Citations sur Les heures souterraines (415)
- A partir de quand on est en couple?
- Quand on pense à l'autre tous les jours, quand on a besoin d'entendre sa voix, quand on s'inquiète de savoir si il ou elle va bien. Quand on est capable d'aimer l'autre tel qu'il est, quand on est seul à voir ce qu'il peut devenir, quand on a envie de partager l'essentiel. Quand cela devient plus important que tout le reste.
Mais les gens désespérés ne se rencontrent pas. Ou peut-être au cinéma. Dans la vraie vie, ils se croisent, s’effleurent, se percutent. Et souvent se repoussent, comme les pôles identiques de deux aimants.
Elle rêve parfois d'un homme à qui elle demanderait: est-ce que tu peux m'aimer? Avec toute sa vie fatiguée derrière elle, sa force et sa fragilité. Un homme qui connaîtrait le vertige, la peur et la joie. Qui n'aurait pas peur des larmes derrière son sourire, ni de son rire dans les larmes. Un homme qui saurait.
Mais les gens désespérés ne se rencontrent pas. Ou peut-être au cinéma. Dans la vraie vie, ils se croisent, s'effleurent, se percutent. Et souvent se repoussent, comme les pôles identiques de deux aimants. Il y a longtemps qu'elle le sait.
Le risque, ce n'est pas que je ne t'aime pas assez, c'est que je t'aime trop.
Les gens qui aiment au-delà de ce qu'on peut leur donner finissent toujours par peser.
La compassion n’avait lieu qu’au moment où l’on se reconnaissait dans l’autre, au moment où l’on prenait conscience que tout ce qui concernait l’autre pouvait nous arriver, exactement, avec la même violence, la même brutalité.
Dans cette conscience de ne pas être à l’abri, de pouvoir descendre aussi bas – et seulement là – la compassion pouvait survenir. La compassion n’était rien d’autre qu’une peur pour soi-même.
Est-ce que c’était ça, être amoureux, ce sentiment de fragilité ? Cette peur de tout perdre, à chaque instant, pour un faux pas, une mauvaise réplique, un mot malencontreux ? Est-ce que c’était ça, cette incertitude de soi, à quarante ans comme à vingt ?
Il arrive un moment où le prix est devenu trop élevé. Dépasse les ressources. Où il faut sortir du jeu, accepter d'avoir perdu. Il arrive un moment où l'on ne peut pas se baisser plus bas.
Longtemps, en l’absence de Dieu, il a cherché dans la maladie une raison supérieure. Quelque chose qui lui donnerait un sens. Quelque chose qui justifierait la peur, la souffrance, la chair entamée, ouverte, les heures immobiles. Maintenant il ne cherche plus. Il sait combien la maladie est aveugle et vaine. Il connaît la fragilité universelle des corps. Et contre ça, au fond, il ne peut rien.
L'échec amoureux n'est ni plus ni moins qu'un calcul coincé dans les reins. De la taille d'un grain de sable, d'un petit pois, d'une bille ou d'une balle de golf, une cristallisation susceptible de provoquer une douleur forte, voire insoutenable. Qui finit toujours par s'éteindre.