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4,16

sur 843 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
On ne s'en rend plus compte tant ils nous sont familiers, mais les contes de fée sont décidément des histoires à dormir debout, absurdes au possible – sans parler de leurs petites morales d'un autre âge ! Pensez par exemple à La princesse au petit pois : sérieusement, auriez-vous jamais songé à choisir votre conjoint.e en fonction de sa propension à larmoyer au moindre inconfort ? Mais cela dit, êtes-vous vraiment prêts à découvrir le vrai de l'affaire ? Réfléchissez bien car vous risquez fort d'être ébouriffé.

De perle et de dentelle, d'argent et de bâillement, de draps et de ducats, de satin et de traversin, d'écus et de… Arrêtons-nous là, vous l'aurez compris, ce texte n'est pas pour les enfants (les miens l'ont donc lu avec avidité). À la lecture des aventures des prétendantes du richissime lord Henderson conviées à passer une épreuve des moins conventionnelles, on ne sait plus si on frissonne de plaisir ou d'épouvante. Blenkinsop Castle a quelque chose du manoir du comte Dracula, avec ses couloirs lugubres et ses mystères qui nous donneraient envie de tourner les pages plus vite. Mais pas trop vite, mais pas tout de suite : on prend le temps de profiter de tout. Délicieux dialogues sur le mariage et l'amour. Merveilleux personnage féminin qui fait voler en éclats tous les stéréotypes de genre. L'ironie qui vient décaper les contes, révélant leur saugrenuité et leur hypocrisie (les règles de bienséance passent vite à l'arrière-plan lorsqu'une fortune est en jeu). Et surtout, l'ode rare et savoureuse à la sensualité.

C'est avec un peu d'appréhension que nous avions écarté le baldaquin de lord Henderson : nos attentes étaient élevées comme une pile de matelas après avoir lu de cape et de mots ou L'estrange malaventure de Mirella ! Mais le sort a opéré, nous avons été enchantés par cette lecture étonnante et réjouissante, portée par de belles valeurs émancipatrices.

PS: Seule ombre au tableau : nous avons désormais lu tous les romans de Flore Vesco, longue sera l'attente jusqu'au prochain. Mon fils cadet espère une suite aux aventure de Louis Pasteur et Gustave Eiffel (peut-être consacrée à Clément Ader, comme pourraient le suggérer les indices qu'il a glanés dans les premiers tomes). Son frère et moi lirions volontiers une nouvelle adaptation de conte : s'il faut prendre des paris, je verrais bien Les habits neufs de l'empereur ou même La reine des neiges !
Lien : http://ileauxtresors.blog/20..
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« Bonjour les Babélionautes ! Aujourd'hui, je vais clamer mon amour pour un roman de Flore Vesco. Je le dis solennellement : D'or et d'oreillers… j'te kiffe.

Or donc c'est l'effervescence chez les Watkins : le jeune, riche et beau lord du voisinage cherche une épouse. Toutefois, lord Handerson pratique des méthodes étranges : pas de bal, pas de jeux d'esprit lors de pique-niques, non. Les prétendantes doivent passer une nuit dans son château, et cette nuit déterminera si elles feront des épouses adéquates…

Ce roman réécrit un conte qui… mmh… attendez. le mieux, c'est de laisser parler la personne concernée. Je vous présente donc Mini-Déidamie ! Elle passait son temps dans sa chambre à relire ses bouquins jusqu'à les apprendre par coeur parce qu'elle trouvait que dehors, c'était nul. Alors Mini-Déidamie, tu le connais bien, ce conte ? Tu aimes La princesse au petit pois ?

-Nan, pas trop.

-Et pourquoi tu ne l'aimes pas ?

-Passqu'elle est peut-être une Vraie Princesse, mais si ça se trouve, elle est méchante, et le prince l'épouse quand même. C'est bizarre de se marier avec quelqu'un juste passqu'il supporte pas un petit pois. Je trouve que… c'est un peu débile.

