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EAN : 9782072850301
320 pages
Gallimard (16/01/2020)
3.46/5   12 notes
Résumé :
« C'est toi le boxeur ? » avait demandé l'individu au boxeur avant de lui mettre son poing dans la figure et de lui coller trois balles dans le buffet. Ce jour là, un dimanche, Benito Mussolini était en deuil. Il venait de perdre son professeur de violon. Le meurtre du boxeur eut lieu dans un bal à Villeurbanne, banlieue ouvrière, mais la victime était originaire de Roccasecca, un village pelé du sud de Rome. Pour la police française, c'était une affaire d'immigrés ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Rome en noir débute par le crime d'un jeune italien Pietrantonio di Mauro au début des 30's en France. le jeune homme aspire à une carrière de boxeur pro' à la Young Perez et tant d'autres du moment. En tirant sur le fil de ce crime dans un café-bal deLyon, Ph. Videlier nous raconte la communauté ouvrière, de petits commerçants de la région lyonnaise. Communauté qui est partie d'Italie poussée par la misère, la politique fasciste du gouvernement Mussolini, la persécution politique etc...Et puis ce Pietrantonio, si lisse, si idéaliste, croyant que s'il devient un boxeur connu et reconnu l'Italie fera de lui une vraie gloire car il ne compte pas trop sur la France pour cela, ce jeune homme révèle une facette moins sympathique et lisse. Il est membre du fascio de Lyon. Il s'affiche auprès de tout ce qu'il y a de fasciste dans le coin et au-delà. Ses assassins ? Les communistes et anarchistes italiens tout comme lui installés à Lyon et ses environs. La Police Française enquête doublée par la puissante OVRA, la police politique de répression de Mussolini. A partir de ce fait divers banal, c'est tout le portrait de l'Italie fasciste, de ses communistes, de son apogée puis de sa lente désintégration qui se joue. Et le principal acteur, metteur en scène, producteur, scénariste etc...etc...de cette Histoire n'est autre que Benito Mussolini. Son portrait est peint tout le long des pages. On découvre des éléments sur sa vie privée, des aspects psychologiques qui motivent sa conception du pouvoir, des manies etc..etc... Et dans le même temps on nous parle, on nous raconte la vie, le destin ou le non-destin d'Italiens lambda pris dans la Grande Histoire et la Grande Géographie (cela va loin puisqu'on va jusqu'aux confins de l'URSS en passant par l'Abyssinie, la Tunisie, Malte etc...).

Je n'ai pas mis 5 étoiles bien que je trouve ce roman d'excellente facture et très intéressant. Pourquoi ? En raison des bémols suivants :

- le commencement, le déroulé dans les années 30 (l'assassinat se passe en 1932) avec des points de retour dans les années 20 sont bien exposés, conduits. Puis tout à coup il y a une accélération pour arriver à la fin de la Seconde Guerre Mondiale. Or, cela donne une impression de déséquilibre avec des années 30 qui s'étire et une guerre qui se règle rapidement;
- La figure de Mussolini : Mussolini est un concentré historique de perversion subtile et dangereuse. Tellement dangereuse qui l'a mis dès les années 20 l'Italie en coupe réglée. Or, dans le livre malgré une excellente analyse de sa popularité en Italie et à l'extérieur, il reste encore avec ce côté bouffon, beauf' et bouffi. Dommage ! Car Mussolini avait un militantisme chevillé au corps qui lui a donné un certain sens politique lui permettant d'arriver à ses fins (même si la chute fut puissamment violente);
- Dans une journée particulière, Sophia Loren, mariée à un cadre du parti pleure car elle explique que son mari la trompe avec une institutrice qui lui écrit de très belles lettres. Or, elle, pauvre ménagère qui a dû quitter l'école très jeune qui sait juste lire est incapable d'écrire de telles à son mari qui pour le coup la méprise notamment à cause de son manque d'instruction. Dans Rome en noir on a des épouses d'ouvriers restées en Italie ou en France qui écrivent des lettres dans un style littéraire très soutenu pour certaines. Idem pour les Hommes. Mouais...
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A bas bruit, sauf sur les chaînes de télévision spécialisées en histoire, on fait aujourd'hui souvenance du centenaire de la « Marche sur Rome », coup de bluff des Chemises noires fascistes transformé en coup d'état du 27 au 30 octobre 1922. Des manifestations monstres qui ont conduit le roi d'Italie à conférer le pouvoir à Benito Mussolini en dehors de tout processus électoral.

