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EAN : 9782377312764
176 pages
Sarbacane (23/10/2019)
3.64/5   48 notes
Résumé :
Ce matin, Jonah se réveille seul chez lui ; ses parents sont partis chercher des plumes d’oie pour fourrer des oreillers. Qui a besoin de plumes d’oie en 2018 ? Il faut dire que Papa et Maman ont lâché leur job en Californie et sont partis à l’autre bout du monde, dans le Yukon. Mais Jonah en a assez de vivre dans une pièce de 30m² ; aussi ce matin-là décide-t-il de partir en reconnaissance dans la forêt. Il fait un temps de morse, un froid à couper la peau ; mais J... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (25) Voir plus Ajouter une critique
3,64

sur 48 notes
Avant toute chose, je remercie chaleureusement Babelio et les éditions Sarbacane pour cet envoi.
Le livre est un très bel objet, la couverture est magnifique, le papier est épais et les illustrations apportent un petit plus à l'histoire.
Un adolescent de 13 ans profite de l'absence de ses parents pour la journée pour aller faire une longue balade (30 km) dans la forêt.
Sachant que l'histoire se déroule dans le Yukon et que l'ado en question n'est pas originaire du coin, on sent bien que la sortie en forêt ne va pas se dérouler comme prévue.
En effet, Jonah et sa famille vivaient en Californie jusqu'à ce que ses parents décident de quitter leur travail stressant et le mode de vie basé sur la consommation à outrance et choisissent de venir vivre dans une simple cabane en bois au Canada.
Jonah va donc s'équiper de vêtements chauds et d'un sac à dos pour aller faire du repérage, il voudrait aller voir une zone où poussent des cèdres rouges, car il aimerait agrandir la cabane pour avoir une chambre à lui.
Le suspense est grandissant, on ressent vraiment le froid, la difficulté de marcher dans la neige, le vent, le temps qui change subitement, les bruits bizarres, la nuit qui tombe doucement et la peur qui s'insinue jusqu'à devenir terreur.
L'intrigue m'a tenue en haleine jusqu'à la fin qui est assez brutale et qui n'apporte pas vraiment de réponse à ce qui s'est passé au cours de l'histoire. Y aura t'il une suite ou est-ce un effet de style ?
Je ne sais pas mais cette fin étrange, presque bâclée, a un peu gâché ma lecture qui était pourtant bien agréable.
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Totalement éloigné de toute civilisation, Jonah vit dans le Yukon avec ses parents qui ont plaqué leur job en Californie pour une vie plus proche de la nature. Leur nouvelle petite routine va être chamboulée, le jour où les deux parents disparaissent et où n'y tenant plus, Jonah part, seul, à leur recherche.

La route froide est un très court roman proposant une expérience intéressante mais pas inoubliable. le suspense est présent tout le long du roman et on est pris dans cet environnement glaciale où la neige semble le seul horizon existant et où n'importe quoi peut surgir à tout moment tant la nature reste imprévisible. La route froide est un bon moment de lecture malgré que son peu de pages empêche plus d'approfondissement.

Je remercie Babelio et les éditons Sarbacane pour cette découverte certes glaciale mais intéressante.
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Avant d'ouvrir La route froide, vous allez vous arrêter sur la couverture. Noire, mate avec ses petites vignettes, comme autant d'éléments clés du récit. Magnifique, elle nous invite à entrer avec une certaine solennité dans le roman. de fait, avant de me lancer, j'étais déjà assez impressionnée, inquiète mais très impatiente.

Et puis, on découvre les premières illustrations intérieures d'Alex W. Inker. En noir et blanc, son trait donne de la force au récit. Avec son dessin crayonné, il apporte une certaine âpreté, celle de la nature et de l'environnement dans lequel évolue Jonah. Issu de l'univers de la BD, l'illustrateur nous propose des planches saisissantes de réalisme qui apportent un vrai plus à l'aventure. Mon seul regret? Qu'il n'y en ait pas plus... Elles contribuent vraiment à nous plonger dans ce que va vivre Jonah, que ce soit réel ou plus imaginaire. Et même si je me doute que c'est un sacré travail pour Alex W. Inker, admirer quelques pages dessinées de plus n'aurait pas été de refus. Je ne connaissais pas le travail de l'illustrateur. La route froide m'a donné envie de m'y intéresser.

