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Les enquêtes du commissaire Soneri tome 7 sur 8
EAN : 9782757898871
336 pages
Points (12/05/2023)
3.69/5   130 notes
Résumé :
Un corps a été découvert près du ponte di Mezzo, sur la grève de la Parma. Suicide, accident ou meurtre ? Une camionnette blanche est retrouvée non loin, criblée de balles. Se fiant à son instinct, le commissaire Soneri remonte le torrent jusqu’à un village reculé, au cœur des Apennins. Dans cet endroit coupé du monde, son enquête démarre alors même qu’il s’y retrouve bloqué par une tempête de neige…
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Critiques, Analyses et Avis (46) Voir plus Ajouter une critique
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Valerio Varesi , j'espére bien le rencontrer samedi prochain pour la 11ème édition du salon " Vins Noirs de Limoges , salon qui n'en finit d'ailleurs pas de grandir avec des plateaux de trés grande qualité .
Bon , vous l'avez compris , Valerio Varesi n'est pas un inconnu dans le monde du polar et c'est toujours avec grand plaisir que l'on partage les enquêtes de son grand héros , le commissaire Sarneri accompagné de la subtile Angela .
Pas de surprise non plus si je vous dis que l'intrigue commence par la découverte d'un corps prés du Ponte di Mezzo prés de Parme .En remontant le torrent où a été trouvée la malheureuse ( ? ) victime , le commissaire se dirige vers la charmante cité de Monteripa , village des Apennins aux hivers rudes .... ( vraiment charmante , vous verrez ).
En principe , quand il y a mort violente , il y a enquête et celle-ci révèle souvent bien des découvertes surprenantes avant de trouver son épilogue .
Heureusement , le commissaire est coriace , perspicace et tenace car Valerio Varesi ne lésine pas sur les moyens : affaissement de terrain , découverte d'une voiture criblée de balles , drogue , parties fines , défenseurs de la nature , promotteurs immobiliers véreux , blanchiment d'argent , habitants muets prêtre hors convention ... Tout , tout , tout , vous saurez tout sur les dérives sociétales d'une époque qu'on ne peut vraiment plus qualifier de bénie . Heureusement , "La main de Dieu "veille .
J'ai adoré ce roman lu en une journée , c'est dire .Les personnages sont " forts" , à commencer par le commissaire dont le portrat s'enrichit encore par rapport aux ouvrages précédents , étant bien entendu que ce roman peut être découvert indépendamment des précédents .Pour la plupart des autres personnages , laissez vous porter , ce sont les dignes représentants de causes plus ou moins avouables .Non seulement l'intrigue est solide mais l'auteur sait parfaitement gérer les comportements dans notre environnement actuel et aborder les rapports bien disparates des hommes face à la nécessaire transmission d'une nature préservée ou l'exploitation des richesses à seule fin de profit immédiat . Un roman qui ne manque pas de coffre , et pousse à la réflexion .
Un détail , on peut facilement se perdre un peu ( ce fut mon cas ) dans les noms et prénoms et comme je sais que nous aimons tous un peu " tripatouiller "le livre avant de l'adopter , ne lisez surtout pas la dernière page , le nom du coupable saute aux yeux Non , cherchez plutôt les indices et laissez travailler vos neurones .Pour la victime comme pour l'assassin , croyez moi , ça coule de source ..Oui , c'est pas malin mais je ne peux pas mieux faire pour un dimanche .
Laissez vous tenter , c'est une valeur sûre le Valerio . A trés bientôt et bon lundi de Pentecôte à tous et toutes . Et merci à " La Main de Dieu " pour ce jour férié.
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L'édition française a trois temps forts : la rentrée littéraire de janvier, celle de septembre et entre les deux, au printemps, la sortie du Valerio Varesi annuel. Méthodiquement – grâce leur soit rendue ! – les éditions Agullo poursuivent leur travail de traduction et de parution décalée des polars du plus parmesan des auteurs turinois, pour le plaisir d'une Team Soneri dont les membres augmentent à chaque nouvel opus.

