happée par le parcours " impaisible" de l' " héroïne ", Pauline, danseuse au talent des plus prometteurs, quitte pays et famille pour rejoindre la France, et surtout la ville- lumière , Paris, qui la fascine tant !

Fille unique de parents aimants, Pauline a un besoin vital d'élargir ses horizons , pour, dans un premier objectif essentiel: se présenter à un concours de danse au Conservatoire de Paris, concours qu'elle rate malheureusement et " heureusement" puisqu'elle va faire une magnifique rencontre en Tom, jeune comédien plein d'idées et d'ambition dans sa passion du Théâtre.

Ils tombent amoureux; Tom va entraîner Pauline dans ses projets artistiques, lui rendant confiance en elle, hors sentiers battus....Elle déploiera ses talents de danseuse ainsi que son imagination dans les spectacles créés par Tom...

L'Amour fou et aussi la Passion de l'Art, du Beau vont réunir ces deux- là...plusieurs années....Mais....la vie va apporter son lot de drames...je ne dévoilerai pas un mot de plus !

On s'attache immédiatement Pauline, illuminée par sa passion de la Danse, de la Musique...de la Culture...

Comme un "roman d'apprentissage", Pauline va se battre, progresser dans son art, lutter contre ses doutes, contre le chagrin...Elle parvient à garder la lumière et la grâce, ainsi qu'un appétit et une joie de vivre féroce, qui la rend, au tous moments, lumineuse...!

Pauline est le personnage le plus marquant; toutefois, les autres personnages nous deviennent aussi précieux, familiers et très proches, Tom, son grand amour, le père, Anatoli et la mère, Anna, aimants, admiratifs envers les talents de leur fille unique, Augustin, l'attaché culturel....plein de finesse et d'amour pour Pauline...etc.

J'ai exprimé le minimum de l'histoire même, afin de garder le mystère pour les nouveaux lecteurs...

Parcours '" impaisible" mais débordant d'amour , de fantaisie, d'authenticité et d'engagements divers !

Ce qui ajoute à la richesse de cette narration, c'est tout le parcours d'adaptation de Pauline à son nouveau pays d'élection : La France...tout en nous rappelant les traditions, les usages de son Ukraine natale...C'est aussi l'apprentissage d'une nouvelle langue...et l'amour de Pauline, sa joie des mots, de jouer avec eux, de les tordre, d'en créer de nouveaux. ...

Comme il nous est précisé parfois à la fin d'un film...il est inutile de chercher une ressemblance avec de vraies personnes....!!!....Mais toutefois...quelques clignotants et échos se font dans nos petits cerveaux, à cette très belle lecture...!

Et l'Art qui sauve de tout, qui sublime " le Chemin".. faisant dépasser le désespoir , le mal d'Être....

"L' inspiration...il estimait que le pire, c'était justement de définir le comment et le pourquoi. (...)
Par contre, des interrogatoires comme " Qu'est-ce qui est réel et qu'est-ce qui est inventé dans l'histoire ?" le mettaient mal à l'aise.Comme si, après avoir si bien brouillé les pistes, il avait honte d'avoir fait un retour sur lui-même. Comme s'il ne voulait pas que l'oeuvre d'art, ayant un caractère divin, soit aussi humaine..."



*** Des pensées quotidiennes pour le peuple ukrainien et sa vaillance incroyable...

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le livre s'ouvre par deux superbes épigraphes qui, d'emblée, m'ont donné envie de le lire :
“Je n'ai pas fait un autoportrait, j'ai photographié mon ombre”
“Je me sentais étrangère dans mon pays natal et je l'ai quitté pour finalement me sentir ukrainienne à l'étranger”

le roman m'a parlé car mon épouse est également originaire de l'Est de l'Europe et l'a quitté jeune et seule pour un monde très différent, nombre de passages ont fait jaillir des réminiscences et des sourires. Je l'ai retrouvée alors, semblable à Pauline dans ses comparaisons et étonnements.

Pauline, danseuse de 19 ans à Kharkov, quitte son Ukraine natale pour Paris où elle va passer une audition afin de cpoursuivre sa formation et se lancer dans une nouvelle vie, une vraie vie, elle a un profond désir d'avancer, de découvrir Paris, de s'émerveiller, d'aimer.
Viendront bien entendu les désillusions et les obstacles, son voyage n'est-il pas “impaisible” ?

