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sur 159 notes
« Quelqu'un joue avec nous » : tour de force particulièrement jouissif ouvrant petits et grands abîmes, une réécriture sauvage, patiente et rusée du Magicien d'Oz, par un maître de la fiction d'informatique avancée et de transhumanisme.

Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2024/03/31/note-de-lecture-cookie-monster-vernor-vinge/

Ayant conservé une fraîcheur certaine contre vents et marées, malgré une jeunesse compliquée et un début de carrière professionnelle marqué par une instabilité certaine (« jusqu'à la semaine précédente, son job le mieux payé avait consisté à faire griller des hamburgers », soeur involontaire de la Buffy Summers de la saison 6, trimant chez Doublemeat), Dorothy Dixie Mae, après avoir passé avec succès les tests impressionnants du Professeur Reich, a intégré, avec nombre d'autres candidats, le tout nouveau service clients de la multinationale LotsaTech, leader mondial de la high tech et haut lieu de la recherche appliquée, service clients chargé fort logiquement de résoudre – avec humanité et efficacité – les multiples incidents potentiellement liés aux services et aux produits de la firme géante. Sur un campus de rêve, mais pourtant cloisonné de routes de briques jaunes fort métaphoriques, tout semble bien se passer pour commencer – jusqu'au moment où un courriel intraçable venant de l'intérieur de l'organisation, et qui lui est personnellement adressé, vient jeter le trouble : au-delà de son ton passablement agressif, voire ordurier, il contient certains détails sur sa propre enfance que Dixie Mae aurait pourtant bien juré être la seule à connaître. N'écoutant que son courage sa colère et sa curiosité, elle assemble un scooby-gang de fortune parmi ses collègues les plus proches pour tenter d'élucider ce mystère, à propos duquel elle ne sera naturellement pas au bout de ses surprises avant la fin de la novella…

Publié en 2003, lauréat du prix Hugo et du prix Locus dans la catégorie novella / roman court, fort joliment traduit en français en 2016 par Jean-Daniel Brèque pour s'inscrire parmi les premiers titres de la collection Une Heure-Lumière du Bélial', « Cookie Monster » est certainement l'ouvrage le plus méticuleusement facétieux de Vernor Vinge (décédé tout récemment, à soixante-dix-neuf ans, le 20 mars dernier), redoutable auteur de chefs d'oeuvre de la science-fiction contemporaine tels que « La captive du temps perdu » ou « Un feu sur l'abîme » (et contributeur décisif à la naissance du genre cyberpunk – qui ne constituera pourtant à aucun moment sa véritable tasse de thé – à travers sa nouvelle « True Names » dès 1981).

Facétieux en diable, notamment parce que résolument et drôlement auto-référentiel (les pages 55 et 56 de cette novella d'une centaine de pages sont ainsi consacrées à un échange à toute allure entre les protagonistes à propos des oeuvres de science-fiction traitant du sujet qu'ils sont précisément en train de vivre, avec largement autant de vertige et beaucoup plus de vivacité dans l'expression de ce paradoxe que chez le pourtant excellent Daniel F. Galouye ou même que chez « le monde sur le fil » de Rainer Werner Fassbinder qui l'adaptait pour la télévision), mais aussi parce que sa façon déterminée de rejouer « le magicien d'Oz » (quand bien même la route de briques jaunes n'apparaît qu'à la page 43, et le fait de n'être plus au Kansas seulement à la page 50) donne une surprenante épaisseur de mystère fantastique à ce concentré de hard science spéculative.

En un formidable et presque littéral jeu de piste (qui pourrait aussi bien être un jeu de l'oie) – car il est clair, comme le réalisent précocement certains des protagonistes, que « quelqu'un joue avec nous » -, jeu sérieux néanmoins où le capital high tech révèle incidemment que parmi toutes les petites mains indispensables à son développement, les doctorants et les ex-employés de fast food seront traités avec la même suprême désinvolture, on se réjouira de comprendre le moment venu le titre du roman, lorsqu'il apparaîtra que « le cookie était long d'environ un million de méga-octets » – et que la révolution, même à échelle microscopique, peut parfois être une longue affaire de patience (pas nécessairement dans l'azur).
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"Cookie Monster" de Vernor Vinge offre une agréable incursion dans la collection Une Heure Lumière, nous plongeant dans une chasse au trésor captivante aux côtés de Dixie Mae. Cette novella nous embarque dans une aventure où décoder des indices, chercher des réponses et découvrir la vérité nous transporte comme les petites courses d'orientation de notre enfance.
Dans cette collection, je distingue habituellement deux types de livres : ceux qui bousculent nos perceptions et nous incitent à réfléchir profondément sur le monde, et ceux qui nous offrent une escapade divertissante, nourrissant notre imagination et notre optimisme. "Cookie Monster" appartient résolument à la seconde catégorie. Avec une intrigue qui suscite le sourire, une anticipation agréable de chaque étape et une fin qui laisse place à l'espoir, cette novella m'a charmé et m'a laissé imaginer le destin des personnages bien après la dernière page.
Je recommande chaudement cette novella, ainsi que les autres titres de la collection Une Heure Lumière, qui regorge de pépites dans des registres variés mais toujours captivants.
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Dixie Mae trouve enfin un travail un peu plus à la hauteur de ses ambitions que d'habitude, en devenant opératrice du service clients de LotsaTech, monstre de la high-tech qui fait la pluie et le beau temps dans son domaine. Mais très vite, elle déchante à la réception d'un e-mail qui la perturbe au plus haut point et qui lui fait décider de chercher qui en est à l'origine, bouleversant toute la chaîne mise en place par sa présence même dans l'entreprise, et plus encore...