Et avec le cru 2022, on risque d'entendre parler encore davantage de Varesi, tellement La Main de Dieu – traduit par Florence Rigollet – tient toutes ses promesses, retrouvant les atmosphère de Les Ombres de Montelupo qui m'avait tant séduit.

Si l'histoire démarre en plein centre de Parme où un cadavre vient s'échouer sous le ponte di Mezzo, c'est assez rapidement vers l'amont du fleuve que le commissaire Soneri va orienter son enquête, sur les traces d'une camionnette ayant a priori servi au crime.

Laissant Juvara se dépêtrer au bureau et gérer le zèle d'un nouveau supérieur et la pression médiatique avide de news - réelle ou fake - Soneri débarque à Monteripa, petit village de montagne que la météo froide et neigeuse va isoler quelques temps.

Là, il découvre tout un microcosme local, généreux, mafieux ou taiseux, qui semble cohabiter plus que vivre ensemble : riche entrepreneur local aux méthodes douteuses, trafiquants de drogue en luttes de pouvoir, familles décroissantes et marginales vivant sur les hauteurs, curé volubile ou secret selon la situation… Mais aussi garde-forestier au grand coeur ou aubergiste à la cuisine généreuse sans oublier Angela accourue en soutien. Les personnages sont en place, le spectacle peut commencer !

Et c'est là que Varesi est grand ! Dans un décor d'exception qui participe pleinement à sa trame dramatique, Soneri convoque les hommes et confronte les âmes, y ajoutant ici un soupçon de bouffonnerie avec ces sangliers sniffeurs de coke, de colère moralisatrice contre les silences coupables de l'église ou de nostalgie gastronomique avec ces biscuits de la Saint-Hilaire dont les saveurs parviennent jusqu'aux papilles du lecteur.

Opus après opus, Soneri prend du corps, évolue – un peu - dans ses méthodes et renforce une personnalité toujours si mal à l'aise dans son époque, infatigable combattant pas encore résigné : « Je me défends avec des illusions, même si à mon âge, j'ai de plus en plus de mal… ».

Et si la tentation est grande (elle fut mienne dans de précédentes chroniques) d'établir des parallèles entre Soneri et certains de ses grands prédécesseurs (Maigret, Adamsberg voire Longmire), il apparaît comme une évidence qu'il n'en est rien. Soneri n'a pas besoin de leur être comparé : il s'inscrit naturellement, livre après livre, dans cette lignée de grands flics de polars dont la seule personnalité suffit à faire tenir un livre.

Une personnalité aux goûts si simples : « de la bouffe et du sexe, voilà ce qu'il nous faut. Enfin du sexe… ». Reste donc la bouffe. Et la lecture. Alors attrape un flacon, un peu de pain et quelques copeaux de grana : ta lecture peut commencer…
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J'ai fait cette belle découverte dans une boite à livres. Aussi pour me faire pardonner auprès de l'auteur ne pas avoir apporté ma contribution au soutien de son talent, je me fais le devoir de déclarer ma satisfaction les pages de Babelio.

J'aime en effet ces polars dans lesquels le sang ne colle pas les pages, dans lesquels le flic se sert de sa jugeote plus que de son flingue. Pas de mise en scène sordide, de crime rituel, de fou cinglé qui fracasse des vies au hasard. Et pourtant on ne s'y ennuie pas le moins du monde. La preuve pour moi qu'on peut faire du polar moderne - car le contexte est actualisé - sans sombrer dans le glauque racoleur.

Lorsque le torrent impétueux qui dévale la montagne livre un cadavre sur ses berges, à l'approche de Parme, le commissaire Soneri comprend vite qu'il va devoir remonter à la source pour trouver l'origine de cette découverte morbide. Son auteur surtout, car le meurtre ne fait aucun doute.

Il n'a rien d'un super héros au pistolet greffé ce commissaire. Son style le fait qualifier de Maigret parmesan en quatrième de couverture par la critique littéraire du Point. Je la rejoins quant à ce ressenti. Valerio Varesi nous livre un polar d'ambiance dans lequel décor et psychologie des personnages sont restitués avec soin.
L'omerta sévit aussi en milieu montagnard. Chaque vallée est un microcosme. Outre son expérience, il faut beaucoup de psychologie à ce flic de la ville pour conduire son enquête. de sang-froid aussi, pour ne pas se laisser impressionner par les taiseux au regard agressif ou les viandards exubérants qui rentrent de la chasse excités par leur course au gibier.

