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EAN : 9782738133441
332 pages
Odile Jacob (04/11/2015)
3.5/5   5 notes
Résumé :
Le temps semble loin où notre pays était un empire. Les territoires autrefois colonisés ont été rendus à eux-mêmes et sont désormais maîtres de leur histoire. C’est contre cette vision simpliste et historiquement fausse que s’insurge Pierre Vermeren : les révolutions arabes de 2011 et 2012 sont la conséquence directe, le dernier chapitre de l’histoire de la décolonisation. De guerre lasse, dans un mélange de bonne conscience et de culpabilité, l’État et les élites d... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Professeur d'histoire contemporaine à Paris-1, Pierre Vermeren signe un ouvrage aux frontières de l'étude universitaire et de l'essai polémique. Son sujet ne se comprend pas immédiatement à la lecture de son titre et a besoin d'un sous-titre pour s'éclairer. le « choc des décolonisations » dont il parle n'est pas seulement celui des années 60 qu'une lecture trop hâtive de l'histoire réduit au départ de la France de ses colonies et à leur accession à l'indépendance. Ce choc s'étend en fait jusqu'aux printemps arabes qui marque, selon lui, après les « indépendances confisquées » par des élites corrompues et brutales, une « seconde décolonisation ».
Pierre Vermeren dresse un constat très négatif de la décolonisation dans la première partie de son livre. Des régimes autoritaires ont été instaurés, qui ont souvent reproduit les modes de gouvernement du colonisateur, brisant les rêves de démocratie. Les libertés publiques n'ont jamais été établies. Les puissances occidentales ont fermé les yeux sur ces dérives au nom de la lutte contre le communisme jusqu'en 1989, contre l'islamisme ensuite. Mais, la responsabilité de cette histoire incombe au premier chef, selon Pierre Vermeren qui les connaît bien pour leur avoir consacré sa thèse de doctorat en 2000, aux élites de ces pays auxquelles la deuxième partie de l'ouvrage est consacrée. Il a la dent dure avec elles, leur reprochant de s'être approprié l'Etat néo-patrimonial, d'avoir chaussé les habits du colonisateur, instauré le culte de la personnalité, muselé l'opposition et mobilisé les populations autour d'idéologies délétères (marxisme, panarabisme…).
Dans une dernière partie, Pierre Vermeren renverse la perspective pour s'intéresser à la France et aux Français face à leurs anciennes colonies. L'historien fait ici oeuvre d'historiographe en soulignant que la fin dramatique de l'Algérie française a renvoyé dans l'ombre de la mémoire nationale tout le passé colonial. La remarque n'est pas sans finesse mais occulte la part autonome qu'occupe la mémoire de la colonisation de l'Afrique noire, dont témoignent par exemple les cérémonies du cinquantenaire des indépendances en 2010. Il fait également oeuvre de sociologue en dressant un tableau, trop bref, des colons après 1960, une majorité de pieds-noirs « aisés mais ruinés » (re)venant en métropole et remontant en silence dans la hiérarchie sociale d'une France en plein boom économique, une minorité de pieds-rouges déchantant vite au piège de la révolution algérienne. Plus de cinquante ans après les indépendances, les témoins directs de cette page de notre histoire cèdent la place à des générations qui ne connaissent pas ces pays et embrassent souvent des positions radicales, soit en rejetant par idéologie le colonialisme et en se berçant d'illusions tiers-mondiste, soit au contraire en versant dans la nostalgie du colonialisme et dans son corollaire, l'afropessimisme.
