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EAN : 9782358722490
160 pages
La Fabrique éditions (17/02/2023)
3.58/5   12 notes
Résumé :
La décolonisation du musée occidental universel est impossible, c’est l’argument de départ. Elle est impossible parce que pour que la décolonisation du musée soit accomplie, il faudrait des bouleversements qui remettraient radicalement en cause ses fondements, son fonctionnement, sa structure, sa mission, ses objectifs, et dès lors, pourrions- nous encore parler de musée? Le musée, qui n’a jamais été un espace neutre, protégé des luttes sociales et idéologiques, sym... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Séduite par le « désordre absolu » et l'idée de décoloniser les musées, je me suis lancée avec avidité dans cette lecture, d'autant que j'avais entendu parler de l'autrice et de ses théories.

Well…

La première moitié m'a semblé insupportable. J'ai pensé plusieurs fois jeter l'éponge et abandonner là un livre dont le propos me hérissait. Vergès y démonte les institutions muséales, incendie les états européens pour leur gestion de la culture. Certes, il y a des choses à améliorer et, certes, le musée est un lieu principalement bourgeois et blanc. Mais faut-il tout remettre en cause pour autant ? Je ne dénie en aucun cas les difficultés que peuvent rencontrer les personnes racisées (j'ai beaucoup de mal avec cette expression; c'est celle utilisée dans l'essai) mais j'ai du mal à percevoir la dimension raciste des institutions évoquées. A moins que ce soit parce que je ne suis pas dans le cas ? Mon interrogation est réelle.
J'ai d'autre part trouve le propos très confus et l'écriture fouillis.

J'ai donc bravement continué ma lecture, tentant de comprendre le point de vue de l'autrice. La deuxième partie m'a bien plus accrochée de par son côté historique. le récit de la constitution des collections du Louvre, par exemple, est saisissante et passionnante. le propos y est d'ailleurs plus clair, plus structuré. Je saisis enfin le point de vue de Vergès sur l'invisibilisation de l'esclavage et de la colonisation.
Je doute à nouveau par contre devant sa tentative avortée de musée à La Réunion. Ce me semble un beau projet mais plus proche du centre culturel que du musée…

Au final, la réflexion est intéressante et a le mérite d'ouvrir le débat. Cependant, j'ai du mal avec le côté « extrémiste » de l'autrice (un peu amusant d'ailleurs quand on s'intéresse à sa biographie) et je reste dans l'expectative par rapport à un renouveau des formes muséales puisqu'elle ne propose pas grand chose pour changer les institutions existantes.
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Suite à mon visionnage de l'émission d'Arte Les idées larges où le livre faisait l'objet d'une revue, étude et entretien avec l'autrice j'ai voulu en savoir plus en me procurant et en lisant l'ouvrage de Vergès.
Celui-ci est très instructif sur le rapport encore très colonialiste que les pays occidentaux entretiennent avec la notion de musée. Si le sujet est abordé dans un premier temps de front en proposant de déconstruire ces lieux de pouvoir culturel j'ai trouvé que l'émission d'Arte allait plus loin sur le sujet de la restitution des oeuvres par exemple.
Ce qui est davantage développé (et c'est un bon point à mes yeux) ce sont les projets développées par l'autrice elle-même autour de la décolonisation des musées : que ce soit les parcours guidés qu'elle a elle-même construit autour du colonialisme dans certains musées ou le projet d'un musée décolonial à la Réunion nous avons là des pistes concrètes pour interroger sur notre rapport occidental à l'art et à ce que peut-être "l'objet artistique" (à ce titre l'idée du musée sans objets, largement décrite et argumentée dans l'ouvrage, est véritablement enthousiasmante et il semble regrettable que le MCUR n'est pu se concrétiser sur l'île de la Réunion).
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critiques presse (1)
NonFiction
11 avril 2023
En tant qu’institution, le musée occidental s'est construit sur des logiques coloniales d'appropriation, de conservation et d'exposition que l'approche décoloniale entend renverser.
Lire la critique sur le site : NonFiction
Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Commençons en reprenant la citation de Fanon : la décolonisation qui « se propose de changer l'ordre du monde est un programme de désordre absolu ». Désordre signifie ici rupture avec un ordre qui n'a amené, et ne continue d'amener, que chaos, destruction, dépossession, extraction, exploitation et une division racialisée entre les vies qui comptent et les vies qui ne comptent pas. Le capitalisme racial et l'impérialisme, avec la complicité des États, ont fabriqué un monde irrespirable et inhabitable pour des milliards d'êtres humains et non humains. Ce n'est pas une métaphore : très concrètement, des millions de personnes ne respirent que des fumées toxiques et de l'air pollué et contaminé, 7 millions de décès dans le monde sont dus à la pollution de l'air. Femmes et enfants du Sud global sont particulièrement touché-es. Rendre le monde irrespirable, c'est littéralement faire obstacle à la possibilité de vivre. Or c'est ce que le capitalisme des pays riches produit tous les jours, et l'accumulation de rapports scientifiques n'y fait rien. La hausse des températures a des conséquences directes : mort prématurée, complications pour les femmes enceintes, maladies cardiovasculaires, sols devenus infertiles, maladies et pandémies. Vouloir l'abolition de ce monde ne veut pas dire vouloir la fin du monde, mais désirer un monde habitable et respirable. (45)
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Les tenants de l'ordre existant ont réussi à faire de ce programme de désordre absolu une menace existentielle: rejeter leur ordre du monde, ce serait condamner la planète à un chaos dont elle ne se relèverait pas. Ils se targuent d'exemples: toutes les promesses d'un monde nouveau ont terminé en dystopies, en régimes autoritaires, en dictatures. Rêver d'un autre monde est le signe d'une naïveté sans nom, d'un total manque de pragmatisme. La peur de sauter le pas est une de leurs armes alors qu'ils nous mènent à l'abime.
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Les indigènes et leurs descendant-es ne peuvent entrer dans le musée que comme gardiennes, femmes de ménage, caissières, médiatrices et médiateurs, ou témoins dont la parole apparaît dans un dispositif muséal, mais pas comme créatrices et créateurs de l'exposition. Car le pouvoir ne peut pas exposer les mécanismes par lesquels il fabrique des sans-papiers à exploiter. Il doit masquer ses responsabilités et ses complicités au niveau local et global.
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C'est un procédé classique: ne pas fournir les conditions de vie décentes à des communautés pour ensuite pouvoir les accuser de manquer d'hygiène.
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Le musée est une vaste tombe dont les morts anonymes restent sans sépulture.
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Vidéo de Françoise Vergès
Dans cet épisode d'Effractions : le podcast, la politologue militante feministe « décoloniale », Françoise Vergès évoque les thématiques abordées dans Portrait huaco, de Gabriela Wiener. Dans ce récit, la narratrice se découvre un ancêtre huaquero, c'est-à-dire pilleur d'objets péruviens. Elle enquête sur ses origines. Lecture : Caroline Girard Réalisation : Michel Bourzeix et Fabienne Charraire Musique : Thomas Boulard Extrait lu : Portrait huaco, Gabriela Wiener, Métailié (2023) Ce podcast a été enregistré dans les studios du Centre Pompidou.
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