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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Quel est le degré d'ironie contenu dans la fameuse ritournelle de Pangloss : « Tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles » ? Non, non, je ne plaisante pas, aussi étonnante et indéfendable que cela puisse paraître, je pose sérieusement la question.

Lorsque j'étais lycéenne (Oh ! pour elle, ça date ! comme disait Anouar), on m'a présenté Candide comme l'un des textes fondamentaux de Voltaire où celui-ci démolit Leibniz en le ridiculisant sous les traits d'un vieux philosophe gâteux et complètement à côté de la plaque nommé Pangloss. Il est vrai qu'à l'époque on n'avait pas pris le temps de me présenter les travaux de Leibniz ou de Rousseau ni même d'autres textes de Voltaire, au premier rang desquels on pourrait placer le Monde Comme Il Va.

Ainsi, j'en étais restée, dans mes années lycée, à une sorte de règlement de comptes entre philosophes dont Voltaire était sorti grand vainqueur en dégainant ce seul Candide. Mais maintenant que ma peau est beaucoup moins lycée, qu'on peut même avouer sans honte qu'elle se fait chaque jour plus ridée, j'ai une vision très différente de Candide et qui m'est plus personnelle.

Il convient, avant de vous noyer sous une quelconque opinion individuelle toujours sujette à caution, de vous parler un peu de l'écrit lui-même. Il s'agit d'une narration de taille modeste, segmentée en trente courts chapitres dans lesquels Voltaire fait endurer à son héros un rude voyage initiatique aux quatre coins de la planète.

Candide, fils illégitime issu de la noblesse Westphalienne se voit chasser du château où il a toujours vécu pour avoir osé poser les mains sur sa délicieuse cousine Cunégonde, qui elle ne s'en offusquait pas. Candide se retrouve alors sur les routes poussiéreuses qui ne tardent pas à le conduire là où il y a la guerre. C'est l'occasion pour le jeune héros de méditer les épigrammes et dogmes de Pangloss, maître de philosophie dans le château dont il vient d'être expulsé.

Chaque situation est un prétexte à étriller, qui la noblesse, qui tel ou tel ordre religieux. Les références de Voltaire à l'actualité de son temps sont omniprésentes et ne font plus toujours sens de nos jours. Néanmoins, ce conte philosophique est un exemple de limpidité d'écriture, facile à lire à tout âge et à toute époques, hier bien entendu, mais aujourd'hui encore et ce pour bien des siècles à venir.

On a tendance à souligner les nombreuses infortunes de Candide et de ses compagnons (car en route il se fait une demi-douzaine de compagnons qui ont des visions diverses de l'existence et qui disputent avec lui). Or, Candide, à de nombreux moments de l'histoire, jouit de véritables coups de chance. L'auteur s'en donne à coeur joie sur la mauvaise façon qu'a le jeune et naïf héros d'interpréter ces quelques instants de fortune, comme étant la preuve irréfutable de la validité de la thèse de Pangloss.

D'Europe de l'est en Pays-Bas, en passant par le Portugal puis l'Amérique du sud, la France bien entendu, l'Angleterre, Venise ou enfin Constantinople, de fortunes en infortunes, Candide apprend peu à peu ce que c'est vraiment que la vie et surtout, à se méfier des formules toutes faites du très docte Pangloss… Il va perdre beaucoup de ses illusions, rencontrer beaucoup de coquins, mais aussi, il faut bien l'admettre, deux compagnons valables, que sont Cacambo, le pragmatique et Martin, le sage désenchanté, l'un et l'autre étant, à n'en pas douter, des avatars de Voltaire lui-même.

Ce que je vois maintenant dans Candide, à l'aune de ma peau aussi fripée que celle de Cunégonde en fin d'ouvrage, à chaque coin de page, sous chaque allusion, au creux de chaque moquerie, c'est une bourrade farouche contre la religion. Et si moquerie il y a, si dénonciation de ridicule il y a dans la vision optimiste du monde, telle que défendue par Alexander Pope, Gottfried Wilhelm Leibniz ou Jean-Jacques Rousseau notamment, c'est dans la naïveté de croire qu'il existe un dieu juste et rédempteur, avec une finalité nécessairement bonne et positive. Ce n'est pas tant l'homme Leibniz, ou le philosophe qui sont cibles selon moi, mais bel et bien la religion. Ce qui horripile Voltaire, c'est de vouloir à tout prix faire coller une réflexion philosophique (par essence alerte et indépendante) à un dogme religieux (par essence sclérosé et indéboulonnable).