J'ai longtemps côtoyé des artistes, musiciens, danseurs et danseuses, acteurs et actrices et j'ai apprécié le portrait très juste de ce milieu.

Comment n'aurais-je pu ne pas aimer Pauline, sa jeunesse, son caractère entier et sa soif de liberté ?

Cela dit,ce n'est pas le premier livre que je lis de Maryna Uzun, celui-ci est bien antérieur et laisse augurer les caractéristiques que j'ai aimées dans mes lectures précédentes, un sens poétique certain et des libertés dans les mots choisis - le titre déjà est révélateur ! J'ai peut-être eu tort de ne pas entamer la découverte de l'autrice par ce roman car malgré ses qualités, il ne m'a pas enivré, transporté, halluciné, subjugué comme l'o si bien fait Au piano Bigorneau. Ici ce fut plus factuel mais cela ne m'a pas empêché d'apprécier ma lecture.
Большое спасибо Марина!



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Pauline, dont le prénom a été transformé pour le franciser, est une jeune ukrainienne originaire de la ville de Kharkiv (Kharkov en russe) qui a débarqué en coup de vent à Paris pour passer un concours de danse auquel elle échoue. Alors qu'elle doit déjà songer au retour dans son pays, elle rencontre Tom, un artiste interprète du spectacle vivant intermittent dont elle tombe rapidement amoureuse et qui lui propose le mariage pour lui permettre de rester en France et d'acquérir ainsi la nationalité française. le couple part bientôt s'installer dans une petite ville du Cantal où Tom a décroché un poste de Directeur d'un centre culturel.
Pauline a tout à découvrir, la France qu'elle idéalise, la comparant trop souvent à son pays, les moeurs parisiennes puis la vie à la campagne, le microcosme du milieu artistique, la langue, la relation amoureuse et la vie à deux. Elle ne semble pas toucher terre ; elle est parfois sur un petit nuage, s'enthousiasme facilement mais les réalités de la vie quotidienne la rattrapent vite.
Elle s'adapte sans difficultés à ses nouvelles conditions de vie, mais ressent toujours un léger décalage, lié à son statut d'immigré. Elle se sent ukrainienne en France, et française lorsqu'elle rend visite à ses parents à Kharkiv. Ses valeurs et ses références diffèrent de celle de son mari. Elle dit ne vivre que par le sentiment, et ressent les choses de manière émotionnelle, alors que Tom, dans l'ombre duquel elle évolue, semble fuir la vie, absorbé par son activité artistique.
Ingénu et candide, le personnage de la jeune femme, un peu perdu dans ce nouvel environnement, est attachant, attendrissant.
La tonalité vive, enjouée, aérienne, de la première partie du roman, accompagne le souffle de fraîcheur de Pauline. Une légère inquiétude transparaît néanmoins, annonçant des difficultés qui se font bientôt jour.
Pour le couple qui se sent en fragilité permanente, vient le temps des désillusions, des insatisfactions et des hésitations autour de la question de l'enfant, puis, dans la deuxième partie du roman, surgit le drame, suivi du temps de la résilience, de la lente reconstruction de Pauline, et de la relation balbutiante avec sa fille.
Roman d'apprentissage, le voyage impaisible de Pauline se présente comme un conte moderne, dont la prose, comme l'était celle des Silences d'Isis, est traversée de bulles de poésie et de sensualité. La plume parfois hésitante et ponctuée de légères imperfections de l'autrice reflète parfaitement les émotions, les discordances et la distance ressentie par une Pauline qui doit beaucoup ressembler à Maryna.
"Je n'ai pas fait un autoportrait, j'ai photographié mon ombre".

Je remercie encore une fois, chaleureusement, Maryna, pour sa confiance.

