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sur 430 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
« le meurtre de Calas, commis dans Toulouse avec le glaive de la justice, le 9 mars 1762 est un des plus singuliers évènements qui méritent l'attention de notre âge et de la postérité. »
Voltaire n'y va pas par quatre chemin !

Alors je n'aurais pas l'outrecuidance d'imposer aux lecteurs de Babelio un commentaire de plus sur le fond de ce texte essentiel .Je préfère m'essayer à dégager ce en quoi Voltaire est complétement le fruit d'une orthodoxie morale et politique occidentale aux sources profondes .
Je frisonne souvent à la relecture des ouvrages français du XVII et XVIIIe siècle sur la philosophie politique au sens large ,car être le témoin par ces textes ,de la naissance de la libre pensée est tellement impressionnant.
D'où sort elle ? du raisonnement ( scientifique et de la maïeutique) appliqués méthodiquement et d'une immense culture aussi . Tout ceci réunis dans l'esprit d'âmes curieuses et avides non de liberté, mais de connaissances d'abord et non aussi de justice au sens contemporain du terme , mais plus dans une recherche d'équité qui repose sur l'expérience contemporaine de l'auteur et qui est antérieure à lui également .
Sur l'histoire des religions et de la théorie royale du pouvoir (le Princeps et le roi sacré par le sacre) , sur le concept Chrétien-Aristotélicien de la justice des hommes et de celle de dieu et sur le Politique (Politéias) .Il faut savoir que ce texte enseigne avant tout : c'est l'impact sur la réalité ,du raisonnement méthodique et de la culture générale encyclopédique sur l'univers observable.
Cet essais largement historique , définie et défend la liberté de penser et la liberté de religion. Pour le catholicisme politico-social d'ancien régime et même médiéval l'intolérance est structurelle, légitime et naturelle . Si votre théologie s'écarte du canon vous êtes dans l'hérésie répréhensible. Tout ce qui s'écarte du canon et de la morale ,conditionnée par des prérequis théologiques, qui suintent prétendument de la moralité est idéativement une hérésie. Ceci est la nature théorique de la faute et tout est de la théologie. C'est un peu comme si la théologie était le fondement de la création exactement comme les mathématiques élucident aujourd'hui les arcanes de la création.
Par exemple quand l'ordre de Cluny découvre l'islam (au IXe siècle) la nature de cette croyance est posée comme hérétique. C'est fait sciemment afin de légitimer la lutte politique ( guerre juste) contre cette croyance. Contre l'hérésie le supplice et l'inquisition exigeante priment plus ou moins fortement sur le politique. Avec le temps L'hérésie passe au centre de la vie sociale occidentale el son champs sémiotique s'étend à la vie sociale par la surveillance de la morale et de la science ,lieux par excellence de danger moral. le saint siège à la vocation naturelle de sauver les âmes et les âmes seulement. Vous acceptez un sacrement , vous passez au barbecue ou bien Comme Callas au Supplice et vous êtes cuits ou démembré mais sauvé comme l'est le corps social à cette occasion .
Le christ était dans une situation politico-religieuse difficile et risquée . Il disait donc à Ponce Pilate : » Mon royaume n'est pas de ce monde » et sachez que c'est une phrase qui sauve plus que la théologie , car elle est le germe de la pensée laïque et des libertés conditionnelles des penseurs des lumières.
C'est le « Fiat Lux « de la liberté de penser !
Voltaire argumente librement et de manière orthodoxe contre une vison orientée , discutable et pas légitime du droit divin et sur la nature de la justice comme appliquée au droit et à la raison qui doit marquer toute entreprise humaine. Ne pas perdre de vue donc que , l'orthodoxie raisonnable De Voltaire ,plaira au roi car elle est conforme à la théorie religieuse et politique qui découle d'un processus née avec la pensée christique la plus orthodoxe . La liberté d'interroger l'univers est née de la vision , non religieuse, mais politique , du Christ lui-même.
Voilà le pourquoi et le comment ,Voltaire démontre que l'idée de tolérance ne doit pas se réserver à la sphère religieuse, mais qu'elle concerne consubstantiellement tous les domaines de la vie sociale et donc ultimement du politique dans son sens large (en grec).
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Je ne vais pas m'étendre sur le contenu de ce traité. Je pense que tout le monde le connait.

Je suis toujours sous le charme du cynisme de Voltaire dans ses écrits (même si celui-ci est un peu pénible à lire du fait de la longueur des phrases).