On l'aura compris : ce livre est ambitieux qui embrasse le temps long de la colonisation, de la décolonisation et de l'actualité la plus contemporaine. Il embrasse aussi un vaste espace : le Maghreb – dont Pierre Vermeren, qui lui a consacré ses précédents ouvrages, est un spécialiste reconnu – mais aussi l'Afrique subsaharienne, sur laquelle ses connaissances sont moins précises, quand il fixe la date de parution du brûlot de François-Xavier Verschave La Françafrique en 1988 ou attribue à Jean-Pierre Bat une thèse d'histoire sur la guerre du Biafra qu'il n'a pas écrite. Cette extension géographique ne convainc pas totalement. L'évolution des régimes nord-africains – entre lesquels l'auteur prend soin de distinguer systématiquement les cas fort dissemblables du Maroc, de l'Algérie et de la Tunisie – n'est guère comparable à celle des régimes subsahéliens – où là encore toute tentative de généralisation se révèle hasardeuse. L'histoire du Maghreb précolonial et les modalités de la colonisation française en Afrique du nord sont d'une essence profondément différente de celles qui caractérisèrent l'Afrique occidentale et équatoriale française. D'ailleurs, il n'est pas anodin que l'onde de choc des « printemps arabes », qui s'est fait sentir du Maroc au Bahreïn, n'ait qu'à peine effleuré l'Afrique subsaharienne, à supposer que le renversement de Blaise Compaoré au Burkina Faso puisse leur être imputé.
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Rédigé par un professeur d'histoire contemporaine spécialiste du monde arabe, cet essai éclaire et met en perspective la situation des pays arabes de ces dernières années. le printemps arabe du début de la décennie 2010 est tout récent, et les historiens travailleront dessus avec du recul dans quelques années. Cependant, ces événements ont marqué l'Europe, qui a des liens particuliers avec cette région.
Ces pays ont pour la première fois vraiment été les acteurs de leur propre histoire, ils ont joué le premier rôle par et pour eux-mêmes.
Où chercher les racines de ces mouvements ?
L'auteur se donne pour tâche d'éclaircir ces révolutions à la lumière du passé et de la décolonisation en particulier.
Le printemps arabe, une deuxième décolonisation ? Après une décolonisation des états, celle des peuples ? La décolonisation a-t-elle vraiment eu lieu dans les années 50 ?
Ce livre présente essentiellement les territoires de l'ancien empire colonial français, avec quelques élargissements. C'est une lecture très intéressante qui apporte un éclairage pertinent sur près de 70 ans de notre histoire contemporaine.
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Balayant un demi-siècle à la suite de la décolonisation des années soixante en Afrique du nord et dans les pays sub-sahariens, l'auteur dresse un tableau tragique de ces décennies. Force est de constater que la corruption, le clientélisme, le népotisme, les guerres ethniques, l'explosion démographique… ont été et sont le cadre de fond de ces pays. Les ex-puissance coloniales n'ont certes pas totalement les mains blanches. Elles servent essentiellement aux oligarchies à masquer leur crapulerie et leur incompétence, sauf celle de mettre à sac leur pays à leur profit. On notera le rôle plus que pervers des ONG. La plupart ne sont que des cache-nez à des intérêts très présents, en plus d'engraisser leurs dirigeants avec l'argent du contribuable. Elles n'ont rien de “non” gouvernementales la plupart du temps ! Une mention particulière pour le sémillant Kouchner, le guignol médiatique, dont on n'arrive pas à savoir s'il était un idiot utile ou une petite frappe qui a trouvé le bon filon. Beaucoup d'ouvrages ont été publié depuis des lustres pour dénoncer la crapulerie des zumanitaires (Bruckner… notammant). En un mot synthèse magistrale que le wokisme décolonial n'a surtout pas envie de lire.
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Avec sa désinvolture bonhomme et cynique, le président Jacques Chirac a su exprimer cette libéralité si éloignée du discours de La Baule : « Il faut bien que les dictateurs gagnent les élections, sinon ils n'en feront plus ! » Au-delà de la boutade, le président français réaffirme sa confiance aux régimes autoritaires arabes. A Tunis, après cinquante et un jours de grève de la faim de la militante de gauche Radhia Nasraoui, il déclare en décembre 2003 : « Le premier des Droits de l'homme, c'est manger, être soigné, recevoir une éducation et avoir un habitat. De ce point de vue, il faut bien reconnaître que la Tunisie est très en avance sur beaucoup de pays. » Puis, lors du dîner d’État, le Président insiste sur « la consolidation de la démocratie » en Tunisie, comme si, du fait de la lutte contre l'Islam politique, véritable bâton de maréchal du président Ben Ali aux yeux des occidentaux, tout était permis, y compris le reniement des principes démocratiques élémentaires. Le soulèvement antidictatorial de 2011 en Tunisie, et la victoire dans la foulée des islamistes aux élections, font apprécier à leur juste valeur ces propos présidentiels.
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