Je l'ai relu car je ne me souvenais plus de la fin.
Je l'ai relu avec le même plaisir.
Le sujet ? le harcèlement au travail. La vie de l'entreprise, ces heures souterraines que l'on passe dans le métro ou au fond d'un bureau…
Après la mort accidentelle de son mari, Mathilde, restée seule avec trois enfants, ne serait jamais retombée sur ses pieds sans ce travail, dans lequel elle excellait. L'entreprise a été le lieu de sa renaissance. Jacques, le directeur marketing du groupe alimentaire, ne jurait que par elle... Et, brusquement, du jour au lendemain, sans raison, tout a basculé. Elle s'est retrouvée sur la touche. Ignorée, harcelée, déstabilisée, victime de soupçons, d'insinuations et d'humiliations. Détruite à petit feu "par un connard en costume trois-pièces", celui-là même qui l'avait portée au pinacle. Si encore il consentait à s'expliquer...
Parallèlement, dans ce Paris oppressant, un médecin urgentiste de 43 ans, Thibault, rumine sa détresse dans les embouteillages. La femme qu'il a dans la peau est incapable d'un véritable échange avec lui. Pour elle, il n'existe pas en dehors de leurs rapports physiques.il voudrait la quitter, il veut la quitter, « il faut le faire », se répète-t-il comme un mantra, afin de ne pas désespérer de lui-même. Mais qu'espère-t-il ? « Une femme qui connaîtrait le vertige, la peur et la joie. » Très vite, le lecteur songe que ces deux-là, Mathilde et Thibault, sont faits pour se reconnaître, qu'ils vont se rencontrer, s'aduler : alléluia, le livre est bouclé ! Mais Delphine de Vigan est infiniment plus subtile, plus exigeante, lucide, passant de l'un à l'autre, dans un texte d'une grande justesse, où le trait n'est jamais forcé.
Les chemins de ces deux grands blessés de la vie se croiseront-ils ?
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