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S'il y a une chose qu'on ne peut pas reprocher à Flore Vesco, c'est de choisir la facilité. Un roman inspiré d'un conte et se déroulant au Moyen Age ciblerait naturellement des élèves de 5e. Traditionnellement, dans ces cas-là, le héros ou l'héroïne a le même âge que ses lecteurs. Ce n'est pas le cas ici, avec une héroïne bien plus âgée (16 ans) et, par conséquent, des préoccupations plus adolescentes, comme éviter de se faire culbuter par le premier venu ou les premiers émois amoureux. Mais, surtout, Flore Vesco a choisi d'écrire en émaillant son texte de mots à consonance médiévale. J'ai beau avoir fait un peu de français du Moyen Âge, je n'ai pas réussi à déterminer si le vocabulaire employé venait d'une bonne connaissance du français de cette époque ou d'avoir trop regardé le film Les Visiteurs. Quoiqu'il en soit, vrai ou faux, ce vocabulaire très présent rend la lecture difficile, même pour une adulte comme moi qui ait quelques notions d'ancien français. Je n'ose donc imaginer pour des lecteurs de début de collège. Je n'ai pas ce roman depuis assez longtemps au CDI pour avoir leur point de vue sur la question. Cependant, je pense que cela réserve forcément cette lecture a des lecteurs ayant un bon niveau de français et de bonnes compétences en lecture afin que ce vocabulaire ne les arrête pas. Cependant, une fois qu'on s'y est habitué, cela donne au roman une petite musique singulière.

Cela dit, je pense que cela a beaucoup joué sur le fait que j'ai mis une bonne moitié du livre à y entrer. J'ai commencé à m'accrocher progressivement à l'histoire à partir de l'entrée en scène du "joueur de flûte de Hamelin". J'ai bien aimé la réécriture inattendue que fait Flore Vesco de ce conte tout en ayant un peu de mal à adhérer à l'évolution de l'héroïne. Son talent subit m'a laissée perplexe.

En résumé : une lecture que j'ai trouvée complexe pour le lectorat auquel elle semblerait destinée, une réécriture intéressante mais qui ne m'a pas entièrement convaincue, encore moins passionnée. J'en ressors moins déçue que je ne le craignais au début mais pas emballée pour autant.

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Dans cette une réécriture du conte du joueur de flûte d'Hamelin, nous rencontrons Mirella, une jeune orpheline qui survit dans la rue en portant de l'eau aux habitants. Jusqu'au jour où les rats vont commencer à arriver en ville, apportant la Peste avec eux…

Avant toute chose, je pense qu'il est important de préciser que l'écriture est très particulière dans ce roman. Puisque l'histoire se déroule dans un contexte médiéval, l'autrice a fait le choix audacieux d'utiliser un parler d'époque (ou en tout cas qui s'en rapproche), avec du vocabulaire et des tournures de phrases qui peuvent décontenancer. Si c'est une très bonne idée en terme d'immersion dans l'univers, force est de constater que ça complique aussi la prise en main du texte. Ça cesse d'être gênant après un petit temps d'adaptation mais je pense que ça peut quand même décourager certains lecteurs, notamment les ados à qui ce texte est destiné.

Au niveau de l'histoire en elle-même, j'ai été assez surpris dans la première moitié du roman. Bien qu'il se passe quand même des choses, j'avais beaucoup de mal à voir où on allait, sûrement parce que j'attendais un peu trop de retrouver certains éléments du conte original. le moins qu'on puisse dire, c'est que Flore Vesco s'éloigne beaucoup de l'histoire d'origine (et c'est très bien, je déteste les réécritures de conte qui sont du copier coller) mais c'est vrai que j'étais quand même un peu perdu dans toutes ces histoires d'eau courante et de lépreux qui me paraissaient hors sujet (spoiler : ce n'était pas du tout hors sujet en fait).