Pour Voltaire, l'homme est viscéralement pourri, incurable et bouffé de vices, son mal est insoluble. Soit l'on se résout à l'accepter comme tel, soit l'on abrège d'urgence ses souffrances à l'aide d'une lame tranchante ou d'une corde au cou. Et si optimisme il peut y avoir, c'est que sachant cela, connaissant l'homme tel qu'on le connaît, on puisse malgré tout, de temps en temps, en attendre de belles surprises, des élans de beauté et de grandeur dont on ne le jugerait pas capable.

J'en suis désormais portée à croire qu'à l'opposé d'un Leibniz, qui dans son Théodicée s'évertuait à faire le grand écart entre les incohérences soulevées par sa pensée philosophique et l'idéal d'un dieu juste et bon, qui en venait à justifier le mal du monde par le fait qu'un Dieu de perfection n'autorisait le maléfice que pour libérer un bienfait subséquent et supérieur au mal enduré, Voltaire nous dit deux choses dans son Candide :

1°) Eu égard à l'humain tel qu'il est constitué, aussi vil et pendable qu'il puisse être, l'équilibre atteint, malgré ses nombreuses imperfections, est quasiment ce qu'on peut attendre de mieux. Derrière chaque corruption, derrière chaque acte malveillant, chacun en tirant à soi la couverture crée une sorte d'équilibre « vivable », qui tient en respect les penchants abjects des autres, lesquels penchants pourraient s'épanouir librement si notre propre mal potentiel n'exerçait point de menace.

(D'où ma question du départ à propos du degré d'ironie contenu dans la formule : tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles. Pour Leibniz, c'est le meilleur des mondes possibles car c'est le monde créé par un dieu parfait, pour Voltaire, c'est le meilleur des mondes possibles car il est le résultat d'une neutralisation, une forme d'équilibre instable mais acceptable des penchants malsains et hautement imparfaits de chacun.)

2°) N'attendez rien d'un dieu quelconque. Voltaire, par son final, reprend à son compte le fameux proverbe « Aide-toi et le ciel t'aidera ». En bref, « Retrousse tes manches, bonhomme, compte sur toi-même et ton seul travail. Tantôt tu auras un coup de pouce de la chance, tantôt une belle tuile au coin du nez. N'y vois rien de divin, seulement les hauts et les bas de la roue de la Fortune. Pouvoir, Argent, Beauté, Gloire de quelque nature qu'elle soit, tout cela ce sont des futilités, justes bonnes à te rendre malheureux, bonhomme. Ce qui compte, c'est d'avoir une petite vie simple, les pieds sur terre, côtoyer les gens que tu apprécies, sans en attendre des miracles de bonté, de beauté ou d'esprit et de surtout rester toujours loin, très loin de ce qui brille. »

J'en terminerai en vous disant simplement que j'ai aimé ce conte, alors que j'étais jeune et naïve et que je l'aime encore, sans doute pour des raisons différentes, en étant moins jeune et moins naïve. Alors, il n'y a vraiment pas de raison d'hésiter si vous avez peur des vieilleries, peur d'être déçus, peur de je-ne-sais-quoi-encore, Candide, c'était, c'est et ça restera du solide. Mais bien sûr, ceci n'est pas le meilleur avis qu'on puisse imaginer dans le meilleur des mondes possibles, c'est juste un avis, un tout petit avis, un grain de sable sur la plage, c'est-à-dire, pas grand-chose.
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"Il faut cultiver notre jardin.....extraordinaire"
.... j'aurais dit "euh....Charles ...Pré-vert",
c'était pendant... ma période scolaire !