-Hé bien, merci beaucoup Mini-Déidamie.

-J'peux regarder la télé, s'il te plaît ? C'est l'heure d'Ulysse 31.

-Ah, si Ulysse revient, il faut y aller, en effet. Zou, file.

La princesse au petit pois, quel conte inepte et sans intérêt ! Fort heureusement, Flore Vesco le dépoussière à fond en proposant une histoire amusante, pleine de profondeur et de sensualité, si, si.

Le début ressemble beaucoup au commencement d'Orgueil et Préjugés, l'ironie d'Austen en moins : les jeunes filles doivent être mariées, et la pression se dessine nettement derrière cet impératif.

-Alors, je t'arrête, moi, je trouve que ça ne ressemble pas du tout !

-Ah Méchante Déidamie, tu es là ?

-Ben évidemment que je suis là ! Mini-Déidamie s'est encore mise devant une de ses séries de l'Antiquité, tu penses bien que j'allais pas rester ! J'en peux plus, moi, de ces génériques ! Mais pour en revenir au bouquin, je ne suis pas du tout d'accord avec toi, Déidamie ! Rien dans le style de Flore Vesco n'évoque Jane Austen ! Ca va pas mieux, tu délires total !

-D'accord, pas dans le style, mais dans l'ambiance ! L'ambiance « mes filles doivent mettre le grappin sur ce beau parti avant qu'une autre ne le fasse » !

-Ouais, chuis pas convaincue.

-D'accord ! Alors on peut parler de l'humour de ce texte. La narration prend soin de collecter tous les clichés du conte et de la beauté pour mieux les tourner en dérision. Les personnages ne sont pas décrits minutieusement dans leurs perfections, s'ils en ont, elles sont moquées. En revanche, ce que j'ai trouvé intéressant, c'est tout le travail sur le corps : bridé par les convenances, brisé par les travaux, vecteur de plaisir et précieux outil.

L'héroïne se réjouit de pouvoir utiliser son corps à sa guise. Peu lui importe de ne pas représenter une beauté selon les standards en vigueur : elle se meut, elle choisit, elle affronte et son corps lui procure du bonheur non parce qu'il est beau, mais parce qu'il est efficace. le regard sur le corps reste positif: tu en as un ? Profites-en donc !

Ensuite, qui dit conte dit prince charmant et donc histoire d'amour. J'ai adoré cette histoire d'amour, présentée comme un jeu sensuel au cours duquel les partenaire se découvrent et tissent petit à petit leur complicité. Ca me fait penser à Jane Eyre, tu sais, quand Jane chahute avec M. Rochester, mais en plus sexuel et en tellement plus drôle ! Tiens, je vais le relire.

-Déidamie, tu cites encore des trucs qui n'ont rien à voir ! T'en sais rien, si l'autrice pensait à Jane Eyre, ni même si elle l'a lu ! Tu extrapoles et ce n'est pas rigoureux, comme démarche.

-Pardon ! Mais j'y peux rien, plus je lis de livres, plus je regarde de séries, plus j'ai l'impression que les oeuvres se répondent sans cesse entre elles. Comme le dit un glorieux philosophe de France Inter, Frédérick Sigrist*, « touuut est connectéééé ». En dernier lieu, l'aspect fantastique et horrifique de l'histoire a comblé ma peau de frissons délicieux ! Je ne m'attendais pas du tout à la tournure qu'elle prendrait.