J'ai été beaucoup plus emballé par la seconde partie que j'ai trouvé plutôt originale et efficace. On comprend enfin les liens avec le conte de base, tout en découvrant le talent de l'autrice pour partir dans des directions inattendues. La fin m'a d'ailleurs beaucoup plu, je pense surtout par son côté moralement gris.

Malheureusement, cette seconde partie n'a pas suffi pour que je passe l'excellent moment que j'attendais, même si je pense que j'en attendais sûrement trop après mon coup de coeur pour D'or et d'oreillers. de plus, certains thèmes abordés ne m'ont pas tellement plu, pour des raisons purement subjectives pour le coup, comme le fanatisme religieux ou la menace omniprésente d'agression sexuelle qui n'était pas toujours, d'après moi, justifiée dans le récit. Ces thèmes sont cependant assez cohérents dans un contexte médiéval donc je ne peux pas vraiment les reprocher au roman.

Alors bon, dit comme ça je ne vends pas super bien le roman mais je tiens quand même à dire que ce n'est pas du tout un mauvais roman. J'ai principalement été gêné par des choses on ne peut plus subjectives et il ne faut donc pas prendre mon avis pour argent comptant. À côté de tout ce que j'ai pu dire, la plume de l'autrice reste très efficace, drôle et presqu'insolente par moment, ce que j'aime beaucoup personnellement.
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Un franc coup de coeur pour ce roman jeunesse !
Rappelez-vous, vous êtes enfant, assis en tailleur autour de votre maîtresse. Ou bien pelotonné sous votre couette pour votre histoire du soir. A la bibliothèque peut-être ? Et là, quelqu'un vous raconte : "Il y a bien des années, les gens de Hamelin furent tourmentés par une multitude innombrable de rats qui venaient du Nord, par troupes si épaisses que la terre en était toute noire..."
Vous y êtes ? Parfait ! Vous n'y êtes pas ? Pas de problème, ce conte n'est de toute manière qu'un ramassis de sornettes, et vous l'apprendrez bien assez tôt.

Vraiment, je n'ai rien à redire, tant j'ai apprécié ma lecture. D'abord, il y un bel effort sur le langage et la musicalité : grâce au rythme du francais médiéval, on est tout de suite plongés dans l'univers "estrange" mais réaliste du roman.
Ensuite l'héroïne est tellement attachante ! Porteuse d'eau de 15 ans, Mirella s'affirme petit à petit et conquiert sa liberté, sans renier ses principes. Et ça fait beaucoup de bien. Flore Vesco a aussi un véritable talent pour décrire l'adolescence et la découverte de la sensualité tout en délicatesse : cela m'avait frappée avec son roman D'or et d'oreillers (inspiré de la Princesse au petit pois) et cela s'est confirmé aussi.
Et enfin, vous voulez savoir ? Et bien l'argument choc c'est que ça fait PEUR :) Ce petit frisson tout régressif, le même qui me faisait aimer les contes de Grimm petite.
Vous l'aurez compris je vous conseille vivement cette lecture propice à un moment d'évasion !



Conseil musical : le joueur de pipeau, Hugues Aufray - bien sûr ;)
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Ayant eu un énorme coup de coeur pour D'or et D'oreillers de Flore Vesco, il fallait absolument que je me penche sur ses autres écrits. Quoi de mieux pour cela que son autre réécriture de conte sur le fameux joueur de flûte de Hamelin ? Ce conte ordinairement sombre est ici complètement remodelé pour donner naissance à un roman surprenant, drôle et prenant.

L'esprit est le même que dans D'or et d'oreillers : on retrouve l'humour, les délicieux jeux de mots et un soupçon de magie. L'immersion est totale avec le vocabulaire du Moyen-Âge expliqué par le lexique à la fin du livre ! (Ne faites pas la même erreur que moi en ne le découvrant qu'après avoir tout lu...).