Certes j'ai pas inventé le paratonnerre
Franklin, je voyais que la tortue de mer
J' suis pas devenu soûlot
J'connaissais même pas Cousteau,
Mais qu'est que tu vas faire ?
Je pensais peut-être Hélicoptère !
Paroles en l'air à la Jacques Prévert
ou bien comme Dutronc, hôtesse de l'air
dépêche-toi reviens sur terre.....

Aérophagie dans l'étable
A cause du veau, qu'a bu l'air
Hugo, un Chêne mis érable,
dans une légende séculaire
En fin de Conte, je serai Comptable
Des rouges oeillères, à ma boutonnière.

Mornes automnes, tendres printemps, rudes hivers,
Mots passant, bêêêle à mi-été, meuh des bouts solaires
Donc pas de période Littéraire, que des galères
le français restera matière secondaire, aucun volontaire
Dans le technique parler corsaire comme nécessaire
Devoir en vers très réfractaires....

U = R.I CQFD restera mon Abécédaire
2017 annonce l'An Pire, 2018 sera l'An Pair
Tant qu'il y aura des Ohms, Résistance d'enfer
Je, j'assume, et dans un langage pas très maternel,
nous nous étamèrent (oups nounou et ta mère ! tout s'emmêle, rendez moi les mamelles)
avec intensité, y'a Volt, ils s'électri-Fiers
les révolutionnaires enfin.... se Re-Voltaire .



PS: soyez pas trop critiques dans vos commentaires ;-)

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Honte à moi qui, bien qu'ayant quelques milliers de livres au compteur ne connaissais pas Voltaire !
Ou peut-être que si. En remontant dans mes lointains souvenirs de Lycée (ça date), je me revois peinant sur ces textes insipides, auquel je ne comprenais rien, qui me paraissait d'un ennui mortel et qui m'ont attiré quelques si mauvaises notes que ma mère en fut un temps désespérée.
Bref, les classiques, plus jamais et Voltaire encore moins.
Les imbéciles seuls ne changeant jamais d'avis, je viens de lire Candide, ce chef d'oeuvre.
Et oui, je n'y crois pas, j'ai savouré chaque ligne, dégusté chaque mot de ce texte.
J'ai suivi avec passion les traces de Candide à travers le monde, allant de Russie, au Brésil en passant par Lisbonne... pour retrouver son bel amour interdit, Cunégonde.
Décidément Candide fût une grande découverte.
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Je pense que j'ai rencontré Candide et Voltaire au collège comme beaucoup d'entre nous, et parmi toutes les lectures qui ont pu m'être imposées, elle est l'une de celles dont je me souviens le mieux.
Il m'arrive encore de dire que « Tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles », c'est dire si certaines lectures peuvent imprégner notre psychisme (même si depuis quelques années, je dis plutôt « jusque là tout va bien », autre référence moins philosophique il est vrai).
Il me reste peu des pérégrinations de Candide, je m'y étais intéressé à nouveau de façon indirecte en découvrant Leibniz, ayant appris à ce moment que Voltaire, farouchement opposé à ses idées avait écrit "Candide" pour tourner en dérision ses théories sur le fatalisme et l'existence du mal.
Les querelles de philosophes étaient choses sérieuses alors ;)
C'est aujourd'hui, maintenant que je lis beaucoup qu'il m'arrive de m'interroger sur toutes ces lectures obligées (Candide, le journal d'Anne Franck, La métamorphose, Vipère au poing et d'autres...), et sur ce qu'il m'en est resté.
Car en fait et de façon étonnante si l'on considère le temps qui s'est écoulé depuis, les souvenirs sont assez précis et présents, voire meilleurs que pour bien des lectures faites après, il y a peut-être bien quelque chose de subliminal non ?
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Candide est un roc, un pic , une montagne. Indéboulonnable du programme du bac. Voltaire continue à bien se porter dans la sphère de l'édition littéraire en France (il est vrai que son Traité sur l'intolérance a particulièrement fait recette après les attentats qui ont endeuillé le pays).
J'y vois deux explications :

Le caractère accessible de la lecture : au premier degré, on a une histoire mouvementée, truculente, excessive dans ses rebondissements, écrite d'une plume alerte et malicieuse, en constant décalage, renforcé par la naïveté du jeune homme, imprégné des balivernes enseignées par son mentor Pangloss.
C'est beaucoup plus engageant qu'un ouvrage théorique pontifiant et dogmatique.

