Politique qualité

Si je reprends la critique d'ActuaBD, "Sincère mais pas toujours passionnant", je trouve que cela résume tout de manière hyper concise.

A la base, il y a cinq ex-ouvrières d'Ericsson, renommée Jabil, qui ont envie de parler de leur vécu. Les choses s'enchaînent et de fil en aiguille, elles se retrouvent avec cinq jeunes femmes qui seront leur alter ego, et deux metteurs en scène. Elles tourneront en amateur pendant trois ans, avec coeur, courage et détermination. Avec sincérité. Oui, clairement !

Là où le bât blesse, c'est dans le dessin, et la mise en couleur bicolore, blanc et orange... beurk. le dessin est un crayonné griffonné. On reconnaît less personnages (le plus souvent), mais ne comptons pas sur des décors.

Le propos est dur et cash. La lourde chape de béton de l'entreprise "moderne" façon rouleau-compresseur décérébré. C'est réaliste, mais super lassant.

En fait, le plus intéressant, ce sont les moments où on voit ces femmes vivre, ressentir des émotions, parler de leur vécu. le propos politique tue tout sur son passage. Mais, me direz-vous, cette pièce (et la BD) SONT politiques. Bien sûr, répondrais-je, je le sais et je me félicite du discours tenu sur la société et le monde des entreprises (discours avec lequel je suis 100% d'accord, d'ailleurs). Mais ce discours est tellement omniprésent qu'il était inutile de l'asséner avec autant de force. Ce discours suppurait des échanges et des souvenirs, pas la peine d'en remettre des tonnes de couches.

Au final, j'ai eu une overdose, alors que je sais que le monde des entreprise aime broyer les âmes et ruiner les corps (à moins que ce ne soit l'inverse, ou les deux en même temps). C'est lourd et indigeste, et c'est bien dommage au vu de l'importance du discours.

Un groupe de retraitées, anciennes collègues, se retrouvent régulièrement pour marcher. Un jour où elles repensent à tout ce qu'elles ont vécu à l'usine, surgit l'idée d'entreprendre un livre ou, pourquoi pas, une pièce de théâtre pour raconter les grèves, les luttes. Et les voici embarquées dans une aventure qui va les conduire à livrer le récit de leurs souvenirs, à évoquer leur enfance, leurs années de travail, afin qu'un metteur en scène produise un texte qu'elles finiront par jouer en binôme avec des jeunes filles chargées de les incarner dans le passé.
(...)
Cette bande dessinée poursuit finalement les mêmes objectifs que le spectacle : transmettre une conscience de classe, rendre compte des mécanismes prédateurs du système économique. L’exercice est en ce sens parfaitement réussi car conserver le contrôle du récit de nos luttes est important, vital, cependant l’usine fermera et on peut s’interroger sur la capacité de pouvoir des arts sur le réel.

Article complet en suivant le lien.
Lien : https://bibliothequefahrenhe..

En 2015, l'usine Jabil de Brest a fermé définitivement ses portes. Cette usine créée en 1971 et qui a connu plusieurs noms - Ericsson, Thomson, Alcatel, Jabil - fut un important employeur de la région Brestoise et une véritable opportunité à une époque où les bretons se battaient pour pouvoir “Vivre et travailler au pays”. Mais très vite des difficultés apparurent et avec elles les luttes, les manifestations, le mouvement syndical, la camaraderie et la solidarité ouvrière. Pour donner une résonance à cette histoire, d'anciennes ouvrières de Jabil ont monté une pièce de théâtre intitulée Politique Qualité où elles racontent leurs parcours de militantes, d'ouvrières et de femmes. Une belle et louable initiative qui permet de donner la parole au mouvement ouvrier à travers le théâtre, ce qui est une chose plutôt rare.

En revanche, je suis plus dubitatif sur la valeur ajoutée - dans le cas présent - d'une bande dessinée sur les coulisses de la préparation de cette pièce de théâtre. En effet, Politique Qualité est bien trop bavard et ressasse en boucle les mêmes thèmes : les luttes, l'engagement militant et l'importance de continuer la lutte pour les nouvelles générations.
Elles sont bien gentilles les Arlette, Yvonne et autres Jeannine mais tous les détails apportés par la BD sur leurs nombreuses craintes et blocages durant le processus de création de la pièce de théâtre n'apportent rien de passionnant.

Au delà de la démarche pleine de sincérité de Sébastien Vassant et de la belle aventure humaine transgénérationnelle vécue par ces femmes pour faire connaître leur histoire, il n'y avait sans doute pas assez de matière pour en faire une bande dessinée (ou du moins pas aussi longue).

Je comprends l'idée de garder le témoignage écrit après la pièce de théâtre. Mais je n'adhère pas trop au scénario : c'est l'histoire de l'histoire, et du coup j'ai l'impression qu'il y a beaucoup de répétition et de redite.
C'est intéressant, mais malheureusement j'ai du me pousser pour aller au bout de ma lecture