On est tout de suite pris dans l'histoire grâce à la plume de l'autrice qui sait capter l'attention du lecteur en quelques mots. Je me suis très vite attachée à Mirella, cette jeune porteuse d'eau aux cheveux roux qui fera preuve de plus de force et de générosité que la ville tout entière. La réécriture est encore une fois très réussie et originale avec l'intervention des lépreux et les chansons inventées par Mirella qui donnent du courage à ceux qui les chantent. J'ai beaucoup aimé l'ajout de ce personnage mystérieux vêtu de noir qui se promène en ville à l'insu de tous... mais je ne peux vous en dire plus sans risquer d'en dire trop !

Je ne me lasse pas des romans de Flore Vesco que je referme toujours avec un sourire aux lèvres et une envie d'en découvrir davantage. Je pense que je jetterai ensuite mon dévolu sur de cape et de mots et j'attends avec grande impatience un nouveau roman de la part de l'autrice.
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C'est avec cette Estrange malaventure que je découvre – avec plaisir – l'univers décalé et original de Flore Vesco. Dire que l'aventure de la jeune Mirella est un ovni est un euphémisme : le style est aussi étonnant que l'histoire. Attention, estrange livre que voilà !


Bon, avant toute chose, deux ou trois mises au point.

Contrairement à ce que j'ai pu voir passer dans certains retours de lecteurs et lectrices, Flore Vesco n'écrit pas ici en ancien français. Si si, je vous assure. Si c'était le cas, je vous promets, vous n'y comprendriez goutte. On peut à la limite rapprocher le langage utilisé par Flore Vesco d'un texte tel que Gargantua de Rabelais. Mais on est alors plutôt au XVIe siècle, plus au Moyen Age.
Dans le même ordre d'idée, le texte laisse parfois apercevoir l'image de la jeune fille rousse dont tout le monde se méfie avec la perspective des bûchers de sorcières… Or, là aussi c'est un cliché qu'on attribue à tort au Moyen Age puisque les procès et la chasse aux sorcières ont surtout eu lieu à la fin du XVIe et au début du XVIIe siècle… Je rappelle tout de même que, grossièrement, le Moyen Age s'étale du Ve au XVe siècle. Dix siècles c'est déjà pas mal, on ne va pas lui ajouter quelques centaines d'années en plus.
Et enfin, et c'est une supplication aux blogueurs du monde entier – francophones du moins – : évitez d'utiliser le terme “moyenâgeux” à moins que vous ayez explicitement envie d'ajouter une connotation négative à votre discours ! Si vous voulez être plus neutre, c'est “médiéval”. Merci bien.

Maintenant que tout ça est dit et n'enlève rien aux qualités d'écriture et de conteuse de Flore Vesco, je peux l'annoncer : j'ai aimé cette malaventure fort originale et plaisante !
Parce que si on met de côté les petits clichés médiévaux, l'ambiance est franchement bien croquée : le petit bourg de Hamelin, ses échoppes, son bourgmestre corrompu, ses orphelins va-nu-pieds, ses rats, son joueur de flûte… son insécurité latente, sa misère et la menace quotidienne de la faim et des maladies. Bon, encore une fois, c'est limiter le Moyen Age à ses aspects les plus sombres et les moins reluisants… mais il faut avouer que c'est efficace, ça plante bien son décor.

Et dans celui-ci, au milieu des orphelins qui se tuent chaque jour à la tache, évolue une jeune adolescente débrouillarde et courageuse, notre héroïne : Mirella. Une gamine pas comme les autres. Déjà, parce que, comme je vous le disais, elle a de longues boucles rousses qu'elle tente tant bien que mal de cacher et surtout, parce qu'elle semble douée de capacités que tous les autres n'ont pas. du genre un peu surnaturelles.
Disons qu'elle voit quelque chose de bien particulier et c'est ce don qui va lui permettre de tirer son épingle du jeu alors que l'épidémie de peste s'abat sur le village. Parce qu'une invasion de rats ce n'est pas suffisant, il faut surtout qu'ils amènent avec eux la maladie et la mort.