Ce la n'empêche pas et même cela favorise l'expression d'une critique acerbe, c'est l'intérêt de la parodie et de la satire, d'écrire son fait aux cibles visées.

Sur la religion, si les prêtres sont fustigés à l'aune de leurs moeurs plus que contestables, Dieu est aussi perçu comme quelqu'un qui a fui ses responsabilités et qu'il est inutile d'implorer, c'est aux hommes de prendre en main leur destin.

Voltaire s'attaque aussi avec virulence à la guerre et à ses absurdités (et la religion n'est pas innocente dans le processus, et cela bien au-delà du siècle des lumières) ainsi qu'à l'esclavage : la rencontre avec l'esclave estropié est un choc pour Candide. Pas besoin d'une diatribe pour faire comprendre que Voltaire n'approuve pas.

L'aristocratie et ses prérequis de sélection à l'ancienneté des titres, prétentieuse, orgueilleuse, est celle par qui le malheur arrive : Candide est chassé du paradis terrestre et devra faire son apprentissage et confronter ses connaissances théoriques à la réalité du terrain.

C'est donc un véritable roman d'apprentissage, que ce voyage insensé effectué par Candide. A partir des certitudes initiales, fondées sur une vision caricaturale de la philosophie de Leibniz qui repose sur une harmonie pré-établie de l'univers, Candide observe, analyse et contrairement à panosse évolue peu à peu dans sa façon de penser, pour aboutir à une sagesse tout orientale : le bonheur est dans la simplicité et le dénuement.


L'oeuvre ne vieillit pas, tant dans sa simplicité de lecture, et dans la richesse de l'enseignement philosophique qu'elle contient .

L'avez-vous bien lu? Qui est le père de Candide?
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Techniquement il s'agit d'une relecture car j'ai dû étudier Candide au lycée. Cependant à l'époque je ne percevais le monde qu'à travers le filtre des sciences dures et aucune autre approche ne trouvait grâce à mes yeux. J'ai donc traité avec indifférence, au mieux, ce texte qu'aujourd'hui je considère superbe. Les gens changent…

Candide, le qualificatif a des résonances parfois mauvaises comme « idiot » ou « niais ». Je vois plutôt le personnage de Voltaire construit comme une bassine vide, prête à recevoir tous les savoirs du monde sans leur imposer un carcan critique pour séparer la lie de l'ivraie. Éjecté par un formidable coup de pied aux fesses du château où il a vécu ses premiers émois intellectuels et physiques, Candide fait un long voyage autour du monde – voyage au demeurant bien plus agréable que celui de la « Planète Géante » que j'ai accompagné récemment. Il rencontre beaucoup de gens qui n'hésitent point à remplir sa bassine de leurs conceptions du monde, conceptions souvent pessimistes (réalistes ?), voire cruelles ; et Candide d'accueillir tout ça sans se départir d'un certain optimisme, peut-être de façade mais prégnant. Vous savez à qui il me fait penser ? Au Forest Gump de Robert Zemeckis.

Candide n'aura de cesse de confronter la philosophie de son maître Pangloss – dont l'axiome incontournable est « tout ce qui arrive est pour le mieux » - à la réalité des évènements qu'il côtoie. Entre les guerres, les désastres, les maladies, les fanatiques, les escrocs, les puissants, les vénaux et les morts par milliers, il a bien du mal dans sa tâche. Mais sa bassine est profonde, il encaisse bien. Il faut dire qu'il est mené par l'obsession de retrouver son premier amour Cunégonde et l'épouser. Tout le reste est billevesées…mais pas pour le lecteur car c'est précisément tout ce reste et les commentaires qu'en font les personnages que celui-ci doit retenir.