Et puis vient le moment de faire le premier pas dans le récit.

La route froide est un long monologue. En effet, dans ce roman, le personnage principal est seul. Seul au milieu de nulle part. Mais cela n'est pas pour lui source d'inquiétude (au début du moins). Au contraire. Comme ses parents, finalement, Jonah ne s'est pas trop mal adapté à ce nouvel environnement.

"(...) Papa et Maman parlèrent de couper du bois, fumer du saumon, de construire des cabanes en rondin, de porter des chemisesà carreaux et des toques en poils d'ours, de boire de la bière - bref, de tous ces trucs que Jonah ne connaissait que dans les bouquins. Vivre, quoi...! - Vivre dans un coin où l'hiver bousillait tout, même l'électricité. Une sorte de paradis."

Ils sont pourtant passés de la chaleur de la Californie aux températures glaciales du Yukon (région du nord-ouest du Canada). Mais Jonah rêve d'aventure. Et ce matin-là, il a une envie irrépressible d'aller marcher dans la neige avec un but : aller voir la forêt de cèdres rouges. Avec ce bois particulier, il a imaginé construire sa chambre, extension à la cabane de ses parents. Car s'il s'est bien habitué à sa maison, il n'y a pas son propre espace donc pas trop d'intimité. Bref.

Jonah se prépare et sort. Sauf que sa petite marche va tourner au cauchemar.

Et le pire, c'est qu'on le voit venir. Jonah est confiant. Bien trop confiant. Et cela va lui jouer des tours.

On suit le fil de ses pensées qui vont qui viennent sur des sujets plutôt légers au départ (les filles, sa chambre, son quotidien) puis qui glissent sur une pente plus sinistre avec des boucles de stress et d'angoisse qui le perturbent. Il se rassure, il se dit que ça va aller. Il est tout seul. Ce n'est pas Spot, le chien, qui va pouvoir lui offrir des paroles de réconfort. D'ailleurs, si l'animal offre une présence joyeuse et réconfortante au départ, il va aussi précipiter le drame qui s'annonce.

Jonah n'a personne d'autre que lui pour l'aider face à cette peur grandissante dans le froid. Lui reviennent alors en tête de vieilles légendes qui vont alimenter son anxiété. Une scène terrible et très effrayante va lui faire perdre les pédales ( en même temps, c'est carrément flippant). L'imagine t-il? Est-ce réel? Il est si fatigué, si loin de chez lui et si seul... Il ne sait plus trop où il en est. Et nous non plus.

"- Qu'est-ce qui est vrai, après tout? Ce qu'on voit ou ce qu'on sait?"

La route froide est un roman d'aventure, la vraie. Celle qui tourne mal et vous force à repousser vos limites. Imprudence et imagination galopante vont faire perdre ses moyens à notre jeune héros mais il va tout de même faire preuve d'un certain sang froid.

Comme dans Colorado Train, il y a une véritable ambiance qui nous met mal à l'aise. Thibault Vermot ici, nous fait ressentir le froid qui s'insinue, comme la peur, au plus profond de nos entrailles. La panique nous gagne vite, perdus au milieu de cet enfer blanc.

"Comment tout ça avait-il pu se produire en deux heures?

Comment avait-il pu en arriver là?"

Si tout commence plutôt bien, le moral et l'optimisme de Jonah baissent à vue d'oeil, s'assombrissant au fur et à mesure que le récit avance, étouffés par la neige. On entrevoit alors les failles et les doutes qui rongent le jeune garçon. Cette épreuve remet beaucoup de choses en question et le fait s'interroger sur sa vie actuelle mais aussi son passé.

Tibault Vermot a bien choisi le cadre de son histoire et sait parfaitement nous le décrire. On s'y croirait ! Honnêtement, si j'ai trouvé que le coin avait l'air joli, passé un certain stade, j'étais vraiment sur les nerfs, attendant juste de trouver un point de chute, un point de repère et un endroit où voir le héros se réchauffer.

Malgré tout, je l'ai trouvé vraiment courageux, Jonah, car à moins que ça j'aurais abandonné, me laissant bien vite mourir dans la neige.

Thibault Vermot nous fait aussi passer quelques messages autour de la nature, et des "natifs" de ce territoire empli de légendes. C'est ainsi qu'on referme son livre, avec le cerveau un peu gelé mais des pistes de réflexions.

