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EAN : 9782844942951
265 pages
Editions De Borée (07/03/2005)
4.5/5   2 notes
Résumé :

Derrière sa fenêtre, un vieil homme en colère... Dans la cour mitoyenne, Adèle, la voisine dont, depuis soixante ans, il évite de croiser le regard. La veille, Mathias a quitté la maison de retraite. Tout ce qu'il veut, c'est vivre un jour, puis une nuit d homme libre. Rien de plus. Mais voilà que de ce jour, de cette nuit, chaque instant compte, accordé au silence des éléments retrouvés. Et c'est un long cheminement que va entreprendre Mathias à travers l... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
« C'est long un jour et une nuit où chaque instant compte…Un jour, une nuit à savourer sa liberté. Après, c'est loin… » Que feriez-vous, vous, s'il vous restait un jour et une nuit de liberté ?
L'homme rentre chez lui, après 2 mois passés dans une maison de retraite, dont il vient de s'échapper, suite à un séjour à l'hôpital : il est tombé de tout son long dans sa rangée de salades.
Il soupçonne sa voisine, Adèle, une vieille femme, d'avoir oeuvré pour le faire enfermer à la maison « des vieux » pour lui prendre sa maison, ses terres, ses volailles et son chien.
La colère de cet homme est exacerbée par sa fugue et altère son jugement. Fusil chargé entre les mains, il attend sur la défensive les autorités qui vont venir le chercher pour l'enfermer à nouveau dans cette prison pour vieux, prêt à en découdre, « tout sens en éveil, corps tendu comme un arc », pour garder le droit de finir sa vie dans sa maison
« Normal, un homme pour être un homme, a besoin de sa liberté »
Année de canicule, sans fraîcheur ni pluie, tout son jardin laissé sans soins a grillé. Même les arbres anciens autour de la maison sont morts de sécheresse. A la maison de retraite beaucoup de morts aussi….
Il a le sentiment que l'on a abusé de son moment de faiblesse pour décider, à sa place, de la suite à donner à sa vie de 85 années, face au médecin et à sa fille, devant ce « plus tard » pour seule réponse à sa demande de rentrer dans son foyer, avec cette peur du « jamais plu » qui s'est imposé et à fait voler en éclat sa douleur et sa révolte.
Au village l'alerte de sa fugue a été donnée et une battue est organisée pour le retrouver sain et sauf pendant cette journée de canicule qui dessèche et écrase la campagne. Ses amis et connaissances vont lui apporter leur aide, chacun à sa manière, pour l'aider à reprendre raison après cette explosion soudaine de révolte devant l'inadmissible.
Et peu à peu, entouré de ses proches, une longue marche silencieuse va se faire au plus profond de lui, qui va faire remonter à la surface toutes ces périodes de vie, entre accumulation de chocs émotionnels et deuils successifs , son engagement dans la Résistance pour sauvegarder sa liberté, et qui l'ont fait se murer dans sa douleur et ses tourments.
Peu à peu, il retourne à la source de l'enfance auprès de parents aimants et respectueux de son univers et de ses voisins proches et il va retrouver le chemin de la confiance, en lui et les autres, et même s'il est convaincu de son état de vieillesse, rien ne peut l'empêcher d'ouvrir son regard sur le monde d'autrefois qui a nourri son être en devenir, et qui va lui permettre de retrouver force et sérénité dans son retour chez lui.
Encore une très belle et puissante écriture de Claude Vincent que je remercie de nous faire partager ces lectures et ses personnages que l'on quitte à regret.
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Les nuits d'été, c'était plus fort que lui, s'échappant par la fenêtre de sa chambre, il dormait à la belle étoile. Sous les couvertures, il étouffait. Il avait besoin de dormir peau à peau contre le monde. Parfois, la porte de la maison voisine s'entrebâillait. Dans sa longue camisole blanche, une petite fille traversait la nuit pour venir se blottir contre lui. Il s'endormait sans un geste sans un mot, dans un sentiment de totale plénitude. Avec l'aube, la minuscule silhouette s'évanouissait et il ne savait plus, au réveil, ce qui relevait de la réalité ou du rêve.
-"Trois heures, déjà" se fit-il remarquer, avec le sentiment que le temps avait repris son pas.
De sa vie, il n'avait eu besoin de montre : un arbre, un bâton dressé, une herbe longue donnent l'heure à la minute près. La montre est pour les jours de fête quand le regard est occupé ailleurs.
En lui, l'horloge du temps s'était remise en marche.
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Adèle et lui parlaient parfois, comme ça, à tâtons, ainsi qu'on jette, de temps à autre, une brindille à la flamme en écoutant son crépitement. Entre eux, des mots aussi simples que la marne, l'eau, le pain ou le feu sous la soupe du soir, des mots usés comme les mots de la prière, pourtant Adèle le sait, elle le sent, ils sont plus grands que le monde : c'est eux qui conduiront Mathias sur l'autre versant de la nuit.
Et en elle, l'aube est là, déjà, qu'elle ne sait pas encore. Au plus profond de son être, cette auréole aveuglante d'or et de feu précédant le lever du soleil.
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En lui aussi, les vieux oripeaux tombaient. Il se voyait nu. Rien ne protégeait plus dehors. Rien ne protégeait plus dedans. En attente, se pouvait-il, comme ce gamin s'éveillant à l'aube dans l'herbe trempée de rosée avec ce vide contre sa poitrine, cette part arrachée de lui.
Parfois, au cours d'une journée, levant les yeux sur l'étendue des labours, ou voyant se rassembler au crépuscule d'octobre un vol crépitant d'étourneaux, un bref instant, il avait senti le vide se remplir.
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Ils débouchèrent sur la crête à l'instant où une lueur rouge crevait le cercle d'horizon.
Mathias tendit la main vers le bras de Charles. Pourtant essoufflés par la montée, sans se concerter, ils retinrent leur souffle.
Et la nature fit comme eux. L'air se figea. les oiseaux se turent. Une sorte de vapeur glacée transpira du sol. Noyant l'horizon dans une coulée de sang et de lumière, le globe de feu sortit de terre.
- Le matin, Mathias, murmura Charles, c'est le matin !
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