Quelques belles réflexions sur la condition humaine, son rapport à la religion, qui n'est jamais très loin en Italie, rehaussent les habituelles procédures du limier parmesan. Ce subtil dosage nous conduit vers un dénouement qui, bien qu'on le voie venir d'assez loin, ne perd rien de sa valeur grâce à la teneur de la joute verbale qui le couronne.

La main de Dieu est un très bon polar qui ne se sent pas obligé de sombrer dans le sensationnel pour entretenir l'attention de son lecteur. La réalité est assez méprisable comme ça.

Figurez-vous qu'il y en avait un autre polar du même auteur dans la boite à livres. Je ne vais donc pas me priver de faire plus amplement connaissance avec ce flic fréquentable. C'est vrai qu'il a un style bien à lui sous la plume de Valerio Varesi.



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Janvier, nous sommes en Italie, le vent marin de Ligurie avait franchi les Apennins, la neige fondait à toute allure en grossissant le torrent. le commissaire Soneri marche dans Parme qui n'était plus qu'un granité géant dans lequel la foule fluctuait d'un pas mal assuré en s'agrippant aux rampes ou aux parapets pour ne pas tomber.

Un appel de son bureau, le détourne de sa ballade, juste en dessous, sur la grève du Parma, à côté du ponte di Mezzo, un cadavre s'est coincé sous un parapet. Quelques instants plus tard, une camionnette est découverte à Pastorello, transpercée de cinq balles.

Son enquête va le mener, jusqu'à un village isolé des Appenins, près d'un col autrefois parcouru par les marchands et les pèlerins et désormais fréquenté par les vendeurs ambulants non européens et les " mules " de la drogue. Dans un paysage de neige, d'arbres et d'eau menacé par des intérêts économiques, Monteripa. Les habitants sont taiseux, ils n'aiment pas les questions, ni les étrangers, surtout les flics.

Il trouvera à se loger dans la seule auberge, encore ouverte, le patron Egisto n'est pas très tendre, avec les Faunes, une communauté des bois.
« - Oh oui, c'est beau, tout ça ! On ne sait même pas ce qu'ils fabriquent…Paraîtrait qu'ils s'accouplent comme les lapins sans trop regarder la parentèle, on dit même qu'ils font des partouzes. de toute façon, qui peut les voir ? Déblatéra le patron en préparant un plateau de charcuterie et des copeaux de grana. »

Dans ce paysage qui le fascine et qui le bouleverse à la fois, il rencontre des personnages bizarres, des gens fuyants, des montagnards hostiles habitués à se taire. Un curé, don Pino, très remonté contre la plupart des villageois.
«- Ils n'ont pas eu besoin, murmura-t-il. Ils m'ont isolé, on ne peut pas faire mieux. Isoler un prêtre, c'est comme retirer l'eau à un poisson. Je sers à quoi, ici, en disant la messe à trois petites vieilles complètement sourdes qui répondent au hasard pendant la liturgie ? le jour de la bénédiction de la craie, je ne trouve que des portes fermées. Je lutte, je persévère, mais l'indifférence finit par me ronger. L'église déserte, le cimetière où les os disparaissent, le mépris…Après ces épreuves, il n'y a plus que la croix. »

Le commissaire Soneri, découvre malgré tout l'identité de la victime, un entrepreneur local riche et redouté, dont le nom est lié à un violent conflit d'intérêts sur l'avenir de ces montagnes. Au fil des jours, l'enquête devient de plus en plus inquiétante. Que se passe-t-il dans ce village ? Pourquoi a-t-il été tué ? A quelle combine était-il mêlé ?