D'or et d'oreillers offre une histoire d'amour positive et sensuelle, drôle et terrifiante à la fois, avec une héroïne forte et active. Depuis Cinder, j'ai l'impression que le prince prend le rôle de la princesse, et j'avoue que cela donne des récits intéressants, originaux et plaisants. Je le relirai avec plaisir, pour mieux admirer les finesses de la prose. »

*Animateur de l'émission et de la chronique Blockbuster.
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Cette magnifique couverture, ainsi que ce titre doré et moelleux, m'avaient attirée lors de la Masse critique Jeunesse. J'avais reçu un autre livre, que j'ai par ailleurs adoré, mais restait sur cette envie de lecture, c'est chose faite !
Classé en littérature Jeunesse, un peu osé sur les bords, ce roman s'adresse aussi aux adultes. Osé, c'est juste sur les bords car la magnifique plume de Flore Vasco arrive à faire passer un message sensuel avec beaucoup de finesse.
L'auteure a un don pour les mots, ce vocabulaire riche nous offre des descriptions superbes.
Flore Vasco ne manque pas d'humour pour nous livrer un texte avec de nombreuses références aux contes de fées de notre enfance. Rien ne manque, la princesse (que l'on pourrait croire au petit pois mais il n'en est rien), le prince (qui peut se révéler charmant, charmeur en tout cas), bien sûr la méchante belle-mère (mais est-elle si méchante ?)...
A sa façon, c'est un autre conte que nous livre Flore Vasco et il est savoureux, plein d'humour, de rebondissements, avec un suspense insoutenable à la fin (impossible de lâcher le livre).
Ce roman est une merveille. Sûr, je lirai les autres écrits de Flore Vasco !!
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La couverture superbe laisse présager un joli conte. Il n'en est rien. Les contes de fées et la romance traditionnelle sont ici détournés, et l'auteur nous raconte une histoire où se mêlent la poésie, la sensualité, la magie et l'horreur. J'ai vraiment beaucoup apprécié son écriture, et j'ai adoré lire ce livre que j'ai lu d'une traite
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Une très belle couverture , une réécriture de conte ? il ne m'en fallait pas plus pour me lancer, sans même lire le résumé. Et j'ai adoré !! Alors réécriture, pas vraiment, disons que le conte La princesse au petit pois sert d'amorce mais on s'en détache rapidement pour entrer dans une histoire vraiment singulière. On adhère ou pas à ce conte mais l'écriture et la magie opèrent rapidement je trouve. J'ai trouvé cette histoire merveilleuse, romantique, un poil flippante. Un pur bonheur de lecture , un petit page turner à lire pour les amateurs du genre !
Challenge Mauvais genres 2022
Challenge auteure sfff 2022
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D'or et d'oreillers...conte à dormir debout ? Roman jeunesse ? Histoire pour jeune fille en mutation ? Ou pour les femmes dont la jeune fille est toujours lovée en elles? Et pourquoi pas pour la gente masculine !?
J'ai , pour ma part, adoré ce moment d'évasion dans le drôle de château de Lord Handerson,en compagnie de Sadima,jeune femme de chambre dont l'intelligence et la force de caractère auront vite fait de faire de l'ombre aux jeunes filles de bonnes familles venues prétendre au poste d'épouse !
J'y ai retrouvé tous les ingrédients classiques du conte et de la magie qui les accompagne souvent : prince et princesses, château hanté,belle mère ( ou future belle mère) cruelle par jalousie,chat noir etc etc . Mais tout ceci est revisité avec dynamisme,humour, sensualité et réellement beaucoup de psychologie. Bettheleim aurait de quoi se régaler !
Une recette qui mêle un doigt de féminisme,une pincée de bon sens pour les hommes qui n'osent pas encore quitter leur carapace...ni leur mère,une louche de magie aux épices rares et fines,tout ceci saupoudré d'une sensualité à faire désobéir les enfants sages de 7 à 77 ans!
A lire sans retenue pour quitter un instant la grisaille de notre monde.
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Un nouveau bijou signé Flore Vesco ! Après m'avoir enchantée avec son adaptation du joueur de flûte de Hamelin à travers « L'Estrange Malaventure de Mirella » et ses autres écrits faisant souvent référence aux contes, l'auteure s'est attaquée à une nouvelle histoire classique : celle de la princesse au petit-pois ! Toutefois, elle va complètement changer la personnalité de cette héroïne au dos sensible, qui se plaint qu'un morceau de légume meurtrit son dos sous une couche de matelas… À la place, on aura le droit à une servante débrouillarde, courageuse, observatrice, avec la langue bien pendue et le sens de la répartie ! Au lieu de se plaindre de sa condition ou de son physique, la demoiselle va prendre son destin en main et va plutôt chercher à percer les secrets du Lord Handerson, alias Adrian, un riche propriétaire recherchant une épouse.