Les péripéties s'enchainent et se lisent avec plaisir. Il y a beaucoup de comique, de situation ou de verbe, dans ce conte. La bataille entre Bulgares et Abares m'a rappelé certaines scènes des films Cartouche ou Fanfan la Tulipe, et la philosophie appliquée de Pangloss qui lui fait entre autre affirmer que « la rade de Lisbonne avait été formé exprès pour que cet anabaptiste s'y noyât » m'a renvoyé aux Monty Python.

La fin du conte voit Candide adopter, après toutes ces mésaventures, une philosophie qui rappelle le principe de précaution actuel : « il faut cultiver notre jardin », que j'entends comme "métro boulot dodo, sans se préoccuper outre mesure des bonheurs et malheurs du monde, est quand même bien agréable". Curieux que Voltaire conclut dans ce sens, lui qui, quelques temps plus tard, montera au front et se fera l'avocat inconditionnel de la liberté d'expression.

Un écueil tout de même sur l'objet livre. J'ai gagné mon exemplaire lors d'une opération commerciale du genre « deux livres achetés, un offert ». L'exemplaire offert (éditions Pocket), contient certes le texte intégral mais celui-ci est farci de numéros de références qui renvoient à un dossier inexistant. L'éditeur a simplement offert son Candide publié en temps normal avec dossier, en l'expurgeant de ce dernier mais sans se donner la peine d'effacer les renvois. Frustrant et cavalier je trouve.
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Comme pour beaucoup d'entre vous, il s'agit d'un souvenir de collège.
Contrairement à la plupart de mes lectures de collège, il s'agit d'un bon souvenir de lecture.

Des quatre contes philosophiques de Voltaire qu'il m'a été donné de lire, "Micromégas", "l'Ingénu", "Zadig" et "Candide", j'en ai apprécié la moitié, les deux derniers.

C'est sans doute grâce à mon naturel optimiste que "Candide" m'a favorablement marquée. J'y ai retrouvé un ton et une audace d'expression qui m'avait déjà interpellée dans "L'île des esclaves" de Marivaux (pièce écrite plus de trente ans auparavant).

Candide est un jeune homme plein de naturel et de bon sens, non corrompu par la société, en un mot innocent (ou naïf ?). L'amour qu'il éprouve pour Cunégonde, sa cousine, va déclencher une série d'aventures fracassantes et invraisemblables qui lui feront parcourir le monde et serviront à Voltaire à illustrer ses thèses philosophiques en contradiction avec la pensée leibnizienne alors en vogue.

Tout serait pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles si seulement je n'étais pas aussi ignare et barbare et si, plutôt que de m'intéresser à la seule beauté du style littéraire d'un des plus grands écrivains français, je prenais la peine de réfléchir aux allusions et aux idées qui transparaissent entre ses lignes... Mais voilà, ainsi suis-je faite, j'ai toujours été plus "liseuse" que "penseuse".

Ceci dit, j'aime beaucoup cultiver mon jardin, moi aussi.
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Un livre éternel
Relire "Candide" est toujours un plaisir. Avec ses allures de philosophie de comptoir le conte manipule pourtant des discours hautement polémiques et explosifs. le style est léger et taquin, mais en effet au service d'une ironie mordante, une claque à l'ordre établi et aux idées reçues qui fit alors scandale.
L'écriture est éblouissante et limpide, il n'y a pas une ligne de trop, les personnages sont truculents et les niveaux d'interprétations sont innombrables.
Une oeuvre magnifique de Voltaire, qui fait beaucoup réfléchir sur la place du bien et du mal dans la société.
Candide, un petit traité du bonheur.
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Bonjour, لسٌَلامُ عَلَيْكُمْ, Здравствуйте, 您好, καλημέρ, 👋 !

Tant de langues ont traversé l'Humanité. Certaines ont été englouties par le temps et prennent les poussières dans les archives du monde. Elles sont rangées au grenier des mots, à disposition des spécialistes. Elles ont été supplantées par d'autres que tout un chacun connaît: c'est-à-dire les langues vivantes, celles qui se taillent actuellement la part belle du gâteau avant de se faire renvoyer, à leur tour un jour, dans les tréfonds de l'Histoire par d'autres nouvelles manières de communiquer. le progrès est partout, même dans les langues. Pour le meilleur et pour le pire.