Le roman débute justement en 1932 au moment de la célébration, dans le monde entier et en particulier parmi la diaspora italienne immigrée en France, du dixième anniversaire de cette prise de pouvoir.

Dans un dancing de Villeurbanne, Pietrantonio di Mauro, jeune boxeur plein de promesses, est révolvérisé par un groupe de quatre (ou cinq ?) Italiens : encore une querelle entre fascistes et communistes ou expédition punitive ? L'enquête, confiée à la police locale, sera longue et difficile …personne n'a rien vu, les témoins ne reconnaissent pas les agresseurs, les suspects se dérobent …

Parmi les 45 morts (et 283 blessés) des Faisceaux italiens à l'Etranger, souvent le fait de la police politique fasciste OVRA agissant de concert avec les militants d'extrême droite de la Cagoule, l'Italie de Mussolini va faire de di Mauro un héros. Comme est devenu le colosse Primo Carnera, symbole vivant de la force italienne. Car selon le Duce, pour la propagande, « les affabulations sont plus utiles que la réalité. »

A travers cette sombre affaire, Philippe Videlier trace le portrait sans fard du dictateur au faîte de sa réussite et jusqu'à sa décadence. Il nous fait « voir » ses tics de langage, son narcissisme, sa consommation compulsive de femmes, son racisme originel, ses erreurs stratégiques, sa rancoeur devant la réussite d'Hitler. On se repasse mentalement les actualités de l'époque diffusées par LUCE. Et l'auteur ne nous en épargne aucun détail.

Il est des langues agglutinantes comme le tamoul, le tagalog, le turc, le finnois, le hongrois, l'arménien ou le japonais. le style si personnel de Philippe Videlier répond à une même logique. Appuyé sur une documentation abondante, il nous en livre tous les détails : état-civil, compléments d'adresses, listes complètes de participants à des manifestations fascistes, spécifications techniques de matériels, biographie de tous les protagonistes.

Au début, cela surprend, mais on s'en amuse bientôt. Il en profite pour égratigner au passage certaines célébrités de l'époque, fascinées par le Duce et tentées d'adhérer à son totalitarisme : Sacha Guitry, l'économiste Vifredo Pareto (celui de la loi), Giovanni Agnelli …

Une ambiance de violence où s'affrontent les polices parallèles, où surgissent les conflits entre des dictatures qui se font la main en écrasant des populations sans défense : guerre civile espagnole, conquête de l'Ethiopie, invasion de l'Albanie puis de la Grèce, avant l'affrontement total et la fin pitoyable de Mussolini malgré le secours in extremis apporté par son complice Hitler.

Une manière bouffonne et grinçante de décrire un phénomène politique qui séduit encore – et pas seulement en Italie – et tend à ressurgir de l'Histoire, comme si rien ne s'était passé.
Lien : http://www.bigmammy.fr/archi..
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Rome en noir /roman noir ,ce jeu de mot ne traduit qu'imparfaitement cette étrange entreprise littéraire. Noir est incontestable , celui des Chemises fascistes maniant ricin , « manganello » et révolver au service de leur Duce , noire l'atmosphère d'une époque de la très peu sainte trinité ,Mussolini,Hitler ,Staline et leurs légions d'anges gardiens OVRA,Gestapo,NKVD . Mais est -ce un roman ? L'auteur fait avancer son récit sur deux rails parallèles de chapitre en chapitre :le meurtre à Lyon d'un nervi fasciste ,l'enquête, la poursuite des auteurs (réels ou supposés) par la police mussolinienne et , par ailleurs , la trajectoire du régime et de son chef du Capitole à la Roche Tarpéienne de la Piazzale Loreto de Milan .Philippe Videlier choisit une technique pointilliste d'accumulation de faits grands ou petits , de déclarations , de citations , pour exprimer la vérité d'une aventure qui allie grotesque et tragique . Un énorme travail de documentation , un humour caustique de bon aloi rendent ce texte intéressant à lire.
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Rome en noir, de Philippe Videlier: mort d’un boxeur
LA CHRONIQUE D’ÉTIENNE DE MONTETY - De Villeurbanne à la Rome des années 1930, Philippe Videlier tresse les destins ordinaires et la geste tragicomique de Mussolini en une chronique irrésistible.
Par Etienne de Montety
Publié le 29 janvier 2020 à 15:00