Il va m'être compliqué de donner un avis pertinent sur Cookie Monster, que je n'ai pas trouvé désagréable à lire, mais duquel je ne suis pas sûre d'avoir tout compris. Donc oui, j'ai bien aimé la structure du récit, la façon dont les personnages sont construits, les conséquences qu'induisent quant à nos sociétés le peu que j'ai compris, mais je pense quand même être passée à côté de beaucoup.

Une relecture à faire dans une période où mon cerveau sera plus apte à en saisir tous les tenants et aboutissants ?
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Dixie Mae, après une semaine de formation, commence son nouvel emploi au service clients de LotsaTech, une grande entreprise dans la haute technologie. Victor son collègue reçoit un mail mystérieux qui la concerne, la raille sur un plan personnel et semble contenir des indices sur son émetteur. En compagnie d'Ellen, d'un autre groupe de travail, le trio se lance dans un jeu de piste sur le campus de l'entreprise et ses différents bâtiments sur les traces de Gerry Reich leur supérieur direct. Ils découvrent que leur mémoire est manipulée et rencontrent un double d'Helen.
Ce thriller distille des touches paranoïaques avec de la légèreté, faisant miroiter à la fois des questions sur le temps, les souvenirs, le clonage, la simulation virtuelle ou une distorsion quantique, une mise en abyme électronique dans le contexte de la vie professionnelle au sein d'une entreprise planétaire. le fondement du propos est très scientifique, illustré par ces histoires individuelles entremêlées qui forment une anticipation de l'évolution de l'Intelligence Artificielle vers la conscience, qui introduisent une réflexion ontologique et éthique sur la création de bulles univers quantiques simulées, prisons sans causalité classique.
Lien : https://lesbouquinsdyvescalv..
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Quel vertige !
Dixie Mae a enfin dégoté un travail correctement rémunéré, avec des conditions plutôt intéressantes, elle travaille au service client de chez LotsaTech, une société high tech dans le style de nos GAFA. Cette novella a été écrite en 2003. Difficile d'en parler sans en dévoiler trop. Ça démarre tranquillement, mais un petit cailloux va tomber dans l'engrenage et la première journée de travail de Dixie et finira par nous donner le vertige, genre de vertige qui nous fait nous poser des questions, sur la réalité, sur le pouvoir de la technologie, sur ces sociétés vampiriques. J'adore quand une petite histoire anodine finit dans l'ivresse de la perception, de la conscience, et là, on est servi.
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Décidément, la collection Une Heure Lumière du Bélial ne cesse de m'offrir de bons moments de lecture. Y a-t-il un seul mauvais bouquin dans cette collection ? Ce « Cookie monster » était aussi pour moi l'occasion de découvrir Vernor Vinge dont d'autres livres m'attendent dans ma PAL, ce qui me ravit puisque j'ai beaucoup apprécié cette novella qui a bien mérité les prix reçus.

Je ne veux pas trop en dire sur l'argument du récit qui s'apprécie d'autant plus quand on ne sait pas à quoi s'attendre en se lançant dans la lecture. « Cookie monster » est un heureux mélange de hard-sf mâtiné de cyber-punk et de thriller paranoïaque. Ces deux aspects sont parfaitement réussis. L'élément hard-sf est à la fois habilement traité et développé tout en étant parfaitement abordable. Quant au versant thriller parano, il est tout simplement excellent. le suspense est constant et malgré la brièveté du récit parvient à se développer en un crescendo réjouissant. D'autant plus réjouissant que l'auteur fait preuve de pas mal d'humour. J'ai souvent souri au cours de ma lecture. Autre point fort de cette novella, malgré la pagination réduite, les personnages ne se réduisent pas à l'état d'esquisses et se révèlent attachants.

« Cookie monster » est un divertissement de haute tenue servie par une maîtrise narrative exemplaire, un humour très agréable et une efficacité redoutable. Je conseille chaudement.
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Mail douteux.

Dixie Mae vient de prendre un tournant dans sa vie. Elle a trouvé un boulot au service client d'une grande entreprise de haute technologie. Mais un mystérieux mail pourrait tout changer.