Réécrire le Joueur de flûte de Hamelin en lui ajoutant une petite peste (la maladie, pas l'héroïne… quoi que…) bien efficace c'est déjà plutôt intéressant dans la littérature jeunesse mais ça l'est encore plus quand on se rend compte que Flore Vesco n'hésite pas à insérer quelques détails franchement sombres à son histoire : ainsi, Mirella nous dit plusieurs fois, plus ou moins à demi-mots, qu'elle a déjà dû subir les assauts de plusieurs hommes depuis que son corps s'est transformé (pour devenir celui d'une jeune femme), la peste emporte des parents laissant derrière eux des enfants orphelins et affamés peut-être eux aussi bientôt victimes de la terrible maladie, le petit protégé de notre héroïne se blesse méchamment et c'est pas joli-joli… bref, il y a du détail glauque, triste, dur… l'autrice ne nous épargne rien.

Oui, mais elle le fait… avec humour. Noir certes, mais avec humour tout de même. Et dans un parler désuet, à « tendance médiévale ». L'association des scènes les plus terribles racontées avec force cynisme, c'est assez délicieux. Un peu comme les Soeurs Carmines d'Ariel Holzl, par exemple.
Flore Vesco y ajoute quelques remarques et réflexions bien senties sur le charlatanisme de certains chirurgiens-bouchers d'alors, la misogynie de l'Eglise et de ses représentants… là encore, c'est plutôt osé dans un titre jeunesse mais si bien amené !
Il faut en revanche se laisser emporter par l'histoire, par le rythme et surtout par la musicalité du style. Les premières pages ne sont pas forcément évidentes à parcourir et à digérer. Au début, il m'a fallu relire plusieurs fois certaines phrases pour être sûre de comprendre mais le vocabulaire un peu vieilli et la syntaxe chantante s'adoptent vite et c'est un plaisir étonnant.

Qui aurait cru qu'une histoire d'invasion de rats et de peste dans un petit patelin médiéval m'aurait autant fait sourire… C'est une réécriture intelligente, modernisée et cyniquement bien écrite ! Je ne sais pas quel effet ce texte surprenant a sur un lectorat adolescent mais il est clair qu'il ne laisse pas les adultes indifférents !
Lien : https://bazardelalitterature..
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Ayant lu de nombreux avis enthousiastes (et profitant de la réouverture des bibliothèques de ma ville !), j'ai décidé de partir à la découverte de Flore Vesco avec cette "Estrange malaventure de Mirella".
Cette auteure propose une réécriture très moderne du "Joueur de flûte de Hamelin". J'ai beaucoup aimé le mélange du ton (très incisif et plein d'humour) et les termes moyenâgeux employés. Leur utilisation et les petits détails parsemés dans le texte nous plonge vraiment dans l'époque sans que le procédé ne soit excessif. La jeune héroïne de 15 ans fait d'ailleurs face à des situations tout à fait crédibles et non édulcorées.