La main de Dieu de Valerio Varesi, est mon premier livre de cet auteur. J'ai passé un moment très agréable. Un enquêteur tenace, dur et intelligent. On ne voit pas le temps passer, tant l'enquête est prenante. Pas glauque, un bon policier.
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Valerio Varesi s'inscrit fort justement dans la liste des auteurs classiques de romans policiers où tradition prime sur sensationnel.
Cette nouvelle enquête entraîne le commissaire Soneri à Monteripa, un très joli petit village des Apennins, après que le corps d'un homme ait été retrouvé sur la grève de la Parma, à côté du ponte di Mezzo. Mais le cadavre est l'arbre qui cache la forêt. Les investigations du limier gourmet vont l'amener à découvrir les ingrédients d'un cocktail diabolique où se mêlent des faunes, de la drogue, une pute de luxe, un curé et des chasseurs...
C'est toujours une joie sous le prétexte d'un simple polar de découvrir l'Italie, sa gastronomie et ses personnages hauts en couleur.
Même si le suspens n'est pas poussé à son paroxysme, on folâtre volontiers dans cette histoire où l'on prend une grande bolée d'air pur.
C'est une lecture où l'on déguste l'humour à froid du commissaire et de sa compagne Angela au milieu d'une nature sauvage. Une très agréable récréation !
Traduction de Florence Rigollet.
Editions Agullo, Points, 333 pages.
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critiques presse (4)
Telerama
12 juin 2023
Cette fois, La Main de Dieu se déroule sur les hauteurs de Parme, dans un village perdu des Apennins qui se révèle aussi poétique que dangereux.
Lire la critique sur le site : Telerama
LePoint
16 août 2022
Bourru mais gourmand, le Maigret parmesan de Valerio Varesi est une sommité en Italie. Sa septième enquête, en montagne, atteint des sommets.
Lire la critique sur le site : LePoint
Telerama
11 août 2022
Une véritable plongée ethnologique dans les pas de Soneri, un commissaire discret et contemplatif à la Maigret.
Lire la critique sur le site : Telerama
SudOuestPresse
29 juin 2022
L’auteur italien Valerio Varesi continue de parcourir avec son héros Soneri les rues de Parme et les sentiers d’Emilie-Romagne
Lire la critique sur le site : SudOuestPresse
Citations et extraits (92) Voir plus Ajouter une citation
Moi, j’appartiens à ces forêts, et eux, ils considèrent que la forêt leur appartient. Toute la différence est là, dit l’homme en souriant tristement.
Ils sont stupides parce que le développement, comme ils l’appellent, eux et les politiciens, c’est leur condamnation.
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Sur la table, il y avait un paquet, et sous le ruban, une carte de visite qui indiquait : Pour le commissaire Soneri. Aucune signature, pas un mot de salutation. On avait dû le déposer tôt le matin, car lorsque Juvara était arrivé au bureau, le paquet était déjà là.
– Si j’étais vous, je ne l’ouvrirais pas, ajouta-t-il. On ne vous a pas transmis la circulaire du questeur au sujet des colis et du courrier ?
Soneri haussa les épaules et joignit le planton :
– Tu sais qui a déposé un paquet pour moi, ce matin ?
Mais le planton non plus n’était pas au courant.
– Dottore, reprit Juvara, d’après moi, quelqu’un a prétexté un truc pour venir le déposer ici. Si j’étais vous, je ne l’ouvrirais pas, insista-t-il encore. Personne ne vous a dit pour le collègue, en Toscane ? Il a eu le visage brûlé.
Le commissaire haussa de nouveau les épaules, détacha la carte de visite et soupesa le paquet.
– Je me fous des circulaires du questeur, affirma-t-il en arrachant le papier.
D’instinct, Juvara se recroquevilla derrière l’écran de son ordinateur, mais rien ne se passa. Soneri en tira un petit assortiment de pâtisseries surmonté de deux scarpette, deux biscuits en forme de chaussure. C’est alors que le commissaire se souvint que l’on était le 13 janvier, le jour où l’on fêtait le protecteur de Parme. – On a peur de nos souvenirs, dit-il dans un sourire amer.
Et devant l’expression quelque peu interdite de l’inspecteur, qui ne saisissait pas, il expliqua :