Avec malice, Flore Vesco commence son récit en proposant une mise en abîme : une femme narre la véritable histoire de la princesse au petit pois. Une version plus originale, plus magique et plus sensuelle… En effet, sans que cela soit obscène, l'auteure va proposer des passages intimes où il est question de désir, d'amour et d'actes charnels. le choix de proposer ce genre de scène est osé néanmoins, il est fait avec poésie, jeux de mots et délicatesse… Et puis, après tout, les anciens contes ne comportaient-ils pas eux aussi des moments sexuels (qu'ils soient crus ou développés par allégorie) ? Par exemple, le petit chaperon rouge ne s'est-il pas déshabillé pour aller dans le lit du loup ? Et que dire du Prince qui « cueille les doux fruits de l'amour » en violant la Belle au bois dormant, avant de l'abandonner, car elle ne se réveille pas ? (Et la laisse enceinte !…) J'ai donc apprécié le fait que Flore Vesco touche au thème de l'érotisme avec délicatesse et onirisme, tout en laissant l'imagination du lecteur faire le reste…

Comme à travers ses autres écrits, l'auteure va proposer une version féministe du conte original. La jeune Sadima va pointer du doigt des problèmes sociaux de l'époque où la femme n'est hélas, pas libre de son futur. Si on est pauvre, il n'est pas rare de se faire abuser par d'autres personnes de son milieu ou par son propriétaire… Les filles issues d'une riche famille ne sont pas en reste : on va vite chercher à les marier, quitte à leur imposer un vieil époux fortuné dont elles devront porter les enfants ! Quel plaisir de voir une héroïne engagée, spontanée, courageuse, cultivée (malgré son statut de servante, elle sait lire), maligne et débrouillarde ! La demoiselle est loin de ressembler aux autres prétendantes… J'avoue avoir adoré le petit clin d'oeil aux romans de Jane Austen… C'était bien vu et sympathique ! J'ai également été conquise par la présentation de Zephis, cette postulante que l'on présentera comme une bête de cirque, capable de danser, chanter, converser dès qu'on lui en donne l'autorisation.

Le fantastique est très présent. Je n'en dirais pas trop afin de ne rien révéler néanmoins, j'ai été charmée par la place de la sorcellerie au fil du récit. La magie va prendre de plus en plus d'importance, jusqu'à devenir l'élément central du récit… Un régal ! Ce conte revisité est une pépite drôle, dynamique, mystérieuse, engagée, habilement écrite et addictive. On frôle le coup de coeur ! J'espère que Flore Vesco réécrira d'autres contes classiques car, pour moi, elle fait mouche à chaque fois…
Lien : https://lespagesquitournent...
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Gros coup de coeur pour ce roman ❤️

Enfant, j'adorais le conte de la princesse au petit pois. Lorsque j'ai retrouvé le livre illustré que j'avais tant lu, j'ai éprouvé une grande déception. Mon regard d'adulte m'a fait entrevoir une histoire bien plus plate que dans mon souvenir, portant un message peu convaincant. La réécriture de ce conte suscitait ma curiosité. J'avais repéré D'or et d'oreillers au moment de sa sortie. Lorsque je l'ai aperçu parmi les nouveautés de la médiathèque, je n'ai pas hésité une seconde. Sous cette irrésistible couverture (encore la talentueuse Mayalen Goust), je m'attendais à découvrir un récit plaisant, mais je ne pensais pas que ce roman allait autant m'emporter.

