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4,1

sur 1233 notes
"sous la tranquillité trompeuse de la surface des eaux, [se cache] la mêlée incessante et cruelle des bêtes dans les profondeurs"
Cette nouvelle, symbole de la résistance, est publiée par la maison d'édition clandestine Les Editions de Minuit en 1942. Un monologue encombrant face au silence et au mépris..
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Au cours d'une conversation à bâtons rompus avec ma petit-fille, nous avons parlé, entre autres, du "silence de la mer".
C'était pour elle un bon souvenir scolaire. Je ne me rappelais pas si je l'avais lu ou pas et comme elle en parlait si bien, je l'ai emprunté.
J'ai trouvé cette nouvelle très puissante.
Le silence comme seule arme contre l'occupant, c'est très fort.
L'indifférence du silence qui peu à peu se lézarde.
Bien sûr, cette stratégie n'aurait pas pu fonctionner avec tout autre que Werner von Ebrennac.
Quant aux autres récits, ils m'ont tellement ennuyée que j'en ai abandonné la lecture.
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une oeuvre magistrale autant que ses personnages. l'un produit un monologue plein de rage, d'impuissance et de désespoir et l'autre muré dans son silence donne une grande leçon de resistance et gagne son propre combat. La seconde nouvelle qui fait partie du livre est également une très bonne surprise littéraire.
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Le silence de la mer est écrit par Vercors. le livre est publié clandestinement en 1941. L'auteur, Vercors fonde avec son ami de Lescure les éditions de Minuit. Son nom est Jean Bruller. Il prend comme nom d'écrivain Vercors à la sortie du livre. Vercors est de ceux que révulse le Nazisme. Il sera résistant sous le régime de maréchal Pétain.

L'histoire est celle d'un capitaine allemand qui réquisitionne une chambre de la maison d'un vieil homme qui y vit avec sa nièce. Cette maison est située au nord-ouest de Paris.

Il se présente Werner von Ebrennac. Il demande qu'on lui montre sa chambre. Lorsqu'il rentre tous les soirs c'est comme un rituel. Il s'arrête devant la porte de la pièce ou séjourne le vieil homme et sa nièce. Il parle pour demander des draps, dire que si le passage à son retour du soir dérange il entrera par la cuisine, il demande de pouvoir se réchauffer au feu ouvert où brûle des buches, il admire les livres dans la bibliothèque, se dit musicien et aimer la France. Ses paroles se termine immanquablement par : « Je vous souhaite une bonne nuit ».

Il ne trouve aucune réponse à son expression et s'en contente. le vieil homme et sa nièce expriment leur patriotisme par le silence.

Le narrateur est le vieil homme.

Au départ je me suis demandé si la maison était à proximité de la mer. Ensuite, je me suis dit que ce silence de la mer n'était qu'une image.

Si je reconnais à Vercors des talents d'écriture, je me suis étonné qu'une telle histoire littéraire ai rencontré un si grand succès. Mon appréciation, ma réflexion doit être issue du fait qu'en littérature, j'aime les histoires qui bouges, pleines de rebondissements, qui tiennent en éveil et qui aboutissent à des effets de surprises.

J'ai vu le téléfilm de 2004 avec :
Thomas Jouanet : Capitaine Werner von Ebrennac
Julie Delarme : La nièce
Michal Galabru : le vieil homme.

J'ai plus aimé le téléfilm que le livre.

Le réalisateur est : Pierre Boutron. Celui qui écrit le synopsis ne s'est pas contenté de se limiter au contenu du livre. C'est souvent le cas au cinéma. Parfois cela apporte un plus, d'autrefois un moins à l'histoire visualisée.

Dans le contexte de la guerre, les paroles très positives de l'officier à l'égard de ses hôtes et concernant la France étaient-elles tenables ?

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Le silence de la mer appelle la méditation, et je comprends le fait que ce soit un grand texte. Courte à lire, mais longue à digérer (on peut en dire long à son sujet), cette nouvelle traite de l'Occupation et du rôle de la parole et du silence.
La sympathie de ce militaire a quelque chose de dérangeant : en tout cas, cela m'a fait assez drôle à la première lecture. La situation en elle-même est dérangeante, et l'envahisseur est un personnage très envahissant dans l'esprit du narrateur et du lecteur. Ainsi, alors que le soldat est décrit de manière très détaillée, notamment par prosopographie (physique et allure), on ne sait rien sur le narrateur et sa nièce, qui se caractérisent par leur mutisme, alors que le temps passe et que les visites de l'allemand deviennent routine. Cette routine, qui s'installe, montre que le narrateur et sa nièce se "font", s'habituent à la présence de l'Allemand (il paraît sympathique et ambivalent, reste qu'il est d'accord avec Hitler), et c'est peut-être le pire, le fait que l'Occupation deviennent routine.