– Aujourd’hui, c’est la Saint-Hilaire, la fête de notre saint patron. Un voyageur parti de Poitiers. En voyant ses souliers troués, un cordonnier d’ici les lui a ressemelés : tu comprends pourquoi les biscuits ont cette forme ?
Juvara s’étonna tout en hochant la tête. – De toute façon, ajouta le commissaire, ce n’est pas ton genre de saint, il faisait trop de sport.
L’autre marmonna quelques mots tandis que Soneri rêvait déjà devant les deux biscuits glacés parsemés d’éclats de sucre jaune et bleu aux couleurs de la ville. Sa mémoire divagua jusqu’à ce qu’elle se transforme en images oniriques, puis une mauvaise pensée assaillit son esprit : à son âge, il s’était déjà englouti la moitié des scarpette auxquelles il avait droit.
Sous l’œil perplexe de Juvara, le commissaire se saisit de son portable comme s’il voulait demander de l’aide. L’inspecteur l’entendit murmurer d’une voix de somnambule et devina qu’il s’adressait à sa compagne.
– Mais qu’est-ce que tu racontes ? s’esclaffa cette dernière.
– Je t’assure, répéta Soneri, j’ai mangé la moitié des scarpette auxquelles j’ai droit : c’est une question de statistique.
Le pire fut qu’Angela resta sans voix.
– Pas seulement les scarpette, poursuivit-il, les anolini, les tortelli, les tripes…
– Visiblement, de tout ce que tu regrettes, il n’y a que la bouffe qui compte, constata-t-elle.
– Les scarpette, on n’en mange qu’une fois l’an, pas tous les jours. C’est limité, répliqua-t-il.
– Comme pour tout…
– Ce n’est pas vrai. Je pourrais décider de t’embrasser toute une journée et te donner plus de baisers qu’en une année.
– Quelques heures te suffiraient… le moqua Angela.
– Je veux simplement dire que l’irréparable est entré dans nos vies.
Elle eut un petit rire nerveux, et Soneri se reconnut dans son malaise.
– Tu as de ces conversations…
Angela essaya de changer de sujet, mais échoua lamentablement.
– Bon Dieu, réattaqua Soneri, pourquoi chaque fois qu’on passe du temps ensemble, on y pense avec regret ? Pourquoi on a cette impression d’être volé à chaque jour qui passe ?
Le commissaire parlait à jet continu, et Juvara, qui continuait de l’écouter en silence, un peu gêné, songea soudain aux assassins repentis, aux malheureux dont il avait rédigé les aveux sur des procès-verbaux.
– Tu sais très bien pourquoi, s’agaça Angela tout en reprenant son sérieux, et tu sais qu’il n’y a pas de solution. La seule issue, c’est de ne pas trop y donner d’importance, de se croire invulnérable et d’avancer sans trop se poser de questions. Ou tu crois que tu es un dieu, ou tu crois en Dieu, conclut-elle. Barguigne tout ce que tu veux, tu n’y échapperas pas.
À la manière dont le commissaire raccrocha, Juvara sut que la journée serait mauvaise.
– Bon, ben, heureusement, il ne s’est rien passé, dit-il pour essayer de dédramatiser en visant le paquet.
Soneri lui jeta un regard noir.
– J’aurais préféré qu’il explose, ça aurait fait moins de dégâts, siffla-t-il en sortant.
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L'italien possède une chose que les Anglais ont du mal à comprendre : la nuance. Il faut toujours essayer de comprendre ce qui se cache derrière les mots.
-Ils sont souvent trompeurs, admit le commissaire. Ils disent apparemment une chose, mais en signifient une autre.
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La route était un cimetière d’ornières qui se déroulait patiemment en direction du ciel entre éboulis, hêtraies et pinèdes de reboisement. Le vent secouait les arbres comme s’il voulait les arracher en brisant leurs racines. La pluie apportée par le sirocco débordait de la terre trempée. C’était bientôt le soir, et depuis plus de quatre heures, Soneri remontait la vallée tel un berger qui s’en irait passer l’hiver de l’autre côté de la montagne où donne la tiédeur de la mer.
Son téléphone sonna tandis qu’il découvrait le panneau de Monteripa.
– Ton Ducato est en règle, annonça Nanetti. On n’a trouvé que dalle, à part la puanteur.