L'histoire se déroule en 1813 en Angleterre. Mrs Barrett accourt chez sa voisine Mrs Watkins. Elle apporte une grande nouvelle ! le fils de lord Handerson cherche une épouse... Et il est extrêmement riche ! À cette annonce, Mrs Watkins « était presque tendue, ce qui était une véritable gageure dans ce corps tout en mollesse : chignon tremblotant, lèvres affaissées, cou plissé, épaules tombantes, ventre coulant. Les chairs flasques de Mrs Watkins ne tenaient ensemble que par une volonté de fer. Cette énergie brûlait dans un unique but : bien marier ses trois filles. »

J'ai immédiatement aimé l'humour de Flore Vesco. le ton est railleur. Derrière la bienséance affichée par cette haute société anglaise se dissimulent des intentions calculées. En découvrant le personnage de Mrs Watkins, j'ai immédiatement pensé à celui de Madame Josserand dans l'adaptation cinématographique du roman d'Émile Zola, Pot-bouille (1957). On peut bien entendu faire le lien également avec Mrs Bennett d'Orgueil et préjugés de Jane Austen. le début du roman m'a beaucoup amusée.

Dans l'histoire de Flore Vesco, le jeune Lord Handerson organise une épreuve afin de choisir sa future épouse. Pour cela, les jeunes filles sont invitées à passer une nuit sans chaperon dans le château de Blenkinsop. Personne ne sait véritablement en quoi consiste cette épreuve. Pourtant, Mrs Watkins, faisant fi des convenances, n'hésite pas à provoquer une rencontre entre ses filles et le Lord. Margaret, Maria et May, accompagnées de leur domestique Sadima, pénètrent dans le château et s'apprêtent à passer l'épreuve chacune leur tour.

J'ai été happée par l'intrigue, par le mystère de la situation. le roman m'a quelques fois rappelé l'univers de la belle et la bête. le récit prend ensuite une dimension totalement fantastique, mais je n'en dirai pas plus pour ne pas gâcher le plaisir !

Avant de commencer ma lecture, j'avais une légère appréhension. Je me suis rendue compte que ce roman était classé en littérature pour adolescents. J'avais peur que le contenu soit niais ou que l'écriture ne me convienne pas. Au contraire, la qualité de l'écriture m'a transportée.

D'or et d'oreillers aborde la sensualité, la sexualité. J'ai été surprise par cette touche d'érotisme. Ce récit magnifique m'a complètement plongée dans cette histoire d'amour, à la fois charmée par le mystérieux Adrian et admirative du courage de l'héroïne. J'aurais aimé que l'on aborde ces sujets avec autant de liberté et de beauté lorsque j'étais moi-même adolescente. Comme le dit la quatrième de couverture : « Nous ne sommes pas dans un conte de fées mais dans une histoire d'amour et de sorcellerie où l'on apprend ce que les jeunes filles font en secret, la nuit, dans leur lit... »

Un roman très original qui m'a donné envie de découvrir d'autres livres de Flore Vesco.
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Lord Handerson, un jeune et très riche héritier souhaite prendre femme. Mais aucun bal en vue, il a concocté un test bien étrange afin de choisir sa future épouse. Chaque prétendante est invitée à passer une nuit, seule, en sa demeure, juchée sur un lit d'une hauteur vertigineuse.
Plusieurs jeunes filles de bonne famille, poussées par leur mère, particulièrement, désireuse de les voir mariées à un bon parti, se rendent donc, pleine d'espoir, à Blenkinsop Castle.
Le choix de Lord Handerson pourrait bien être surprenant.

Très agréable découverte. L'auteure nous plonge dans une version sensuelle et fantastique de "La princesse au petit pois", tout en se moquant gentiment au passage des contes traditionnels.
Une plume légère, poétique et pleine d'humour nous guide au fil des pages et nous plongent dans un univers magique et mystérieux.
Le début de l'intrigue s'inspire clairement d'Orgueil et Préjugés de Jane Austen et nous rappelle une "Mrs Bennet" obnubilée par la recherche d'un mari pour ses filles.
J'ai beaucoup apprécié l'héroïne principale. Elle n'a pas froid aux yeux et mène sa barque d'une main de maître dans une atmosphère fantasque, parfois menaçante. On ne s'ennuie pas !