Une lecture faite par hasard, et qui pèse beaucoup, heureusement que j'ai pu longtemps en discuter avec ma famille.

Un grand texte de la Résistance.
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Ecrit en 1941, le silence de la mer est le récit d'une prise de conscience. Celle d'un homme qui a d'abord cru en la possibilité qu'une union forcée par les armes entre l'Allemagne et la France puisse aboutir à une heureuse destinée commune puis, a réalisé sa totale erreur.
Ce récit, d'une profonde subtilité, nous conduit à réfléchir à la perversion des esprits par la propagande étatique. La France n'a-t-elle pas, elle-même, pensé que Napoléon libérait l'Europe de l'emprise des tyrans en y répandant l'évangile révolutionnaire ?
A la brutalité, à l'absurdité ne répond que le silence qui, contrairement à la croyance populaire n'est pas consentement mais dédain.
Mais ce récit est aussi celui de l'amour impossible de la belle et de la bête et de l'honneur retrouvé à ne jamais obéir en masquant sa conscience profonde sous le voile de la compromission.
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Puissant ce petit bouquin (en taille), là aussi issu d'un carton de reliures du XXe emporté aux enchères. Tout le monde en a entendu parlé mais maintenant, je sais quoi mettre derrière, pas spécialement la mer, non, mais le silence, oh oui, et un silence pesant parfois, celui d'un père et sa nièce en charge de recevoir un officier allemand. On est en 1941 (d'après la fin du livre, octobre 1941) et on comprend vite qu'ils n'ont rien choisi de la situation, ils se font occuper par l'occupant, jusque dans leur maison et le silence va s'installer, l'Allemand va le respecter et, avec ou sans son costume militaire, il se livrera plus ou moins, n'attendant pas de réponses, il a compris la fierté de ces deux-là. Et pourtant des liens se tissent, des manques arrivent quand un retard est là, mais garder toujours cette froideur. Très très beau livre, la guerre vue de l'intérieur sans défilé et flon flon, un long monologue, presque. Et moins d'une centaine de pages, n'hésitez pas et comme moi, cela deviendra autre chose qu'un titre ou un auteur connu.
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Mon édition du "Silence de la mer" est un recueil de huit nouvelles de Vercors, toutes plus brillantes les unes que les autres.

Publié en pleine Seconde Guerre mondiale, "Le silence de la mer" a valeur de document. Il raconte la cohabitation forcée entre un oncle, sa nièce, et un officier allemand. Celui-ci déploie des trésors de patience et de culture pour amadouer ses hôtes, qui l'ignorent consciencieusement.
Ce récit a ceci d'intéressant que l'allemand est sincèrement convaincu de l'intérêt des deux pays à s'apprivoiser puis à s'unir. Ce personnage impressionne par sa sensibilité, et sa ténacité fait écho à celle des français qui l'accueillent malgré eux. Plutôt que de critiquer frontalement l'occupant, Vercors choisi la finesse : le silence est une toile sur laquelle s'épanouissent les sentiments des protagonistes. Jean-Pierre Melville (autre résistant) en a filmé une adaptation tellement fidèle qu'on y retrouve le texte en intégralité.

Le silence est aussi au coeur du "Désespoir est mort". Ce court récit met en scène un officier atterré par l'egocentrisme et la superficialité de ses collègues suite à l'armistice de 1940.

"La marche à l'étoile", c'est le trajet fait par Thomas pour rejoindre la France depuis son Danube natal. Ce voyage, qui fait directement référence à l'histoire du père de Vercors venu à pieds de Budapest, est l'occasion d'une magnifique déclaration d'amour à la France à travers le regard d'un immigré Slovaque. Cet amour inconditionnel évoque immanquablement celui qui anime l'officier allemand du "Silence de la mer" et témoigne de la complexité des sentiments, de la mise à mal des valeurs et des loyautés pendant l'occupation. Un récit d'une finesse remarquable.

Ne pas se fier au doux titre du "Songe", qui cache un récit d'une atroce lucidité. le narrateur raconte la manière dont il partage le sort de déportés par le songe, tout d'abord comme témoin, puis comme victime. Écrit en 1943 il montre de manière incontestable que les (dirigeants) français savaient au moins en partie ce qu'il arrivait aux prisonniers. Les descriptions sont glaçantes, incroyablement proches des témoignages des survivants des camps. Bouleversant.