Une illustre chaîne de télévision franco-allemande diffusait l'autre jour un documentaire où l'on voyait une expérience de dictée au Japon. Des personnes de tout âge devaient écouter un orateur prononcer différents mots, elles devaient, ensuite, les écrire de manière cursive sur un morceau de papier. Résultat ? La plupart d'entre eux connaissaient le mot, savaient le définir, le taper sur un smartphone ou un ordinateur mais étaient incapables de l'écrire à l'aide d'un stylo. Ce genre d'expérience en dit long sur l'avenir de la communication qui sera, me semble-t-il, un langage globalisé, compris du plus grand nombre et intimement lié à l'informatique.

Malgré tout, je reste convaincu que l'histoire d'une langue ne doit pas finir aux oubliettes et que chaque étape de sa construction doit nous aider à mieux comprendre d'où nous venons, qui nous sommes, ainsi que des pistes de réflexion pour l'avenir. Candide de Voltaire est un de ces classiques qui remplit cette mission et que je passe à la moulinette d'une petite analyse.

Le contexte et l'histoire

Quand, en 1758, Voltaire se met à rédiger ce conte qui deviendra rapidement un incontournable de la littérature française, l'écrivain a l'expérience d'un homme de 64 ans et doute des thèses providentialistes qui affirmaient que “tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles” alors que le réel montrait exactement le contraire de cet optimisme béat. Voltaire vit la brutalité du monde sous toutes ses coutures: du tremblement de terre qui ravagea entièrement Lisbonne à la cruauté de la guerre de Sept Ans, le meilleur des mondes s'écroulait comme un château de cartes, et l'écrivain français entendit bien tailler le portrait à cette philosophie de l'illusion à travers un conte sarcastique, qu'il nomma … Candide ou l'Optimisme.

L'histoire est celle d'un jeune homme qui vit dans le meilleur des mondes en Westphalie, où tout est pour le mieux: un château comme logis, un précepteur (Pangloss) qui l'initie à la philosophie, ainsi que Cunégonde, sa promise dont il tombe amoureux jusqu'au jour où le père de celle-ci expulse le jeune héros — Candide vous l'aurez devinez — hors du château. La confrontation face à la réalité sera sévère et amènera le jeune homme à parcourir le monde, à s'extirper des embûches les plus atroces, dans le but de retrouver sa dulcinée et d'acter la célèbre citation populaire “ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants”. Il n'en sera rien, que du contraire !

De l'optimisme à la désillusion

Dès le premier chapitre du conte, l'ironie et les sarcasmes se lisent en filigrane de l'oeuvre. Voltaire se fiche royalement du conte classique ainsi que de l'optimisme qui rend aveugle. En prenant une plume faussement naïve, Voltaire se moque des croyances de son époque. Il grossit le trait jusqu'à tourner en ridicule ce qu'il dénonce à travers le personnage de Pangloss, un philosophe optimiste jusqu'à en devenir absurde :

“ Il est démontré, disait-il, que les choses ne peuvent être autrement : car tout étant fait pour une fin, tout est nécessairement pour la meilleure fin. Remarquez bien que les nez ont été faits pour porter des lunettes,aussi avons-nous des lunettes. Les jambes sont visiblement instituées pour être chaussées, et nous avons des chausses. Les pierres ont été formées pour être taillées, et pour en faire des châteaux ; aussi monseigneur a un très beau château ; le plus grand baron de la province doit être le mieux logé : et les cochons étant faits pour être mangés, nous mangeons du porc toute l'année : par conséquent, ceux qui ont avancé que tout est bien ont dit une sottise : il fallait dire que tout est au mieux. “

Cet optimisme à toute épreuve accompagne le jeune Candide lors de ses mésaventures. Les évènements qui lui tombent sur le coin du visage ont beau être d'une cruauté sans nom, le héros tente de se convaincre que le monde est parfait. Chacune de ses expériences brutales laissent, malgré tout, des traces chez Candide et finiront par fissurer son insouciance au point d'en devenir, à la fin du conte, un personnage désillusionné de la vie.