Challenge multi-auteures SFFF 2021
Challenge féminin : item 39. Conte : revisité, classique...
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Entre la couverture et le titre énigmatique, ce roman me tentait beaucoup, mais je ne m'attendais pas à autant l'aimer ! Dès le début, j'ai été sensible à l'écriture de l'autrice : délicate, poétique, onirique, imagée avec un jeu magistral sur l'implicite, mais aussi piquante et pleine de verve. Un mélange savoureux qui fonctionne à merveille et qui nous permet de nous plonger sans réserve dans une histoire atypique et pleine d'intelligence.

À travers un récit dans le récit, nous découvrons le conte de la princesse au petit pois revisité et développé par l'esprit affûté et aiguisé de Flore Vesco, qui lui insuffle un élan de modernité et de féminisme fort appréciable. S'il est aussi question de matelas, d'or et de soie, la comparaison s'arrête là, ici, la princesse n'est pas douillette et à vrai dire, ce n'est même pas une princesse ! Notre héroïne, Sadima, est la femme de chambre des trois soeurs Watkins, trois filles élevées dans le souci de l'étiquette et du respect de la bienséance.

Bienséance qui vole bizarrement en éclats quand Mme Watkins découvre qu'un jeune et très riche lord cherche une épouse. Mais, parce que quand la nouvelle est trop belle, il y a toujours un mais, il exige que chaque candidate passe la nuit chez lui dans une chambre préparée à cet effet, sans qu'on ne sache pourquoi et surtout, sans chaperon. Un scandale ! Mais un scandale que sa fortune fait vite oublier : la décision est prise, les toilettes sont emballées et les trois soeurs Watkins envoyées par leur mère chez cet étrange lord dont on ne sait finalement rien, si ce n'est qu'il est orphelin et qu'il a les bourses bien pleines.

Sur place, les choses ne se passeront néanmoins pas comme prévu : là où la sophistication étudiée de l'une, la rouerie de l'autre et la naïveté de la dernière n'auront rien donné, la simplicité et le naturel de Sadima feront des miracles. du moins, c'est ce qu'un petit doigt m'a dit… Notre héroïne a passé la première épreuve, mais le mariage n'est pas encore assuré. Après tout, nous ne sommes pas dans un satané conte de fées ! Elle va devoir percer les secrets d'un lord qui, derrière son indifférence étudiée et ses moqueries sans conséquence, semble cacher une belle sensibilité et une solitude certaine. Elle devra également faire face à de multiples dangers, Blenkinsop Castle se révélant être un endroit inquiétant à l'aura sombre et ténébreuse…

Un peu à la manière piquante de Jane Austen, Flore Vesco dénonce l'hypocrisie des plus nantis pour lesquels les apparences et des règles plus idiotes les unes que les autres comptent beaucoup, mais la fortune et le statut plus que tout. Comment ne pas être révolté par cette mère qui n'hésite pas à envoyer ses filles dans la tanière du loup sans être certaine qu'elles n'en paient pas le prix fort ? Et puis, il y a cette condescendance mâtinée de méchanceté des femmes Watkins qui, fières de leur rang et de leur sang, ne réalisent pas que la seule personne dotée d'un minimum de noblesse parmi elles, c'est leur femme de chambre. Une femme qui doit s'activer sans cesse tout en devant se faire oublier parce qu'il est universellement connu qu'un bon serviteur est un serviteur qu'on ne voit pas… Au moins, à Blenkinsop Castle, nos belles dames sont bien servies, tout le monde, à part une personne, ayant quitté le navire. Quant à savoir pourquoi, seule la perspicace Sadima se le demande, voire remarque cette absence de domesticité ainsi que toutes les étrangetés du château…