L'histoire est très bien construite, on voit que l'auteure a réfléchi son texte dans les moindres détails. Et je dois avouer que cette histoire sur fond de peste raisonne étrangement en cette fin de confinement.
Mon seul (petit) bémol concerne la fin que j'ai trouvé un peu expédiée. Mais c'est vraiment une belle découverte et je vais m'empresser de lire d'autres oeuvres de Flore Vesco !
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L'estrange malaventure de Mirella de Flore Vesco ou ma bonne idée de lecture  en ces temps d'épidémie... Voilà voilà. Ce roman jeunesse qui parle ni plus ni moins d'une épidémie de peste s'abattant sur le village de Hamelin (mode confinement activé tout ça, tout ça) ne collait peut-être pas à l'idée que l'on se fait de l'évasion par la lecture en ce moment et pourtant ce conte revisité a brillamment relevé le défi, ce fut une très très bonne lecture. J'ai adoré.
Abandonnée à la naissance , Mirella a été recueillie par des nonnes. Porteuse d'eau, elle court entre la rivière et le village de Hamelin à longueur de journée. La tâche est rude et être une femme ne lui facilite pas les choses, loin de là, elle est traitée comme une moins que rien, risque de se faire trippoter au détour d'une ruelle, manque de se faire agresser pour le moindre centimètre de peau que laisseraient deviner ses vêtements... Elle est sur ses gardes en permanence. Mirella ne supporte plus cette vie de misère. Un jour, une silhouette sombre vient à sillonner le village, les rats envahissent chaque recoin et la peste emporte les habitants...
Voici un roman jeunesse très divertissant, je n'ai pas vu les pages tourner tellement j'étais accrochée à l'histoire de Mirella, cette jeune fille aussi généreuse que courageuse.  Mirella résiste aux épreuves, ne baisse pas la tête, elle ne se laisse pas faire et refuse de se taire. Elle est aussi flamboyante que sa chevelure. Frondeuse, rien ne l'arrête et quand le courage vient à lui manquer, elle entonne des chansons de son invention pour le retrouver. Une héroïne éclatante ! Badasse !
J'ai adoré ce roman aussi pour la plume très immersive. Je salue le travail de l'auteure sur le langage, c'était fabuleux de lire cette histoire avec cet esprit médiéval résonnant dans chaque phrase.
L'estrange malaventure de Mirella est un roman jeunesse captivant, intelligent, féministe, à la stylistique parfaite et avec la juste dose d'humour grinçant. Un excellent moment de lecture.
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Oyez, oyez, bonnes gens de France, voici un livre tout à fait moderne en costume d'époque, en l'occurrence la médiévale, qui conte dans une langue de jadis l'étonnante histoire de Mirella, une fillette presque jeune femme qui n'eut pas froid aux yeux face aux hommes, aux rats, à la peste et à la Mort en personne.

Vous connaissez sans doute l'histoire du joueur de flûte d'Hamelin, vieille légende d'un attrapeur de rats dont les frères Grimm firent un de leurs plus célèbres contes. Je vous ai d'ailleurs présenté il y a presque un an l'adaptation qu'en réalisa Clémentine Beauvais avec son album Ameline, joueuse de flûte, illustré par Antoine Desprez.

Cette fois, Flore Vesco entend bien toiletter complètement cette légende et raconter à sa manière la véritable histoire aussi tragique mais beaucoup plus guillerette des enfants d'Hamelin.

Quoique fort moyenâgeuse, la ville d'Hamelin, dont le bourgmestre n'a pas inventé l'eau chaude, s'est dotée de l'eau courante. Dès leur plus jeune âge et en toute saison, les petits orphelins de la ville courent en effet de la rivière aux maisons et retour, portant sur leurs épaules de lourds seaux d'eau qui approvisionnent les habitants du lieu. le tout contre médiocre logis et mauvaise pitance, mais Mirella, qui fait partie de cette équipe plutôt garçonneuse, assume cette corvée depuis sa plus tendre enfance avec un entrain communicatif, qu'elle parvient même à mettre en chansons.

L'été caniculaire où les rats commencent à envahir la ville et apportent bientôt avec eux la peste et la mort est aussi celui où la jeune Mirella dans sa quinzième année commence à intéresser les hommes de tout poil. Elle a beau cacher ses formes naissantes sous des haillons et son abondante chevelure rousse sous un large foulard bien serré, sa beauté dont elle ignore tout, de cette ignorance dont les filles de ce temps-là doivent faire rapidement un savoir de survie, lui vaut bientôt des rencontres aussi bonnes que mauvaises. Comment la petite orpheline effacée va devenir la sorcière bénéfique de Hamelin, c'est ce que conte ce formidable roman d'apprentissage qui nouera le destin de Mirella à ses origines inconnues mais bientôt dévoilées.

Le talent de Flore Vesco éclate dans ce roman comme la féminité de Mirella. On rit, on tremble, on a peur, mais on sait au fond de soi que la petite héroïne va devenir une géante de coeur et d'esprit et mater comme en se jouant les rats, la peste, les hommes et la Faucheuse. Telle une tornade de vie, la timide Mirella des débuts finit par tout emporter sur son passage. Et nous avec elle.