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L'auteure ne pouvait pas donner meilleur titre à son livre. le voyage, c'est être toujours en mouvement. "Impaisible", c'est l'impossibilité de trouver la paix, le repos. L'adjectif n'est plus employé de nos jours où nous dirions "inquiet" ou "agité". "Impaisible" ajoute une note tragique à un destin toujours en guerre et secoué de malheurs. "Se battre: c'est encore là qu'elle se sentait le mieux" dit quelque part Pauline après la mort accidentelle de son mari, Tom. Elle doit se battre contre elle-même lorsqu'elle elle se sépare d'avec sa fille, Léna, dont elle confie l'éducation à ses parents qui habitent Kharkov en Ukraine, puisque dans son malheur, elle se sent incapable de s'occuper de cette enfant qu'elle a eu avec Tom. Peut-être aussi pense-t'elle que son métier de danseuse est incompatible avec une vie de famille. Cette séparation lui donne la liberté de chercher du travail dans une compagnie de danse contemporaine. Pas facile pour une artiste à qui son professeur ukrainien a enseigné davantage la technique que l'émotion. Là encore se dépasser, se battre contre des concurrents, doués eux aussi.
Dans le même esprit, l'écrivain portugais Fernando Pessoa avait écrit "Le Livre de l'Intranquilité", mot beaucoup plus lourd de sens que la simple "agitation"

Quand Pauline, 19 ans, alors étudiante en danse, décide de quitter son pays, l'Ukraine, que l'illusion soviétique a détruit et que les promesses du capitalisme ont déçu, elle choisit la France, le pays de la culture. Elle passe le concours de danse du Conservatoire de Paris. Echec. Désespoir. Rencontre avec son futur mari, Tom, qui l'embauche comme danseuse dans sa troupe de théâtre. "Comment se fait-il que ma vérité soit invraisemblable et mes fabulations tout à fait plausibles" lui déclare un jour Tom. Cette phrase fascine Pauline. Paris est vraiment la ville des artistes !


Initiation à la chorégraphie contemporaine. La mort tragique et soudaine de son mari la rend inconsolable si grand était leur amour. Recommencer à vivre. Quitter la troupe. Retrouver du travail. Au bout du chemin le bonheur, peut-être ?

"Elle allait toujours de l'avant, sans jamais se retourner. C'était la devise des têtes brûlées, mais aussi une devise prolétaire" écrit Maryna Uzun. Combien de femmes et d'hommes ukrainiens ont du ainsi quitter leur pays pour trouver ailleurs une vie meilleure. Ils se sont battus contre vents et marées dans des univers souvent très concurrentiels où personne ne les attendait, ni ne leur a fait de cadeaux. Dans un pays de la Communauté Européenne ou d'Amérique du Nord, zones dans lesquelles il est extrêmement difficile de devenir citoyen. Pauline finira par acquérir la nationalité française par mariage
Ces émigrés ont travaillé comme des "prolétaires" jusqu'à l'épuisement parfois. Ils ont "raboter" comme l'écrit Maryna Uzun, traduisant en français le verbe russe "работать" qui exprime à la fois l'ouvrage bien fait et la peine que demande souvent le travail.

ll y a du caméléon chez Maryna Uzun. Sans doute faut-il l'être beaucoup pour se couler dans la vie française si différente de l'ukrainienne. Et dans le pays où on s'installe, s'intégrer. Disparaître, se fondre, devenir de la couleur des murs. Complètement. Pavlina devient Pauline. Faire oublier qu'on est d'ailleurs. C'est sans doute une des raison pour laquelle l'auteure écrit non dans sa langue, l'ukrainien, mais en français, langue "très difficile" aux dires d'Anatoli, le père de Pauline. Et elle l'écrit bien, avec de belles tournures de phrases et une connaissance aigüe du sens des mots qui, si on oublie d'être cet expert qui décèle içi ou là quelques légères surprises de langage, font oublier que l'auteure est étrangère. Dans le style aussi qu'elle adapte aux différentes situations du livres. Style théâtral avec beaucoup de dialogues quand Pauline vit au milieu de la troupe de Tom. Style du roman bourgeois quand elle réside dans le Var avec son amie Alexandra, ou bien au cours de ses promenades romantiques avec Augustin, Ou bien encore ce style de grise mélancolie très slave quand elle revient à Kharkov voir sa fille.

Andreï Kourkov a écrit le "Le Caméléon". Ce grand auteur ukrainien est lui-même d'origine russe comme Pauline. Parler russe dans un pays où la langue officielle est l'ukrainien, c'est déjà naître caméléon, n'est-ce-pas ?