Dans chacun des trente chapitres de ce conte, Voltaire crée volontairement un saisissant écart entre la naïveté romanesque de Candide et la réalité violente. Les réactions du héros sont à ce point surréalistes qu'il ne peut y avoir de doute possible sur le côté ironique de l'oeuvre.

Le siècle des Lumières

Candide ou l'Optimisme est aussi une critique en règle de l'intolérance et du fanatisme religieux puisque la plupart des événements brutaux, dont il est question dans ce conte, mettent le héros au coeur d'une foule d'exemples tels que les exactions de l'Inquisition, le pouvoir excessif de l'autorité religieuse, la guerre, l'esclavage et la colonisation.

Voltaire utilise le sarcasme et l'ironie pour mettre en exergue les fléaux qui ont jalonné le XVIIIe siècle plus communément appelé le siècle des Lumières dont l'écrivain français fut un des plus dignes représentants puisqu'il plaida contre les calamités dont il est question dans ce conte philosophique.

Conclusion

Trente chapitres pour une centaine de pages seulement, Candide est un texte dense où l'optimisme côtoie la violence et l'absurde flirte avec le surréalisme. Ce conte, qui ne se lit pas au premier degré, dévoile toute la finesse voltairienne et rend compte de ce qu'était la réalité du siècle des Lumières en se moquant ouvertement de la philosophie de Leibniz et de son meilleur des mondes possibles. Candide ou l'Optimisme est on ne peut plus actuel dans notre époque où la bien-pensance se complait à donner ses leçons sur ce qui est bien ou mal, alors que la confrontation face à la réalité montre que cette manière de penser est simplificatrice voire pathétique.

À bientôt,
Lien : https://lespetitesanalyses.c..
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"Candide" De Voltaire

Je me rappelle cette chanson chantée par l'enfant Gavroche
le ramasseur de cartouches sur les barricades à Paris lors de la manifestation révolutionnaire des 5 et 6 juin 1832
que Victor Hugo écrivit dans "Les misérables "


On est laid à Nanterre,
C'est la faute à Voltaire,
Et bête à Palaiseau,
C'est la faute à Rousseau.

Je ne suis pas notaire,
C'est la faute à Voltaire,
Je suis petit oiseau,
C'est la faute à Rousseau.

Joie est mon caractère,
C'est la faute à Voltaire,
Misère est mon trousseau,
C'est la faute à Rousseau.

Je suis tombé par terre,
C'est la faute à Voltaire,
Le nez dans le ruisseau,
C'est la faute à...

Bon cela n'est pas une contine c'est la misère du peuple qui
se déroule à Paris.
Ici dans "Candide" De Voltaire c'est un conte philosophique ,
Une histoire hallucinante et incroyable sur l'absurdité du monde
que Voltaire dépeint avec ironie ou le personnage principal "Candide "est un jeune homme
naif au plus haut des points
que l'on en rit souvent , mais derrière se cache beaucoup plus de réalisme "
L'auteur critique la morale des nobles en montrant leur penchant pour le libertinage,
la religion est intolérante,il trone pour une monarchie tolérante et modéré.
Au tout début ,le professeur de Candide, lui enseigne la « métaphysico-théologo-cosmolo-nigologie ».
Une phrase pompeuse et idiote pour désigner une (pseudo) science qui l'est tout autant.
Son principe : il n'y a pas d'effet sans cause, il suffit d'utiliser un raisonnement finaliste
pour expliquer toutes les choses de la nature : évènements heureux ou tragiques, rencontres, découvertes…
En fait si on s'occupe que de soit ;on améliore la marche du monde "il faut cultiver son jardin"
N'oublions pas que c'est un conte et qu'il y a bien sur des aventures et des situations les plus
désopilantes: des morts , des résurections , des voyages à ne plus finir
à la recherche de Sa Dulciné "Cunégonde" .
Je ne vous en dis pas plus ,cette oeuvre se lit bien ,le style est léger, agréable.
Peut être que vous n'aimerez pas ou bien oui ! pourquoi pas .
Je lirai plus tard Rousseau que diantre !! pour le moment :"Je ne cultive plus mon jardin '"
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