Philippe Videlier. Gallimard
Cela fait bientôt vingt ans que Philippe Videlier poursuit un parcours romanesque original où la grande histoire tient lieu de décor. L’écrivain s’y glisse pour faire son œuvre, un point c’est tout. Après Dernières nouvelles des bolcheviks , il nous en donne des fascistes. Rome en noir: est-ce un calembour, un résumé de l’Italie des années 1930? Le livre s’ouvre sur la mort d’un boxeur à Villeurbanne, où apparemment de nombreux Italiens, antifascistes ou pas, ont trouvé refuge et travail. On ignorait que le Lyonnais fût une province italienne du XXe siècle.
Qui a assassiné Pietrantonio Di Mauro dans la salle de bal du café Carrel, route de Vaulx? Feignant d’être parti pour résoudre cette énigme, Videlier bifurque. Il quitte soudain la France et prend le chemin de l’Italie, Mussolini regnante. Désormais, son récit alternera les chapitres de l’enquête Di Mauro, crime dérisoire, et la chronique du fascisme triomphant, autrement plus dramatique.
La grande histoire recèle des détails insolites, loufoques, que le romancier se doit de relever avec un sourire narquois
Comme à son habitude, Videlier excelle dans le
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A partir de l'assassinat d'un boxeur d'origine italienne dans un bar de Villeurbanne, l'auteur mène l'enquête. Rapidement la trace des tueurs se perd dans un labyrinthe politique entre partisans de Mussolini et anti-fascistes. Je l'avoue, je me suis rapidement perdue dans ce dédale. et je n'ai pas réussi à en sortir.
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Tout le monde se souvenait de Giacomo Matteotti, de la façon dont il avait disparu, un jour, sur le chemin du Parlement, enlevé par un groupe de Chemises noires, de squadristes. Tout le monde s’en souvenait, mais personne ne se risquait plus à en parler, ou seulement à voix basse. Il était établi que le député socialiste était sorti de chez lui aux alentours de seize heures trente, qu’il n’avait en poche que dix lires de monnaie mais qu’il était porteur d’un épais dossier à ne pas mettre entre toutes les mains. Il y eut peut-être trois témoins de la scène quand au moins cinq hommes se précipitèrent sur lui et le poussèrent dans une automobile qui fila à toute vitesse. Ce pauvre Matteotti, on l’avait retrouvé le visage écrasé dans la glaise, un matin, et il n’était pas beau à voir. C’était le chien du brigadier Caratelli, racontait-on, qui l’avait flairé sous la mousse. D’abord, Trapani, le chien, était tombé sur deux os, une omoplate et un fémur auquel restaient attachés des lambeaux de chair desséchée, puis il avait découvert la partie principale du corps en décomposition. Sans la dent en or de la mâchoire supérieure gauche, un spécialiste de médecine légale n’aurait pu dire qu’il s’agissait du député. Le cadavre avait une lime quadrangulaire fichée dans la poitrine. Certains, pour qui le dénigrement était une seconde nature, avaient bassement profité de la situation. « Voyez le fascisme assassin ! » criaient-ils sur tous les tons, à gauche, à droite, en Europe et à la Société des Nations. « Voyez le fascisme criminel ! » Il se trouvait des gens en assez grand nombre, ici et là, pour prêter l’oreille, pour froncer les sourcils, pour changer de trottoir quand ils croisaient une Chemise noire. Le Duce, Benito Mussolini, avait traversé des moments fort difficiles. Il était à plaindre, ses nuits, ses jours n’étaient que tracas, soucis et contrariétés. La presse, au début, lui tombait dessus, lui manquait de respect, le traitait comme un malfrat. Matteotti par-ci, Matteotti par-là, Frinche, frinche, frinche, Mamma mia, tralala lalala. Mais lui aussi connaissait la musique. Il avait repris du poil de la bête. Il avait muselé la presse, et la presse, courageuse mais pas téméraire, s’était peu à peu accoutumée à la laisse et à la muselière. Dans son immense cabinet romain donnant sur la place San Marco, Mussolini recevait aimablement les plus grands journalistes de l’étranger : « Comment allez-vous ? minaudait-il, quel bon vent vous amène ? »