Devant la manière dont Sadima est traitée, même par la plus jeune des soeurs pourtant nourrie au même sein qu'elle, on se révolte, et surtout, on applaudit devant le retournement de situation. J'ai espéré et j'ai savouré cette transgression des règles où une domestique surpasse ses employeurs, leur prouvant qu'un statut social ne déterminera jamais la valeur d'une personne. À cet égard, lord Handerson ne semble absolument pas sensible à l'étiquette, inconscient d'avoir brisé un tabou en laissant une femme de chambre participer aux épreuves pour devenir son épouse. Cela s'explique peut-être parce qu'il a grandi loin des simagrées de la noblesse… On découvre d'ailleurs petit à petit son histoire familiale, une histoire dramatique qui nous éclaire sur sa situation actuelle, son étrange rapport à son château, et sa méthode inattendue pour se choisir une épouse.

En plus de la plume de Flore Vesco et de la critique sociale, j'ai adoré l'aura de mystère qui imprègne chaque page, et qui donne envie d'obtenir des réponses à toutes ces questions qui accompagnent la lecture. Cela instaure une sorte de lien inébranlable avec Sedima que l'on suit avec passion dans ses investigations non dénuées de danger. Que cache lord Handerson et plus important, que cache Blenkinsop Castle, ce château qui semble animé, et pas des meilleures intentions ? Deux questions entêtantes, voire obsédantes à mesure que le voile de la vérité se lève et que l'on découvre la nature du danger, mais aussi l'horizon des possibilités.

Il est question ici de magie, d'émancipation féminine, de solitude, d'un amour maternel qui devient prison, faisant rassembler la victime à son bourreau... Mais l'autrice nous offre aussi un bel exemple de parentalité avec des parents qui s'inquiètent pour leur fille, tout en la laissant vivre ses propres expériences. Nul doute que cela aura aidé Sadima à devenir cette jeune femme forte, courageuse, à la langue bien pendue et à l'esprit affûté qui suscite affection et admiration chez les lecteurs. Ils ne seront d'ailleurs pas les seuls, lord Handerson n'étant pas insensible au charme de cette femme qui, malgré le danger et les secrets, l'aide vaillamment à se libérer des entraves du passé pour ouvrir les chaînes du présent.

Au fil des pages et des épreuves, naît entre les deux une belle complicité qui se mue progressivement en une relation empreinte d'une douce sensualité, avant de nous offrir des scènes où les doigts de l'un rencontrent la douceur de la peau de l'autre. Une peau qui ne demande qu'à être explorée et goûtée durant des instants suaves dérobés aux yeux et aux oreilles inquisiteurs d'une entité qui a du mal à s'effacer pour laisser la vie reprendre librement son cours… Un éveil à la sensualité et à la volupté délicat et poétique venant contrer une atmosphère ténébreuse dans laquelle le danger peut venir de partout et nulle part à la fois.

Avec mordant et un sens aigu de l'ironie, l'autrice détourne l'un des contes les plus insipides que je connaisse, La princesse au petit pois, pour nous proposer une version personnelle soufflant un vent de modernité et de féminisme bienvenu. Mais ce ne sera pas le seul conte évoqué, puisqu'au fil des pages, on découvre différentes références explicites ou non à tous ces récits qui ont bercé notre enfance, de le Belle et la bête à La Barbe bleue. Plus que la bouffée de nostalgie offerte par le procédé, j'ai aimé la manière dont Flore Vesco en bouleverse les mécanismes et en dénonce leur absurdité. C'est fait avec piquant et une intelligence rare, de celle qui rappelle à quel point la littérature jeunesse et adolescente est un formidable vecteur de réflexion. Portée par une plume poétique et pleine de verve, une réécriture de conte qui dépoussière le genre en beauté et en finesse, jouant avec des stéréotypes éculés pour mieux les dépasser. Un pied-de-nez savoureux sans fausse note à ne pas manquer !
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