J'ai lu cette novella sans attentes particulières et j'en ressors très satisfaite. Nous suivons une jeune femme ayant eu un parcours chaotique qui va prendre un nouveau départ suite à son embauche dans une grande entreprise. Mais les apparences peuvent être trompeuses.

Cette novella prend la forme d'une enquête pour comprendre pourquoi et dans quel but ont été embauchés Dixie Mae et ses collègues. L'auteur en profite pour aborder des thématiques de hard-sf, non en montrant les techniques elles-mêmes, mais en expliquant leurs impacts possibles sur nos vies.

Il aborde notamment la question du transhumanisme, toutefois sa mise en oeuvre n'est pas forcément pour le bien de tous. Il est également question de notre rapport au travail et de l'implication que nous pouvons y mettre ou non. le constat de l'auteur sur ce sujet est effrayant. La question est de savoir comment se désaliéner du travail.

Bref, je n'ai qu'un seul regret après avoir lu cette novella: qu'elle ne soit pas un roman plus long.
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Dixie a pris les traits, dans mon esprit de Judy Garland : elle est comme Dorothy dans le magicien d'Oz. On croise dans le texte plusieurs références à ce récit. Ajoutons à cela le concept de boucle temporelle qui donne à certaines scènes une impression de goûter sans fin (Alice au pays des merveilles) en moins rigolo. On a là une version modernisée et cyberpunk de deux contes anciens.

Mais Cookie Monster est surtout un texte de hard SF. Contrairement à ce que j'ai pu lire dans beaucoup de chroniques, c'est ardu ^^ Ou alors, je suis vraiment dure à la comprenette ! Personnellement, ça a nuit à ma compréhension de l'intrigue. J'ai donc parcouru quelques sites et vidéos de vulgarisation sur l'informatique quantique (!) pour finalement parvenir à y comprendre quelque chose. Au terme d'une seconde lecture, quand même. Et donc j'ai pu expérimenter le vertige provoqué devant cette boucle sans fin, et réussi à comprendre le pourquoi du titre. Hourra.

Mais hourra un peu mollasson. Parce que sur le plan littéraire, ce n'était pas l'extase. Certes, une page sympathique nous offre une intertextualité qui donne au texte des allures métalittéraires interrogeant le rapport entre réel et SF. Cependant, l'écriture est très commune et les personnages creux. Je ne les ai pas trouvés crédibles du tout, notamment dans leurs réactions. Bon, je sais que la notion même de personnage est remise en question dans ce texte, alors peut-être ceci explique cela. Quant à la construction de l'intrigue, c'est tellement jargonneux et parsemé de dialogues inintelligibles que je peux difficilement dire qu'elle maintient efficacement le lecteur en haleine. J'ai en revanche apprécié le réquisitoire contre les grandes boîtes de la Silicon Valley, leurs pratiques commerciales, leur gestion RH…

Cette première expérience en hard SF pour moi est plutôt positive malgré tout. Ca me donne envie d'en lire davantage, d'autant que j'aime apprendre en même temps des choses. Mais la solidité scientifique d'un texte ne doit pas occulter ce qui pour moi fait l'intérêt d'un texte en premier lieu : ses qualités littéraires. Ca peut paraître binaire comme façon de voir les choses, mais j'ai ressenti un déséquilibre ici. Ce sera donc mon challenge pour mes prochaines incursions dans ce sous-genre. A suivre !
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Une novella qui se lit comme on regarde un épisode de Black Mirror.

La galerie de personnages est plutôt chouette, entre ceux qu'on apprécie tout de suite et ceux qu'on déteste.
L'histoire semble partir dans une certaine direction pour au final en prendre une toute autre, assez inattendue pour moi, mais qui fonctionne plutôt bien.
On y retrouve aussi une critique d'une certaine société et technologie poussées toujours plus loin pour le profit, quitte à connaître certaines dérives parfois glaçantes.

Pas le meilleur texte de la collection, mais ça reste tout de même une bonne pioche comme souvent avec Une Heure-Lumière.
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Une histoire très courte mais au scénario de dingue ! Evidemment, sur une petite centaine de pages, on ne s'embête pas avec des détails, on va à l'essentiel et c'est tant mieux.

J'ai beaucoup aimé ce récit, bien rythmé et qui m'a emmenée de surprise en surprise dans un scénario auquel, malgré mon imagination débordante, je n'avais pas encore pensé. D'ailleurs, je ne pense pas avoir lu ni vu quoi que ce soit de ce genre auparavant, pas tel que décrit ici. Une jolie surprise : intéressant, bien écrit et facile à lire.

Il y a bien des termes et des théories cités dans l'histoire qui me resteront obscures à jamais, mais ça ne m'a pas gâché le plaisir un seul instant. Ce format est comme un petit bonbon à laisser fondre dans la bouche et à savourer : un plaisir instantané et délicieux.
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