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4,1

sur 1233 notes
Ce texte écrit après la défaite française de 1940 est un acte de résistance en lui même, mais exprime aussi une façon de combattre l'ennemi.
Pas de sauvagerie, pas de revanche immédiate, non la résistance dans cette ferme c'est le silence. La non coopération avec l'ennemi et cette conviction qu'il faut rester digne et ne pas déroger à ses valeurs, même si l'ennemi s'est installé chez nous.
L'Allemand, certes vainqueur se retrouve seul dans sa vie et dans ses monologues ... quelqu'un l'écoute-t-il ? Personne, même le lecteur ne le sais.
C'est un texte brut, qui parle de la dignité, de résistance, de l'espoir mais aussi de la résignation (passagère).
Le silence de la mer, ou sa variante Se méfier de l'eau qui dort.
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Lu il y à très longtemps, mériterait que j'y revienne. le silence est une forme de résistance, peut signifier le mépris ou l'indifférence. Nous l'avions étudié à l'école, notre enseignante nous avait dit alors.. ne jamais pactiser avec l'ennemie, même si ce dernier nous semble attrayant..
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Roman très court mais très fort, triste et remarquable, en tout cas il restera dans ma mémoire !
On ressent toute l'humanité de cet officier.
On retrouve aussi toute la force du silence !
Voilà un texte qui pourrait effectivement être étudié à l'école je trouve.
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C'est grâce au petit documentaire "Résistance: 40 figures contre le nazisme" de l'excellente collection Bam! que j'ai découvert Vercors.
Dans "Le silence de la mer", les deux protagonistes mettent en place une résistance passive face à l'Allemand logeant chez eux ("Nous avons décidé de ne rien changer à notre vie, comme si l'officier n'existait pas"), gardant le silence soir après soir malgré la volonté de celui-ci de faire la conversation. Ce silence, symbole de la dignité française, est une réaction noble à une situation ignoble. le silence est de plus en plus difficile à maintenir car l'officier est un homme cultivé et respectable, de bonne compagnie, qui a, qui plus est, une haute idée de la France, pays à la culture riche et variée. A aucun moment il ne se formalisera de ce silence, au contraire, il semble approuver l'attitude des Français ("cette expression d'approbation à la fois souriante et grave"), conscient que si "nous avons l'occasion de détruire la France, elle le sera". Vercors met ainsi en garde contre la fin du rayonnement culturel français si l'occupation allemande venait à perdurer.

"Ce jour-là" est un instant de vie tout en émotions entre un petit garçon et son père, où la beauté de la balade en pleine nature vient contraster avec la dureté de l'événement vécu (l'arrestation de la mère).
"Le Songe" est une sorte de rêve fantasmagorique dans lequel l'auteur fait une longue description de corps décharnés (alias les morts-vivants des camps de concentration), cherchant à éveiller à "la conscience universelle et flottante" de la souffrance des autres, à travers le monde.
A travers le personnage de Renaud Houlade dans "L'Impuissance", Vercors encourage à se révolter au lieu de se réfugier dans son petit monde, de se retrancher derrière ses petites habitudes. Comment peut-on "converser avec monsieur Stendhal pendant qu'on rôtit des femmes et des gosses dans une église?" (référence à Oradour). On ne peut "ignorer lâchement ces actes horribles".

Petite touche d'humour dans "Le Cheval et la Mort": la visite de Hitler à Paris semble aussi incongrue que celle d'un cheval dans une maison bourgeoise!
J'ai beaucoup aimé "L'imprimerie de Verdun" qui évoque bien le tiraillement que l'on devait ressentir entre les directives du gouvernement et les penchants de son coeur. Vendresse, qui a combattu pendant la Grande Guerre, est entièrement dévoué à Pétain qui s'y est distingué. Mais son commis et ami est juif... Si dans un premier temps, "il s'en laisse facilement conter", il finira par changer d'idéologie en voyant le sort réservé à Dacosta et sa famille.