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Sur la pellicule , il retrouvait Mickey!Mickey en apprenti sorcier grimpant des escaliers ,Mickey vêtu d'une houppelande rouge ,coiffé d'un chapeau étoilé de magicien,Mickey commandant à un balai , à dix balais, à des dizaines de balais qui lui échappaient ..Et l'eau qui montait, montait.Ah ! Mickey!
En dépit de son affection pour Walt Disney ,Mussolini déclara la guerre aux Etats-Unis.
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La boxe avait ses avantages, mais aussi ses limites lorsque se présentait un client récalcitrant. Ainsi, les incidents survenus à Bologne avaient de quoi rendre moroses les plus convaincus. Un chef d’orchestre mince comme un fil refusait de se rendre aux arguments contondants sous prétexte qu’il avait dirigé Aida à Buenos Aires et La Traviata à la Scala. Ce n’était pas la Lune, pourtant, Saturne ou Jupiter, qui lui était réclamé, mais juste quelques notes en ouverture de son concert, juste jouer les premières mesures de Giovinezza, l’hymne gai du Parti, pour faire plaisir à Son Excellence le comte Ciano, gendre du Duce et homme de goût, présent dans la salle. Giovinezza, giovinezza, primavera di belleza – Ah, « Jeunesse, jeunesse, printemps de beauté… », ce n’était pas trop demander, ce n’était pas la mer à boire, ni même un flacon d’huile de ricin. Mais Arturo Toscanini, pincé comme jamais, avait regardé de haut les solliciteurs inconscients, il les avait toisés avec un je-ne-sais-quoi de vexant dans la repartie : « Vous êtes fous, je ne joue que de la musique. » Ils avaient insisté, poussant la conciliation jusqu’à renoncer à Giovinezza, pourvu qu’au moins le musicien consente à accompagner la Marche royale. Rien n’y fit. Même la Marche royale, il n’en voulait pas. Toscanini n’admettait que Wagner ou Verdi. Aucune pression, aucune menace verbale ne le faisait plier. Ne restaient plus de l’avis général que les coups de poing dans la figure. Cela, contre toute attente, ne donna aucun résultat. Il n’était pas envisageable néanmoins de revenir aux méthodes anciennes, aux recettes primitives essayées sur le député socialiste Matteotti qui avaient coûté trop cher au Régime.
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La police de Bocchini avait des noms, des adresses. Les subversifs se divisaient en plusieurs catégories également dangereuses : les communistes orthodoxes, sans surprise, les communistes dissidents, éparpillés en chapelles innombrables, prométhéistes, pappalardiens, les socialistes ratiocineurs, toutes tendances confondues, les anarchistes, violents en paroles, les républicains au verbe anticlérical et les giellistes – les adhérents de Giustizia e Libertà -, derniers apparus dans la cour de l’opposition, agressifs en diable, imprévisibles. Cela faisait du monde à surveiller. La police ne manquait pas de personnel. Elle recrutait à tout-va des bureaucrates à horaire fixe, des agents stipendiés en imperméable, des indicateurs à la petite semaine, de gros poissons intellectuels. Elle faisait miroiter la stabilité de l’emploi et, si nécessaire, usait du chantage. L’appât du gain, une bêtise ancienne, une famille à protéger, les vieilles recettes marchaient à fond. Des indicateurs, il s’en trouvait dans tous les partis, qui ouvraient l’œil et le bon, tendaient l’oreille, transmettaient des documents utiles et inutiles, vendaient leurs amis pour un rien, touchaient des subsides du ministère de la Culture populaire. La police ne chômait pas. Elle accumulait. Mais elle n’avait pas les mains libres à l’extérieur. Pas autant du moins qu’elle l’aurait voulu.
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