C'est difficile d'écrire un commentaire sur un livre écrit par une amie. On a peur de ne pas être objectif.
C'est difficile d'être objectif.
C'est difficile de dire du bien d'une amie quand on sait qu'elle traverse une épreuve douloureuse. On a peur que ce soit pris pour de la compassion, voire pour de la pitié, mal placées. On a peur de ne pas être objectif.
C'est difficile d'être objectif.
C'est difficile de garder la tête froide et l'esprit clair quand on est ému et quand on a pleuré.
On a peur d'être envahi et surpassé par nos émotions et de ne pas être objectif.
C'est difficile d'être objectif.
Et pourtant… En général, je suis très objectif, je suis même reconnu comme tel. Et puis on se doit d'être objectif avec les amis et de leur dire la vérité. On doit toujours ça à une amie.
Alors, je vais être objectif. Totalement objectif. Après tout, c'est très facile. Il suffit de dire la vérité. La vérité des émotions.
Et le livre de mon amie
Virginie Vanos, «
L'Exilée », m'a donné des émotions, simples mais fortes, directes.
«
L'Exilée » est un livre simple, une histoire simple.
C'est une histoire d'amour et d'amitié.
C'est l'histoire d'un ami, Marek, qui cherche à comprendre l'histoire d'amour qui a existé entre son ami Axel maintenant décédé et Alexandra qui a disparu et qu'il va retrouver.
Pourquoi Marek veut-il comprendre? On ne sait pas vraiment. Sans doute pour avoir la preuve qu'elle a bien existé, qu'elle était réelle. Pour la reconnaitre et pour la réhabiliter.
Car l'amour, le vrai, n'a pas besoin de recevoir d'amour en retour. Mais il a besoin d'être reconnu. Il a besoin d'acknowledgement. Car, sinon, même inconditionnel, même désintéressé, il ne sert à rien, il n'existe pas…
C'est vraiment un très beau livre.
Alors, évidemment, il ne faut pas y chercher d'intrigue extrêmement compliquée. le fil tient par la poursuite d'Alexandra par Marek, agrémentée par les voyages et les stratagèmes qu'il invente avec son ami Orhan pour la retrouver.
Les personnages sont décrits simplement, même superficiellement diraient certains. Et effectivement, il ne s'agit pas d'une peinture psychologique des personnages, précise et détaillée, mais plutôt d'une mise en scène pastel, par petites touches, qui fait qu'on apprend, petit à petit, au fil du livre, à les connaître un peu
On aimerait bien par moments les connaitre un peu mieux, mais Virginie ne veut pas. Elle préfère que nous les découvrions par nous même dans ce qu'ils ont d'essentiel, que nous les imaginions, en quelque sorte.
Et j'ai compris, au fil de ma lecture, avec quel tact, quelle délicatesse et quel amour Virginie nous mettait en présence de ses personnages. Elle veut que nous les observions, comme elle le fait elle-même, que nous nous fassions une idée d'eux, mais avec le même respect et le même amour qu'elle.
Elle veut nous faire partager son amour pour eux, et c'est ce que j'ai totalement adoré dans son livre.
J'ai pleuré à la fin quand Marek dit à Alexandra qu'il n'a jamais vu quelqu'un aimer comme Axel l'aimait.
Et je me suis demandé « qui dira un jour à celle que j'aime que je l'aime comme ça ? »… Et même encore plus qu'Axel n'aime Alexandra…
Axel (et Alexandra) ont beaucoup de chance d'avoir un ami comme Marek…
Cette relecture m'a confirmé, s'il en était besoin, que ce qui m'émeut dans l'écriture de Virginie, vraiment fondamentalement, est le style, le ton, l'atmosphère, le regard, du coeur, coeur ouvert, qu'elle pose sur les personnages et les événements. C'est ces émotions qu'elle leur donne.
Je vous jure, sincèrement, que ce livre émouvant et magnifique dans sa simplicité et son honnêteté fait partie désormais de mon top 10, tous livres confondus. Il m'a fait penser quelques fois à du le Clézio ou à du Mishima.
Il est sur ma table de nuit et je l'emporte maintenant dans tous mes nombreux voyages pour revoir régulièrement, quand le noir me fait peur, Marek, Orhan et Alexandra et que leurs émotions me réconfortent.
Et comme dit Alexandra à Marek à la fin: Merci... Merci, Virginie, pour vos émotions...