En plus de la lutte pour une vie digne et passionnante, c'est l'histoire de la construction d'un amour que Maryna Uzun raconte. Avec talent et réalisme elle dessine le comportement amoureux des héros de son livre, Pauline, Tom, Augustin, Pia, en respectant les tempi dans la naissance des sentiments, les doutes, les hésitations, les illusions, les hauts et les bas, les joies, les coups gueule... Il y a dans la manière de l'auteure quelque chose qui touche à l'universel quand elle parle du sentiment amoureux. Ce sentiment, c'est aussi le mien ! C'est sans doute le vôtre. Elle donne son exacte place au désir et à la sensualité, en réservant le plus grand espace au sublime.
Amour entre deux amants, entre parents et enfants, amour qui n'a aucunement besoin de préceptes religieux "tu aimeras ton prochain..." "Ton père et ta mère, tu honoreras !" "Amour divin entre l'homme et la femme". L'absence d'éducation religieuse chez les parents de Pauline est remplacée par une foi universelle. D'où vient cette foi chez ses parents ? "Une foi nue, sans aucun édifice, sans le besoin d'une assemblée, et même sans extérioriser sa voix"

Pauline, "elle avait souvent chaud d'émotions, et froid d'ennui". Elle luttera encore et encore car on n'épuise pas un besoin d'amour.

Il faut lire Maryna Uzun. J'ai lu son livre d'un trait.
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Tout d'abord un grand merci à l'autrice, Maryna Uzun, pour m'avoir offert ce livre, avec tant de gentillesse .

Beaucoup de sensibilité et parfois de poésie , se dégagent tout au long du chemin de vie de cette jeune Ukrainienne.
Débarquée à Paris pour se présenter à un concours de danse, Pauline va rencontrer l'amour en la personne de Tom.

Elle nous dit la découverte d'un univers plein de richesses et son intégration qui se fera doucement avec beaucoup de joie de vivre, de naïveté et de fraîcheur.

Le déracinement , et épisodiquement, le retour au Pays, où elles retrouvera immanquablement les habitudes de cette autre vie, près de ses parents qui l'adulent et sont là piliers solides et inchangés.

Puis sera le temps des amours, le temps des changements, le temps des doutes, le temps de faire des projets de vie autre que la danse, qui pourtant, lui semblait-il, était sa seule respiration !

Le drame fera son apparition qui bousculera tout son bel horizon.

Mais la Vie triomphe de tout !

Ce roman est une belle histoire empreinte de tendresse filiale, de joies partagées, de persévérance, d'impaisibles pensées et doutes, mais surtout
d'amour et d'une sincérité touchante.