"L'impuissance" pose la question de la place de l'art dans un monde inhumain.
À l'annonce de la mort "d'extrême faiblesse" de l'un de leurs amis dans un camp de Silésie, qui coïncide avec la nouvelle du massacre du village d'Oradour, le narrateur assiste à la colère homérique de l'un de ses compagnons. Il s'apprête à brûler tous ses livres, tableaux et objets précieux.
"Tu voudrais que je garde tout ça sur mes rayons ? Pour quoi faire ? Pour, le soir, converser élégamment avec Monsieur Stendhal, comme jadis, avec Monsieur Baudelaire, avec Messieurs Gide et Valéry, pendant qu'on rôtit tout vifs des femmes et des gosses dans une église ?" apostrophe-t-il le narrateur.
Comment créer après la Shoah ? Quelle place pour l'art alors que l'humanité est capable de telles monstruosités ?
Se poser ces questions en juillet 1944 et y répondre en se gardant de céder au désespoir montre l'incroyable clairvoyance de Vercors, qui n'a cessé de me surprendre récit après récit.

"Le cheval et la mort" est un très court récit satirique et presque fantastique, qui compare Hitler à la fois à un cheval errant et à la mort.

"L'imprimerie de Verdun" montre bien la foi qu'avaient les anciens combattants en Pétain, et en profite pour dénoncer les louvoiements et les trahisons du héros de Verdun envers ses propres soldats, doublé d'antisémitisme ordinaire :
"Tu sais qu'au fond, les Juifs je les emmerde, mais les gars comme toi... Verdun et les palmes... le Vieux, laisser tomber ses poilus ?"
Est aussi épinglé le penchant à ne pas voir ce qui ne nous plaît pas, sur l'air de "ça n'est pas possible, ça n'arrivera pas", avec les conséquences que l'on connaît, mais aussi l'héroïsme du simple citoyen poussé par l'amitié. Une histoire très humaine, tout en nuances.

"Ce jour-là", un père et son fils partent pour une douce promenade dans la campagne. Un danger plane, de plus en plus perceptible. La nature vibre, le père se comporte de manière inhabituelle, l'enfant sent confusement qu'il se passe quelque chose. Très émouvante, cette nouvelle a été publiée dans une brochure destinée aux enfants des fusillés.
Elle conclue ce recueil en plaçant la lumière sur les enfants, victimes et orphelins, pourtant porteurs d'espoir d'un avenir meilleur.
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Ce texte digne fait réfléchir, à l'aune de notre époque, au sens du devoir citoyen.
Un officier allemand réside dans une chambre d'une demeure habitée par une jeune femme et son oncle. L'allemand est exalté d'être en France, qu'il admire tant, heureux d'un rapprochement entre les deux pays.
Lui est opposé à ce discours un silence de la part de la jeune femme. Son oncle, médusé, adopte la même attitude. le soldat est fin, cultivé, il capitule. A-t-il d'autre choix ? Comment peut-il le supporter ? Doit-il leur en vouloir ?
Il n'y a pas de bons et de méchants, que des personnes uniques, qui n'ont rien demandé et qui subissent leur situation.
D'autres nouvelles suivent. Une en particulier est saisissante, celle d'un jeune autrichien, passionné par la France, qu'il ne connait qu'à travers ses lectures. Nous sommes à la fin du 19ème siècle. Il va jusqu'au bout de son rêve, franchit les frontières à pied, renonçant à une vie toute tracée et confortable. Il s'installe à Paris, fonde une famille. On comprend bien après que son fils est mort au combat pour sa patrie lors de la première guerre mondiale. Et il découvre ensuite que sa patrie adorée ne lui rend pas sa loyauté aveugle.
Très fort et cruel.
Lien : http://objectif-livre.over-b..
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J'ai lu ce texte dans le recueil de nouvelles du même nom.

Je ne sais pas vraiment quoi dire à part que j'ai été assez déçu par cette nouvelle, que sa réputation avait précédé. M'attendant donc à un chef d'oeuvre magistral, quelle ne fut pas ma surprise de découvrir une histoire étrange et mystérieuse dans un huis-clos comme je les aime mais qui ne parvient pas à se détacher de la situation initiale, du point de départ et qui m'a donc ennuyé. Je dirai que cette histoire, cette situation aurait dû à un moment "s'envoler", "décoller", et l'écriture de Vercors avec. Écriture que je trouve d'ailleurs presque mauvaise à certains passages. Pas sur, donc, que je lise les autres nouvelles de ce recueil...
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