On voit bien avec ces six nouvelles l'enchaînement des idées et des arguments en faveur de la Résistance que prône l'auteur. Chaque fois le propos est subtil et le message véhiculé dans des histoires variées qui se complètent bien. de ce fait il faut bien connaître le contexte de l'époque, afin d'en savourer pleinement la teneur.
Lien : https://www.takalirsa.fr/le-..
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Une oeuvre découverte au lycée, en seconde, avec un enseignant corse, grand, chauve dont je ne citerai pas le nom. Il jalonnait son cours de citations, c'était foisonnant de références artistiques (livres, peintures, sculptures, films).
Parmi celles ci un roman de Vercors que je filais emprunter à la bibliothèque. Vercors: en voilà un drôle de nom pour un écrivain sans prénom. Je compris rapidement.

Un roman court, mais suffisamment long pour nous décrire tout type de silence. Nous sommes pendant la 2nde guerre mondiale, un officier allemand s'installe chez une famille française. Il faut cohabiter avec l'ennemi. Il y a les rituels du quotidien, le fait de s'imposer, d'incarner le pouvoir. Et puis tout ce vécu, cette place prise dans la société. Après ces couches, ces épaisseurs, il reste l'humain, son savoir faire, ses goûts, l'art, la musique, la sensibilité, l'universel. Mais peut-on faire fi de ce que l'on représente, affiche, dans un contexte si particulier?

Quand la situation est trop complexe, quand les uns et les autres doivent nécessairement prendre partie, choisir leur camp, s'imposent le silence, les regards et les attitudes.

Je conseille aussi le film de Jean-Pierre Melville, fidèle à l'esprit du roman.

Un livre comme une ouverture vers la réflexion (libératrice ?).
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J'ai beaucoup aimé ce court roman qui ressemble à une pièce de théâtre qui n'aurait qu'un seul décor, la maison d'un vieil homme et de sa nièce occupée par un officier allemand pendant la 2ème guerre mondiale.
Trois personnages donc occupent la scène: Werner von Ebrennac, rejeton de l'aristocratie allemande, cultivé, amoureux de la France, idéaliste, et ses deux "hôtes". Tous deux opposent au militaire allemand un silence farouche et fier. Alors même que celui-ci chaque soir, en homme bien élevé, leur parle, il ne reçoit jamais de réponse..... jusqu'au dernier soir lorsqu'il sera invité à entrer dans la pièce. Il parlera plus que d'habitude, il expliquera sa décision, car il vient de prendre celle de s'engager dans un régiment en partance vers le front de l'Est. Une sorte de fuite en avant qui s'explique par sa soudaine prise de conscience de la réalité du nazisme et de l'Occupation. Cette dernière scène est magistralement décrite, la même sobriété dans le décor, les mêmes acteurs, le même silence des français , la même mer apparemment calme. Sous la plume de Vercors, le lecteur découvre alors la profondeur d'une vie "sous-marine", bien cachée jusque là. La jeune femme, pour la 1ère fois prononcera alors ce simple mot " Adieu".
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Ce court recueil totalise 7 nouvelles, dont une qui fait office de préface qui cherche le rire malgré le contexte de l'occupation allemande de 1942 et semble nous prévenir qu'on ne le trouvera dans aucun des récits suivants.

Effectivement la gravité des autres nouvelles brassent de nombreux sentiments, basées sur les souvenirs personnels de Vercors après l'armistice qui ne que prélude qu'à la destruction du génie français.

L'auteur regrette l'inaction, l'impassibilité sous la chape de plomb de l'occupation qui semble empêcher toute indignation, toute résistance à l'ennemi.

Pourtant, le récit principal qui donne son titre à ce livre démontre à lui seul que la simple volonté de ne pas communiquer avec l'ennemi qui s'impose à votre domicile peut être un acte patriotique.