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Le voyage impaisible de PaulineMaryna Uzun****
l'été indien du mois d'octobre 2022
Et juste après le titre, comme une précision ou peut-être une confession ou tout simplement une complicité avec le lecteur et les personnages : « je n'ai pas fait un autoportrait, j'ai photographié mon ombre », il n'y a pas d'identification mais pas loin, c'est une question de lumière.
Rencontre avec la France, les premiers pas d'une ballerine aux pas hésitants d'une "poupée mécanique" p.17 dont les bises étaient trop « vraies »  et les « lèvres trop engageantes» p.15
La France et son image rêvée, inventée en volumes traits couleurs et quelques sens dont l'histoire se moquait éperdument, mais pas l'histoire de Pauline qui ne jugeait pas les gens « sur les habits » p.18
Elle quitte Kharkov, sa ville en Ukraine pour tenter sa chance dans une école de ballet à Paris. Quitter un lieu connu pour se retrouver ailleurs dans une terre imaginée où la réalité se présente tout d'un coup différente, il faut s'exprimer, communiquer, se faire comprendre et bien comprendre et attraper le bon verbe qui souvent trouve l'excellent prétexte pour se dérober, et que faire des émotions qui arrivent en vrac sans faire la queue sans demander la permission et toutes ces grosses larmes qu'elles traînent sans pouvoir s'en débarrasser… les pendules se mettent à zéro où tout recommence ailleurs, autrement, à vingt ans !
Rencontres multiples et variées, avec Tom et l'amour, avec une autre culture, d'autres habitudes, des rythmes nouveaux, des nouveaux pas à apprendre, le bal des débutantes, la nouvelle vie est accueillante, mariage avec un français, tout est en accéléré, aux pas de conquérante, et le retour temporaire en Ukraine se fait en héroïne.
Deux terres, mille comparaisons,« Regardez, dans mon pays, quand le soleil apparaît, alors qu'il pleut encore, on dit que c'est le diable qui se marie ! » p.50, appartenance, quelques liens s'estompent ou se perdent, d'autres se créent.
L'écriture a la fraîcheur de la découverte, de l'envol, des hésitations, les premiers pas d'un apprenti dans le grand chantier de la vie ou chaque surprise fait naître une émotion qui empourpre la peau et fait battre la poitrine, une nouvelle respiration un point d'arrêt, quelques répétitions dans une cadence de souffle court, début et incertitude de l'adolescence aux ailes encore fragiles, belles dans leur fougue, innocence, espoir et enthousiasme qui accélèrent le pouls, donnent au corps légèreté, souplesse et une nouvelle fragilité.
L'interdit de manger la bouche ouverte est rejeté, il n'y a rien à cacher, c'est une manière de se « délecter », « un appétit communicatif » p.124
Le trait de reconnaissance, comme un mot de passe, pour entrer chez Maryna, je l'ai trouvé dans quatre lettres et un petit accent, ailé, léger et concentré d'enthousiasme et de poésie, d'envols, jongleries taquines, quelques larmes du trop plein où un rayon de soleil trouve son éclat, quelques bleus aussi, blues au pluriel, des silences, arrêts sur images, le visage nous tournant le dos pour cacher sans succès une forte émotion et pour nous accueillir à nouveau avec ses fils sorciers en soie, coton, raphia qui glissent entre les doigts ou s'y accrochent.
Tentatives d'analyse des nouvelles transformations qui font grandir, du nouveau qui ne se laisse pas facilement définir. Les répétitions des mots et des phrases arrivent souvent comme pour établir une faible certitude et se donner du courage, un livre ouvert sans blancs aux lettres cachées, ni sens à peine dévoilés. Les mots amis se laissent tenter par une ronde de rythmes, de pas, de sens, de pleurs et de joies.
La poésie est présente, comme une bonne fée, ou un lutin malicieux, un Ariel, esprit aérien, fougueux, enchanteur qui prend « goût à trouver des rimes » et à découvrir « le sens figuré » p.65, à « s'émerveiller devant les choses simples. La vie... »p.69, des révélations à chaque instant.
« elle poussa un long cri, une prouesse de respiration ! » p.75 « les lignes de haute tension, ces araignées géantes, reliées entre elles, squelettes de la civilisation. Mais avec une brochette de moineaux, les fils électriques paraissaient moins affreux. »p.75
Une transformation est rarement paisible, c'est comme un voyage qu'on n'a pas préparé d'avance, à chaque tournant une épreuve, un sphinx et sa devinette, une révélation, plusieurs désillusions, déchirures, émotions en dents de scie animent le livre, des envols enthousiastes et passionnés aux chutes amères et profondes, carrefours, tentations, épreuves « La vie lui semblait un bourgeonnement mystérieux de possibilités latentes. La fragilité de l'adolescent et celle de Pauline, s'attirant l'une vers l'autre, donnaient à la jeune femme des forces inespérées : les forces de survie. »p.190
Une tranche d'une vie, comme « un manège bigarré » p.212 d'expériences, d'expressions, de sens, de sensations, de haut en bas et de bas en haut.
Le voyage de Pauline est une création avec son duo « l'agonie et la résurrection » p.114, Pauline-Maryna, personnage à la première personne qui se raconte à la troisième, photographie d'une ombre, transformation « en quelqu'un d'autre » p.113, histoire vécue et imaginée du je, un autre qui parle en chacun de nous.