Mais surtout ce livre me fait mal, parce que même si lors de sa sortie, Voltaire à réussi à obtenir la révision du procès de Jean Callas (un peu trop tard malgré tout). Aujourd'hui, 250 ans après la parution de ce pamphlet, les choses n'ont pas changées, voir, elles se sont même empirées.
L'intolérance, à tout point de vue, est devenue monnaie courante.
Aujourd'hui on se cache derrière le bien pensant, le politiquement correct afin de se voiler la face. Des mots des actes sont interdits par la loi, ou sont tout simplement condamnés par la société.. mais ils sont toujours perpétrés et parfois même par les autorités dirigeantes.

Ces textes écrits par nos philosophes, fort heureusement, ont quand même réussi a éclairer une partie des êtres humains peuplant notre terre. Il est quand même dommage que de nombreuses personnes préfèrent rester dans les ténèbres...
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En 1762, la seule religion qui a droit de cité en France est le catholicisme.
Jean Calas, protestant est accusé d'avoir tué son fils car ce dernier voulait se convertir au catholicisme. Il est alors condamné à mort.
Voltaire est sollicité par la femme et la fille de l'accusé pour réhabiliter sa mémoire.
Après enquête, Voltaire comprend que le pauvre homme a été victime d'un certain fanatisme religieux et d'un procès à charge par des magistrats peu scrupuleux.

La lecture de ce traité m'intéressait particulièrement en ce sens où, pour moi, il représente l'une des premières brillantes opérations de communication.
Voltaire a écrit une oeuvre militante en faveur de la tolérance, notamment la nécessaire coexistence pacifique des religions et la libre pratique du culte.
C'est une succession de discours, de rappels historiques, de citations et même de prières qui rendent, parfois la lecture dense et exigeante. Voltaire se pose en tribun du peuple, il adopte, à l'écrit, la posture des orateurs de l'Assemblée, se transformant ainsi en journaliste politique.

De l'anecdotique affaire Calas, Voltaire fera le procès du fanatisme et de l'obscurantisme à travers ce long réquisitoire. Son ouvrage sera diffusé aux quatre coins de l'Europe, soulevant d'une part, un soutien immense en faveur des Calas mais également en faveur de la tolérance entre religions.

En 1775, l'action De Voltaire est reconnue ; le Conseil du roi réhabilitera officiellement la mémoire de Jean Calas.

Bien qu'écrit 250 ans auparavant, on ne peut que constater avec un certain effroi, la terrible modernité de cet ouvrage dans notre actualité.
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Voltaire a écrit ce livre en 1762, suite à l'exécution de Jean Calas, qu'il qualifie de meurtre, puisque innocent mais condamné par le tribunal de Toulouse. Lui, protestant, a été accusé d'avoir tué son fils qui, selon les magistrats, voulait se convertir au christianisme. Il n'y a eu des preuves sur ce parricide et vraisemblablement il s'agissait d'un suicide. Il était en dépression puisque n'arrivait à rentrer dans le négoce comme son père, ni devenir avocat puisque pas chrétien, il a fini pas se suicider un jour où il a perdu de l'argent dans le jeu. Il a laisse des lettres indiquant sa volonté d'en finir.

En qualifiant l'ordonnance des juges d'intolérance, Voltaire, fait le tour historique de nombreux cas de meurtres dont on pourrait supposer qu'il s'agissait d'intolérance religieuse mais qui, selon Voltaire, n'en était pas. Mais bien sûr, il y en a eu - l'Inquisition, Jesus Christ, ... Ceci prend la presque totalité du livre.

La partie de ce livre que j'ai trouvé la plus intéressante est celle où il dit que la seule situation où l'intolérance est acceptable est quand elle est appliqué aux crimes inspirant le fanatisme ou commis par des fanatiques (voir citation).

Livre écrit en 1763. Il faut essayer de se placer à l'époque pour mieux l'apprécier, mais le contenu reste toujours valable dans notre époque. Aussi, un style d'écriture de l'époque.
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Voltaire est à l'origine de la figure de l'intellectuel engagé, une spécialité bien française, et que bien d'autres prendront comme exemple tels que Zola, Sartre, Camus, Malraux, etc...