Je vous invite donc fortement à lire ce court récit très intense qui vous fera frissonner, même si vous êtes bien au chaud, sous un plaid ou près de votre cheminée.
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Jonah part du jour au lendemain pour le Yukon, à 4500 kilomètres de chez lui, de la Silicon Valley, des hautes tours, et des start-up qui pullulent un peu partout. Fini les réfrigérateurs, fini le boulot de ses parents, dans cette « boîte de losers », où il fallait vendre et vendre, acheter et acheter, bref, participer à l'american system qui tient désormais du world system.

On comprend assez vite que ce changement de décors ne contrarie absolument pas le jeune adolescent qui a trop rêvé de forêts imaginaires et de légendes pour se contenter de plastique et de lithium. C'est une nouvelle vie qui commence, faite d'aventures et de nouveaux horizons, et la perspective du froid et des nuits glaciales ne lui font pas peur. J'avoue que j'aurais bien aimé en apprendre plus sur Jonah avant que son périple ne commence, découvrir ce qui l'effrayait, ce qui le passionnait. Que faisait-il là bas ? Avait-il des amis ? Mais Thibault Vermot nous entraîne directement au coeur de l'hiver, six mois après leur arrivée à Matchbox Point. Une seule chose semble venir obscurcir la retraite idyllique construite par ses parents : le manque d'intimité. 13 ans, pas de chambre, les entendre chuchoter, se retourner et grogner tous les soirs, séparé d'eux par un simple rideau ? Et ses besoins à lui alors ? « le bruit commençait à l'obséder. » Alors que ses parents sont partis chercher des plumes pour leurs oreillers (parce que non vraiment le polyester ce n'est plus possible ici), Jonah éprouve le besoin soudain de s'en aller explorer d'un peu plus près le Yukon… voire même de retrouver le bois qui pourrait lui servir à construire sa chambre.

C'est là que l'aventure commence. Une fois bien équipé et qu'il a mis le nez dehors, le froid à peine une morsure sur sa peau nue, Jonah s'engage sur la piste. Et on sent que ça va mal finir dès le début lorsque notre jeune adolescent annonce la couleur : il faut rentrer avant le crépuscule, et il n'a pas de fusil. Mmh… toi, t'es pas prêt de rentrer. Bien sûr qu'on le sent venir, bien sûr que c'est ô combien prévisible, mais est-ce que ça m'empêche de frissonner ? Absolument pas. Je guette, je tourne les pages, à l'affût de l'indice, la moindre petite chose qui pourrait mal tourner. Alors que Jonah avance insouciamment entre les arbres, formant une piste de neige à travers les bois, nous on commence petit à petit à se demander où Thibault Vermot veut bien nous emmener… et s'il n'y fera pas trop froid et trop sombre.

Bien vite notre jeune humain est rejoint par Spot, un chien de traîneau qui sera autant une compagnie bienveillante que le boulot accroché à sa jambe (quelle idée, aussi, de tomber dans l'eau lorsque celle ci est gelée et se glace instantanément sur ses poils, mmh ? on se le demande !). Au fur et à mesure que l'on s'enfonce dans la forêt, on observe d'autant plus les ombres qui émergent, et les bruits qui détonnent le silence.

Cette ambiance est retranscrite à merveille par l'auteur, et on ne peut s'empêcher de penser bien évidemment aux romans de Jack London. La neige, les sons, le froid qui s'empare des mains, du corps tout entier, et la peur presque folle qui submerge. L'auteur nous entraîne sur les vieilles légendes indiennes d'un homme qui aurait perdu son ombre et en cherche une à travers les bois ; d'une tombe pleine de mains humaines ; de lieux de culte faits de branches et de plumes. le tout ressemble à une parenthèse folle où tout devient effrayant, glaçant, dangereux. le coeur bat la chamade et on tourne les pages un peu plus vite, les pieds déjà gelés, lèvres gercées. L'hiver, le froid, la peur traversent les lignes.

Je suppose que les amateurs de romans d'horreur, d'épouvante et autres choses de ce type seront peut-être moins surpris par la tournure des événements. Mais personnellement, ce roman a eu l'effet d'une petite bombe, à serrer les fesses, crisper les mains, serrer les dents et espérer que tout ce qui défilait dans mon imagination n'allait pas se produire. Même à la fin du récit, la question reste encore trop présente : réalité ? folie ? On en sait rien, et cette fin ouverte n'est pas faite pour me rassurer quant aux balades en forêt en plein hiver. Non non.

