Au premier abord, le Style
Andy Vérol/
Léonel Houssam se présente aux yeux du lecteur comme cru, noir, éructé comme du vomi, crade, sale, sorti des tripes encore suintantes d'une éviscération, d'un équarrissage. Notamment par les mots que cet auteur emploie. Mais tout ceci n'est en fait qu'un voile de plus pour le lecteur...non-avert¬i (aucun élitisme là-dedans, ni dans ses textes d'ailleurs), pour ceux qui ne rentrent pas en profondeur ni dans les phrases, ni dans les pages, ni dans l'ensemble d'une oeuvre et plus particulièrement dans l'une de ses oeuvres comme une charogne entre dans les tripes d'un cadavre pour en sortir sa substantifique moelle. L'envers de ces yeux trop convaincus par leur bien-pensance n'entre pas non plus dans leurs questionnements existentiels occultés, dans les questions qui importent dans une vie face aux interrogations quotidiennes et futiles.
Pour prendre l'exemple du livre "Les nouveaux Cowboys français", bien sûr il y a cette histoire intrigante de ce bleu, ce nouveau flic, de ses collègues qui fracassent des jeunes délinquants ou les baisent/violent et celle de ce black qui fait se soumettre ce flic à lui, à sa volonté, le fait devenir son esclave dans tous les sens du terme et surtout les plus glauques ; mais il y a aussi cette idée en filigrane (l'imaginaire, l'intrigue n'étant qu'un prétexte au véhicule de la pensée) aisément repérable, facilement ou simplement perceptible d'un passage, d'une porte qu'on ouvre vers l'inconnu et qui avant d'être ouverte a fait spéculer notre pensée dans des idées les plus effrayantes, dans des peurs, dans nos peurs les plus profondes, dans des fantasmes délirants et obsessionnels, des croyances morbides (et inversement saines), des pensées de "vieil homme". Et je pense que l'imaginaire fertile et la connaissance de l'humain, de sa part lumineuse et obscure, de cet auteur lui permettent de toucher juste pratiquement à tous les coups.
Tout ce contexte d'écriture qui pourrait donner du caca liquide et qui de par sa maîtrise personnelle de la langue française, de sa tournure, de sa poésie, de sa musicalité, et de l'expérience de son propre style, s'ouvre à nous lecteurs qui ne savons rien un/des textes fluides en lecture et nourriciers en interprétations subjectives et personnelles. Ses narrations et Ecritures sont empreintes de critiques acerbes, percutantes, averties, raisonnées, documentées, gluantes et provocatrices des Hommes, de la société des Hommes, de leur fierté toute ridicule, de leurs croyances rassurantes mais vides, de leur déchirement intérieur face aux doutes et à l'invisible et imprévisible inconnu (comme la mort).
Ses textes à vif mettent les lecteurs en face à face avec eux-mêmes, avec leur suffisance, et avec quelle nonchalance « dé-libérée » ils acceptent leur asservissement et choisissent la facilité face à l'adversité, face à leurs doutes, face à leur responsabilité spécifique d'Etre-humain, souvent plus inhumain qu'autre chose d'ailleurs (et s'en gargarisent), face à leur impossibilité de concevoir et de comprendre qu'il est possible qu'il n'y ait pas d'issue à cette vie ou qu'il y en ait une mais qu'elle n'est pas celle qu'ils pensent (enfin celle qu'ils pensent peut très bien aussi en être une) et qu'une goutte d'eau peut les ridiculiser, qu'un débordement peut les noyer…
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