Ce traité, publié en 1763 (Voltaire avait alors 69 ans), prend pour point de départ, une injustice effroyable sur fond de haine de religion, le protestantisme en l'occurrence ici. L'exécution de Jean Calas après avoir été roué de coups sur la place publique de Toulouse le 9 mars 1762. On l'accuse d'avoir assassiné son fils puis d'avoir déguisé son forfait en suicide. La raison serait la conversion du fils au christianisme. Si on y regarde attentivement les faits, rien ne concorde dans cette sordide affaire :

« Il paraissait impossible que Jean Calas, vieillard de soixante-huit ans, qui avait depuis longtemps les jambes enflées et faibles, eût seul étranglé et pendu un fils âgé de vingt-huit ans, qui était d'une force au-dessus de l'ordinaire; il fallait absolument qu'il eût été assisté dans cette exécution par sa femme, par son fils Pierre Calas, par Lavaisse, et par la servante. Ils ne s'étaient pas quittés un seul moment le soir de cette fatale aventure. Mais cette supposition était encore aussi absurde que l'autre : car comment une servante zélée catholique aurait-elle pu souffrir que des huguenots assassinassent un jeune homme élevé par elle pour le punir d'aimer la religion de cette servante ?... »

Cela lui donne l'occasion, avec une grande érudition, de s'en prendre une fois de plus à l'Église chrétienne. Surtout lorsque celle-ci se laisse aller au fanatisme le plus répugnant et le plus barbare.

« La fureur qu'inspirent l'esprit dogmatique et l'abus de la religion chrétienne mal entendue a répandu autant de sang, a produit autant de désastres, en Allemagne, en Angleterre, et même en Hollande, qu'en France. »

Voltaire prêche donc pour la tolérance, il prétend même que : « Plus il y a des sectes, moins chacune est dangereuse; la multiplicité les affaiblit. »
Il prône également la substitution du fanatisme au profit de la raison, parce que la raison est, selon ses dires, douce, humaine, elle inspire l'indulgence, étouffe la discorde et enfin affermit la vertu. Se remémorant cette maxime issue de la bible au combien humaniste : « Ne fais pas ce que tu ne voudrais pas qu'on te fit. », il place ce principe universel au centre du droit national et du droit humain.

Puis il revisite l'histoire afin de mieux étayer sa thèse à travers la Grèce antique, l'empire romain.

« Je le dis avec horreur, mais avec vérité : c'est nous, chrétiens, c'est nous qui avons été persécuteurs, bourreaux, assassins ! Et de qui ? de nos frères. C'est nous qui avons détruit cent villes, le crucifix ou la Bible à la main, et qui n'avons cessé de répandre le sang et d'allumer des bûchers, depuis le règne de Constantin jusqu'aux fureurs des cannibales qui habitaient les Cévennes : fureurs qui, grâce au ciel, ne subsistent plus aujourd'hui. »

Le livre de Voltaire porta ses fruits, l'arrêt de Toulouse fut cassé par l'assemblée d'à peu près 80 juges et ils ordonnèrent la révision du procès. La famille Calas fut innocentée et la mémoire du père réhabilitée le 9 mars 1765 et le roi leur envoya comme dédommagement 36 milles livres.

