Citations sur 14 Juillet (152)
La nuit du 13 juillet 1789 fut longue, très longue, une des plus longue de tous les temps. Personne ne put dormir. Autour du Louvre, de petits groupes erraient, mutiques, dans une sinistre maraude. Les cabarets ne fermaient pas. Sur les quais, des solitaires périgrinèrent toute la nuit, ombres bizarres. Il faisait une chaleur écrasante, on ne pouvait pas trouver le sommeil ; dehors, on cherchait un peu de vent, un peu d’air. Paris entier ne dormait pas.
Ce fut l’un des plus beaux étés de tout le siècle. Un des plus chauds aussi. On rôtissait. Mais l’hiver avait été froid, si froid là, les racines avaient gelé à plus d’un pied sous terre. La faim s’était étendue sur la France, silencieuse d’abord, puis le désespoir était venu, puis la colère. Et maintenant il faisait très chaud. Trop chaud. La nuit les jeunes sortaient fouiller la ville, c’étaient de longues tournées depuis le faubourg. La France était alors un pays jeune, incroyablement jeune. Les révolutionnaires furent de très jeunes gens, des commissaires de vingt ans, des généraux de vingt-cinq ans. On n’a jamais revu ça depuis. Et cette jeunesse impatiente, le 13 juillet, fut incapable de dormir.
Oui, par les Champs-Elysées, on trimbale tout ce que la France a de mieux. Comme si un énorme gendarme réglait la circulation de nos victuailles, le délectable et le gourmand prennent la direction de Versailles, le fade et le maigre celle des faubourgs. L'exquis, le savoureux cahotent vers l'ouest de la capitale, l'aigre va aux masures. Le moelleux et le succulent galopent à la Cour, l'insipide et le blet s'en vont à Paris
P40 « c’est qu’entre-temps Necker avait été nommé administrateur de la compagnie des Indes. Mais il spécula sur la dette française. Le profit est une mélancolie sans mesure, toute la déception du monde se traduit en puissance de vendre et d’acheter. »
P37 « Ainsi, nous comparaissons de bien des manières devant le Temps. Un bandeau sur les yeux, il nous livre à toutes les séparations, et nos œuvres seront dispersées comme les chairs d’Athalie livrées aux chiens. »
P 35. « Il y a quatre horlogers de la chambre du roi, l’un d’eux a pour unique mission, chaque matin, de remonter sa montre. On dirait une farce, une rabelaiserie, absurdité d’auteur, un racontar. Mais il y a plus drôle, il y a pire. Il y a un capitaine de mulets à Versailles quand il n’y a pas de mulets. Il y a les avertisseurs, dont l’unique tâche consiste à savoir à quelle heure le roi désire la messe. […]»
Les fausses épées devinrent de vrais bâtons. La réalité dépouilla la fiction. Tout devint vrai.
Enfin, par une idée saugrenue et sublime, les foules allèrent jusqu'à forcer les portes des théâtres. Elles pénétrèrent les magasins d'accessoires, et firent de leurs répliques de scène de véritables armes. On brandit les boucliers de Dardanus et le flambeau de Zoroastre. Les fausses épées devinrent de vrais bâtons. La réalité dépouilla la fiction. Tout devint vrai.
Il est tout petit dans son tablier d'artisan, car il est venu là sans se changer, en tenue de travail; et il meurt dans sa vieille blouse, toute couverte de taches comme la palette d'un peintre.
On devrait plus souvent ouvrir nos fenêtres. Il faudrait de temps à autre, comme ça, dans le prévoir, tout foutre par dessus- bord. Cela soulagerait. On devrait, lorsque le cœur vous soulève, lorsque l'ordre nous envenime, que le desarroi nous suffoque, forcer les portes de nos Elysées dérisoires, là où les derniers liens achèvent de pourrir, et chouraver les maroquins, chatouiller les huissiers, mordre les pieds de chaise, et chercher la nuit, sous les cuirassés, la lumière comme un souvenir.
Le numéro 1 est un homme d’environ trente-cinq ans, il porte les cheveux longs noués en catogan, il a le nez aquilin et un visage en lame. Il est vêtu d’une veste de gros drap, d’un gilet rouge à boutons de cuivre, d’une chemise de grosse toile ; il porte un pantalon bleu et un tablier de coutil. Mais l’objet de la visite n’est pas de faire un portrait du défunt, ni de détailler sa vêture ; les émeutiers sont soupçonnés de vol. On va donc leur faire les poches.