Les illustrations d'Alex W. Inker ne sont pas ne reste et apportent une réelle plu value au roman, tantôt de petites bulles de respiration, tantôt angoissantes, elles soulignent les traits de la route froide avec brio.

En résumé
C'est un roman qui coupe le souffle, et on ne sait plus très bien distinguer le faux du vrai, ce qui tient de la légende ou de la réalité, de la folie, de la peur, du froid qui engourdit tout et rend un peu fou. Véritable page turner il s'accompagne des tourments de l'adolescence et de légendes indiennes. Une pépite ❤
Lien : https://lesdreamdreamdunebou..
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Il faut avoir 13 ans pour ne pas mesurer les conséquences d'une randonnée en solitaire dans les territoires enneigés du Grand Nord.
Il faut aussi avoir 13 ans pour mélanger les dangers réels de la nature et ceux imaginaires de l'univers culturel d'un adolescent des villes.
Et c'est l'âge qu'a Jonah quand il décide de profiter de l'absence de ses parents pour partir dans la vallée gelée du Yukon, à la recherche de bois de cèdre rouge pour construire sa future chambre.
Avec le récent choix de sa famille de quitter la Silicon Valley et Oakland pour venir s'installer à 4500km au Nord, dans un chalet de la région sauvage de Matchbox Point au Canada, Jonah a perdu ses repères mais il est bien décidé à faire tous les efforts nécessaires pour améliorer sa nouvelle vie.
Mais tout ne va pas se passer comme il l'avait prévu et la nature va s'avérer
être une bien dangereuse compagne.
L'écriture de Thibault VERMOT est superbe et ses mots nous glacent autant que le froid polaire qui règne dans cette vallée.
Un beau roman sur l'adolescence, rêveuse et inconséquente, mais capable de ressources insoupçonnée face à l'adversité. J'ai grelotté de froid et j'ai tremblé de peur avec ce jeune garçon que j'avais envie de protéger tout au long de ce récit plein de poésie.
A lire sans hésiter et à conseiller à tous les adolescents qui ignorent encore la force qui est en eux.
Merci à Babelio et aux Editions Sarbacane pour ce livre reçu dans le cadre d'une opération Masse Critique.
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Jonah demeura immobile quelques secondes, puis il se précipita vers Spot. Pour autant qu’il puisse voir, ça n’était pas profond. Il tendit la main mais à cet instant, en pataugeant avec frénésie pour se sortir du piège, Spot s’aspergea d’eau jusqu’au cou.
– Ah, c’est pas vrai ! hurla Jonah.
Le chien s’extirpa du trou de glace en poussant des gémissements de douleur. Il commença à lécher sa fourrure pour chasser l’eau des poils, mais ça avait déjà gelé. Il se mit à tourner sur lui-même, glissant dans la neige durcie, les pattes prises dans une gangue de glace. Jonah lui lança un regard désolé avant d’avancer avec précaution vers la poche d’eau où il était tombé. Il serra les poings ; Spot s’était pris les pattes dans un sale piège. Sous la couche de neige se trouvait une sorte de millefeuille – neige, glace, eau, glace, eau… –, et quand on posait le pied sur ce genre de truc, on s’enfonçait dans la neige, puis on faisait craquer la glace, on tombait dans la poche d’eau, on faisait encore craquer la glace, on tombait plus loin dans l’eau, on faisait craquer…
Spot n’était pas lourd, il s’en était bien tiré ; mais si ç’avait été lui qui avait marché là-dessus ? Il se serait retrouvé avec de l’eau jusqu’à la taille ! Pas besoin de prendre les paris, les gars, Flotte 1, Jonah 0…
En prenant garde à ne pas poser le pied au bord, il planta son bâton au fond du trou d’eau, sentit une fine couche de glace se craqueler immédiatement. Il retira le bras comme on échappe à la morsure d’un serpent.
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Fraîchement diplômés de la plus grosse université de Californie, P’pa et M’man avaient été embauchés par une start-up, Next Big Thing.
« EnnBiTi », disait son père. EnnBiti vendait des frigos connectés – le genre qui vous avertit quand vous allez tomber à court de tacos et qui fait les courses à votre place –, et P’pa et M’man faisaient du Conseil Légal pour EnnBiTi. Pour Jonah, ça ne signifiait pas grand-chose, à part qu’un tas de gens toujours sur le point de taper une crise cardiaque passaient leur temps à appeler P’pa et M’man, leurs têtes rouges apparaissant jusqu’à onze heures du soir sur les téléphones. Les parents ne déconnectaient qu’entre minuit et cinq heures, le temps de s’écrouler dans leur lit. Puis ça recommençait.
Si on lui avait demandé ce qu’il en pensait, Jonah aurait dit que c’était la marche normale des choses ; il ne les avait jamais connus autrement. Pendant ce temps, il allait à l’école ou à la piscine avec son pote Wallace – Wallace Friskett Junior –, ou il jouait aux cartes, ou il traînait dans la poussière jaune des terrains de jeu, à taper dans un ballon dégonflé par le soleil.
Mais les six derniers mois, ça avait empiré.
EnnBiti venait tout juste de se dépêtrer d’une embrouille juridique qui avait occupé toutes les conversations de Papa et Maman tous les jours. Tous les jours. Apparemment, des hackers russes avaient piraté les frigos et s’amusaient à les programmer pour que la porte s’ouvre en pleine nuit.
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Il ne jetait pas la pierre à Papa et à Maman, hein. Ils n’avaient tout simplement pas eu le temps d’agrandir la cabane ; ils avaient eu mille autres choses à faire avant ça, comme trouver le moyen de l’isoler avant l’hiver, ou construire un abri pour le bois, ou fabriquer le fumoir à saumons. Ou pêcher du saumon, justement, et rien que ça, ça leur avait pris deux mois avant qu’ils attrapent le coup de main – et le premier saumon. Et encore, c’était pas un gros saumon. Après ça, les saumons s’étaient barrés pour se reproduire, et P’pa et Jonah étaient restés comme deux crétins au milieu du fleuve avec les bottes qui leur arrivaient jusqu’au cou et leur canne à pêche, jusqu’à ce que le père Beever vienne leur taper sur l’épaule pour leur dire :
– Eh, les gars. Rembarquez votre merdier. Ils sont tous partis remonter la rivière.
P’pa avait hoché la tête.
– Regarde ça, avait alors dit le père Beever à P’pa, et P’pa avait mis la main en visière sur son front et plissé les yeux. Si tu regardes bien, t’en verras un à l’horizon qui te fait un doigt d’honneur !
Ils avaient plié le matériel. À présent, qu’est-ce qu’ils auraient pu fumer ? Du castor ? Qui a déjà bouffé du castor fumé ?
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Le vieux Stegner avait dit au garçon que la carte datait de la ruée vers l’or.
– 1894, exactement. Mais qu’est-ce que les jeunes comme toi en ont à faire, des vieilleries du passé ?
Le garçon n’avait pas dit grand-chose, et il continuait à examiner la carte à chaque fois qu’il venait.