Les textes au style clair et précis, évoquent la méfiance dans les rapports humains, la surveillance quotidienne et la dénonciation. Mais aussi l'étouffement de l'âme de la France représentée par la culture, les arts et notamment la littérature.

Les récits exaltent le patriotisme sincère et raisonné des "français d'importation", évoquent les camps d'extermination, la trahison de Pétain et l'ignominie de la collaboration.

Celles qui m'ont particulièrement marqué sont « le silence de la mer », « le songe », « L'imprimerie de Verdun », « La marche à l'étoile ».
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Je viens lire la dernière page du Silence de la mer de Vercors et à l’image de cette nouvelle, je suis resté silencieux plusieurs minutes après la lecture de ce huis clos.
Un huis clos austère, pesant dans lequel seul un officier allemand parle à un vieil homme et sa nièce qui ont été contraint de le loger. le monologue de l’officier s’oppose au silence des deux français comme un acte de résistance. Un silence tellement fort et puissant qu’il en devient le quatrième personnage de cette étrange « conversation ».
L’officier allemand amoureux de la culture française ne se formalise pas de ce silence, il se montre au contraire plutôt affable et approuve même ce patriotisme muet tandis que le vieil homme s’interroge sur l𠆚ttitude à tenir.
C𠆞st un livre à lire absolument en ayant une pensée pour ces hommes et ces femmes qui ont résisté.
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Excellent récit de quelques pages sur les rapports tendus entre un officier allemand et ses hôtes. le silence que gardent les hôtes est une forme de résistance à l'oppression. Il n'y a pas forcément besoin de parler pour échanger des émotions, nous le savons tous. A travers cette situation, nous comprenons que l'oppression n'agit pas seulement sur les hôtes et qu'il n'y a pas de frontière nette entre bourreau et victime.
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Je critique l'ensemble du recueil, pas seulement la nouvelle éponyme.
Un recueil de nouvelles d'une force incroyable, puissantes, surtout en regardant la date d'écriture : Vercors écrit de 41 à 43, en plein pendant les horreurs de la guerre, alors qu'il n'y a pas d'espoir, tout en montrant la beauté et la grandeur dans les coeurs et les actes de certains hommes. Et, en écrivant en ces années noires, il n'y a pas de haine en lui. Il n'en veut pas personnellement aux Allemands - mais au nazisme. Et d'ailleurs, ceux qui sont coupables, ce sont certains Français eux-mêmes, les collaborateurs, les armées d'occupation apparaissent peu.
Sauf dans la première nouvelle, "Le Silence de la mer". le récit est très simple - un officier occupe un logement et une simple famille de Français. Mais il faut attendre les dernières pages pour avoir une indication, savoir quelle est la guerre dont il est question : tous les indices peuvent suggérer la guerre de 70, comme dans certaines nouvelles De Maupassant : un officier blond, qui a un nom noble, d'origine française vraisemblablement, épris de la culture française - et à l'inverse, on sent que Vercors apprécie la culture, la musique allemandes. C'est l'image d'un officier prussien, pas d'un S.S. Les hommes pourraient donc se discuter et se comprendre, même sans mot, voire s'aimer, par delà les frontières et les langues, alors que le nazisme vise à détruire la culture - et on retrouve de façon très moderne des formes de fanatisme et de terrorisme qui veulent effacer l'histoire et la culture.
Tous les récits du recueil sont très forts, mais j'en retiens deux autres particulièrement. "Le Songe" est un récit onirique qui devient un cauchemar actuel en décrivant les camps - mais en 1943 ! J'ai voulu vérifier la date, en 43, cela montre bien que certains savaient ! Et le dernier texte, "L'imprimerie de Verdun", qui dénonce bien les horreurs de la collaboration, et à côté la force d'un homme ordinaire, pleins de préjugés au départ, et qui, par amitié, se transforme d'antisémite nationaliste en résistant.
Un recueil d'une très grande force donc, une découverte poignante que je relirai avec des images qui vont rester gravées en moi.
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