J'ai accompagné Pauline dans son voyage impaisible et me suis retrouvée souvent dans ses pas, impressions étranges lointaines surgies l'espace d'un roman d'une poésie et d'une reconnaissance et à la fin, à la dernière page le miroir m'invita à poursuivre ce voyage et à m'accrocher en saltimbanque nomade à deux aiguilles qui tricotent sur le cadran d'une pendule amie.
La poésie habite Maryna et fait de chaque chose anodine une émotion une pointe d'humour, une comparaison incongrue un souvenir qui, sorti de son tiroir, se sent transfiguré dans son habit de fête, se délasse dans la chaleur des émotions à l'abri du froid des ennuis et la langue grisée « buvera »p.122 encore du champagne !
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En lisant cette romance je n'ai pas pu m'empêcher de prêter le visage de Maryna Uzun à son héroïne,Pauline! Pauline est ukrainiene et rêve de devenir une grande danseuse. Pour ce faire, soutenue moralement et financièrement par ses parents elle part à Paris pour passer un concours au conservatoire. Elle échoue à ce concours mais rencontre l'amour dans un scénario on ne peut plus romantique ! le coup de foudre entre une adorable danseuse et un séduisant comédien, façon bohême. le mariage s'impose immédiatement pour permettre à Pauline de rester en France. Pas de réflexion sur la difficulté de l'exil dans ce roman car Pauline est suffisamment sûre de ses racines et de ses rêves pour oser déployer ses ailes sans aucun sentiment de perte. de Paris en Auvergne elle vit le parfait amour au sein de la troupe de théâtre qu'elle a intégrée. Pourtant ce bonheur va lui être brutalement arraché. Mais Ce roman n'est pas fait pour la tristesse et M.Uzun donne l'énergie à la demoiselle pour reconstruire le bonheur.
Je me permets de qualifier ce roman de léger car il s'attache à procurer de la joie,il pétille comme Pauline et Maryna Uzun semble avoir pris le parti du conte plutôt que d'un réalisme déprimant....merci à vous Maryna pour cette lecture estivale.
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Voici un livre plein de fraîcheur, où l'héroïne, une jeune ukrainienne, arrive en France pour étudier la danse. Elle va rencontrer Tom, dont elle va tomber amoureuse, et ce livre est une sorte de quête d'un amour idéalisé, de l'amour avec un grand A. Mais rien n'est aussi simple, ni les relations entre amoureux, ni celles avec la famille, ou avec les collègues de travail.
C'est tout un questionnement qui anime la jeune Pauline tout au long de ce livre, à l'écriture originale puisque Maryna Uzun, l'autrice est aussi ukrainienne et qu'elle nous régale d'expressions issues de sa langue maternelle, ce qui a pour résultat un style unique.
J'ai beaucoup apprécié également les anecdotes sur les us et coutumes ukrainiennes, les habitudes familiales, et j'ai même regretté que cet aspect ne soit pas plus développé.
Un livre très agréable à lire, et que j'ai retrouvé chaque jour avec plaisir.
Merci Maryna pour ce gentil cadeau.
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En premier lieu : l'épigraphe "Je n'ai pas fait un autoportrait, j'ai photographié mon ombre "...
Et, si l'on observe la photographie de la 1° de couverture : il y a l'ombre d'une fillette projetée sur un mur ! Maryna avec le néologisme de son titre veut nous entrainer dans un roman " intranquille " fait de lumières et de clairs obscurs : la vie d'une jeune femme avec ses aspirations, ses désirs et ses chagrins !
En effet, Pauline est née comme elle en Ukraine ou elle apprenait la danse classique mais elle a voulu présenter un concours à Paris et, hélas elle a échoué ! C'est l'amour qu'elle rencontre assis, sur un banc en train de lire : Tom, son aîné de 10 ans, artiste intermittent, mélomane..mais elle doit retourner à Kharkov car son visa prend fin et, elle n'aura la nationalité de Tom que quand ils seront mariés !
De retour, ils vont vivre dans " la lucarne " et elle s'inscrit dans un centre de danse contemporaine, elle apprend la vie à la française et compare les deux cultures, elle adore Paris comme a du le faire Maryna, puis elle va dans le Cantal ( Yolet ) ou Tom va diriger une troupe de théâtre et elle donnera des leçons de danse. Tout va pour le mieux, ils sont toujours aussi amoureux et font des jalouses de leur bonheur, ils ont du succès dans les spectacles et s'adaptent parfaitement à leur nouvelle vie quasi rurbaine, à la convivialité auvergnate ! Pauline commence à ressentir un désir d'enfant et, Tom dans un premier temps y est hostile....Puis vient l'accident qui va emporter Tom et laisser Pauline enceinte d'une petite Léna qui naitra sans avoir connu son père. Pauline est ravagée par la douleur mais elle ne veut pas abandonner l'oeuvre de Tom et les comédiens et, après avoir amené sa fille en Ukraine chez ses parents, elle revient à Yolet..
Mais, sur son chemin revient Augustin, l'attaché d'ambassade de Kiev qui l'avait aidée dans ses dossiers et, qui, entretemps est devenu professeur de philosophie ! C'est évident, Maryna est romantique et elle ne pouvait pas laisser son héroïne dans le malheur et loin de Léna !
C'est un roman poétique traversé par l'amour, par l'importance de la création, par les différences culturelles et surtout par la sensibilité, l'humour de Pauline sous la plume de l'auteure !
Merci Maryna pour ce cadeau et ta dédicace !
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