« La superstition est à la religion ce que l'astrologie est à l'astronomie, la fille très folle d'une mère très sage. Ces deux filles ont longtemps subjugué toute la terre. »
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voila un livre qui n'a pas d'age,les propos tenus par Voltaire sont toujours d'actualite.J'ai beaucoup aime les diatribes sur la tolerance et sur l'intolerance.
J'ai beaucoup aime cet ouvrage qui n'a pas pris ne ride sur les méfaits de la religion et des croyances
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Voltaire est un des plus importants écrivains français. Si vous ne le savez pas, ce dont je doute, je vous l'apprends ; si vous le savez, ce que je suppose, je vous le confirme. Mais il n'est pas que cela. Il est un homme d'idées, et d'idées ouvertes. Oui, parce qu'il y a des idées fermées et des idées ouvertes : certains philosophes, certains penseurs, énoncent leurs théories comme des axiomes de mathématiques. Et d'autres proposent leurs vues sans les imposer, laissant le lecteur faire son choix. Voltaire, d'après moi, fait partie de la seconde catégorie : il a des idées bien arrêtées sur nombre de sujets, mais plutôt que les imposer, il préfère discuter, et discuter arguments à l'appui. (C'est ce que je pense, mais peut-être me trompe-je…)
En tous cas quand il a une idée en tête, il ne l'a pas ailleurs, pas même là où vous pensez. Il y a une chose qui le hérisse, c'est l'injustice. L'erreur judiciaire lui donne des boutons, la condamnation d'un innocent le fait sortir de ses gonds. Ce n'est pas juste une posture, il a une véritable culture humaniste, et il le prouve : entre 1762 et 1776 (soit entre 68 ans et 72 ans, ce n'est pas rien, à l'époque) il s'attaque à quatre grandes affaires où la justice s'était … euh … quelque peu fourvoyée : L'affaire Calas (1762), L'affaire Sirven (1764), L'affaire du chevalier de la Barre (1766) et L'affaire Lally-Tollendal (1776).
Disons deux mots de l'Affaire Calas, car c'est à la suite de ce grand débat qu'il a écrit le « Traité sur la Tolérance ». A Toulouse Marc-Antoine Calas est retrouvé pendu dans son grenier. Comme il était un protestant sur le point de se convertir au catholicisme, on a pensé (on, c'est-à-dire les malveillants sévissant sur les réseaux sociaux de l'époque) que c'était son père, protestant rigide, qui l'avait dûment occis. Ledit père fut roué vif, étranglé et brûlé, place Saint-Georges, à Toulouse (Amis Toulousains, si vous passez par là, ayez une pensée pour le pauvre Calas !) Voltaire prit le dossier en main, et à force de secouer le cocotier, réussit à obtenir la réhabilitation de Calas, l'annulation de l'arrêt du Parlement, et l'indemnisation de la famille (qui était à deux doigts de subir le même sort que le père pour « complicité »).
Le « Traité sur la tolérance », écrit à cette occasion, est un véritable manifeste pour un « vivre ensemble » au-delà des religions, des idéologies et des croyances personnelles. Voltaire part de l'Affaire Calas en démontrant, preuves à l'appui, le parti-pris des juges. Puis il argumente sur la tolérance, en prenant modèle sur les Anciens, puis sur les religions chrétiennes et judaïques, avant de s'épanouir dans une extraordinaire « Prière à Dieu » qui est l'avant-garde du « I have a dream » de Martin Lutherking.
Il est à noter que, même s'il fait référence aux religions, Voltaire, sans être athée déclaré comme Diderot, ni chrétien militant comme Pascal, se posait des questions
« L'univers m'embarrasse, et je ne puis songer
Que cette horloge existe et n'ait point d'horloger ». (Les Cabales – 1772)
Dans le « Traité », il démontre que la tolérance peut être à la fois une vertu divine et humaine, mettant ainsi tout le monde d'accord.
Signalons enfin qu'en 2015, au lendemain des attentats de Charlie-Hebdo, le « Traité sur la tolérance » se plaça en tête des succès de librairie un peu partout dans le monde, prouvant ainsi (s'il en était besoin) que Voltaire, en plus d'être un écrivain, est une « conscience », et, des « consciences » comme lui, nous en avons sacrément besoin !
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Il est bien dommage que cette oeuvre de Voltaire ne soit pas plus connue ni étudiée. Pourtant, comme l'indique le titre, il s'agit d'un véritable manifeste pour la tolérance. Un livre qui je pense mériterait, surtout à notre époque, d'être lu et relu...
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N°868– Février 2015

TRAITE SUR LA TOLERANCE – Voltaire - .Gallimard.

