A Elvire,
Le vingt-quatre novembre. Un mercredi. Quatre heures.
Froid. Beaucoup de retard. Le train de Bucarest.
Paraît enfin. Butoir. Long sifflet. Les freins pleurent.
C'est Paris, ou, du moins, c'est la gare de l'Est.
Foule. Vais-je te voir ? Je te connais à peine.
Et ne revois que mal ton sourire ingénu.
Mais voici qu'une main se pose sur la mienne,
Et tu dis : "C'est gentil, monsieur, d'être venu !..."
Auto. Place Vendôme. Hôtel. "Que je répète
Demain ?...Non, laissez-moi me reposer demain !...
Si vous saviez mon trac, c'est fou, j'en perds la tête,
Ne pourrais-je pas jouer votre pièce en roumain ?..."
Michel. Vingt-deux décembre. Invités. Générale.
Paris t'attend, sourcils froncés. L'un dit, tout bas :
"Il paraît qu'elle est bien". On rit et, dans la salle,
Chacun pense : "Impossible !... On ne la connaît pas !..."
Trois coups. Puis tu parais. Stupeur. "C'est incroyable !...
Elle n'est pas française, et pourtant, c'est exquis !..."
Puis on crie : "Étonnante... unique... incomparable..."
Trois actes. Minuit sonne. Et Paris est conquis.
Clair et rebondissant sur sa triple voyelle,
En quatre jours, ton nom sonne à tous les échos.
Paris s’enorgueillit d'une étoile nouvelle :
Hier, c'était Réjane ; aujourd'hui, Popesco....
A Paris, chez le comte de Varigny. Un grand salon-bureau, au rezde chaussée de son hôtel particulier, avenue du Parc-Monceau. Installation luxueuse et de grand goût, mais extrêmement sévère.
Des tapisseries foncées au mur. Des meubles sombres.
Au fond, au milieu, exactement face au public, une fenêtre qui donne sur la rue.
Trois portes, chacune à deux battants :
à gauche, pan coupé, porte sur l'antichambre,
à droite, pan coupé, porte vers les appartements du comte,
à droite, premier plan, porte donnant sur un grand salon.
Au milieu de la scène, parallèle à la rampe, un très grand bureau.
Son fauteuil est derrière, bien face au public, de façon que le comte, en s'y asseyant, se trouve dos à la fenêtre.
Le 29 avril, vers 11 heures du matin. Soleil.
Au lever du rideau, la scène est vide.
La porte de gauche s'ouvre et Julien introduit Delabudelière, petit homme timide et modeste, en pardessus gris.
Il a un chapeau melon à la main et une serviette de maroquin noir sous le bras....
(lever de rideau de la pièce extraite du n° 354 de "La Petite Illustration" parue le 13 octobre 1934)
Avec « Mon Crime », François Ozon revisite le théâtre de boulevard en y injectant un discours « post-MeToo ».
Le réalisateur continue son histoire d'amour avec le théâtre en adaptant une pièce de Louis Verneuil et Georges Berr. Madeleine aspirante comédienne est accusée du meurtre d'un riche producteur et Pauline, sa meilleure amie, avocate en devenir, décide de prendre sa défense lors d'un procès. Sous la lumière des projecteurs, la vie des deux amies va radicalement changer.
François Ozon s'amuse avec les codes du théâtre de boulevard et multiplie les clins d'oeil aux problématiques d'aujourd'hui.
Pour nos critiques, le film est un grand moment de divertissement malgré quelques réserves.
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