Flore Vesco a réinventé pour nous une langue médiévale savoureuse qui claque à chaque page comme un étendard joyeux, donnant aux aventures de Mirella ce goût fort en bouche de l'amour de lire qui nous entraîne à sa suite, aussi irrésistible qu'une flûte d'opérette. Attention ! Sans l'afficher le moins du monde, ce roman est féministe en diable : c'est-à-dire qu'il risque de donner envie à toutes les petites filles de devenir des femmes un peu sorcières et à tous les petits garçons de regretter ne pas pouvoir en être, ni maintenant ni plus tard…
Lien : https://littejeune.blogspot...
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Ce qui est bien quand tu commences un livre de Flore Vesco, c'est que tu sais d'entrée de jeu qu'il sera une pépite. Mirella n'est pas en reste. J'avais adoré D'or et d'oreillers qui revisitait La princesse aux petits pois, j'ai foncé sans hésiter sur Mirella dès que j'ai eu l'occasion de le trouver. Et vraiment, il était incroyable.

J'ai trouvé la plume de l'autrice plus complexe et difficilement accessible au début, mais ce n'est qu'un coup à prendre. Finalement, il est aisé de comprendre le vieux français dès lors que ma lecture était régulière.

J'ai adoré le personnage de Mirella : forte, courageuse et bienveillante. Et cet aspect de sorcellerie tombait à point nommé pour la période d'Halloween.

Bref, je conseille vivement comme tout roman de cette autrice que j'ai eu la chance de rencontrer !
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L'histoire se déroule dans l'Allemagne du Moyen-Âge, à Hamelin. Un jour, cette petite ville sans histoire va se faire envahir par des milliers de rats. Les habitants, désespérés, font appel à un musicien, lui promettant une alléchante récompense s'il sauve la ville de ces nuisibles. C'est ce qu'il fait, à l'aide de sa flûte enchantée. Mais le bourgmestre d'Hamelin s'est bien moqué de lui. Il chasse l'étranger sans le payer. Alors celui-ci revient de nuit pour se venger. A l'aide de son instrument, il ensorcèle les enfants comme il l'avait fait pour les rats. Et comme pour ces animaux, il leur réserve le même sort : il les emmène à la rivière pour les noyer…

Le Joueur de flûte de Hamelin est un conte sombre qui mérite selon moins plus de notoriété. Il m'a toujours fasciné par sa noirceur, sa cruauté, mais aussi son lien au réel. Hamelin existe vraiment et certains éléments historiques prouveraient que cette légende n'est pas aussi fictive que ça… Alors, quand j'ai entendu parler de cette réécriture signée Flore Vesco, je me suis empressée de me la procurer. D'autant plus que tous les avis que je lisais étaient dithyrambiques.

Comme nous l'indique le résumé, ce roman fait le choix de suivre Mirella, une jeune orpheline porteuse d'eau, considérée avec méfiance par les habitants d'Hamelin, à une époque où il ne fait pas bon d'être une jeune fille sans famille, non mariée, à l'éclatante chevelure rousse. Mirella est un plaisir à suivre et apporte un renouveau bienvenu au conte entièrement masculin. Ce personnage plein de ressources et de courage est une ode à l'émancipation féminine et à la liberté. J'ai adoré son histoire, son évolution et ses actions jusqu'au dénouement final.

Autre point fort du roman : son atmosphère. Flore Vesco fait le choix de nous plonger complètement dans l'ambiance du Moyen-Âge, jusqu'à utiliser le vocabulaire de l'époque. (Pas de soucis ! Un lexique est disponible à la fin). Cela pourra peut-être déstabiliser certains lecteurs, mais pour moi ce fut le contraire : dès les premières pages, j'ai immédiatement été conquise par le style de l'autrice. Celui-ci se marie avec son ton particulier, frôlant l'humour noir avec des personnages à la fois ridicules et terrifiants. Ma lecture fut donc un délice qui, au fil des pages, sombrait de plus en plus vers le fantastique. Car les rats, porteurs de la Peste, cachent bien entendu quelque chose de surnaturel…

Lien : https://moonlightsymphonyblo..
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