Voltaire est sans doute l'écrivain français dont la pensée et la personnalité ont le plus largement rayonné à l'extérieur comme à l'intérieur de son pays même si on ne retient bien souvent de son oeuvre que « Candide ». Il a incarné ce qu'on nomme « Le siècle des Lumières » qui a annoncé le grand changement de la Révolution et quand on parle de lui on pense inévitable au Français à qui ses personnages ressemblent. C'est vrai qu'il s'est largement mis à dos pas mal de ses contemporains, les religieux, les jésuites et les jansénistes surtout, les militaires, les juges, les écrivains, les philosophes... C'est que l'homme était volontiers frondeur, doutait systématiquement des choses établies et ne manquait jamais d'exercer son esprit critique en dénonçant l'absurdité du monde. Il était avant tout attaché à la raison, à la liberté et à son corollaire, la tolérance. Dès lors qu'il avait posé cela, l'histoire lui fournissait la matière à polémiquer, à dénoncer toutes les formes d'intolérance et il ne pouvait que combattre la religion et l'injustice. Il ne devait donc pas laisser passer l'occasion donnée par l'affaire Calas, ce protestant toulousain condamné à mort et exécuté parce qu'on le soupçonnait d'avoir tué son fils qui voulait se convertir au catholicisme. En réalité le fils Calas qui s'était déjà converti, s'était pendu parce qu'il ne pouvait devenir avocat à cause de sa confession protestante. Cette interdiction était la conséquence de la politique de Louis XIV aggravée d'ailleurs sous son successeur. L'intolérance avait ainsi non seulement provoqué le suicide du fils mais par le biais de la condamnation prononcée par la justice, l'exécution du père contre toute logique. Ainsi le fanatisme du peuple attisé par l'Église, généra l'intolérance donc l'abus de pouvoir du tribunal au mépris de la vie. C'est Voltaire seul et déjà âgé (il a à l'époque 70 ans, il mourra à 84 ans)qui obtiendra sa réhabilitation après trois ans d'efforts. C'était pour lui combattre le fanatisme des deux religions, catholique comme huguenote, mais aussi l'iniquité de la justice qui le condamna. Ainsi dans la première partie de son ouvrage montre-il combien, dans l'histoire, l'intolérance et le fanatisme religieux se sont révélés néfastes pour la société. Dans la seconde partie, s'adressant aux sectaires de toutes les religions puis aux chrétiens, il plaide en faveur de la tolérance(« Moins de dogmes, moins de disputes; et moins de disputes moins de malheurs : si cela n'est pas vrai, j'ai tort ».) autant qu'il prône une religion naturelle qui, loin des dogmes qui divisent, a pour effet de rassembler les hommes, de les unir. Voltaire mena le dossier comme un avocat de la défense, combattant la vérité officielle mais son action ne s'arrêta cependant pas là et il ouvrit aussi largement aux victimes les portes de sa demeure de Ferney. Ainsi le libertin, le dilettante, le courtisan, le philosophe, le pamphlétaire, laissèrent-ils la place au polémiste qui agissait au nom des droits de l'homme avant la lettre et il milita par une action engagée en faveur de Sirven, du Chevalier de la Barre, de Montbailli, de Lally-Tollendal. Cet ouvrage, ainsi que d'autres qui suivront, réclament également une réforme de la justice, l'indépendance et la formation des juges et non plus l'achat de leur charges, la preuve de la culpabilité et l'abolition de la « question », des peines proportionnées aux crimes et aux délits...

La tolérance qu'il réclame et qui sous-tend évidemment à la liberté d'expression, ne trouve pas à s'appliquer seulement contre les fanatiques religieux qui assassinent tous ceux qui ne pensent pas comme eux mais aussi à l'encontre de tout ce qui s'oppose à la liberté de penser quelque forme qu'elle prenne et de quelque bord qu'elle vienne. Ce livre prend actuellement un relief tout particulier et le pamphlet qu'il mène à son époque contre les catholiques et plus précisément contre les abus de l'inquisition, est aisément transposable aujourd'hui. Voltaire ne fut certes pas le premier ni le seul à combattre l'instinct grégaire et la pensée unique mais il fut un véritable « lanceur d'alerte » qui suscita dans l'opinion une prise de conscience contre l'injustice et l'intolérance. Son influence s'est manifestée dans bien des domaines et il eut, sans le savoir, beaucoup de disciples. C'est aussi l'esprit de l'auteur du « Traité sur la Tolérance » qui renaît aujourd'hui dans cette affirmation qui a fleuri dans les rues et dans les médias français. Malheureusement ces attaques contre la liberté ont tendance à se reproduire dans les démocraties que le fanatisme religieux attaque parce qu'elles sont justement plus tolérantes. Être Charlie c'est aussi un peu être Voltaire.


©Hervé GAUTIER – Février 2015 - http://hervegautier.e-monsite.com
Lien : http://hervegautier.e-monsit..
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Averti de l'affaire, Voltaire enquête, et conclut à l'innocence de Jean Calas. Alors, fort de son nom et de sa célébrité, Voltaire écrit partout, il alerte l'Europe entière, il dénonce de toutes ses forces ces juges qui ont condamné un homme sur de simples rumeurs… Avec acharnement, il veut « écraser l'Infâme », c'est-à-dire débarrasser le monde de la bêtise, de l'intolérance et de l'injustice, et il publie un Traité sur la tolérance (1763) dirigé contre le fanatisme religieux. Il gagne le combat : le 9 mars 1765, Jean Calas est réhabilité (la justice reconnaît qu'il a été condamné à tort).
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