Puis il posa des questions.
C’est quoi, ce trait rouge ?
– Ce trait rouge, dit le vieux Stegner, c’est la Piste.
Pourquoi vous avez entouré ce truc ?
– Pour me souvenir de ne pas y mettre les pieds, gamin.
Pourquoi ?
Stegner leva les yeux au ciel. Il avait oublié ce que c’était que la jeunesse ; il avait oublié qu’ils demandent toujours « Pourquoi ? »
– Parce que c’est un endroit dangereux, gamin. Dangereux. Et ça, je ne veux pas l’oublier.
Dangereux ?
– Ouais. Dangereux. Maudit.
Ah.
– Ouais.
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Jonah lui-même n’aurait pas su dire pourquoi ses yeux s’étaient arrêtés entre les troncs, de l’autre côté de la rivière. Il frissonnait, sans pouvoir s’arrêter. Ça n’était pas de froid. Il ouvrait les yeux, et il ouvrait les oreilles. Rien ne lui semblait plus important que d’entendre le moindre frissonnement d’aiguille, le moindre craquement de branchage. Dans son cerveau, quelque chose rampait à présent, quelque chose qui retenait sa respiration. Dans un sifflement du vent, la Voix chuchota : de toute façon, il a déjà volé ton ombre. Tu n’as plus qu’à courir pour espérer lui échapper.
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