– Si ça pue, ce n’est pas en règle, répliqua Soneri.
– Qu’est-ce que t’as ? C’est l’air de la montagne qui te rend spirituel ? Y a pourtant pas de quoi rire : je n’arrive à aucune conclusion. On ne trouve pas le moindre indice. Quoi qu’il en soit, c’est ton problème.
– Je ne plaisante pas, se froissa le commissaire, si tu dis que ça pue, ça doit bien venir de quelque part, non ? Ça pue quoi ?
– Je ne sais pas. Ce genre de vieille odeur stagnante qu’on sent dans les cars, ou dans les caves. Une crasse lyophilisée, réduite en poussière, absorbée. Impossible à éliminer, comme les rats. Et à l’arrière des sièges, on a trouvé une couche de crasse bien dégueulasse avec des cheveux. Maintenant te dire depuis quand ils y sont… On a prélevé des échantillons, au moins, si on doit faire des comparaisons, on sera sûrs du résultat… précisa Nanetti.
– Rien d’autre ?
– Je te l’ai dit : ils n’ont rien laissé, rien sur quoi s’appuyer.
Soneri raccrocha, indécis et confus. Loin de la Questure, perdu dans ces montagnes, il se sentait déboussolé et ne savait même plus où il voulait en venir. Monteripa donnait l’impression d’un village où les gens restaient faute de mieux. Qui sait pour quelle raison les Breviglieri s’étaient enthousiasmés pour cet endroit.
Ils habitaient un peu en dehors du village, sur la seule route qui conduisait au col du Brattello avant de continuer son ascension vers un paysage lunaire de pierres et de sommets corrodés par le gel. Ils avaient raccommodé leur logement du mieux qu’ils le pouvaient en faisant de menus travaux. Ce devait être une ancienne maison de cantonnier abandonnée et cédée à bas prix. Derrière, Soneri remarqua le potager dont avait parlé Coruzzi.
Une femme encore jeune, quoique déjà un peu fanée, vint l’accueillir.
– Je suis Elena, se présenta-t-elle avec un grand sourire solaire.
Derrière elle, deux bambins intrigués par le nouveau venu apparurent en silence.
– Commissaire Soneri, de la PJ de Parme, dit-il. Votre mari est là ?
La femme perdit aussitôt son sourire et regarda tout autour d’elle en pâlissant. Elle portait un survêtement qui lui donnait l’air négligé de ceux qui se fichent de leur apparence.
– Il va bientôt arriver. En attendant, je peux vous offrir quelque chose ?
Soneri fit signe que non.
– Pourquoi vous cherchez Giancarlo ? demanda-t-elle avec une certaine appréhension.
– Nous avons retrouvé son véhicule sur la grève du torrent… expliqua le commissaire en laissant volontairement sa phrase en suspens.
Elle le fixa encore avec appréhension.
– La camionnette ? chuchota-t-elle.
Soneri acquiesça.
– On lui a tiré dessus. Cinq coups de fusil.
La femme eut un sursaut et resta silencieuse. Puis elle détourna son regard et s’occupa de ses enfants. Le commissaire aussi passa à autre chose, peu convaincu que cette famille ait quelque chose à voir avec l’enquête. Les coups de fusil ne devaient être qu’une bravade de chasseurs qui s’étaient amusés comme on s’amuse à tirer sur des panneaux de signalisation.
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Le commissaire regarda tout autour de lui, puis leva les yeux vers le pont où des têtes s’alignaient comme des pastèques sur un étal. Ce cadavre s’exhibait de manière scandaleuse sans la moindre pudeur dans un quartier du centre, et sous le pont le plus ancien de Parme. Un événement si éclatant qu’il donnait l’air de mettre en garde. À peine au-dessus de l’avenue : le marché de la Ghiaia, les rues passantes, les fenêtres de l’Oltretorrente, la Pilotta, résidence des ducs, le palais communal et le duomo. Un mort comme un coup de feu en plein cœur de la ville.
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Vidéo de Valerio Varesi
Valerio Varesi vous présente son ouvrage "Ce n'est qu'un début, commissaire Soneri" aux éditions Agullo.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2800892/valerio-varesi-ce-n-est-qu-un-debut-commissaire-soneri
Note de musique : © mollat Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube.
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